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Folklore moderne de Bealtaine en Irlande

IMPORTANCE DE BEALTAINE ET IMPLICATIONS DANS LA VIE RURALE IRLANDAISE

1.3 CROYANCES ET SUPERSTITIONS

1.3.3 Mariages de mai

1.3.3.1 Mariages de mai et superstitions

Se marier au mois de mai était, en Irlande, généralement mal accepté. Le proverbe « si vous vous mariez en mai, vous regretterez la journée [qui a vu votre mariage] »179 était commun à toutes les parties anglophones de l’île. Il est cependant intéressant de noter qu’il n’existait pas d’équivalent en irlandais et que les Gaeltachta semblaient moins attachés à la tradition.180 La croyance, par ailleurs largement répandue dans le reste de l’Europe, était souvent mise en relation par les informateurs avec la consécration du mois de mai à la Vierge Marie.

Un mariage de mai était généralement de mauvais augure – un des deux époux serait rapidement veuf, le mariage serait malheureux ou infécond – car il s’apparentait à un affront à l’encontre de la Vierge, et, pour une fois, les informateurs de l’Irish Folklore Commission comme ceux de la Schools’ Collection semblent unanimes. Seuls quatre témoignages, respectivement des comtés de Clare, Fermanagh, Laois et Galway,181 attestent que les mariages de mai étaient de bon augure et portaient chance aux mariés : ce phénomène n’est tout de même pas négligeable et confirme l’ambivalence de la symbolique de mai, ou tout du moins sa versatilité ; en d’autres termes, l’important est de retenir la relation établie entre le mois de mai et les traditions de mariage.

179

If you marry in May you’ll rue the day ou plus fréquemment marry in May and rue the day. Le proverbe se transforme parfois en « un mariage en mai dure un an et un jour » (a marriage in May lasts

for a year and a day) ou « si vous vous mariez en mai, vous vivrez loin » (if you marry in May you’ll live far away / marry in May go far away). Plus rarement, on retrouve « marié en mai, enterré en juin »

(married in May, buried in June) ou « marié en mai bientôt [enterré] » (married in May soon to lay). L’association à un départ (départ au sens strict du terme ou départ dans l’« Autre Monde ») ne fait que confirmer l’aspect négatif des mariages célébrés pendant ce mois.

180

Les informations relatives aux mariages de mai, si elles sont nombreuses dans les manuscrits de la

Schools’ Collection du comté de Meath, ne sont qu’anecdotiques dans les manuscrits des comtés de

Galway et Kerry. Les informations rapportées par le questionnaire de l’Irish Folklore Commission vont dans le même sens : seul un informateur issu des Gaeltachta du comté de Donegal mentionne la coutume (MS. 1096 §138) ; on retrouve seulement trois mentions de la superstition dans les Gaeltachta du comté de Galway (MS. 1096 §65, §72, §76). Dans les Gaeltachta du comté de Kerry, l’interdiction de se marier en mai découlait d’autres traditions : selon un informateur, il ne fallait pas se marier en mai car il était de mauvais augure de rencontrer des étrangers sur ses terres aux alentours de May Day (la croyance découle en fait d’une peur de la sorcellerie) ; selon un autre informateur, les gens ne se mariaient pas en mai car la coutume locale consistait à se marier uniquement pendant le Carême. MS. 1095 §3, §9 (Kerry). 181

Cette relation était d’ailleurs étayée par un nombre étonnant de superstitions divinatoires,182 dont le but était d’établir si l’on se marierait dans l’année à venir ou, mieux encore, de connaître le nom ou le visage de l’heureux élu. Certains présages permettaient de se faire une première idée : par exemple, selon un proverbe irlandais, lorsqu’un moi de mai venteux était suivi d’un mois de juin ensoleillé, les fermiers avaient toutes les chances de trouver une épouse.183 On disait également qu’une jeune fille épouserait le premier homme rencontré le matin de Bealtaine.184 Outre ces présages, des techniques bien spécifiques de divination étaient entreprises, le plus souvent par les jeunes femmes. Il est intéressant de constater que les méthodes employées étaient profondément différentes selon les régions, le clivage le plus évident se retrouvant entre l’Ulster et le Munster.

