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L’étude de cas comme analyse approfondie d’un phénomène complexe

Partie 1 : Problématique, théorie et méthodologie

3- Cadre méthodologique et épistémologique

3.2 Méthodologie : une étude de cas unique présentant une dimension partenariale

3.2.3 L’étude de cas comme analyse approfondie d’un phénomène complexe

Afin de comprendre notre objet de recherche que sont les pratiques de transformation sociale, nous proposons ici une recherche qualitative de type étude de cas. Pour Yin (2016), la recherche de type qualitative adopte une vision du monde plus pragmatique ou constructiviste et s’avère ainsi plus réflexive dans la manière de faire de la recherche. Selon Hamel (1989) l’étude de cas se présente comme une « première approche destinée à la mise à jour d’une spécificité, d’une particularité d’ordre qualitatif » (1989, p. 60). Pour Hamel, elle ne peut pas prétendre à poser une généralité, puisqu’elle prend pour objet une singularité, une particularité comprise dans un cas qu’elle tente d’analyser (Hamel, 1989). Cependant, Roy (2016) précise que l’étude de cas explore et étudie en profondeur un cas, considéré alors comme un sous-système, pour mieux saisir le système plus large auquel il appartient. L’auteur précise alors l’importance d’aller chercher le plus d’informations et d’observations possibles sur ledit cas tels son histoire, son contexte, etc. afin de bien le situer. Roy (2016) définit l’étude de cas comme :

[…] une approche de recherche qui consiste à enquêter sur un phénomène, un événement, une organisation ou un groupe d’individus bien délimité, afin d’en tirer une description précise et une interprétation qui dépasse ses bornes. (Roy, 2016, p. 199)

L’étude de cas est donc propice pour comprendre la complexité d’un phénomène, et ce, même à petite échelle, puisqu’il offre la possibilité d’être transférable à d’autres milieux possédant des caractéristiques similaires. En ce sens, nous considérons que Le Rivage est un cas représentatif (Yin, 2009) des ressources alternatives en santé mentale.

Comme mentionné précédemment, Le Rivage du Val St-François, a été choisi en fonction de sa pertinence par rapport à notre objet d’étude (Savoie-Zajc, 2016). Sur ce point, Alvaro Pirès (1997) apporte six critères propices à la sélection d’un cas soit : la pertinence théorique, les caractéristiques et la qualité intrinsèque du cas, la typicité ou l’exemplarité, la possibilité d’apprendre avec le cas choisi, l’intérêt social qu’il représente et son accessibilité pour le chercheur (Pirès, 1997, p. 142). Par exemplarité, Pirès la définit comme la typicité (cas typique) ou comme « l’opportunité empirique pour saisir, découvrir et démontrer » (Pirès, 1997, p. 142) eu égard à l’objet de recherche développé. Les critères nommés par Pirès rendent bien compte de notre choix de cas arrêté sur Le Rivage du Val St-François. L’approche et les pratiques de cet organisme sont en concordance avec les valeurs de l’Alternative en santé mentale et sont orientées vers la transformation sociale. Ce terrain empirique nous permet donc d’enrichir notre compréhension et nos connaissances en rapport avec notre question de recherche. De plus, dès le premier contact, cet organisme s’est montré intéressé à participer à notre étude. Notre terrain se limite donc à un seul cas, un cas unique. Mais l’analyse empirique approfondie de cette ressource rend possible une compréhension d’ensemble d’un système plus large. Nous sommes en mesure, avec ce cas, de développer une analyse et un discours d’une portée plus générale que l’unique cas étudié. Pour Pirès (1997), à l’inverse d’Hamel (1989), l’étude de cas, même unique, en recherche qualitative ouvre, bien qu’avec nuances, sur des possibles de théorisation et de généralisation. Bref sur la production de connaissances qui dépassent l’unique terrain étudié.

En réalité, l’étude de cas [même unique] représente à maints égards d’autres cas, et le chercheur ou le lecteur peuvent généraliser en ce sens qu’ils peuvent retenir dans un esprit critique une série de clés susceptibles de les aider à comprendre ce qui se passe ailleurs (généralisation analytique, plastique) (Pirès, 1997, p. 152).

Mais ce travail de théorisation et de généralisation ne doit pas être une transposition automatique, comme si le cas étudié représentait tous les autres possibles, « ce n’est pas le cas au complet et dans ses moindres détails » qui est à généraliser, précise Pirès. Et dans cette opération de transférabilité, dit-il, il ne conviendrait pas qu’on généralise « abusivement le contenu de la généralisation analytique ». « Toute tentative, insiste-t-il, dans cette direction serait vaine et réduirait justement ce que la généralisation présente comme avantage : sa portée heuristique et son contenu plurivalent » (Pirès, 1997, p. 152). Pirès ajoute enfin que l’étude de cas permet la compréhension de questions de l’ordre de la transformation sociale puisqu’on peut alors « saisir les mécanismes sociaux en action » qui relèvent de la quotidienneté et qui s’avèrent dès lors être des « fils conducteurs pour l’analyse de différents aspects de la société » (Pires, 1997, p. 151).

En synthèse, pour résumer la pensée de Pirès, relevons que le choix de l’étude de cas unique se fait dans l’optique d’apprendre quelque chose de plus général bien qu’en étudiant un cas très contextué. Néanmoins, pour prétendre à cela, le cas choisi se doit d’être pertinent, éloquent, et doit revêtir des caractéristiques d’exemplarité. À ce moment alors, le cas « cesse d’être particulier et peut contribuer de façon significative à la connaissance » (Pirès, 1997, p. 140). L’analyse du cas, bien qu’elle tienne compte de sa spécificité et de son contexte, ne porte pas tant son regard sur les spécificités propres au cas ; elle s’en sert plutôt comme « voie d’accès » d’une manière plus étendue à la compréhension d’autres phénomènes (Pirès, 1997, p. 140).

En ce qui a trait à la collecte de données propre à l’étude de cas, Roy (2016) informe que ce devis de recherche nécessite le recours à différentes sources d’informations et que l’examen de ces sources peut tout autant exiger différents outils ou méthodologies. Pour ces raisons, cet auteur considère l’étude de cas comme une approche ou une stratégie méthodologique qui utilise une pluralité de méthodes. Il perçoit également l’étude de cas comme étant une approche inductive et interprétative (Roy, 2016).

Les pratiques de transformation sociales ne constituent pas un phénomène nouveau et ont déjà été étudiées par les chercheurs. Cependant, les contextes sociaux, économiques et politiques actuels sont différents des années précédentes. C’est pourquoi l’étude de cas est appropriée pour rendre compte, de manière contextualisée et actuelle, de ce phénomène et tenter de l’expliquer, voire même de revisiter les théories actuellement en cours (Roy, 2016). Bien que nous étudions qu’un cas unique, sa pertinence manifeste apporte la possibilité d’effectuer une généralisation théorique pouvant s’appliquer à d’autres ressources alternatives en santé mentale.

3.2.4 La dimension partenariale dans une démarche de recherche à caractère

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