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Des dispositifs qui font système : multiplier les angles de vue Un apport important de ma thèse est de proposer un regard multiple et croisé sur la prise en Un apport important de ma thèse est de proposer un regard multiple et croisé sur la prise en

Chapitre 3 Dispositif méthodologique

2 Recueil des données

2.1. Des dispositifs qui font système : multiplier les angles de vue Un apport important de ma thèse est de proposer un regard multiple et croisé sur la prise en Un apport important de ma thèse est de proposer un regard multiple et croisé sur la prise en

charge de l’accouchement dans un espace géographique donné : la Suisse romande, avec un ancrage plus particulier dans une grande ville de Suisse romande. La triangulation, et par là même la possibilité de comparer et de mettre en perspective, a constitué une démarche centrale. Ce dispositif de croisement de plusieurs récoltes de données (Olivier de Sardan 2008) permet de compenser et les limites de chacune par le croisement des sources (Beaud et Weber 2010; Charmaz 2010). La triangulation a été méthodologique (Norman Kent Denzin 1989; 1988) puisque j’ai eu recours à des entretiens, des observations et des documents (protocoles, dossiers de patientes, règlements, etc.). Elle a été également spatiale (Cohen, Manion, et Morrison 2009; Pourtois et Desmet 1988; cités par: Mucchielli 2009), c'est-à-dire basée sur une comparaison entre différents contextes (accouchements en maison de naissance, à la maison ou à l’hôpital69). La triangulation s’est enfin établie entre acteurs puisque j’ai pris en compte les regards des sages-femmes, des gynécologues-obstétriciens, des parturientes et de leurs conjoints.

Les différents types de récoltes de données – par entretiens, par observations et documentaires – ont été complémentaires. Les documents institutionnels sont classiquement compris dans le corpus des ethnographies des organisations puisqu’ils apportent des informations précises sur le contexte dans lequel se déroule l’activité, en plus d’être des supports précieux pour rendre compte des normes et des pratiques de l’institution et des professionnels qui y travaillent (Bugnon 2014; Lomba 2008).

L'entretien semi-directif permet d’explorer les systèmes de valeurs, les représentations et le sens personnel donné par les individus à leurs vécus et expériences autour de l’accouchement. Le recours aux entretiens comporte toutefois des limites. Les interviewé.e.s sont susceptibles d’omettre, plus ou moins volontairement, de raconter des évènements à la chercheuse (par exemple parce qu’ils ont honte ou simplement parce qu’ils pensent que cela

68 Source : « Le premier homme sage-femme de Suisse est un sage burundais », publié le 10 novembre 2004 sur le site de l’AMG (consulté le 21.11.2016).

69 Mon dispositif de recherche m’a permis de prendre en compte la situation des femmes assurées en

« division privée ou semi-privée » (c’est-à-dire bénéficiant d’une couverture privée d’assurance) qui accouchent à l’hôpital public. Si ces femmes ne sont habituellement pas inclues dans les recherches qui se déroulent dans cet hôpital, les relations nouées avec plusieurs médecins adjoints m’ont permis de gagner leur confiance et de susciter leur intérêt pour ma démarche, et donc de pouvoir observer directement ces accouchements, avec l’accord des parturientes. Je n’ai pas eu accès, malheureusement, aux accouchements en clinique privée, ce qui constitue une limite de ce travail.

Des recherches ultérieures devront être menées pour saisir les logiques qui y sont à l’œuvre.

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n’a pas d’intérêt) (A.-M. Arborio et Fournier 2010). De plus, il est parfois difficile de dépasser les généralités et les discours préconstruits (A.-M. Arborio 2007) qui sont rapportés, d’autant plus dans un contexte comme celui de l’accouchement qui est pris dans de multiples controverses et mouvements idéologiques.

L’observation a permis de documenter et d’analyser ce que les acteurs font en situation, c’est-à-dire leurs pratiques, plutôt que de s’arrêter à ce qu’ils disent qu’ils font. Plus précisément, c’est l’articulation entre discours et pratiques qui est particulièrement éclairante pour l’analyse, l’un et l’autre étant pris au sérieux (Lahire 2002). De plus, en voulant m’intéresser au dispositif comme système, être sur place permettait de récolter des informations sur son fonctionnement et de dégager le « système complet d'interactions entre toutes les catégories d'agents impliqués dans son fonctionnement » (Peretz 2004, 22). Ma méthode de travail est proche de celle de l’ethnographie multi-sites [multi-sited ethnographie]

(Marcus 1998, 1995) ou de l’ethnographie combinatoire (Dodier et Baszanger 1997).

