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L’accouchement comme acquisition d’un nouveau statut

Conclusion de la première partie

2 L’accouchement comme acquisition d’un nouveau statut

Dans les discours des répondantes, l’accouchement comme rite signifie collectivement un changement de statut pour l’ensemble des protagonistes : la femme devient mère, l’homme devient père, le couple une famille, et le fœtus être humain. Le rituel est un processus socialisant, c’est par lui que « se transforme un phénomène biologique en phénomène social» (Leneveu 2013, 67). Selon les répondantes, l’accouchement resterait un des derniers rites de passage dans une société moderne où ceux-ci auraient eu tendance à s’affaiblir.

2.1. De femme à mère

En accouchant, certaines parturientes se sont senties reliées aux autres femmes de la planète, et également à leurs ancêtres qui ont elles-mêmes accouché. Ce lien entre les générations s’établit également, pour certaines, par le sentiment que les aînées ont transmis une capacité à accoucher physiologiquement. Pour Sylvie (parturiente 1 AMN), avoir une

«mère qui [lui] avai[t] dit qu’elle avait accouché sans péri[durale] » lui a donné « vachement confiance ».

Si elles ne sont plus perçues comme ayant une signification divine, permettant le « rachat des péchés » comme c’est le cas au Moyen Age (Knibiehler 2012, 41), les douleurs auraient une fonction sociale. Pour certaines professionnelles et des parturientes, elles permettraient à la femme de vivre d’autant plus le rituel du devenir mère en sentant dans son corps, le fœtus passer. Elles « aident à marquer le passage » (Vuille 1998, 115) et participent de la dimension initiatique de la naissance (Jacques 2007).

Je voulais vraim ent vivre les sensations, je trouvais que c'était aussi un peu un rite de passage cette douleur, je trouvais que c'était un m oyen de com prendre ce qui se passe, cette séparation, disons que c’est quand même extrêmement violent, et je m e disais que cette violence elle a peut -être une raison d’être quand m êm e. Et puis oui, je trouvais que c'était quand m êm e un rite de

passage pour m oi, c'est-à-dire j’ai vécu cette expérience et je peux témoigner de cette expérience. (Chloé, parturiente, 1 transféré AMN)

Les sages-femmes valorisent ainsi les femmes qui acceptent de vivre dans leur corps les sensations de la naissance, et donc en particulier celles qui n’ont pas de péridurale. Pour Evelyne (sage-femme agréée) les femmes qui accouchent sans péridurales « vivent leurs contractions », elles sont « obligées d’être présente », tandis que les femmes avec péridurales « elles dorment. Leur corps dilatent et elles dorment ». Or pour elle « Devenir maman c'est compliqué dans la tête, c'est une étape difficile (…) et hyper importante, et je pense qu’il faut la vivre », et donc ne pas dormir pendant que ce processus se produit. Pour elle, cela favorise le lien d’attachement avec le bébé, qui même s’il peut être « rattrapé intellectuellement », est facilité lorsque les événements ont été « vraiment vécus ». Elle considère que l’« on reste des animaux » et l’attachement se produit grâce aux « hormones, la nature a bien fait le truc »121. Certaines femmes pensent que la naissance est un moment éprouvant pour le fœtus qui ressentirait lui aussi de la douleur. En n’ayant pas de péridurale, la femme commencerait déjà à jouer son rôle de mère en l’accompagnant dans sa progression et dans son histoire. Eprouver de la douleur serait ainsi un moyen d’être complètement avec son bébé : « C’était aussi vraiment ça, l’idée d’accompagner [le bébé en train de naître], de souffrir avec lui. Je veux dire, il est écrasé des contractions, il doit passer le tunnel ». (Armelle, parturiente, 4 AMN)122.

Cléa (sage-femme indépendante) regrette ainsi que la péridurale ait « pacifié tout le monde » et « banalisé énormément la naissance ». Pour elle la « fête est moins grande » lors d’une naissance, par rapport à ce qui se produisait lorsqu’elle a commencé à travailler où « on sabrait le champagne » et où on « sortait du cadre » pour faire venir plusieurs amis dans la salle d’accouchement, contournant la règle d’une seule personne. Cette fête est selon elle

« éclipsée par la médicalisation ».

