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TCL 12 80 01 Id nà-lugal-ur

5. La transgression des clauses des contrats-Iškaru

5.2. Le contrat-iškaru concernant la fabrication des briques

Selon les documents rassemblés qui nous sont parvenus, des clauses pénales étaient associées à la fabrication des briques. Ce matériau de construction étant le plus importante de la région mésopotamienne, la force humaine destinée à ce type de travail, les esclaves, fut naturellement procurée aux contractants. Le nombre d’esclaves, semble-t-il, variait selon les circonstances dans lesquelles les documents furent écrits310. L’Eanna participa à de nombreux

projets de construction311. Une part du travail destinée à la construction des bâtiments du palais

royal de Babylone a été imposée à l’Eanna. D’après BIN 1 126, le temple donna de l’argent (1/2 mine) à Nabû-Bēlšunu, fils de Nabû-šum-ukîn, afin de transporter les briques qui étaient en charge de Ţardia, fils d’Aplaya, Amurru-ahhē-iddin, fils de Bēl-šum-iškun. Le chantier se trouvait alors dans la ville de Šallatu312.

Nabû-Bēlšunu était, semble-t-il, en charge de la corvée du roi313 avec Nabû-ah-iddin.

Selon P.-A. Beaulieu, le temple vendit de la laine afin d’avoir assez de l’argent pour envoyer les montants nécessaires pour les travaux aux responsables des chantiers. Le tableau tiré des données d’OECT 10 315, nous montre les diverses utilisations de l’argent concernant les briques. On peut alors faire environ neuf divisions de la somme d’argent selon les dates, les documents précis, les montants distribués, les responsables et les dates de fabrication des briques. Outre la participation du temple, le roi en personne paya l’achat des briques cuites nécessaires pour la construction314.

Nous étudierons tout d’abord les pénalités qui se trouvent dans ces documents afin de découvrir quel était le point le plus important aux yeux des autorités. Les clauses de condition et leurs clauses de pénalité étaient attestées uniquement dans les textes concernant la ville d’Uruk. La raison de cette particularité est sûrement due à la nature de ces documents et à la conservation des archives.

310 GCCI 2 385 (20), BIN 2 111 (1), AnOr 8 52 (3) 311 Beaulieu 2005 : 48.

312 La ville de Šallātu est attestée quatre fois : la première fois se trouve dans une chronique sur le règne de

Nabopolassar. Le roi, Nabopolassar entra dans la ville de Sal[lat] et emporta le butin au 21ejour du mois d’Aiāru

de la première année de Nabopolassar. La deuxième fois a lieu la deuxième année du règne de Nabopolassar. Cette fois-ci, le roi fit la guerre à la ville de Šallatu ; cependant, il ne la prit pas. Le troisième document, BIN 1 122 est une lettre qui évoque le sangû de la ville de Šallatu. La quatrième fois se trouve dans notre document, BIN 1 126, et indique que la fabrication des briques y fut effectuée.

313 CAD ilku : 73.

110 Nous commencerons par examiner les trois textes contenant les clauses pénales. Le premier document, GCCI 2 385, est un contrat établi entre l’autorité de temple et un homme dénommé, Nabû-ah-iddin. Selon GCCI 2 385, ce personnage fut obligé de fabriquer 80000 briques crues dans le cadre du travail-assigné (-iškaru). Le temple lui confia vingt travailleurs pour qu’il puisse accomplir ce travail-assigné (-iškaru) dont le résultat était destiné à la corvée du roi (dullu ša lugal). Son travail commença au mois de Tašrîtu et dût se terminer durant le mois d’Addaru. Il eu donc environ six mois pour accomplir les tâches qui lui étaient assignées – à lui qu’ainsi qu’à ses 20 travailleurs315. En outre, il devait apporter, aux responsables de

l’Eanna, ces briques comme élément de la corvée du roi, pour le palais316.