Employer cette méthode (ou « figure d’engagement ») permet « d’aborder cette question de la nécessaire ubiquité du chercheur, présent et engagé sur plusieurs scènes à la fois » (Bourrier 2013, 30). Cela répondait à mon projet de voir comment tiennent ensemble les dispositifs parallèles, voire concurrents de prise en charge de l’accouchement d’une part, et comment s’articulent les différents discours et pratiques des sages-femmes, des médecins, des parturientes d’autre part. Il s’agit de rendre compte de comment ces différents mondes sociaux s’opposent, se rencontrent, s’influencent et finalement font système. Par ailleurs, l’ethnographie combinatoire offre plus de flexibilité avec des pratiques qui se dérobent, et dans des situations où l’accès au terrain est difficile (Bourrier 2013), comme cela a été mon cas à propos de l’accouchement extrahospitalier.

Les observations n’étaient pas menées sur la base d’une grille d’observation rigide, mais étaient plutôt ouvertes (Dodier et Baszanger 1997). Pour autant, parler d’une « observation flottante » (Pouchelle 2008), surtout au bout de quelques semaines de terrain, ne reflète pas exactement ce que j’ai fait puisque au fur et à mesure des premières analyses et réflexions menées en cours de terrain (en plus des nouvelles lectures), des formes de sélections sur les choses à observer, voire de systématisation des observations, ont été faites pour mieux les comparer et éventuellement les généraliser. Si une « négociation » existe de toute façon toujours dans la production de la science entre « le déroulement concret de l’activité scientifique » et l’aspect méthodologique, notamment de « reproductibilité des expériences » (Dodier et Baszanger 1997, 40), c’est une position d’ethnologue, résolument inductive, flexible et ouverte que j’ai privilégiée70.

L’ethnographie est un processus complexe et très gourmand en temps, y compris pendant les phases de négociation d’entrée sur le terrain71. Néanmoins ces investissements m’ont

70 Pour citer Dodier et Baszanger (1997) : « plus un enquêteur accepte de sacrifier l’exigence de standardisation du recueil des données à l’ouverture aux aléas de l’observation, plus il agit en ethnographe » (p.41)

71Cette négociation est d’ailleurs un processus continu puisqu’elle s’est poursuivie au jour le jour sur le terrain autour de l’acceptation de ma présence par les femmes, plus ou moins facilement selon les lieux. Par ailleurs, ma place acceptable s’est renégociée avec les professionnelles tout au long du terrain. Le fait que le ou la sociologue soit soumis.e à des processus de contrôle, de sélection, de méfiance, qui traduisent « une forme d’attente démocratique et d’exigence scientifique des chercheurs » (Dider Fassin 2008a, 10) est légitime et souhaitable. Le fait de l’être plus ou moins selon les lieux et les personnes (maison de naissance / hôpital) et selon le statut des acteurs (professionnelles / parturiente et niveau social) a constitué un résultat en soi.

permis d’apprendre et de transmettre ensuite, de nombreux pans du terrain qui seraient restés dans l’ombre sans cette méthode. Notamment, il a révélé une complexité et des subtilités qui existent dans les pratiques, au-delà des discours parfois formatés autour de la naissance. Je souscris aux propos de Fassin, qui voit dans l’ethnographie un « moment de vérité » à la fois dans sa propension à objectiver les faits, et à les inter-subjectiver par la relation ethnographique qui se noue entre l’enquêtrice et les personnes qu’elles rencontrent sur son terrain (Dider Fassin 2008b, 10). L’observation de longue durée a par exemple permis de révéler les formes de résistance à la standardisation qui sont opérées par les sages-femmes, qui n’auraient pas été captées par un autre dispositif. Les résistances sont en effet « individuelles, spontanées, locales, opérant le plus souvent ‘en coulisse’ » (Coste, Costey, et Tangy 2008, 21‑22), et si elles sont toujours difficiles à observer, elles ne le sont que par ce dispositif ethnographique particulier.