Amélie (sage-femme mat) se désole des femmes qui « regardent des films » ou « leur Iphone » pendant leur accouchement. Ces pratiques signifient pour elle que ces femmes n’« en ont rien à faire de l’accouchement ». Au-delà de la question de la péridurale, c’est la capacité à être « heureuse » à la perspective d’accueillir son enfant qui se joue :

une des difficultés que je trouve assez pénible, c'est justem ent un truc qui m e vient tout de suite à l'esprit, c'est ces femm es qui n’arrivent pas à être heureuses dans leur accouchement, moi je trouve ça VRAIMENT DIFFICILE (…) T'as vraim ent envie de leur dire: « m ais oh-hé, c'est le plus beau jou r de votre vie, on se réveille! » [rire], ce que je ne peux pas dire, évidemm ent, pour rester professionnelle et puis… Et puis essayer d e les accompagner plutôt dans leur dém arche m entale, pour qu'elles com prennent en fait qu'elles sont en train de vivre quelque chose d'incro yable. ( Erin, CDC).

Il est attendu de la parturiente qu’elle manifeste des sentiments de joie après la naissance de l’enfant, qu’elle ait des gestes tendres à son égard, qu’elle le touche, et si possible, qu’elle l’allaite. Les émotions ressenties par les jeunes parents, et surtout affichées puisque c’est seulement à cela que nous avons accès, sont un moyen d’évaluation par les

121Le raisonnement d’Evelyne, partagé par d’autres sages-femmes, prend sa source dans les travaux de Michel Odent, un obstétricien français qui décrit le rôle fondamental joué par l’ocytocine comme

« hormone de l’amour » qui permettrait à la mère et enfant de s’attacher, et qui serait davantage sécrétée à certaines conditions, notamment quand l’accouchement se passe avec le moins d’interventions possibles (Odent 2001).

122 Plus loin dans l’entretien, Armelle admet pourtant que la douleur était tellement forte qu’elle n’a pas réussi à « penser à lui, à l’encourager », et elle culpabilise.

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professionnelles, en plus des gestes faits envers l’enfant et les attitudes adoptées. Comme le signale Mauss, « les expressions orales des sentiments sont essentiellement, non pas des phénomènes exclusivement psychologiques ou physiologiques, mais des phénomènes sociaux » (Mauss 1921, 2). Il poursuit en disant que ces manifestations sont non-spontanées et d’ordre de l’obligation sociale.

Si des femmes sont observées de plus près dans leur capacité à bien accueillir leur bébé, élément qui peut être déterminant pour les décisions de retrait de l’enfant par exemple, toutes sont concernées123. Le vécu de l’accouchement par la parturiente, voire les interventions qu’elle risque de subir dans son corps, doivent passer au second plan. Katja, sage-femme agréée, critique en entretien une femme qui « [était] plus dans son accouchement que dans la naissance de son bébé ».

J’ai montré ici que la femme est au cœur du rite de passage de l’accouchement qui marque son changement de statut. Il est attendu qu’elle s’engage pleinement, corporellement et psychiquement, dans ce moment. Le père est plus périphérique, mais n’est pas exclu de ce rite, qui constitue pour lui aussi un changement de statut.

