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L’hypothèse d’un masculin hypomane, une solution contre la dépression ? 

SYNTHÈSE DES RÉFLEXIONS ET PROPOSITIONS THÉORIQUES DE LA PREMIÈRE PARTIE 

2.  LE CANCER DE LA PROSTATE, RÉVOLUTION DANS L’ÉCONOMIE LIBIDINALE 

2.4.  Éros chahuté et acculé par le cancer de la prostate

2.4.4.  L’hypothèse d’un masculin hypomane, une solution contre la dépression ? 

Nous allons maintenant tenter de déterminer ce qui pourrait se cacher derrière la pulsion anarchiste, quelles seraient ses traductions, ses fonctions et ses conséquences. Nous

inscrivant dans la filiation des travaux de F. Neau sur le masculin maniaque (2005), nous faisons l’hypothèse d’une mobilisation d’un masculin hypomane pour se défendre contre une décompensation dépressive interdite – interdite du fait des valeurs « anti-viriles » qu’elle sous-tend implicitement, dans le sens où un homme n’est censé ni chuter, ni s’effondrer, ni se plaindre.

Revenons dans un premier temps au traitement de la perte et à l’article fondateur qu’est Deuil et mélancolie de Freud (1915). Dans le contexte clinique qui est le nôtre, la perte, qui est diffuse, touche à la fois le corps somatique dans un endroit hautement investi sur les plans sexuel et fantasmatique, mais également le narcissisme et l’idéal. Et il est tout à fait possible de faire là un rapprochement entre L’homme aux loups (Freud, 1918) et les patients traités pour un cancer de la prostate dans la blessure narcissique reliée à une affection somatique des organes génitaux qui ampute littéralement le moi. En effet, Freud écrit : « Notre malade vit s’effondrer sa résistance au moment où une affection organique des organes génitaux fit revivre en lui l’angoisse de castration, mettant en déroute son narcissisme et le contraignant lui-même d’abandonner l’espoir d’être un favori du destin. Il tomba donc malade d’une « frustration » narcissique. Ce narcissisme chez lui excessif était en parfait accord avec les autres indices qu’il présentait d’un développement sexuel inhibé ».

Que la perte vécue comme une amputation du Moi soit, comme ici, une blessure narcissique directe avec tout son cortège de sentiments de castration, de déshonneur et d’humiliation publique, ou qu’elle soit consécutive à une perte d’objet dont l’ombre tomberait sur le Moi, nous pourrions parler d’un « moment mélancolique », pour reprendre la terminologie de C. Chabert (2003), face à un deuil tout aussi impossible qu’impensable. Il s’agirait d’une perte inélaborable, d’une perte qui toucherait plus le Moi que l’objet, d’une perte qui toucherait, de manière obscure, la toute puissance infantile mégalomaniaque, aux carrefours entrelacés du narcissisme, du corps et de l’idéal. Nous pourrions également nous demander de quel objet faudrait-il faire le deuil. Serait-ce du pénis en érection ? Serait-ce d’une représentation de chose du Phallus ? Serait-ce d’un substitut d’une incorporation d’un phallus parental ou d’une identification à celui du père ? Serait-ce également d’une représentation encore instable et inaboutie car quotidiennement étayée sur des perceptions corporelles ? Serait-ce de la possibilité de répondre en partie à l’idéal masculin et viril ? Nous nous proposons d’esquisser quelques réponses dans les pages qui suivent.

Les apports de C. Chabert (2003) sur le féminin mélancolique permettent d’envisager le mouvement mélancolique, à savoir le traitement narcissique de la perte, comme une possible issue ou plutôt comme une tentative de réponse, de traitement, voire d’issue, de ce

moment mélancolique. Nous tenons à insister sur le terme « mouvement » malgré l’oxymore.