A l’hôpital comme à la maison de naissance, j’avais avec moi des carnets pour la prise de notes. J’ai autant que possible retranscrit et complété mes notes brutes sur ordinateur le jour même. Cela était d’autant plus important que je n’avais pas toujours la possibilité d’écrire pendant les observations, en partie parce que le rythme était soutenu et que je devais suivre la sage-femme, et en partie parce que les femmes et surtout les professionnelles étaient régulièrement interloquées par mes prises de notes trop prolifiques72. Bien que la production écrite ait augmenté dans les soins, l’utilisation du langage oral reste prédominant. A quelques reprises, j’ai fait lire des extraits de mes cahiers aux personnes qui me le demandaient (tout en vérifiant que ces passages ne mentionnaient pas d’autres personnes), et j’ai aussi de nombreuses fois partagé en cours d’enquête, lorsqu’on me le demandait, mes premières impressions, mes pistes d’analyses et mes questionnements, un travail qui a fait partie intégrante de ma démarche scientifique (Kobelinsky 2009; Flamant 2005). Cela m’a permis de vérifier les premières analyses, de découvrir de nouvelles pistes ou de nouveaux enjeux, et de limiter le sentiment de « trahison » qui peut être légitimement éprouvé par les enquêté.e.s lorsque la chercheuse ne révèle ses résultats qu’après coup (Flamant 2005)73. Observations, entretiens, et analyse des documents institutionnels dans différents lieux et avec différents acteurs ont constitué une méthodologie particulièrement robuste et féconde, notamment par leur aspect complémentaire. J’ai pu partir des observations de pratiques pour interroger les professionnelles sur celles-ci, ce qui a été particulièrement utiles pour les pratiques « cachées », ou pour questionner au contraire les pratiques habituelles mais non dites, voire polémiques. J’ai ainsi formulé à plusieurs reprises cette question lors des entretiens auprès des sages-femmes : « j’ai constaté que les « salles natures » étaient peu utilisées. Peux-tu commenter ? ». Inversement, certains entretiens ont nourri les observations en me permettant de mieux comprendre les enjeux professionnels et en orientant ainsi les éléments sur lesquels me concentrer lors des observations. Avoir

72 A l’image d’Arborio (2001) j’ai à plusieurs reprises pris des notes dans les toilettes, ou dans le vestiaire.

73 J’ai aussi réalisé des restitutions plus officielles. En janvier 2014, j’ai présenté de premiers résultats aux sages-femmes de la maternité. J’ai également été invitée à présenter mes travaux dans deux colloques organisés par des sages-femmes et des médecins en Suisse romande en mai et novembre 2015. Lors d’une communication organisée dans le cadre des « déjeuners sociologiques » du département de sociologie de mon Université, une quinzaine d’étudiantes sages-femmes et leur Professeure sont venues m’écouter. J’ai également eu l’occasion d’évoquer mes travaux dans les médias (particulièrement dans des émissions de radio, notamment Tribu ou Corpus, mais aussi dans des interviews données à la presse écrite). Une fois que ce manuscrit sera finalisé, je vais continuer la diffusion des résultats, dans mon domaine, dans des revues professionnelles suisses, et dans un livre.

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rencontré différents groupes d’acteurs me permettait aussi de m’appuyer sur des données pour en récolter d’autres et faire se rencontrer et dialoguer indirectement différents discours qui ont tendance à être cloisonnés. Par exemple, j’ai fréquemment demandé aux sages-femmes qui accompagnent des accouchements à domicile « dans les entretiens que j’ai conduits avec les médecins, ceux-ci me disent qu’ils ont vécus des accouchements qui basculent brutalement dans la pathologie grave, et que cela justifie que tous les accouchements se déroulent à l’hôpital. Qu’en penses-tu ? », ou au contraire : « en entretien, les médecins semblent eux-aussi préoccupés par l’augmentation des césariennes, qu’en penses-tu ? ». Dans certains entretiens il m’arrivait de provoquer pour dépasser un discours convenu, en nommant des paradoxes, par exemple avec certains médecins responsables : « plusieurs médecins m’ont dit que l’autonomie des patientes est prioritaire, pourtant plusieurs femmes ont rapporté avoir été découragées par un médecin, parfois violemment, d’accoucher à domicile, bien qu’elles étaient bien informées des risques. Cela semble une pratique particulièrement désapprouvée par les médecins, non ? ». J’ai également plusieurs fois interrogé les professionnelles sur la base d’un dossier de patiente, ou d’un protocole. Par exemple : « j’ai vu que dans le protocole, le monitoring intermittent est permis, mais je ne l’ai jamais vu pratiqué. J’ai eu l’impression que c’était compliqué. Tu peux commenter ? ». Ces questions ont été posées dans les entretiens ou lors des observations.