2.2. D’homme à père

Des cas de « couvades » sont régulièrement rapportés dans les recherches ; pour Le Breton (2010a) «la somatisation du père apporte sa contribution à la mise au monde de son enfant » (p.220). Les pères que j’ai rencontrés ne m’ont pas rapporté en avoir fait l’expérience. Ils sont par contre présents en salle d’accouchement dans la majorité des cas, et cela va de soi selon une grande partie des mères et des pères que j’ai rencontrés. Pour Malorie (parturiente, 1 mat) et Sylvie (parturiente, 1 AMN), la présence du père était « une évidence ». Selon Iris, c’est tellement « normal », qu’elle et son conjoint ne se sont « pas vraiment posé la question » (parturiente 1 mat, 2 AMN). Le soutien important que fournit le père à la mère est souvent décrit comme fondamental par les femmes qui accouchent, même si ceux-ci se sentent parfois, et en particulier dans le monde hospitalier, « inutiles »124. La présence du père est cependant perçue comme indispensable, non pas, ou pas seulement, pour le soutien qu’il peut apporter, mais pour la nécessité de s’inscrire, dès le début de la vie de l’enfant, comme figure parentale. Etre fait père dès la naissance, et reconnaître ce rôle et se voir reconnu par les autres. Pour Leonie (parturiente, 1 mat), qui a vécu une césarienne en urgence, sa plus grande inquiétude était l’absence du père à la naissance de leur enfant125 : « c'est un moment super important de ta vie et (…) j'avais peur qu'ils commencent [la césarienne] et que le bébé arrive et qu'il ne soit pas là. Ça me stressait! J'étais vraiment dans un état de stress. J'avais besoin qu'il soit à côté. C'était un moment difficile ». Assister à l’accouchement de sa compagne a été éprouvant pour Jonathan mais il retire une fierté d’être resté malgré tout. Il perçoit ces difficultés comme autant d’épreuves qui ont représenté un rite de passage pour lui, accompagnant son changement de statut d’homme à père : « un accouchement pour moi c’est un événement majeur. Moi ça m’a complètement bouleversé et je pense que je ne suis pas le même. (…)

123 Ces mères sont particulièrement bien identifiées dans cet hôpital. Dans leur dossier médical est joint une « fourre violette » qui contient le déroulé de leur prise en charge « psycho-social » interdisciplinaire, et le récit, parfois détaillé, de leur histoire. J’approfondis ces situations dans la quatrième partie du manuscrit.

124 Longworth et Kingdon (2010) décrivent des résultats similaires dans leur recherche par interviews sur la place du père en Grande-Bretagne.

125 Présent lors de l’entretien, Loris, son conjoint, va largement soutenir les propos tenus par Leonie.

pour moi c’était clairement un rite de passage essentiel » (Jonathan, conjoint, 1 AMN transféré)

Les professionnelles m’ont répété qu’il ne fallait pas forcer le père à assister à la naissance, car cela pouvait avoir ensuite des impacts sur la vie de couple, et en particulier sur la sexualité. Elles insistent également sur la nécessité de prendre en compte les différences culturelles. Emily, sage-femme à la maternité, prévient qu’ : « il faut faire bien attention de bien s’occuper du père, mais certains ils sont forcés de venir [sous-entendu par la mère ou l’entourage], et c’est pas bien non plus. Il faut prendre en compte les cultures différentes par rapport à la présence du père pendant l’accouchement, dans certaines cultures, ça ne se fait pas du tout » [journal de terrain, La Maternité].

La sage-femme conçoit son rôle comme étant d’intégrer le père à la naissance, tout en s’assurant qu’il a bien choisi d’être là. Dans la pratique, j’ai souvent observé qu’il y a une attente autour de la place du père, même par les professionnelles, et en particulier quand il s’agit d’une famille supposée de « culture suisse », de classe moyenne et supérieure, sans problèmes particuliers… en somme, des familles socio-culturellement proches des sages-femmes. Dans ce contexte, la bonne place du père est décrite comme auprès de sa femme (plus que d’autres membres de la famille), soutenant, et ému.

Lorsque je leur demandais de me raconter des naissances qu’elles avaient particulièrement appréciées, les sages-femmes indépendantes comme hospitalières citent très souvent celles où le couple était proche et où le père avait joué un rôle important. Les professionnelles de la salle d’accouchement reçoivent régulièrement des cartes, lettres et autres cadeaux pour les remercier de leur accompagnement. Il est révélateur qu’en salle de pause, seule la lettre d’un père soit exposée et encadrée.

Si une certaine présence du père est attendue en salle d’accouchement, les professionnelles se montrent particulièrement critiques à l’égard de ceux qui prennent « trop de place ».