1.3.3.2 Divinations de mariage d’Ulster

En Ulster, la personne désirant connaître l’identité de son futur mari ou de sa future femme cueillait des achillées,185 plantes aux longues feuilles fines et dentelées. A May Eve, c’est-à-dire la veille au soir de May Day, on ramassait dix feuilles d’achillée. La dixième feuille était lancée par-dessus l’épaule gauche et les neuf premières placées sous l’oreiller. Dès lors, la personne ne devait pas prononcer un seul mot afin de ne pas briser le sort. Pendant la nuit, le visage du « véritable amour » apparaissait en rêve à la jeune fille ou au jeune homme.

Il est parfois précisé qu’il fallait prononcer, au moment de se coucher, une formule magique spécifique. La formule, qui n’existait apparemment pas en langue irlandaise, était, au demeurant, variable :

182

Dans certains cas, les informateurs annoncent que les rituels divinatoires se pratiquaient, non pas à

Bealtaine, mais à Samhain. Voir, par exemple, MS. 1096 §138 (Donegal).

183

« Un mai venteux suivi d’un mois de juin ensoleillé annonce le mariage du fermier. » (A windy May,

sunny June, farmer snug and marry.) MS. 1096 §95 (Sligo). Traduit de l’irlandais par l’informateur.

184

MS. 1095 §47 (Tipperary) ; le MS. 1097 §161 (Meath) apporte une nuance : la personne rencontrée n’était pas nécessairement le futur époux mais portait le même prénom que lui.

185

Achillée, belle achillée, bonjour, et deux fois bonjour à toi, si tu es une vraie achillée, à cette heure demain tu m’auras dit qui sera mon véritable amour.186

Bonne achillée, douce achillée, trois fois bonjour à toi, j’espère qu’avant cette heure demain tu me montreras mon véritable amour. 187

Bonjour, bonjour, belle achillée, deux fois bonjour à toi, / J’espère qu’avant cette heure demain, / Tu m’auras montré mon véritable amour (répété trois fois).188

Achillée, douce achillée, cette nuit je prie pour que tu me montres [l’amour de ma vie]. 189

Bonjour, bonjour, belle achillée / Trois fois bonjour / J’espère qu’à cette heure demain / Tu me diras qui sera mon véritable amour / La couleur de ses cheveux et les vêtements qu’il portera / Et les mots qu’il dira / Lorsqu’il viendra me courtiser. 190

On trouve parfois une version alternative de la coutume : une infusion d’achillée était préparée et bue par la personne soucieuse de connaître le visage de son « véritable amour » en prononçant l’une des variantes de cette formule magique.

La superstition était pratiquement exclusivement cantonnée à l’Ulster. Le questionnaire de l’Irish Folklore Commission ne mentionne qu’un seul témoignage comparable dans le Connacht, plus précisément dans le comté de Clare, où l’achillée est d’ailleurs remplacée par l’oseille.191 La coutume est pratiquement absente des manuscrits anglophones de la Schools’ Collection des comtés de Galway et Kerry192 et, si elle est mentionnée par trois fois dans les manuscrits du comté de Meath, la méthode de divination y est strictement associée à Samhain.193

186

Yarrow, fair yarrow, good morning and twice good morning to you, if you are true yarrow by this

time tomorrow you will tell me who my true love will be. MS. 1096 §112 (Cavan), etc..

187

Good yarrow, sweet yarrow, thrice good morrow to thee, I hope before this time tomorrow Thou wilt

show my true love to me. MS. 1096 §118 (Tyrone), etc..

188

Good morrow, good morrow, fair yarrow, twice good morrow to thee, / I hope before this time

tomorrow, / You’ll show my true love to me. MS. 1096 §124 (Fermanagh), etc..

189

Yarrow, sweet yarrow, this night I pray thee, my time love to see. MS. 1096 §125-6 (Antrim), etc.. 190

Good morrow, good morrow, fair yarrow / Thrice good morrow to thee / I hope by this time tomorrow

/ You’ll tell me who my true love shall be / the colour of his hair and the clothes he shall wear / And the words that he’ll say / When he comes to court me. MS. 1096 §146, §153, §155 (Donegal).