Dans ce travail, j’ai adopté une approche compréhensive – en particulier pour la récolte des données – qui suppose de prendre au sérieux ce que disent les acteurs et les logiques qu’ils mettent en avant, et de développer une certaine empathie pour ceux-ci. Cette posture, j’ai tenté de la tenir auprès de l’ensemble des personnes que j’ai rencontrées, médecins, sages-femmes, mères et pères, qui tenaient des discours et avaient des pratiques variées. Adopter cette attitude a facilité le travail de mise à distance de mes propres convictions ou valeurs personnelles tout en mettant l’accent sur la curiosité bienveillante à découvrir de nouveaux mondes, habituellement fermés aux profanes et en augmentant ma « capacité d’étonnement » (Gisquet 2010). Je faisais ici un autre travail que celui que j’ai fait personnellement comme mère pour me positionner et faire des choix pour mes propres accouchements74. Il ne s’agissait pas d’adopter une posture naïvement « neutre » et

« objective », mais impartiale, en donnant vraiment la parole aux différentes personnes et institutions impliquées dans la naissance : « ce principe consiste à restituer la pluralité des perspectives, ce qui est une façon d'être attentif à la relativité des points de vue et des positions au sein d'un univers social, d'une population, d'un groupe » (Bizeul 2008, 96).

En ce qui concerne les observations comme les entretiens, mon statut de femme et de mère a certainement représenté un avantage, notamment en permettant de briser la glace plus rapidement et en ayant un statut d’initiée qui atténuait la gêne de parler de sujets intimes.

J’ai toujours insisté pour dire aux personnes interviewées que ce qui m’intéressait était leur propre vécu, en sachant que les femmes et les professionnelles en avaient tous des différents, et c’est ce qui faisait la richesse de la recherche. Par ailleurs, j’ai systématiquement précisé ou rappelé mon statut dans cette enquête et le projet que je poursuivais, à savoir celui d’une doctorante en sociologie qui adopte une posture bienveillante et non-jugeante à l’égard des personnes qu’elle rencontre comme éthique professionnelle de base, et qui cherche à produire des connaissances sur un sujet. Il

74 J’ai d’ailleurs constaté avec amusement à plusieurs reprises que si ma recherche m’a permis d’être plus informée que la plupart des autres parturientes, mes envies, discours et ma trajectoire n’étaient pas moins ambivalents et socialement façonnés.

s’agissait également dans les entretiens et les observations de ne pas être assimilée à l’équipe médicale, autant pour des raisons méthodologiques que éthiques (Fainzang 2006) : ma présence n’apportait rien pour les soins des femmes qui pouvaient plus facilement la refuser, et les professionnelles ne devaient pas compter sur mon aide. Pour autant, après plusieurs mois de terrain à l’hôpital, j’ai commencé à « faire partie des murs » comme me l’a gentiment dit une sage-femme : j’y étais intégrée comme un membre de l’équipe, certes à part et (presque) seulement spectatrice.

A l’hôpital, j’ai porté la blouse, ou plutôt la tenue des sages-femmes (et de certains médecins) : pantalons et tee-shirt blancs sur lesquels étaient imprimés le nom de la maternité. Cela était une demande des professionnelles et cela a certainement facilité mon intégration dans cet univers clos qu’est la salle d’accouchement, à l’image d’autres chercheuses sur des terrains proches (Vega 2000; Pouchelle 2008; Paillet 2007). Comme elles, j’ai également rendu quelques menus services aux professionnelles quand elles me sollicitaient (apporter un plateau repas ou du matériel, appeler la sage-femme responsable, aider à pousser un lit, etc.), voire aux parturientes (donner la main, apporter des nouvelles à la grand-mère restée dehors, porter un sac à main, etc.). Ces petites aides, au-delà d’un contre-don (Mauss 2012), ont facilité, fluidifié ma présence. Elle devenait moins artificielle, et à certains égards moins intrusive (Peneff 1992) : je ne restais plus uniquement, comme au début de l’enquête, dans un coin de la pièce à ne faire que regarder, écouter, prendre des notes, et cela me permettait de prendre de la distance avec la posture de l’enquêtrice froide et détachée qui est mise en scène dans le film « Kitchen stories » (Hamer 2003). Cela m’a permis de maintenir un équilibre entre des impératifs qui peuvent être en tension : récolter les données dont on a besoin pour produire une recherche d’une part, et conserver une attitude éthique, respectueuse des personnes rencontrées et qui ne les exposent pas à des difficultés / des représailles d’autre part75. Cette posture entre observation non-participante et participante (pour autant que cette distinction fasse sens), était à la fois plus éthique et méthodologiquement plus solide. Le fait de se fondre dans la salle d’accouchement m’a permis d’acquérir une connaissance « sensible » du terrain « au plus près des situations habituelles des sujets » (Olivier de Sardan 1995, 73) et d’accéder à des pratiques cachées (par exemple de résistance des sages-femmes, que je présente dans le chapitre 9) ou au contraire trop familières ou évidentes pour que les professionnelles les évoquent spontanément en entretien (Schwartz 1993). Nouer des liens avec certaines sages-femmes et des médecins m’a également permis, après être sortie du terrain, de continuer à disposer d’informatrices privilégiées pour discuter de mes analyses, obtenir des informations complémentaires (y compris par emails), etc76.