L’accouchement est un rite qui est considéré comme appartenant d’abord à la femme, par le simple fait qu’elle le vit dans son corps : « il faut faire attention au mélange des rôles. Des fois, c’est l’inverse, il y a des papas c’est trop quoi, ils disent on a accouché ! ils veulent presque pousser pour leur femme ! il faut alors faire un recadrage des rôles ». (Journal de terrain, La Maternité).

Le père est censé garder sa place de spectateur relativement passif face à la situation, la sage-femme devant « le recadrer » si besoin. Il n’est pas question qu’il occupe le premier rôle qui est réservé à la parturiente. Surtout à l’hôpital, il s’agit aussi de veiller à ce que celui-ci ne devienne pas un concurrent des professionnelles. La bonne place du père est d’être présent, mais pas trop.

2.3. De couple à famille

La naissance, qualifiée de moment intime, doit d’abord appartenir au couple, qui est le centre de la famille aujourd’hui, selon la majorité des répondantes. Cette naissance est vue comme

« un tournant dans la vie du couple » qui « redéfinit » tout (Géraldine, parturiente, 3 AAD).

Une sage-femme indépendante explique aux couples réunis à l’occasion d’une séance de préparation à la naissance : « Le premier bébé c'est vraiment le rite initiatique, celui qui ouvre la porte, celui qui vous fait parent ». Les autres membres de la famille doivent ainsi être provisoirement mis à l’écart de la naissance pour laisser le couple passer cette épreuve

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et changer de statut126. Jade (adjoint) a suivi une partie de la grossesse d’une jeune femme de 17 ans qui a une assurance privée. Au moment de l’accouchement, elle veille à « donner sa juste place au père » et essaie de limiter l’accès à la salle à la grand-mère. Elle prévient ainsi la sage-femme en charge de la situation : « il faut bien gérer la mère aussi, il faut pas qu’elle prenne trop de place, il faut vraiment que tu essaies de favoriser que le mari vienne dans la salle à la place de la mère. Chacun sa place ! ». Un peu plus tard, elle entre dans la salle d’accouchement, la grand-mère est présente tandis que le père attend dans le couloir127. L’interaction suivante se déroule :

« Où est Monsieur ? ce serait bien qu’il soit là, c’est important». Elle se tourne vers la patiente « qu’est-ce que vous, vous voulez ? », « ça m’est égal ». Jade insiste pour que la grand-m ère cède sa place au père. La grand -m ère intervient

« il est sorti parce qu’il avait peur d’être impressionné ». Jade : « allez le chercher, il s’assiéra s’il ne se sent pas bien ». Jade sort et dit qu’elle reviendra d’ici une petite heure au plus tard pour le début des poussées. (…) Quelques m inutes plus tard, la sage -femm e dem ande à la grand-m ère : « vous avez trouvé le papa ? ». Elle répond : « oui, il va venir, mais s’il regarde et qu’il se sent pas bien, il faut qu’il sorte ! », « non s’il sort il risque de tomber, il doit tout de suite s’asseoir ici dans la salle s’il ne se sent pas bien ». La grand-mère va chercher le père qui la rem place dans la salle quelques m inutes plus tard . (journal de terrain, La Maternité ).

Jade est particulièrement intéressée par les savoirs issus de la psychologie. En insistant pour que le père soit présent, elle souhaite orienter les places des différents membres de la famille pour la suite en profitant de ce moment symbolique que représente à ses yeux l’accouchement. Elle ressent d’autant plus un risque que la parturiente est jeune. Cette dernière n’a émis aucun souhait sur la personne présente auprès d’elle. Pendant l’accouchement, le père et elle-même ne se parleront quasiment pas, ne se regarderont pas, et ne se toucheront pas, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.

