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Comptabilité Générale Comptabilité analytique"Affectation"

2.2. Les principales classifications des coûts

2.2.1. Les coûts et le temps

2.2.1.1. Les coûts réels

2.2.1.1.2. Le coût marginal

En théorie micro-économique, le coût marginal est défini comme étant le coût de la dernière unité produite. Il correspond donc à l’augmentation de coût qui résulte, pour l’entreprise, de la réalisation de la dernière unité et dès lors, mathématiquement, il s’exprime comme suit :

77 Le cas est relativement rare, sauf situation de paiement au comptant d'éventuelles ressources utilisées.

78 Lors du paiement des salaires du personnel, du paiement de la facture énergétique, de la facture d'achat des

matières premières … .

Cm = Delta C / C, lorsque q, la quantité produite, augmente d’une unité

(avec Cm le coût marginal et C le niveau de coût considéré).

En comptabilité de gestion, le coût marginal est un concept tout aussi important et correspond à l’augmentation ou à la diminution de coût liée à l’augmentation ou à la diminution d’une unité du niveau d’activité de l’entreprise.

Deux remarques s’imposent à ce stade :

§ Traditionnellement et historiquement, le coût marginal fait référence essentiellement au seul coût de production et constate donc l’augmentation du coût de production lié à la production d’une unité additionnelle de produit.

§ A l’évidence, ce concept est dès lors essentiellement utile dans le cas d’entreprises mono-produit, à caractère industriel marqué. Or, les économies occidentales sont de plus en plus caractérisées par la présence d’entreprises multi-produits, offrant une palette large de produits et de services : limiter le concept de coût marginal au seul coût de production n’est dès lors guère pertinent, ce qui explique l’extension du concept au cas du coût total. Le coût marginal fait donc référence de plus en plus fréquemment à l’augmentation du coût total 80 induit par l’augmentation d’une unité du niveau

d’activité de l’entreprise : encore faut-il, évidemment, que ce niveau d'activité soit mesurable par un indicateur physique qui puisse être exprimé objectivement, ce qui est le cas heureusement de la plupart des produits (mesurables en unités vendues, en volume écoulé, …) et des services (mesurables par exemple en nombre de conseils donnés, en temps consacré au conseil, en temps d'intervention dans l'entreprise, …).

Notons que ce concept de coût marginal correspond à un coût réel observé, puisqu’il satisfait aux critères contenus dans la définition de ce type de coût, mais qu’il est aussi et surtout utilisé dans une perspective d’aide à la prise de décision, orientée quant à elle vers le futur de l’entreprise.

Il est ainsi tout particulièrement utilisé lors de la préparation d’une décision d’abandon de produit ou de client ou lors de la décision de lancement d’un nouveau projet. Le coût marginal devient alors un coût évitable, que l'entreprise ne subit plus lorsqu'elle décide d'abandonner un produit ou de réduire le niveau de sa production.

Ce concept de coût marginal évitable est aussi celui que l'entreprise utilisera dans sa réflexion de marketing stratégique lorsqu'elle examinera si il faut ou non satisfaire la demande d'un client particulier, voire s'il faut abandonner le service d'un client. Accepter les demandes de tous les clients qui se présentent n'est en effet pas une décision créatrice de valeur lorsque le coût engendré par la volonté de rencontrer les attentes de ce client est supérieur au prix accepté par ce client.

Ce raisonnement doit évidemment être nuancé :

v En intégrant la dimension "temps" : à court terme, un client peut ne pas être rentable, mais le devenir à long terme,

Ø car son service à court terme implique peut-être des coûts élevés dus à la réalisation d'investissements spécifiques ou nécessite un temps d'adaptation permettant l'apparition d'effets d'économies d'échelle progressifs,

Ø et car la relation de confiance qui se noue peu à peu avec le client débouche sur un éventail d'affaires élargi, qui englobe d'autres produits ou services créateurs d'une valeur élevée,

v En intégrant la dimension "technologique" : le développement du commerce électronique conduit en effet bon nombre d'entreprises ayant développé ce mode de commercialisation à accepter les demandes de tous les clients, d'où qu'ils viennent (facteur induit évidemment par le vecteur de communication Internet), dès que ceux-ci acceptent le prix proposé, généralement déterminé de manière à rencontrer les coûts opérationnels de court terme. Mais lorsque surviennent des problèmes techniques ou autres nécessitant une intervention après-vente, il apparaît fréquemment des coûts très importants qui détruisent irrémédiablement le potentiel de création de valeur, même à très long terme, de clients dispersés à travers le monde.

Notons enfin que l’estimation du coût marginal ne peut pas ignorer la dimension « temps » :

v A court terme, lorsque le niveau de production ou d’activité de l’entreprise n’est pas saturé, le coût marginal s’assimile au coût variable unitaire lié à la réalisation d'une unité supplémentaire et son calcul est donc relativement aisé.

v A long terme, lorsque le niveau de production ou d’activité de l’entreprise risque d’être saturé, il faut naturellement intégrer au raisonnement le montant des investissements (et donc les charges fixes additionnelles auxquelles ils vont donner lieu) nécessaires pour rendre possible l’augmentation du niveau d’activité de l’entreprise : l’assimilation pure et simple du coût marginal et du coût variable unitaire n’est alors plus possible.

Ø Ainsi, si l'entreprise produit actuellement 8.000 unités grâce à une infrastructure permettant de produire 10.000 unités, la question de savoir à quel coût marginal se produira une commande additionnelle de 1.000 unités et donc quel niveau de prix proposer au client s'assimile à un simple raisonnement en termes de coût variable unitaire : quel est le montant de charges variables nouvelles qui sera induit par la réalisation de cette nouvelle commande et quel prix puis-je dès lors proposer au client pour couvrir à tout le moins ce montant de charges variables ?

Ø Mais si la question est de savoir quel sera le coût marginal lié à l'obtention d'un contrat de production additionnel de 6.000 unités à un horizon de 3 ans, il faudra naturellement intégrer au raisonnement le montant de charges fixes induit par la réalisation des investissements nécessaires à l'augmentation de la capacité de production de l'entreprise et lié essentiellement aux charges d'usage dues aux outils de production additionnels, à leur entretien récurrent et au coût salarial du personnel dédicacé à cet outil et qui doit encore être engagé dans les liens d'un contrat de travail. Ø Notons encore que l'analyse ne se limitera pas au simple calcul du coût marginal lié à l'acceptation

de cette nouvelle commande, mais qu'elle impliquera également que le comptable de gestion fournisse aussi des données comptables précises permettant de savoir si il ne serait pas plus rentable pour l'entreprise de sous-traiter une partie de la commande, voire s'il ne serait pas simplement préférable de la refuser car elle ne crée pas de valeur nouvelle pour l'entreprise.

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