En effet, il peut sembler incongru d’associer l’inertie et le côté mortifère de la « mélancolie » au « mouvement », indissociable de la vie, mais nous soutenons l’idée si chère à N. Zaltzman mais également à J. McDougall (1996, p. 154), que la pulsion de mort pour N. Zaltzman, et la « compulsion de répétition » pour J. McDougall, peuvent être récupérées et même subverties au service de la vie et de la survie du sujet. Nous appuyant sur les travaux de P. Fédida (2001), nous pensons que le mouvement mélancolique serait à la mélancolie ce que la dépressivité est à la dépression, à savoir une aire transitionnelle nécessaire d’élaboration, ou plutôt de traversée, de cette épreuve. Pour C. Chabert, « le mouvement mélancolique dévoile la menace de l’objet mort, l’aliénation qu’il pourrait provoquer : le rebroussement narcissique caractéristique de la mélancolie, la condensation du double coup, contre le Moi, contre l’objet, pourraient s’apparenter, à mon avis, à la pulsion anarchiste, ou au moins en offrir une traduction » (2011, p. 216). Autrement dit, le mouvement mélancolique serait, malgré sa dimension mortifère, une forme de subversion anarchiste de la pulsion de mort au service de la vie.  

La solution narcissique hypomane serait-elle nécessaire et incontournable pour contre- investir le moment mélancolique inhérent à ce qui est vécu comme une castration brutale et réelle ? Nous soutiendrons l’hypothèse que la désintrication pulsionnelle au profit de la

pulsion de mort dans sa valence anarchiste visant à contenir l’excitation désorganisatrice de la pulsion sexuelle et la blessure d’une castration brutale et réelle aurait une traduction directe dans le masculin hypomane sous-tendu en réalité par le narcissisme moral et le genre neutre. Pour aller plus loin, nous ajouterons que l’hyperinvestissement narcissique sur un

versant masculin hypomane, tout en protégeant, certes de manière très précaire, contre une décompensation dépressive dans le manifeste, est ce qui permettrait de transformer la douleur existentielle du moment mélancolique en mouvement mélancolique – aire transitionnelle de traversée de ce dernier.

Expliquons-nous plus avant. L’hyperinvestissement narcissique protègerait contre la dépression à tonalité mélancolique par le biais d’une défense que l’on pourrait appeler

masculin hypomane en référence à la fois au masculin maniaque de F. Neau (2005) et au

féminin mélancolique de C. Chabert (2003). Le masculin hypomane, ce serait le colosse aux pieds d’argile, ce serait la parade du « super mâle » qui interpellerait l’Autre sur la confirmation de sa virilité malgré, et au-delà, de la perte de ses érections. Il s’agirait pour le sujet de s’appuyer, de manière un peu exagérée, sur les valeurs de performance, d’endurance,

de résistance de la virilité7. Autrement dit, il s’agirait pour lui de « surjouer » la virilité à des fins essentiellement anti-dépressives. Se durcir pour tenir, se durcir pour être et rester un homme, contre-investir avec force les failles éprouvées au niveau du narcissisme viril, contre- investir par l’hypomanie le moment mélancolique éprouvé, insupportable de par la passivité et le creux qu’il donne à vivre notamment dans ce contexte singulier, tant celle-ci réactiverait différentes formes d’impuissance (sexuelle ; face au vieillissement et/ou à la maladie).

Nous pourrons ainsi comprendre ce masculin hypomane comme une défense agie et incarnée dans le manifeste de la rencontre avec l’autre et avec le social contre le mouvement mélancolique insupportable qui infiltre le latent (à entendre comme le traitement narcissique de la perte) ou encore, comme un retournement de la passivité en activité contre l’être pénétré (par la maladie, les explorations médicales), l’être traversé (par l’angoisse, le temps qui passe) et l’être excité (par l’autre et par son désir). Cependant, le regard de l’autre étant le garant du masculin hypomane affiché, ce regard serait paradoxalement ce qui permettrait au sujet de lui donner les ressources de tenir cette dynamique fondamentalement narcissique. « C’est dans

ton regard que je chercherai la confirmation que je n’ai besoin de personne pour rester viril… » pourrait être une traduction sommaire de ce paradoxe. Le narcissisme moral aux

