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Folklore moderne de Bealtaine en Irlande

IMPORTANCE DE BEALTAINE ET IMPLICATIONS DANS LA VIE RURALE IRLANDAISE

1.2 BEALTAINE ET RURALITE

1.2.2 Paiement de loyers

1.2.4.2 Foires aux bestiaux

Les foires locales se tiennent à Nenagh et Barrisshane ( ?). Elles se déroulent toujours dans les villes. [...] Si une personne vend ou achète, elle doit payer une taxe. Un homme parcourt les rues et lorsqu’on rentre chez soi après la foire, il demande le paiement de la taxe. Quand un animal est vendu, on donne généralement de l’argent porte-bonheur : [une pièce de six pence pour un mouton, un shilling pour un porc et deux shillings pour le bétail et les chevaux]. [Les animaux sont marqués à la craie, parfois à la boue].91 Quand une affaire est scellée, le vendeur et l’acheteur se tapent dans les mains. Parfois ils crachent dans leur main avant de taper.92

La description donnée de la foire de Nenagh est tout à fait représentative des foires aux bestiaux irlandaises. Les pièces porte-bonheur93 et la coutume consistant à se frapper les mains une fois l’affaire scellée font pratiquement office de règles incontournables ; les personnes d’un certain âge ayant vécu dans des zones rurales ont généralement encore souvenir de ces coutumes, comme nous avons eu l’occasion de le constater lors de notre étude sur le terrain. Si la foire de Nenagh se déroulait dans les rues de la ville,94 les foires aux bestiaux pouvaient, dans certains cas, être transférées sur un champ de foire, autrement dit une place ou un terrain spécialement dédié à l’organisation de la foire, ou, plus rarement, avoir lieu le long des routes principales du district.95

91

Dans certains cas, on attachait un fil à la queue de l’animal pour le distinguer, comme mentionné par exemple pour la foire de Swinford, comté de Mayo, dans MS. S.121 (Mayo).

92

The local fairs are held in Nenagh and in Barrisshane ( ?). They are always held in the towns. [...] If a

person buys and sells he has to pay toll. There is a man standing on the street. When you are coming home from the fair he asks you for the toll. When an animal is sold, luck-money is generally given.

[Sixpence is generally given for a sheep, a shilling for a pig, and two shillings for cattle and horses]. [Animals are marked with chalk, sometimes mud]. When a bargain has been made, the buyer and the

seller strike hands. Sometimes they spit on their hands before striking. MSS. S.534 et S.535 (Tipperary),

par trois informateurs différents. 93

Luck-money ou luck-penny. 94

Les foires aux bétail étaient la plus urbaine des coutumes rurales : plus clairement, ces foires, qui par nature concernaient le monde agricole, se tenait dans les centres urbains (de plus ou moins grande taille) pour des raisons évidentes de commodité.

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Voir, par exemple, Carlanstown, comté de Meath. Mentionné par Mme Guibert de La Vaissière, dans

Selon la foire, le bétail échangé variait entre bovins, ovins, équidés ou autres animaux susceptibles d’intéresser fermiers et laboureurs. Certaines villes entretenaient leur spécialité et étaient réputées pour la qualité de telle ou telle race d’animaux. Une seule et même foire pouvait se fragmenter en fonction des animaux proposés. Ainsi, toujours à Nenagh, si la foire principale avait lieu le 24 avril, une autre foire, plus spécifique, se déroulait quelques jours plus tard, dans un endroit lui aussi différent :

Le premier mai, une foire se tient dans les Mines et il n’y avait rien d’autre que des béliers et c’est pour cela qu’elle était connue sous le nom de « Foire aux béliers des Mines ».96

La foire de Drogheda, comté de Louth, débutait le 11 mai et se prolongeait pendant trois jours ; elle était exclusivement consacrée à la vente d’équidés. Des ânes, amenés depuis les comtés de Clare et Mayo, étaient achetés par les fermiers et laboureurs des comtés de Meath, Louth et Monaghan. Mais la foire était avant tout réputée pour la grande qualité de ses chevaux.97 Un croyance importante, nous renvoyant à l’aspect agraire de Bealtaine, associait la plantation des pommes de terre et la foire de Drogheda : en effet, à en croire un proverbe du comté de Louth, il fallait planter les tubercules avant la première lune de printemps ou avant le début de la foire.98