La règle qui impose qu’une seule personne soit présente avec la parturiente à La Maternité est parfois utilisée par les sages-femmes pour renforcer sa place par rapport à celle des autres membres de la famille :

Devant le bureau des sages -femm es, la sage-femm e référente a une altercation avec une dame (sûrement la mère ou la sœur d'une patiente)128. Elle lui dit (très sèchem ent) : « m aintenant Madam e vous n' y allez pas ! Je vous l'ai déjà dit, c'est une personne à la fois dans la salle d'accouchem ent. Le m ari y est, c'est quand même lui qui a la priorité !". (…) La sage -femme référente commente:

« non m ais ça fait quatre fois que je lui d is, c'est bon m aintenant ! Et puis m ince, c'est quand m êm e leur m om ent à eux deux, c'est quand m êm e le papa qui est prioritaire ! Ahlala » (Journal de terrain, La Maternité )

Le fait que la naissance ne doit concerner que le couple est justifié par les professionnelles par le fait que celle-ci est « au cœur de l’intimité » (Nadine, sage-femme mat) du couple.

Pour Nadine le père et la mère sont « vulnérables, ils sont à nu, ils peuvent pleurer, avoir des émotions à vifs ». Son rôle serait donc de « préserver cette intimité » qui fait partie du

126 La littérature est abondante sur l’impact de l’arrivée du premier enfant dans le couple, qui vient le reconfigurer en profondeur. Kaufmann (Kaufmann 2000) écrit par exemple « L’arrivée de l’enfant, comme l’entrée en couple, transforme brusquement le contexte d’interaction et les repères de l’individu : il devient parent. Ce nouveau rôle ne s’ajoute pas sans rien changer aux acquis antérieurs : au contraire, il les reformule ». (p.55)

127 Les règles de la salle d’accouchement imposent que seule une personne soit présente au chevet de la parturiente.

128 Le bureau des sages-femmes est situé juste après l’entrée de la salle d’accouchement.

moment magique qui appartient au couple. L’enfant en devenir mérite aussi cette intimité selon les répondantes ; il est considéré comme partie prenante du rite de passage.

2.4. De fœtus à personne

Les anthropologues le montrent « la production des individus est un projet intrinsèquement social » (Kaufman et Morgan 2005, 320 ma traduction ) et le fait de déterminer ce qui est humain de ce qui ne l’est pas (encore) est moins une « qualité naturelle », qu’un attribut

« culturel ». Dans de nombreuses cultures ce n’est, par exemple, pas nécessairement la naissance qui fait l’individu (Kaufman et Morgan 2005, 321 ).

Dans mes données, le passage de l’utérus à l’air libre semble être ce qui va permettre au fœtus d’accéder au statut de bébé, et ainsi véritablement, d’être humain. Pour Hélène (parturiente 1 AAD), la naissance « c’est là où tout commence, c’est le début de la vie, c’est le début de tout ». Ce moment doit donc être particulièrement préservé. C’est l’accouchement pensé comme moment biologique qui fonde la naissance sociale. Les parents ont le rôle d’être les premiers à reconnaître l’enfant.

Comme je l’ai montré dans la revue de la littérature, le fœtus et l’embryon sont de plus en plus investis, voire « fétichisés » (Lupton 2012b, 337), en tant que « petites personnes » dotées de personnalités. Le fœtus est même parfois doté d’« une identité sociale numérique » (Johnson 2014, 338 ma traduction). En salle de naissance, il est très courant d’assister à des personnifications du fœtus par les parents, et surtout par les professionnelles. Celui-ci est doté d’une volonté et d’une personnalité. Quand le rythme cardiaque du fœtus est trop lent ou trop rapide par rapport aux normes attendues, ou que la naissance se prolonge, celui-ci est qualifié de « capricieux », ou de « coquin[e] » par les sages-femmes, qui menacent de lui « tirer les oreilles », ou qui disent qu’il leur « fait des blagues » (sages-femmes, journal de terrain, La Maternité). Si au contraire, les tracés du monitoring sont parfaits, on dira plutôt de lui que c’est un « champion » « votre fille c’est une championne, elle supporte très bien les contractions ! elle est magnifique votre petite » (sage-femme, La Maternité, journal de terrain).

Malgré ces évolutions et constats, le passage de l’utérus à l’air libre reste déterminant pour

Malgré ces évolutions et constats, le passage de l’utérus à l’air libre reste déterminant pour

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