Ce document ne contient pas de clause de condition, mais Tarībi, fils de Bēl-iqîša317

engagea à payer les briques crues en compensation, d’un dommage éventuel. La clause de condition, qui ne fut pas notée, pouvait être liée au cas de non-accomplissement des devoirs, à savoir, le non-accomplissement de la fabrication de 80000 briques cuites, comme le montrent les documents suivants.

Le deuxième contractant (BIN 2 111) était un homme dénommé Marduk-apal-uşur, fils de Mušēzib-Marduk, descendant d’Amēl-Ea. Le nom de son ancêtre étant indiqué, il est probable qu’il était issu d’une famille aisée. Le temple lui confia un esclave, Galala, afin qu’il puisse fabriquer 4000 briques cuites dans le cadre du travail-assigné (-iškaru)318. Le document

fut rédigé le 19e jour du mois de Dûzu (IV) et la date de délai était fixée au premier jour du mois

d’Arahsamnu (VIII). Trois mois et onze jours représentent donc le temps restant à Marduk- apal-uşur pour rendre l’esclave qui lui avait été prêté. S’il ne remettait pas l’esclave Galala, il devait alors donner une compensation à la Dame d’Uruk correspondant au décompte depuis le

315 Nous allons essayer de savoir quelle quantité quotidienne de briques était considérée comme raisonnable. Selon

GCCI 2 385, un travailleur devait fabriquer 26 briques par jour (sans compter le travail forcé du contractant). Dans le cas de BIN 2 111, 102 jours étaient garantis pour terminer le travail-assigné (-iškaru). Concernant la force de travail d’une seule personne, hormis celle du contractant, une personne pouvait produire 39 briques par jour. Le document AnOr 8 52 nous indique qu’un esclave pouvait/devait fabriquer 12000 briques par an. Ainsi nous pouvons calculer qu’un ouvrier était obligé de produire environ 33 briques par jour.

316 OECT 10 315 dans la transaction 7 : la mission de Nabû-bēlšunu fut d’apporter les briques cuites produites par

Nabû-ahhē-iddin, fils de Ša-Nabû-šu. Il reçut une mine et trois sicles d’argent.

317 Taribi, fils de Bēl-iqîša fut un agent qui travailla activement pour le temple au moment de la construction du

palais du nord de Babylone. On peut trouver son nom également dans les documents suivants : OECT 10 315, GCCI 2 385, NBC 4786 - les textes inédits sur lesquels on trouve le nom de Tarību et le résumé de ces documents sont PTS 3245, YBC 7434 (Beaulieu 2005 : 65.). Sa première mission consistait à fabriquer 13000 briques cuites en ajoutant son travail-assigné (-iškaru). Il reçut alors deux mines d’argent de la part du temple. La seconde fois, il reçût également deux mines d’argent pour compenser l’absence de [ ], fils de Nanāya-šar-uşur qui avait disparu durant Nbk 26/V/1 et 26/V/26.

111 premier jour où l’esclave Galala avait été mis à sa disposition en référence à son travail-assigné (-iškaru), soit 4000 briques cuites par an.

Dans la dernière tablette, AnOr 8 52, l’on trouve la mention du travail-assigné-iškaru dans le cadre de la fabrication de 12 000 briques. Le document commence par la clause de garantie à la charge de Nadnaia, fils d’Erišu. Celui-ci engageait à amener Kuduranu et Labaši, les fils de Nanaya-ikrab et Nidinti, fils de Kuduranu, oblats de la Dame d’Uruk, auprès de Nabû- mukīn-apil, šatammu de l’Eanna, fils de Nādinu, descendant de Dabibi et Nabû-ah-iddin, officier royal, le responsable de l’Eanna319.

La clause conditionnelle et la clause de pénalité figurent de la ligne 7 à la ligne 10 : 07-10. ki-i a-na a-šar šá-[nam-ma] it-tal-ku-u’ šá mu-an-na a-na 1en lú 12000 a-gur-ru iš-ka-ri Isì-na-a a-na dgašan šá unugki i-nam-din

07-10. S’ils vont en un autre endroit, Nadnaia donnera à la Dame d’Uruk, en référence à son travail-assigné (-iškaru) 12000 briques cuites pour chacun, par an.