Comme pour les foires à l’embauche, les foires aux bestiaux, plus spécifiquement celles de mai, étaient le théâtre d’activités festives, parfois synonymes de débordements. Les foires de Bective, comté de Meath, avaient lieu le premier novembre et le 16 mai, la foire de mai étant apparemment axée sur la vente de moutons en plus d’être une foire à l’embauche. Il s’agissait

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On the first of May there is a fair held in the Mines and there used be nothing at it only goats and on

this account it was known as ‘The Puck Fair of the Mines’. MS. S.535 (Tipperary). Les deux autres foires

aux béliers d’importance se situaient à Killorglin, comté de Kerry (en association avec Lughnasa) et à Mullinavat, comté de Kilkenny. A ce sujet voir The Festival of Lughnasa, Op. cit., pp. 289-300. Il nous semble important de mentionner que seul un informateur de la Schools’ Collection nous parle de la Vieille Foire aux Béliers des Mines (Old Puck Fair of the Mines). Dans son Origin of History and Irish

Names of Places, Joyce nous affirme par ailleurs que le nom « Nenagh » dérive d’An Aenach, renvoyant

ainsi à l’irlandais moderne Aonach, c’est-à-dire foire. La ville de Nenagh tient donc son nom d’un terme renvoyant à la foire qui y avait lieu, ce qui semble dénoter une certaine antiquité du rassemblement. Joyce, Patrick Weston. Origin of History and Irish Names of Places. Dublin : Educational Co. of Ireland, 1873. Cité dans Journal of The Royal Society of Antiquaries of Ireland, 1913, p. 46.

97

Une foire aux chevaux comparable par sa popularité était la foire de Clare, dans le comté de Kerry. Voir, par exemple, MS. 1095 §9 (Kerry).

98

MS. S.931 (Monaghan). Les autres sources relatives à la foire de Drogheda sont : MS. 1097 §158, §159, §160 (Louth), MSS. S.684 et S.711 (Meath).

de l’une des foires les plus importantes d’Irlande ; selon un informateur, certains fermiers y amenaient leurs bêtes depuis le comté de Galway et les acheteurs accouraient de tout le pays. Bective était réputée pour l’organisation de ses festivités : à la fin du XIXe siècle, on y comptait une trentaine de tentes, uniquement dédiées à la confection de « punch » et la vente de whiskey ;99 on y jouait de la musique, on y dansait et des spectacles y étaient même organisés. Mais la caractéristique la plus étonnante du rassemblement organisé à Bective est sans doute son association à des combats de faction :100

Il y avait des « hommes en rubans »101 à la foire. [Les hommes se divisaient en deux groupes. L’un s’appelait les Abeilles et l’autre la bande de Billy Smith]. Si quelqu’un avait un ressentiment à l’égard d’un [homme de la faction adverse], il prononçait un mot de code. [Par exemple,] un membres des Abeilles disait « la lune est déjà levée » et ils se rassemblaient], munis de bâtons et de pierres, pour combattre les « Billy Smith’s ».102

Il ne s’agit pas là d’un cas isolé, en dépit du fait que la coutume restait cantonnée à une partie bien déterminée de l’Irlande. Nous avons en effet pu constater, lors de notre étude exhaustive des manuscrits de la Schools’ Collection des comtés de Kerry, Galway et Meath que la tradition des combats de faction lors de foires, si elle était totalement absente des deux premiers comtés, se retrouvait régulièrement dans le troisième.103

Il est, à ce stade de notre étude, important de différencier deux types de combats de faction. Le premier, décrit en détail par MacNeill, était un combat de faction a priori rituel, se déroulant généralement sur une colline et pratiquement toujours jumelé à un pèlerinage ou une assemblée festive.104

99

Dans les années 1910, la foire perdit de son importance ; le nombre de tentes dédiées à la vente d’alcool et aux festivités diminua régulièrement. La dernière année où le rassemblement fut organisé, on n’en dénota plus que trois.