racines du masculin/viril hypomane nous rappelle, par définition, la dimension menaçante de l’aliénation de l’Autre, menace qui se révèle si aiguë à l’adolescence avec l’avènement de la pulsion génitale. En effet, si la mobilisation du masculin hypomane vient protéger le sujet des affres d’une décompensation dépressive avec toute l’horreur de la passivité qui y est associée, il nous semble qu’il protège aussi le sujet contre la réactivation de la blessure narcissique de l’adolescence, mais dans son versant « négatif ». Le scandale de l’adolescence réside en partie dans la mise à jour de la présence de l’autre pour assouvir ses besoins/désirs sexuels. Ici, la configuration somatique et fantasmatique rappellerait et réactiverait le besoin de l’autre, mais sans pouvoir satisfaire à ses exigences pulsionnelles.

Comme nous le rappelle A. Green, « le narcissique cherchera comme solution du conflit à appauvrir de plus en plus ses relations objectales pour amener le Moi à son minimum vital objectal et le conduire ainsi à son triomphe libérateur. Cette tentative est constamment mise en échec par les pulsions qui exigent que la satisfaction passe par un objet, qui n’est pas le sujet » (1983, p. 205). La pulsion ne serait dès lors plus qu’un synonyme de castration, de

      

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frustration, voire de honte, et deviendrait l’ennemie à abattre. En réaction à cette dernière, le sujet se rabattrait sur la « solution fécale » proposée par Schaeffer (1997), à savoir sur des conduites psychiques actives de répression pulsionnelle. L’enfer ce ne serait pas exactement l’Autre. Ce ne serait pas non plus le Corps, mais ce qui, dans le corps, asservit à l’Autre. L’enfer, ce serait la pulsion ! Cette idée rejoint celle dégagée par C. Chabert dans le cadre d’une étude des fonctionnements narcissiques à l’appui des méthodes projectives. En effet, selon elle, l’usage défensif de kinesthésies statiques ou dévitalisées « rend compte de la lutte du sujet pour dénier la source interne de la pulsion ». Les représentations de marionnettes, pantins, robots, animés par un tiers viennent en témoigner. Pour l’auteur : « la pulsion déshabite le corps et est projetée sur l’objet qui en devient porteur » (1987/2012, p. 102).

De l’extérieur, cette démarche psychique revient à se faire du mal, et pourtant, le narcissique moral est très éloigné du masochique, et ceci, pour trois raisons qui tiennent à l’investissement de l’objet, à l’érotisation du plaisir/déplaisir et aux registres de l’être et de l’avoir :

1/Tout d’abord, le sujet masochique jouit d’être réduit à une passivité qui exige la présence de l’autre alors que le narcissique moral tente de se libérer de son aliénation à l’objet, tente d’en être quitte et de faire sans lui pour ne plus éprouver d’excitations pulsionnelles, sans cesse en quête de l’objet.

2/ Alors que le masochique érotise le déplaisir jusqu’à la jouissance, le narcissique moral veut se situer au delà du plaisir/déplaisir, s’en affranchir « en faisant vœu d’endurance, sans recherche de la douleur, (vœu) de pauvreté et de dénuement, de solitude voire d’ermitage ; toutes conditions qui rapprochent de dieu » (Green, 1983, p. 203).

3/ Le « péché » du narcissique est de rester fixé à sa mégalomanie infantile. Le narcissique sera toujours en dette envers son Idéal du Moi, toujours dominé, non pas par la culpabilité, mais par la « honte de n’être que ce qu’il est ou de prétendre à être plus que ce qu’il est. (…) Peut-être pourrait-on dire que le masochique se situe au niveau d’une relation qui concerne l’avoir indûment saisi tandis que le narcissique se situe au niveau d’une relation qui concerne l’être » (ibid. p. 204).

Ainsi, comme l’explique très bien Green, le projet du narcissique moral serait de « s’appuyer sur la morale pour s’affranchir des vicissitudes du lien à l’objet et obtenir par ce moyen détourné la libération des servitudes liées au rapport objectal, pour donner au Ça et au Moi le moyen de se faire aimer d’un Surmoi exigeant et d’un Idéal du Moi tyrannique » (ibid. p 216).