191

MS. 1095 §37 (Clare). 192

Nous n’avons retrouvé qu’un seul exemple dans chacun des comtés, ce qui n’est évidemment pas suffisant pour estimer que la méthode de divination y fut généralisée. MS. S.13 (Galway) et MS. S.440 (Kerry).

193

MSS. S.687, S.696, S.703 (Meath). Rappelons que le terme Samhain renvoie, par convention, à la prolongation folklorique de la fête de Samain.

Le fait que la superstition fut limitée à certaines zones bien précises, en l’occurrence des zones où l’influence anglaise était a priori plus importante que dans le reste du pays, n’est pas anodin. Rappelons en outre que les formules, plus exactement les rimes, étaient prononcées en anglais. La dichotomie est donc, sur ce point, bien réelle entre l’Ouest de l’Irlande, les Gaeltachta en premier lieu qui ne semblent pas avoir connu la coutume, et le Nord ainsi que l’Est du pays. Nous aurons par ailleurs l’occasion de constater que la technique divinatoire de l’achillée était bien connue en Grande-Bretagne.194

1.3.3.3 Divinations de mariage du Munster

Dans le comté de Cork, certaines jeunes filles se levaient tôt le matin de Bealtaine pour se laver le visage dans la rosée195 et le premier prénom qu’elles entendaient était celui de leur futur mari.196 La superstition n’était cependant pas propre au comté de Cork : on en retrouve diverses variantes sur l’intégralité du territoire irlandais, à la différence près que l’eau de source se substituait à la rosée.

Ainsi, en Ulster, si une jeune fille écoutait discrètement à une porte ou une fenêtre à Bealtaine avec la bouche remplie d’eau, elle pouvait entendre le prénom de son futur mari.197 Dans le comté de Donegal, on racontait qu’une célibataire lavant ses vêtements à la jonction de trois rivières épouserait le premier homme rencontré.198

194

Il existe, en Ulster, d’autres méthodes de divination plus ou moins comparables. La jeune fille devait parfois disposer sous son lit ses deux chaussures en angle droit, tout en gardant le silence ; la nuit venant, elle rêvait de son futur époux. Une autre coutume consistait à laver ses vêtements puis à les faire sécher près du feu de Bealtaine (voir infra, chap. 2.1.3.4 et 2.1.4.6) ; on les plaçait ensuite sous son oreiller, toujours dans l’espoir d’une vision onirique. MS. 1096 §141, §142, §147 (Donegal).

195

Nous aurons l’occasion de constater que la coutume consistant à se lever pour May Morning afin de se laver le visage (ou les mains) dans la rosée était extrêmement courante en Irlande. Voir infra, chap. 2.1.3.3.

196

MS. 1095 §13 (Cork). 197

MS. 1096 §128 (Antrim) et §153 (Donegal). On retrouve une version alternative de cette pratique divinatoire dans le comté de Galway : on bandait les yeux à trois jeunes filles que l’on plaçait à des croisements et on les faisait tourner trois fois sur elles-mêmes. Les autres participants les dirigeaient. Lorsqu’elles arrivaient à proximité d’une maison, elles écoutaient aux portes. Si elles entendaient le prénom d’un jeune homme, il s’agissait du nom de leur futur époux ; en revanche, s’il s’agissait d’un homme marié, elles seraient veuves ; si elles entendaient le prénom d’une femme âgée, elles finiraient vieilles filles, le prénom d’une femme jeune, elles ne connaîtraient pas l’amour. MS. 1096 §77 (Galway). Par ailleurs, on disait, à propos d’une jeune fille ayant perdu sa bonne réputation et qui était destinée à finir célibataire, qu’elle avait « perdu sa chaussure de mai » (She lost her May shoe). MS. 1096, Ibid.. 198

MS. 1096 §142 (Donegal). Voir infra, chap. 2.1.3.2 pour l’importance de la thématique des « trois points d’eau » qui se rejoignent (« eau de frontière »).

Dans les comtés de Clare, Longford et Laois, il fallait se lever tôt le matin de Bealtaine et regarder au fond de la source qui alimentait la maison en eau afin d’y découvrir le visage de l’heureux élu.199 On retrouve la notion de « reflet » dans un témoignage d’un informateur du Tipperary : « [La fille devait] rester debout jusqu’à minuit et regarder un miroir : elle y [verrait] le visage de son futur époux. »200

Dans le comté de Cavan, les jeunes filles devaient écrire tous les prénoms masculins leur passant par la tête sur des petits morceaux de papier. Elles les plaçaient ensuite dans une bassine d’eau et les laissaient reposer pendant la nuit. Au petit matin de May Day, elles examinaient la bassine dans l’espoir de retrouver l’un des papiers retourné : le prénom y figurant était alors celui du futur mari.