100

Faction fights. Nous ne confondrons pas les combats de faction, qui est une coutume à part entière, et les combats engendrés par l’abus d’alcool, courants lors des festivités jumelées aux foires de mai. A ce sujet, voir Connel, Paul. « Slaughtered like Wild Beasts ; Massacre at Castlepollard Fair », Irish Fairs

and Markets, Studies in Local History. Bodmin : Four Courts Press, 2001, pp. 143-63.

101

Ribbon men, c’est-à-dire des hommes qui portaient des rubans de couleur sur leurs vêtements. 102

‘Ribbon men’ visited the fair. [Party divided into two parties. One called the Bees and the other the

Billy Smyth’s]. If they had any ill-feeling against one another in the parties they had a word which was called a ‘Code Word’ when they were drinking. One of the Bees would say ‘the moon is rising already’ and out they’d be with sticks and stones to fight with the Billy Smith’s. MS. S.687 (Meath).

103

Bective : MSS. S.619, S.708 (Meath). Duleek Naul ( ?) and Barristown : MS. S.685 (Meath). Ardamagh : MS. S.708 (Meath). Nobber : MS. S.710 (Meath).

104

L’auteur du Festival of Lughnasa suggère que ces combats étaient censés représenter des batailles de fées. The Festival of Lughnasa, Op. cit., pp. 424-5.

L’auteur précise par ailleurs qu’elle ne connaît aucun exemple de ce type en rapport avec Bealtaine :105 et nous ne pouvons que confirmer cette affirmation. Le deuxième, celui nous concernant ici, était pratiquement exclusivement cantonné au domaine de la foire ; comme le fait remarquer Kevin Danaher, ces combats de faction se rapprochaient plus d’un « sport extrême », souvent engendré par une consommation excessive d’alcool, que de combats véritablement rituels.106

En effet, la coutume, qui pouvait s’avérer fatale,107 se retrouvait très souvent associée à d’autres sports et activités ludiques, généralement plus orthodoxes, regroupés sous le terme générique de « Jeux de mai ».108 Ces Jeux de mai, dont les plus fameux se déroulaient à Finglas et Donnybrook, autrement dit à Dublin, étaient eux-mêmes souvent mis en rapport avec d’autres coutumes de mai, principalement le May Bush et le May Pole sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir.

Que ce soit par l’intermédiaire des coutumes relatives à la transhumance, au paiement des loyers ou aux foires à l’embauche, nous avons pu constater le lien étroit qui unissait Bealtaine à Samhain. Ne disait-on pas, dans le comté de Galway, « [pourvu] que les mois de Samhain et Bealtaine nous soient à tous prospères » ?109 La période qui s’ouvrait au premier mai s’achevait le premier novembre et on peut dire des deux célébrations qu’elles rythmaient l’activité agricole et pastorale et, plus largement, le monde rural dans son ensemble, si l’on considère qu’elles ponctuaient de la même manière l’emploi des fermiers et des laboureurs.110

Dans le même ordre d’idée, nous avons remarqué que les foires aux bestiaux organisées en mai et en novembre étaient extrêmement

105

A l’exception d’un témoignage anglais sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. Ibid., p. 380. 106

Danaher, Kevin. In Ireland Long Ago. Dublin : Mercier Press, 1964, pp. 123-7. 107

Dans les dernières années de son existence, la foire de Nobber, comté de Meath, n’était jamais organisée un lundi, car quelques années auparavant, à la suite d’un combat de faction apparemment un peu trop mouvementé, un homme s’était fait décapité alors que la foire de mai se déroulait un lundi. MS. S.711 (Meath).

108

May Games. 109

May Samhain [November] and Bealtaine [May] be prosperous to us all. MS. 1096 §72 (Galway). Voir l’Annexe IV pour l’original en irlandais.

110

Notons que dans les Gaeltachta, on disait d’une activité qui traînait en longueur qu’elle s’étirait « de

Samhain à Bealtaine », Samhain et Bealtaine pouvant dans cette expression tout autant désigner le

premier jour des deux mois que les mois de « novembre » et « mai » dans leur ensemble (Ó Samhain go

nombreuses ; elles se comptaient même par milliers. Il est d’ailleurs probable qu’à l’origine la plupart des villages organisaient un rassemblement comparable et, une fois encore, l’assimilation des quatre « quart-jours » à la coutume était courante.111 Cependant, l’organisation de foires aux bestiaux n’était absolument pas cantonnée aux mois de mai et de novembre, ou même aux « quart-jours » ; les assemblées de ce type se retrouvaient tout au long de l’année.112

Il est donc particulièrement difficile de s’accorder sur l’antiquité de la célébration d’une foire et de son association avec les fêtes anciennes.