Il est particulièrement intéressant d’étudier la règle de pénalité. À vrai dire, GCCI 2 385 ne contient pas de clause pénale : il s’agit tout simplement d’une garantie de compensation en vue d’un dommage potentiel. En revanche, BIN 2 111 et AnOr 8 52 contiennent des clauses pénales similaires, dont il est intéressant d’examiner la particularité. Celles-ci ne présentaient pas d’un montant fixe, mais la pénalité n’était pas non plus à taux variable : elle variait selon la quantité des productions promises et le nombre d’esclaves appelés à participer.

En ce qui concerne la ville de Sippar, on trouve peu de textes dans lesquels le travail- assigné (-iškaru) est indiqué. Tous les documents que nous avons rassemblés ici sont des documents administratifs. Itti-Nabû-guzu est un contractant impliqué dans la fabrication des briques cuites dans les tablettes VS 6 166, VS 6 177. Mais il ne s’agit pas de contrat-iškaru : ces documents administratifs concernaient la livraison des briques et de leurs destinations. Ainsi, l’on voit Itti-Nabû-guzu donner des briques pour réparer le four (VS 6 166) et l’estrade du

319 01-10. [Isì]-na-a a-šú šá Ie-ri-šú pu-ut Iku-du-ra-nu u Ila-a-ba-ši dumu-meš šá Idna-na-a-siskur-siskur u Ini-din-

ti a-šú šá Iku-du-ra-nu lú rig

7-meš šá dgašan šá unugki ina šuII Idnà-gin-ibila lú šà-tam é-an-na a-šú šá Ina-di-nu a Ida-bi-bi uIdnà-šeš-mu lú sag lugal lú en pi-qit-tu4 é-an-na na-ši ki-i a-na a-šar šá-[nam-ma] it-tal-ku-u’ šámu-an-

112 temple (VS 6 177) et qu’un autre homme Nabû-ana-mirihtu fournit également des briques pour restaurer l’estrade du temple.

À Borsippa, nous trouvons un document, GCCI 2 96 concernant le travail-assigné (-

iškaru). 6000 briques étaient demandées par les autorités. Malheureusement, le document

comportant des cassures ne nous fournit pas davantage d’informations. Il semble qu’il n’y avait de toute façon pas de clause pénale, parce que la cassure n’étant pas suffisamment grande pour avoir fait disparaître une partie aussi importante du texte. En revanche, même s’il ne s’agit pas de documents-iškaru, deux documents, BM 26479320 et BM 26705321, nous indiquent que le

trésor de l’Ezida a donné de l’argent au prébendier du pasteur de bœufs pour lui fournir les briques utilisées pour le mur de l’Ezida. Il devait acheter les briques et en assurer la livraison au chantier. C’était un intermédiaire qui achetait et fournissait les briques à la place des autorités du temple322. Ces deux documents ne contiennent pas de clause pénale associée aux obligations.

320 Waerzeggers 2010 : 580-581. 321 Waerzeggers 2010 : 582. 322 Waerzeggers 2010 : 342.

113 Tableau 6 : Documents iškaru concernant les briques d’Uruk

114 Titre de la

publication

Datation Lieu Autorité Contractant Existence de la clause- hīţu

Autre pénalité Matière première fournie Particularité du document GCCI 2 385 Nbk 15/ 6 / ? X X Taribi / Bēl- iqîša X Taribi/Bēl-iqîša se porte garant de payer les briques

séchées.

20 esclaves Le temple a conclu un contrat-iškaru avec Nabû-

ah-iddin pour faire fabriquer des briques.

Vingt esclaves sont donnés, c’est un travail imposé au temple par le roi pour bâtir le palais.

BIN 2 111 Cyr 5/4/19 Uruk non précisée Marduk-apal- uşur/Mušēzib- Marduk//Amēl- Ea X

S’il ne donne pas d’esclave, il donnera 4000 briques par l’an.