Il existe cependant une superstition divinatoire propre au territoire du Munster. Si elle poursuivait le même but que son équivalent du Nord de l’Irlande, force est de constater qu’elle s’en démarquait radicalement par la forme :

Les jeunes gens avaient coutume, à May Morning [le matin du premier mai], d’aller dans la campagne ramasser le premier escargot qu’ils voyaient, de le ramener chez eux et de le mettre sur un verre ou un plat recouvert de farine. Le déplacement de l’escargot faisait des marques sur la farine [et ces marques] étaient censées révéler les initiales du futur époux. De plus, la couleur de l’escargot était censée présager la couleur des cheveux du futur époux.201

Si l’escargot était marron, l’époux serait châtain, noir il serait brun, s’il avait une couleur blanchâtre, il serait blond.202 La taille de l’escargot augurait la

199

MS. 1095 §34 (Clare), §174 (Longford), §188 (Laois). 200

There is here a belief that should a girl stay up till midnight and then look into a mirror, she will

there see the face of her future husband. MS. 1095 §55 (Tipperary).

201

It was customary early on May Morning for young folk to go into the country and pick up the first

snail found, bring it home and place it on glass or ware covered with flour. The movement of the snail made marks in the flour which were supposed to give the initials of the future spouse. Furthermore, the colour of the snails was thought to show the colour of the hair of the future spouse. MS. 1095 §12

(Cork). L’auteur mentionne que la coutume avait, à son époque, déjà presque complètement disparu. On retrouve les mêmes données dans MS. 1095 §13, §17, §18, §24 (Cork), et §41 (Clare).

202

MS. 1095 §4, §7 (Kerry), §12, §17, §24, §27, §28, §29, (Cork), §42 (Clare) et MS. S.439 (Kerry) de la Schools’ Collection où l’on précise que la coutume était appelée « chasse aux escargots » (snail

hunting). On retrouve mention de cette coutume dans un manuscrit de l’Irish Folklore Commission relatif

au comté de Donegal, qui fait ainsi office d’exception à la répartition géographique de la tradition. Voir MS. 1096 §142 (Donegal). De même, un informateur du comté de Galway mentionne une chasse aux escargots à May Day, pratiquée uniquement par les enfants et n’entretenant aucun rapport avec la divination de mariage. MS. 1096 §74 (Galway).

carrière du futur mari : plus il était gros, plus le mari serait fortuné.203 Dans d’autres cas, la richesse du mari était mise en parallèle avec le fait que l’escargot fût sorti ou non de sa coquille : s’il était resté dans sa coquille, le couple serait riche, dans le cas inverse, il serait pauvre et n’aurait probablement jamais de maison.204 Le parallèle entre la coquille de l’escargot, autrement dit sa demeure, et le logis du couple était clairement établi par les informateurs.205

On peut ainsi noter trois points de divergence fondamentaux avec la superstition divinatoire de l’achillée, qui ne semble pas avoir existé en dehors de l’Ulster : la divination du Munster se pratiquait le matin de Bealtaine et non pas la veille au soir, l’objet de la divination passait du domaine végétal au domaine animal, le résultat n’était plus le fruit de l’onirisme mais celui de données tangibles et physiquement constatable.

1.3.3.4 Les « boules de mai » du Leinster

On retrouve dans le Sud-est de l’Irlande, et principalement dans les comtés de Kilkenny et de Waterford, une autre coutume associant une nouvelle fois Bealtaine à la thématique du mariage.

Les jeunes couples, mariés dans les semaines précédant May Day, devaient offrir des « boules de mai »206 aux jeunes enfants qui ne manquaient pas de réclamer leur dû. Dorées ou argentées, les boules de mai ne sont pas sans rappeler nos traditionnelles boules de Noël ;207 en fait, il s’agissait souvent de balles de hurling décorées.208 Il a été avancé que ces boules représentaient la lune et le soleil, ou encore le beurre et le lait, denrées si prisées en cette

203

MS. 1095 §28 (Cork). 204

Il est parfois dit que si l’escargot sortait de sa coquille, la jeune fille finirait tout simplement célibataire. MS. 1097 §188 (Laois).