L’organisation d’une foire en mai n’est pas en soi une preuve de son association à Beltaine ; comme le fait remarquer MacNeill, il est probable que, dans la plupart des cas, la date fut choisie uniquement par commodité.113 De même, la correspondance récurrente des foires aux quatre « quart-jours » ne peut constituer à elle seule une preuve de leur affiliation aux quatre fêtes anciennes ; elle est au mieux un élément nous permettant d’étayer l’hypothèse selon laquelle l’année irlandaise était divisée en quatre parties égales. Gageons par ailleurs que les foires de mai et de novembre étaient généralement les plus courues, car elles correspondaient, à quelques jours près, au paiement des loyers : les fermiers et agriculteurs les moins favorisés se devaient de dégager un maximum de bénéfices afin de s’acquitter de leur dettes.114

Un grand nombre de foires modernes devaient au demeurant leur existence à l’implantation anglaise en Irlande et à l’application de décrets et lois parlementaires. Certaines remontaient probablement à l’époque féodale ; le commerce florissant de l’Europe de l’Ouest aux XIIe et XIIIe siècles était en effet déjà stimulé par l’organisation de grandes foires. Celles-ci étaient d’une importance telle que, en théorie, seule une charte du roi permettait de les établir. Les normands implantés en Irlande revendiquèrent, dans le meilleur

111

A titre d’exemple, mentionnons les foires de Carndonagh (21 février, 21 mai, 21 août, 21 novembre), Cloughan-beg (1er février, 19 mai, 25 août, 19 novembre), Greencastle (février, mai, août, novembre), Moville (28 janvier, 28 avril, 28 juillet, 28 octobre). Ordnance Survey Memoirs of Ireland, Op. cit., Vol. XXXIX : Parishes of Co. Donegal I, 1835-6, Mid, West and South Donegal.

112

L’entrée dans le XXe siècle marqua par ailleurs l’institution de foires mensuelles, phénomène justifiable du point de vue de la viabilité économique mais qui soustrait de manière définitive toute association au festiaire irlandais ancien.

113

The Festival of Lughnasa, Op. cit., pp. 288-9. 114

des cas, leur autorité sur les foires irlandaises anciennes, mais le plus souvent, se contentèrent de créer de nouvelles foires dans de petites villes proches ou incluses dans leurs zones d’influence.115

Lors de son étude des foires aux bestiaux irlandaises en rapport avec Lughnasa, MacNeill restreignit son champ d’investigation aux foires d’août jumelées à une autre célébration en rapport avec la fête d’entrée dans l’automne.116 Elle distingua ainsi cinq foires dont l’affiliation avec la fête ancienne de Lughnasa apparaissait patente : la Foire aux Béliers de Killorglin,117 comté de Kerry, celle de Greencastle, comté de Down, la foire de Cashel, comté de Tipperary, la Foire Patronale118 de Muff, comté de Cavan et la Vieille Foire de Clogher,119 comté de Tyrone.120

Cette méthodologie semble difficilement applicable à la fête de Beltaine. Le lien unissant foire de May Day et assemblée festive ou pèlerinage est difficile à établir. Nous l’avons constaté, il existait un très grand nombre de foires de mai ; de même, les mentions d’assemblées festives et pèlerinages de Bealtaine abondent. La probabilité que deux évènements de ce type puissent s’être déroulés en mai dans la même localité, le même district, la même paroisse est donc extrêmement élevée. De plus, si les foires aux bestiaux organisées vers Bealtaine étaient parfois associées à des assemblées festives, elles ne l’étaient qu’indirectement, et le lien avec la fête du premier mai n’est en rien évident. On retrouve, au mieux, certains proverbes éloquents, comme dans le comté d’Offaly : « Le premier mai, premier jour de l’été, le deux mai, foire de Ballycumber. »121 Certaines foires du premier mai se déroulaient à proximité d’un lieu portant un nom associé à Beltaine, comme par exemple la

115

Ibid.. Voir également Fair Day, Op. cit., pour un historique précis de l’établissement des foires en Irlande. A titre d’exemple, il est intéressant de noter que l’implantation normande fut relativement précoce à New Ross.