Alors que le Moi du sujet est aux prises avec les exigences pulsionnelles du Ça, celles morales du Surmoi et celles de la réalité extérieure, se met en place « compensatoirement ou secondairement la fonction de l’idéal, revanche du désir sur le réel », ce qui permet l’existence des sphères du fantasme, de l’art et de la religion. Le cancer de la prostate et ses traitements représenteraient ainsi – et peut-être avant toute autre castration – une castration de l’idéal, et notamment de l’idéal phallique, ce dernier faisant presque office de religion, personnelle et sociale, surtout dans nos sociétés marquées par l’exigence de la performance. Privé du support somatique de l’auto-érotisme phallique, blessé dans son narcissisme, affaibli dans sa libido, le sujet pourrait tenter péniblement et parfois vainement de se consolider à travers l’investissement du narcissisme moral bien que celui-ci rate dans son affranchissement de l’Autre car il reste in fine dépendant de l’existence et du regard de celui-ci. « Si Freud a pu dire que le masochique resexualise la morale, nous avons envie d’ajouter à sa suite : le

narcissique fait de la morale une jouissance auto-érotique, où la jouissance même s’abolira »

(op. cit. p 206).

Il y aurait là un habile tour de passe-passe où le sujet aurait déplacé son idéal. En effet, il s’agirait pour lui de basculer de l’idéal phallique à l’idéal asexué du genre neutre – pouvant s’énoncer ainsi : « Je ne suis plus frustré car je n’ai plus de désir » – rappelant étrangement le Mythe de Sisyphe et le renversement de la passivité en activité. Dans ce mythe, la grande force morale de Sisyphe réside dans le fait qu’il pousse son rocher indéfiniment, non plus parce qu’il est puni par les Dieux, ou parce qu’on le lui impose dans la passivité et la soumission aliénantes, mais bien parce qu’il le désire. De la même façon, pour survivre psychiquement, le sujet traité pour un cancer de la prostate pourrait adopter, de manière défensive et transitoire, la posture de mise à distance de la sexualité, prétextant un désintérêt que l’on peut entendre également dans certaines traversées narcissiques du vieillissement. « Je n’ai plus de sexualité, non pas à cause de la maladie, des traitements et du vieillissement, mais parce que je le désire, ou plutôt, parce que je désire ne plus avoir de désir, ne plus éprouver le

désir, ne plus être passivé par celui-ci » pourrait être une traduction latente du discours

avancer que le masculin hypomane, pouvant abriter/recouvrir en réalité le genre neutre et le narcissisme moral, serait une défense transitoire contre le mouvement mélancolique insupportable ; défense qui pendrait la forme d’un retournement de la passivité en activité contre l’être pénétré (par la maladie, les explorations médicales), l’être traversé (par l’angoisse, le temps qui passe) et l’être excité (par l’autre et par son désir).

Quel serait le statut de cette défense transitoire via le narcissisme moral ou de ce « moment/mouvement narcissique » ? A. Green encore : « Le narcissisme moral est un narcissisme à la fois positif et négatif. Positif par le rassemblement des énergies sur un Moi fragile et menacé. Négatif parce qu’il est valorisation, non de la satisfaction, non de la frustration (ce serait le cas du masochisme) mais de la privation. L’auto-privation devient le meilleur rempart contre la castration » (1983, p. 221). Autrement dit, il s’agirait de s’auto- castrer pour se défendre contre la castration.