205

MS. 1097 §188 (Laois), MS. S.26 (Galway), MS. S.404 (Kerry). La coutume se retrouve en effet, dans une moindre mesure, dans d’autres parties de l’Irlande, principalement le Connacht. Ainsi, le manuscrit 26 de la Schools’ Collection, en rapport avec le comté de Galway précise qu’il fallait placer une feuille de choux sur l’assiette et constater les traces de l’escargot à la fin de la journée, plus précisément au coucher du soleil.

206

May balls. 207

On offrait généralement deux boules de mai, une décorée de motifs dentelés dorés, l’autre de motif argentés. Le prix de chacune de ces boules pouvait s’élever à deux guinées. The Year in Ireland, Op. cit., p. 104.

208

Ibid., p. 103. Voir, par exemple, The Diary of an Irish Countryman, Op. cit., p. 72 où il est mentionné que les jeunes gens avaient utilisé une boule de mai pour jouer au hurling.

période de l’année.209 Il est, à l’évidence, difficile d’accorder un quelconque crédit à ces hypothèses qu’aucun élément concret ne vient étayer.

Dans certains cas, les jeunes mariés utilisaient les boules de mai pour décorer les May Bushes, c’est-à-dire les petits buissons le plus souvent placés devant l’entrée de l’habitation principale à May Day.210 On avait alors coutume de voler les objets ainsi disposés, ce qui n’était pas sans entraîner certains affrontements plus ou moins directs. Le témoignage d’Amhlaoibh O’ Súilleabháin, paysan vivant dans les environs de Callan, dans le comté de Kilkenny, est, à cet égard, intéressant : on trouve dans son journal intime, à la date du 30 avril 1828, la mention d’un vol de boules de mai perpétré par des jeunes garçons. L’auteur ajoute que la dernière fois que cela s’était produit à Callan, une altercation avait conduit à la mort d’un certain Nicholas Butler, tonnelier de la ville.211 Un autre épisode, en tout point comparable, est relaté dans un article du Freeman’s Journal daté de mai 1778 :

Jeudi dernier, Patrick Reade de Johnswell eut le crâne fracturé à la suite d’une altercation opposant des hommes qui s’étaient rassemblés pour collecter des boules de mai, dans les environs de Bennet’s Bridge. Il fut emmené à l’hôpital [...] où il mourut peu après.212

Les désordres induits par la tradition des boules de mai entraînèrent un mouvement de désapprobation populaire, soutenu par le clergé local. Le 4 mai 1768, le Finn Leinster Journal publia la lettre enflammée d’un de ses lecteurs : indigné par ces débordements, l’auteur du pamphlet préconisait une peine de prison ferme à quiconque participerait à la tradition des boules de mai.213

209

Evans, Estyn E.. Irish Folk Ways. Mineola : Dover Publications, 2000 (1957), p. 274. Pour l’importance du lait et du beurre, voir infra, notamment chap. 1.3.4 et chap. 2.

210

Voir infra, chap. 2.3 et 3.1. 211

The Diary of an Irish Countryman, Op. cit., pp. 48-9 et 72. Un vol de boules de mai se reproduisit l’année suivante. Voir également Finn Leinster Journal, 1-4 mai 1782 pour un article relatant l’épisode tragique.

212

On Thursday last Patrick Reade, of Johnswell had his skull fractured in a quarrel which arose betwixt

some men who assembled to collect Mayballs, in the neighbourhood of Bennet’s Bridge. He was taken to hospital, where he [...] shortly after died. Freeman’s Journal, 7-9 mai 1778.

213

Finn Leinster Journal, 4 mai 1768. On trouve une retranscription intégrale de la lettre dans le Journal

of the Royal Society of Antiquaries of Ireland, 1852-3, p. 332. Voir The Year in Ireland, Op. cit.,

En 1784, Dr. Troy, évêque d’Ossory, condamna fermement la pratique, ce qui devait, à terme, entraîner la disparition des boules de mai du paysage