116

MacNeill justifie ce choix par le fait que la célébration des fêtes anciennes était tripartite, les trois aspects étant respectivement les assemblées festives, les pèlerinages et les foires.

117

Puck ou Ram Fair. 118

Patron Fair. 119

Old Clogher Fair. 120

Ibid., pp. 289-309. 121

First of May the first of summer / Second of May, fair of Ballycumber. MS. 1097 §166 (Westmeath). De même, dans le MS. 1097 §172 (Westmeath) : The 1st day of May is the 1st day of summer, the 2nd day of May is the fair of Ballycomair.

foire de Raphoe,122 comté de Donegal et la Vieille Foire de Clogher, comté de Tyrone,123 toutes deux proches d’un endroit dénommé Beltany, forme à peine anglicisée de Bealtaine.124 Cependant, aucune information pertinente sur une assemblée festive hypothétique en ces lieux aux noms pourtant singuliers n’est parvenue jusqu’à nous.

L’association de certaines foires, comme celles de Monaghan, Callan, Mullinahone, comté de Tipperary, ou même Dublin (à Finglas et Donnybrook), avec des coutumes telle que le May Bush, l’élection d’une Reine de mai ou l’organisation de manifestations sportives et combats de faction, ne demeure, nous aurons l’occasion de le constater, qu’une preuve de l’influence anglo-normande sur l’établissement de ces foires. Nous nous contenterons pour le moment de remarquer que les endroits où ces coutumes étaient les plus populaires correspondaient presque exactement aux zones où les influences normande et anglaise étaient les plus prononcées.

Dresser une liste des foires aux bestiaux de mai en Irlande nous paraît donc non seulement pratiquement impossible (de par leur nombre et de par le fait qu’une grande partie de ces foires, souvent confidentielles, n’a probablement jamais été référencée) mais également parfaitement vain : un catalogage ne nous apprendrait rien sur leur importance, leur symbolique, leur origine ou leur affinité avec la fête de Beltaine. La méthodologie consistant à détailler certaines foires de mai associées à des assemblées festives ou des pèlerinages nous semble, quant à elle, peu concluante, justement parce qu’aucune foire aux bestiaux établie en mai ne se distingue et n’apporte une preuve tangible de son antiquité, ou en tout cas de son origine prénormande.125

Nous retiendrons donc simplement que les foires de mai en Irlande étaient extrêmement nombreuses et réparties sur l’ensemble du territoire. Les

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Ordnance Survey Memoirs of Ireland, Op. cit.. Egalement mentionné dans MS. 1096 §148 (Donegal). 123

Les deux Vieilles Foires de Clogher avaient lieu le 6 mai et le 26 juillet. Voir Fair Day, Op. cit., p. 34. MacNeill estime que ces deux foires remontent probablement à « des temps très anciens » (very ancient

times), en dépit du fait que les sources relatives à la foire de mai soient moins étoffées. The Festival of Lughnasa, Op. cit., p. 306.

124

A ce sujet, voir Origin and History of Irish Names of Places, Op. cit.. 125

Les foires introduites en Irlande par les normands ou par les seigneurs anglais ne présentent pas un réel intérêt en relation avec le sujet de notre recherche ; elles nous permettent au mieux de conclure que le premier mai avait une importance pour les anglo-normands, ce que nous avons déjà mentionné et que nous aborderons en détail dans la troisième partie de notre étude. Voir infra, chap. 7.

foires aux bestiaux de certaines grandes villes de l’Est et du Nord de l’Irlande étaient parfois associées à des combats de faction, eux-mêmes souvent mis en relation avec des Jeux de mai et des coutumes diverses, principalement le May Bush.126 Elles trouvaient fréquemment leur écho dans une deuxième foire organisée en novembre, parfois même une troisième et une quatrième