Dans l’analyse et l’écriture, si la démarche compréhensive continuait de faire sens, je souhaitais adopter en même temps une posture résolument constructiviste et critique. Quand j’ai commencé à rédiger les parties centrales de la thèse, j’ai constaté que les liens

75 La protection de leur anonymat est à ce titre important. J’ai également anonymisé les noms des lieux dans lesquels j’ai conduit l’enquête, mais j’ai conscience que les professionnelles du milieu les reconnaîtront puisque j’ai fourni les informations descriptives sur ces lieux qui sont importantes pour la compréhension de l’analyse. Ces lieux ne sont cependant pas immédiatement identifiables pour quelqu’un qui ne vit pas dans la région et qui n’est pas du milieu. L’anonymat des personnes rencontrées a en revanche été préservé au maximum et des informations permettant de les identifier ont été gommées autant de fois que nécessaire.

76 Je remercie une nouvelle fois ces personnes pour leur soutien et leur confiance qui ont constitué une aide indispensable dans la poursuite de cette recherche.

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développés sur le terrain me conduisaient à m’autocensurer (Adler et Adler 2000).

J’imaginais ce que pourrait dire tel médecin en lisant une phrase, telle autre sage-femme, ou encore telle mère. Ceci d’autant plus que ma recherche avait suscité des attentes aussi bien en milieu hospitalier, qu’en maison de naissance et à domicile77. Entreprendre véritablement cette phase d’analyse critique et d’écriture a été favorisé par le fait d’abord que s’écoule un temps assez long entre le terrain et la fin de la rédaction, ensuite de quitter la Suisse pour l’Australie pendant près d’un an78, période pendant laquelle j’ai écrit la quasi-totalité des parties empiriques, et enfin de présenter ma recherche à des pairs lors de colloques ou de discussions informelles. Je ne me suis jamais complètement affranchie des loyautés développées sur les terrains. Cela est important pour la qualité même des descriptions et fait partie de l’éthique de la recherche (Sarradon-Eck 2009) qui consiste avant tout à ne pas nuire (Marchive 2012). Ce pas de côté m’a cependant permis de repositionner mon rôle et ma posture de sociologue au cœur de ma démarche et ainsi de pousser les analyses, pointer les contradictions, parfois généraliser et produire des typologies.

Pour organiser le matériel récolté et l’analyser, j’ai procédé à un découpage thématique du corpus (Flick 2004). J’ai utilisé le logiciel de traitement Atlas.Ti et fonctionné en plusieurs couches successives de codages. Les codes étaient d’abord très précis et descriptifs, ce qui en a généré une grande quantité. J’ai ensuite rassemblé ces codes en 111 « supercodes ».

Finalement, je les ai regroupés en différentes catégories en utilisant Excel. C’est sur cette base que j’ai construit le plan du manuscrit. Celui-ci a subi des adaptations en cours d’écriture (comme étape d’analyse à part entière) et en fonction des lectures d’autres travaux. Mon approche, résolument inductive et prise dans un processus itératif d’analyse des données produites, qui a commencé dès l’entrée sur le terrain, s’apparente à la démarche de la grounded theory (Glaser et Strauss 1967).

Dans ma thèse, j’ai voulu laisser de la place à la parole des personnes que j’ai rencontrées ;

Dans ma thèse, j’ai voulu laisser de la place à la parole des personnes que j’ai rencontrées ;

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