Dès lors, l’attitude masculine consistant à s’interdire de plier, de ployer, de se plaindre ou de pleurer, s’obligeant à rester debout coûte que coûte, serait-elle réellement d’essence masculine ? Cette défense pourrait-elle être un « leurre », une « mise en scène » qui, bien qu’ayant les apparats de la virilité, cacherait en réalité le genre neutre et le narcissisme moral ? Nous soutiendrons l’hypothèse d’un masculin hypomane dans le manifeste abritant le neutre dans le latent. S’affranchir de tout désir sexuel par définition mû par le manque dont l’un des paradigmes est la différence des sexes, implique d’aller dans un au-delà de la bisexualité psychique, à savoir dans le neutre « ni masculin, ni féminin, dominé par le narcissisme primaire absolu » (Green, ibid. p. 236). Le terme au-delà, en référence au texte freudien Au-delà du principe de plaisir (1920), nous paraît essentiel dans la mesure où il ne s’agirait d’une régression à un état antérieur mais bien d’une volonté d’aller plus loin et de se désincarner comme avec la pulsion de mort. Pour Green, « cet écrasement pulsionnel conduit les inclinaisons idéalisantes et mégalomaniaques du sujet, non vers l’accomplissement du désir sexuel, mais vers l’aspiration à un état de néantisation psychique où le n’être rien apparaît comme la condition idéale d’auto-suffisance. Cette tendance vers le zéro n’atteint, bien entendu, jamais son but et s’exprimera dans un comportement auto-restrictif de signification suicidaire. (…) Ce fantasme de neutralité, construit à l’aide de toutes les ressources d’un narcissisme intempérant, porte les marques du despotisme absolu d’un idéal du moi tyrannique et mégalomaniaque. Car en matière de désir, tout est réglé sur le monde du tout ou rien : puisque je ne puis tout avoir ou tout être, je n’aurai, je ne serai rien (…) car

n’être plus rien n’est qu’une façon d’abolir la possibilité de ne plus être, de manquer un jour de quoi que ce soit, ne serait-ce du souffle de vie » (ibid., p. 236 et 245).

Mais est-ce donc vraiment du masculin ? C’est ce que nous pensons même si nous sommes bien consciente de la difficulté à différencier le masculin du viril. Le masculin s’inscrivant dans les oscillations de la bisexualité psychique et ceci, indépendamment du sexe du sujet, nous aurions tendance à placer le masculin au niveau du traitement du pulsionnel et à situer le viril au niveau des identifications secondaires, au même titre que la féminité. Partant, il nous paraîtrait plus indiqué de parler de « viril hypomane » dans le sens où ce n’est pas tant au niveau du traitement pulsionnel intrapsychique que cela se joue qu’au niveau de ce qui est donné à voir des attributs et du comportement censé être viril et censé ne pas s’effondrer.

Synthèse : Bien que très (trop ?) coûteuse, la solution psychique du masculin hypomane, fût- elle porteuse des stigmates de la pulsion de mort à travers l’accomplissement d’un désir s’incarnant comme mise à mort du désir et comme triomphe sur cette dernière, ne serait-elle pas trophique et étayante pour le sujet atteint d’un cancer de la prostate ? C’est l’hypothèse que nous défendons. Cette mobilisation du masculin (ou du viril ?) hypomane, en réalité portée par un faux masculin cachant le genre neutre et durcie par un hyperinvestissement narcissique, remplirait ainsi plusieurs fonctions à différents niveaux :

- protéger le sujet contre les affres de l’effondrement dépressif et mélancolique dans le manifeste,

- contenir l’excitation désorganisatrice de la pulsion sexuelle derrière les remparts de la pulsion de mort dans sa valence anarchiste,

- se défendre contre le mouvement mélancolique nécessaire à la traversée du moment mélancolique qui infiltre le latent (à entendre comme le traitement narcissique de la perte) à travers un retournement de la passivité en activité contre l’être pénétré (par la maladie, les explorations médicales), l’être traversé (par l’angoisse, le temps qui passe) et l’être excité (par l’autre et par son désir).

Autrement dit, l’investissement narcissique serait la partie tangible de la pulsion de mort dans sa valence anarchiste qui permettrait de pallier une désorganisation à la fois dépressive, pulsionnelle et identificatoire, nous rappelant quelque part qu’il est peu aisé d’isoler ces trois niveaux de lecture relativement interdépendants.

Dès lors, dans quelle mesure peut-on rester un homme quand on cherche à tuer « l’homme pulsionnel » en soi ? Avant d’étudier plus précisément l’impact du cancer de la prostate et de

ses traitements sur la problématique identificatoire dans la troisième partie, nous tenterons de voir dans quelle mesure le cancer de la prostate met à l’épreuve l’organisation pulsionnelle génitale.

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