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L’entreprise est un système ouvert

Inputs : - matières - main d’oeuvre - capital Processus de transformation des inputs en produits finis Output : produits finis Pouvoirs Publics Fournisseurs de capitaux Main d’oeuvre Fournisseurs Recettes Régule Lobby Consumérisme Intérêts Salaires Factures Clients

La Figure 4 illustre les principales relations d’échange qui caractérisent ce système ouvert :

37 Même si cette interrelation est essentiellement marquée du sceau de la dépendance de l'entreprise par rapport à un

environnement dont elle "subit" davantage l'évolution du comportement qu'elle n'est capable de l'influencer !

38 Ces échanges sont matérialisés le plus souvent sous la forme de contrats, formels ou informels, qui permettent de

donner un cadre légal, réglementé et organisé à l'exercice de ces échanges.

Ainsi, les contrats d'achats passés avec les fournisseurs réglementent l'échange de ressources matérielles (outils de production, voitures, matières premières, services d'entretien …) contre des ressources monétaires venant de l'entreprise, alors que le contrat de travail conclu avec un collaborateur de l'entreprise réglemente l'échange d'une force de travail (une "ressource humaine" matérialisée à la fois par la force de travail mise à la disposition de l'entreprise par le collaborateur concerné, mais aussi par le savoir et la connaissance qu'il a acquise et qu'il met à la disposition de cette même entreprise) contre une ressource monétaire venant de l’entreprise (le salaire brut perçu par ce collaborateur, auquel s'ajoute les cotisations sociales payées par l'entreprise et les primes et compléments de salaires éventuels).

§ Lors de sa création, puis pour se développer, l’entreprise a d’abord besoin de ressources financières, mises à sa disposition d’une part par les actionnaires-propriétaires qui participent pleinement au risque opérationnel de l’entreprise, et d’autre part par les prêteurs externes (généralement des partenaires bancaires) qui mettent des volumes de ressources financières à la disposition de l’entreprise pour une durée bien déterminée (par le biais de contrats de prêt). En échange de ces ressources financières, l’entreprise s’engage formellement à verser un intérêt à ses prêteurs extérieurs (échange monétaire) et à rémunérer ses actionnaires à un niveau de rémunération adéquat.

§ Ces ressources financières sont ensuite transformées en ressources techniques, immatérielles et humaines internes, permettant ainsi d’acquérir de nouvelles compétences et de nouveaux savoirs, de verser un salaire au personnel occupé dans l’entreprise et qui apporte sa force de travail et ses compétences et d’acquérir sur les marchés de biens de production les outils nécessaires à l’exercice de son activité 39. Il y a donc à chaque fois échange d’une ressource monétaire contre une ressource

productive destinée à constituer, normalement dans une perspective de long terme, un élément du patrimoine de l’entreprise.

§ Ces ressources financières permettent également d’acquérir les marchandises et matières premières destinées à être incorporées ou transformées du fait du processus de production de l’entreprise. A nouveau, il y a là échange d’une ressource monétaire contre une ressource productive, mais celle -ci est destinée à se retrouver incorporée à brève échéance dans un bien ou un service que l’entreprise mettra à la disposition de ses clients : cet échange n’est donc que temporaire et transitoire, s’inscrivant dès lors dans une perspective de court ou de très court terme.

§ L’entreprise déploie ensuite un ensemble d’activités de conception, de production 40 et de distribution

pour mettre à disposition de ses clients un ensemble de produits et de services.

§ Vient ensuite la confrontation cruciale avec le marché : de cette confrontation naît véritablement in fine la création de valeur de l’entreprise, car seul le marché peut, en acceptant ou en refusant le prix qui lui est proposé 41, traduire le processus de création continue de valeur qui traverse la vie de l’entreprise en

ressources financières monétaires nouvelles.

§ Enfin, cet ensemble d’échanges s’intègre à l’intérieur d’un cadre environnemental fortement marqué par un ensemble de contraintes juridiques et réglementaires diverses destinées à veiller à ce que chacun, au sein d’une économie, opère dans le respect des droits, des libertés et de l’intérêt de la collectivité. Au sein de ce cadre environnemental, les Pouvoirs Publics (par leur pouvoir de régulation et de réglementation de la vie économique et sociale) et les consommateurs (par leur pouvoir d’acceptation collective des produits et services de l’entreprise et par leur pouvoir de négociation

39 Qu'il s'agisse d'un outil de production matérialisé par une immobilisation corporelle (machine, outillage, mobilier,

matériel roulant, …) ou d'un brevet, d'une licence, d'un droit d'utilisation qui se trouve matérialisé par une immobilisation incorporelle.

40 A savoir des activités de transformation des facteurs de production externes, essentiellement des matières

premières, grâce à l'utilisation de facteurs de production internes, essentiellement l'outil de production et le personnel.

41 En cas de refus du niveau de prix d’un produit proposé par l’entreprise, le marché oblige celle-ci à ajuster ce

niveau de prix, l’obligeant dans la foulée à revoir le niveau de marge dégagé grâce à la vente de ce produit. Or, ce niveau de marge, qui naît de la différence entre le prix de vente unitaire et le coût de revient complet unitaire de ce même produit, est synonyme, pour l’entreprise, de ressources financières nouvelles disponibles soit pour la rémunération immédiate de ses actionnaires, soit pour l’autofinancement de projets de développement futurs : revoir son niveau de prix signifie donc pour l’entreprise revoir ses marges et, dans la foulée, revoir son mode de fonctionnement interne (donc sa structure de coûts), revoir sa politique de rémunération de son actionnariat (au risque de voir tout ou partie de cet actionnariat se tourner vers des cieux financièrement plus rémunérateurs) et/ou revoir ses ambitions stratégiques (au risque de compromettre le développement futur de l’entreprise et, au pire, de mettre en danger sa pérennité).

collective à l’égard des Pouvoirs Publics et, plus indirectement, de l’entreprise 42) jouent un rôle

essentiel.