Un esclave (Galala)

Document écrit afin de convoquer l’esclave donné au contractant. AnOr 8 52 Cyr 6/8/22 Uruk šatammu + officier royal Nadnā / Erišu X

Si les oblats vont à un autre endroit, Nadnā donnera 12 000 3 esclaves (Kuduranu et Labaši / Nanaya-

Les esclaves étaient liés les uns aux autres par un lien familial. Kuduranu se porte garant d’amener

115 briques pour chaque personne. ikrab, Nidinti / Kuduranu) Erib-reûa / Itti-šamaš- babţu, son neveu, auprès des autorités de temple. BIN 1 40 X (lettre) Uruk Ninurta-šar-

[uşûr]

X X X

L’auteur de la lettre écrivit que 110 briques par jour représentaient un travail très lourd. Hormis les travailleurs très forts, les autres s’étaient enfuis. Il demanda alors à

envoyer de la paille et des roseaux.

(en vue, certainement, de la construction des bâtiments).

116 Tableau 7 : Documents iškaru concernant les briques de Sippar

Titre de la publication

Datation Lieu Autorité Contractant Existence de la clause-hīţu

Autre pénalité Matière première fournie Particularité du document VS 6 166 Dar 36/V/9 Sippar X Itti-Nabû-guzu X X X

Les briques fabriquées par Itti-Nabû-guzu sont données pour le four (mušehittu). VS 6 177 Artaxes 0/[?]/11 Sippar X Itti-Nabû-guzu X X X

Les briques fabriquées par Itti-Nabû-guzu sont données pour l’estrade du temple.

VS 6 178 Xerxes 0/11/9

Sippar X Nabû-ana- mirihtu

X X X Les briques fabriquées

117 Tableau 8 : Documents iškaru concernant les briques de Borsippa

sont données pour le four.

Titre de la publication

Datation Lieu Autorité Contractant Existence de la clause-hīţu

Autre pénalité Matière première fournie Particularité du document GCCI 2 96 Borsippa X Tarašda / Balāssu X X un esclave Il devait fabriquer 6000 briques cuites avec un esclave donné par le temple.

118 Tableau 9 : Données tirées de OECT 10 315 : argent versé pour l’affaire des briques

Argent Datation Quantité Responsable But et particularité [ ] mines

d’argent

Nbk 26/V/22 Nabû-Bēlšunu / Nabû-šum- ukîn323

Prix de transport des briques cuites.

2 mines d’argent

Nbk 26/V/23 13,000 Tarību / Bēl-iqīša Cette mission a été ajoutée à son travail assigné-

iškari imposé précédemment.

10 mines d’argent

Nbk 26/IX/23 60,000 Nabû-bēlšunu / Nabû-šum-ukîn Pour la fabrication des briques cuites

10 mines d’argent

Nbk 26/IX/23 ? Mušēzib-Bēl / Nādin Pour la fabrication des briques cuites

20 mines d’argent

Nbk 26/IX/28 ? Nabû-šum-lîšir / Nabû-mukîn- zēri

pour la fabrication des briques cuites

6 mines d’argent

Nbk 26/IX/11 ? Mušēzib-erîba / Ibnaia, šakin ţemi

Pour le prêt sans intérêt

119 2 2/3 mines

d’argent

Nbk 26/IX/26 ? Nabû-bēlšunu / Nabû-šúmu-ukîn Selon l’absence de Nabû-bēlšunu, fils de Nabû- šum-ukîn pour la corvée.

2 mines d’argent

Nbk 26/V/23 ? Tarību / Bēl-iqīša Argent donné pour compenser l’absence de [ ], fils de Nanāya-šar-uşur qui était disparu entre le 26/V/1 et le 26/V/26. 5 sicles d’argent Nbk 26/V/non- précis

? ? Pour la ration des commissaires envoyés pour

surveiller la fabrication des briques cuites.

1 mines d’argent 3 sicles d’argent Nbk [26]/VIII/26

? Nabû-bēlšunu / Nabû-šum-ukîn La mission de Nabû-bēlšunu fut d’apporter les briques cuites produites par Nabû-ahhē-iddin, fils de Ša-Nabû-šu.

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