L’architecture de ce système ouvert qu’est l’entreprise a dès lors une double conséquence sur les missions traditionnellement assignées au contrôle de gestion de l’entreprise en général et sur ses composantes que sont le système analytique comptable et le système de comptabilité de gestion en particulier :

§ il doit en effet veiller au caractère régulier des échanges, assurant ainsi que ceux-ci s’opèrent dans le respect des contraintes juridiques, réglementaires, économiques et collectives qui s’imposent à l’entreprise ;

§ il doit par ailleurs veiller à la création continue de valeur dans tous les processus de transformation qui traversent la vie de l’entreprise, évitant ainsi les subsidiations éventuelles d’une activité moins créatrice de valeur par une autre activité davantage créatrice de valeur et traquant sans relâche les activités destructrices de valeur qui contribuent à amoindrir le potentiel total de création de valeur de l’entreprise considérée globalement.

Dans ce contexte, le système de gestion mis en place au sein de l’entreprise par ses dirigeants et constamment animé par l’ensemble des acteurs qui y sont présents, quelles que soient leur position hiérarchique et leurs responsabilités, repose sur l’existence de 3 sous-systèmes étroitement liés l’un à l’autre et qui ne peuvent raisonnablement pas exister l’un sans l’autre. Ces 3 sous-systèmes sont respectivement le système de pouvoir en vigueur au sein de l’entreprise, le système d’information qui y est construit et le système de contrôle qui lui est appliqué et le lecteur peut aisément les assimiler aux trois « piliers » sur lesquels reposerait tout système de gestion d’une entreprise, quelle que soit sa taille, son activité, ses finalités ou sa mission.

Détaillons à présent chacun de ces éléments :

§ Le système de gestion correspond à l’ensemble complexe et évolutif de règles, de normes de comportement, de procédures, … que les dirigeants et, plus globalement, que l’ensemble des acteurs présents dans l’entreprise vont mettre progressivement en place, de manière délibérée (en conséquence d’une stratégie volontariste) ou réactive (progressive, en réagissant au coup par coup aux contingences du moment), pour s’assurer que les opérations quotidiennes exercées dans l’entreprise sont menées dans le respect de l’impératif global de création continue de valeur.

§ Le système de pouvoir de l’entreprise est constitué quant à lui de l’ensemble des règles, des procédures et des comportements qui contribuent à l’exercice du pouvoir, et donc à la prise de décision et à l’attribution de responsabilités, au sein de l’entreprise. Il est étroitement lié au système de contrôle et au système d’information de l’entreprise dans la mesure où, sans la possibilité d’exercer un quelconque contrôle (notamment relatif à la mise en oeuvre correcte du système de pouvoir) et sans information, l’exercice du pouvoir s’avère matériellement impossible.

§ Le système de contrôle de l’entreprise est constitué de l’ensemble des règles, des procédures et des comportements qui contribuent à l’exercice du contrôle au sein de l’entreprise, que ce contrôle soit à finalité comptable ou financière, stratégique ou opérationnelle. Ce système est étroitement lié au système de pouvoir et au système d’information de l’entreprise dans la mesure où, sans le droit et la reconnaissance légitimée (donc le pouvoir) d’exercer un quelconque contrôle (notamment relatif à la mise en oeuvre correcte du système de pouvoir, et notamment des responsabilités qu’il induit, et à l’utilisation adéquate du système d’information) et sans information, l’exercice du contrôle s’avère matériellement impossible.

42 L’association de ces deux pouvoirs fait des consommateurs rassemblés en associations de consommateurs des

acteurs de plus en plus importants de l’environnement externe et collectif de l’entreprise, ce qui justifie l’attention accrue portée à l’heure actuelle au phénomène de consumérisme.

§ Enfin, le système d’information de l’entreprise est constitué de l’ensemble des règles, des procédures et des comportements qui contribuent au développement, à la mise en place et au suivi du système d’information général de l’entreprise, qu’il soit à vocation comptable ou financière destiné à des acteurs internes ou des partenaires externes à l’entreprise ou à vocation stratégique ou opérationnelle. Ce système est étroitement lié au système de contrôle et au système de pouvoir de l’entreprise dans la mesure où, sans la possibilité d’exercer un quelconque contrôle (notamment relatif à la mise en oeuvre correcte du système d’information) et sans le pouvoir légitime de récolter les éléments informationnels nécessaires à la tenue du système d’information global de l’entreprise, le déploiement efficient du système d’information s’avère matériellement impossible.

Enfin, soulignons que le fonctionnement harmonieux de ces 3 sous-systèmes ne peut être assuré que moyennant la mise en oeuvre de deux mécanismes facilitateurs (Milgrom, Roberts, 1997) :

§ Un mécanisme de motivation qui conduit effectivement chaque acteur présent dans l’organisation à privilégier l’intérêt collectif par rapport à son propre intérêt individuel et qui incite effectivement chaque acteur à la mise en oeuvre efficiente de ces 3 sous-systèmes.

§ Et un mécanisme de coordination qui conduit à coordonner soigneusement les tâches et les missions attribuées à chaque acteur de l’entreprise, de sorte que la mise en oeuvre de ces 3 sous-systèmes ne débouche sur aucune source possible de destruction de valeur.

Figure 5 : Les 3 composantes essentielles du système de gestion de l’entreprise.

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