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Partie 1 : Problématique, théorie et méthodologie

3- Cadre méthodologique et épistémologique

3.4 Analyse, recension des écrits et calendrier

3.4.2 Les choix de l’analyse

L’analyse est un moment fort en importance dans la recherche puisqu’elle tente alors d’arriver à des conclusions à partir du matériel empirique récolté et de répondre à la

18Érudit est une banque de données qui assure la diffusion numérique de plus de 150 revues scientifiques et culturelle. Érudit participe à la diffusion des revues québécoises soutenues par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC). (https://www-erudit-org.ezproxy.usherbrooke.ca/fr/)

question de recherche et autres questions ayant émergé dans le processus. Puisque l’étude de cas puise dans une pluralité de sources de données, l’analyse qui en découle se doit d’être minutieuse. Une fois de plus, divers outils se proposent à la chercheuse pour l’aider dans l’interprétation des données.

Notre recherche présente un caractère inductif, c’est-à-dire que du particulier et du singulier qu’offre chaque entrevue, nous explorons et découvrons les thèmes, les récurrences et les liens entre eux afin de voir ce qui émerge de l’entrevue réalisée. Par la suite, cet exercice s’est effectué aussi avec l’ensemble des entrevues afin d’en arriver à une synthèse plus globale du phénomène étudié (Patton, 2015).

Cela étant dit, dans un premier temps, suite aux différentes lectures accomplies, certains concepts ont retenu notre attention dans l’analyse. Ainsi, les concepts liés à la transformation sociale soit la citoyenneté et la participation, la reconnaissance, la stigmatisation et l’espace ont initialement servi d’unités d’analyse, sans toutefois s’y restreindre, pour étudier et comprendre les pratiques de transformation sociale présentes dans la ressource.

Dans le but de faciliter l’analyse, comme nous l’avons mentionné dans la collecte de données, une attention particulière a été déployée lors de la rédaction de mémos analytiques. Avant d’entreprendre l’analyse, nous avons effectué une lecture flottante des documents d’orientation, des politiques organisationnelles et autres littératures pertinentes propres à la ressource afin de bien nous imprégner des philosophies en place dans cet espace (Wanlin, 2007). Étant donné le caractère inductif de cette recherche, l’analyse des données s’est amorcée dès la première entrevue (Roy, 2016). Les entrevues ont été transcrites sous forme de verbatims et une lecture détaillée en a été faite afin d’en analyser le contenu. Comme le mentionnent Blais et Martineau (2016), cette amorce d’analyse favorise l’émergence de thèmes majeurs et permet d’entreprendre une catégorisation selon les interprétations faites de ces données. Cette catégorisation facilite les analyses subséquentes en réunissant sous une même catégorie les différentes informations qui y sont relatives. Du coup, les récurrences peuvent être observées et permettent ensuite d’orienter l’analyse et d’édifier des pistes de réflexion (Roy, 2016).

Initialement, les verbatims ont été codés à l’aide du logiciel NVivo 10, un logiciel d’analyse de données qualitatives. Ce logiciel est un outil d’analyse utile et pertinent, mais nous avons considéré nécessaire d’accorder une place primordiale à la réflexion. La première arborescence d’unités d’analyse comprenait les thèmes provenant du cadre conceptuel et des concepts que nous avons liés à la transformation sociale ainsi que plusieurs autres sous-thèmes. Suite aux discussions engagées lors de la présentation de l’avancement des travaux de recherche dans le cadre du cours TRS 754 – Atelier 2, il s’est avéré nécessaire de réorganiser les unités d’analyse initiales. Après réflexion, il est apparu que ces unités pouvaient être subsumées en catégories plus englobantes ce qui, par ailleurs, est venu faciliter l’analyse qui a suivi. Ainsi, en prenant le soin de bien faire ressortir les éléments majeurs et les récurrences dans les discours en regard à la question de recherche et aux objectifs sous-jacents, ce sont quatre unités d’analyses majeures qui sont ressorties, soit les ancrages, la réflexion dans les pratiques, l’émergence de la parole et la mise en lien. Ces quatre unités représentent nos quatre chapitres formant notre analyse et discussion dans la Partie II de ce mémoire.

Cette reconfiguration des unités d’analyse nous a amenée à revoir notre stratégie d’analyse. Il nous est apparu fastidieux de reprendre l’analyse des verbatims avec le logiciel NVivo 10. Nous avons donc modifié notre stratégie et, comme le proposent Paillé et Mucchielli (2008), nous avons amorcé une « analyse en mode écriture ». Ces auteurs considèrent que l’analyse en mode écriture permet « la création et l’expression spontanée » (Paillé et Mucchielli ; 2008, p. 127) de la pensée du chercheur et peut porter l’analyse et la théorisation beaucoup plus loin. Ces auteurs ajoutent :

Puisqu’elle se déploie sous la forme d’un flux, elle favorise l’épanchement et donne lieu à une analyse très vivante. Sa fluidité et sa flexibilité lui permettent d’épouser les contours parfois capricieux de la réalité à l’étude, d’emprunter des voix d’interprétation incertaine, de poser et de résoudre des contradictions, bref de faire écho à la complexité des situations et des événements (Paillé et Mucchielli ; 2008, p. 127)

En bref, cette méthode d’analyse ouvre sur un processus engageant et soutenu qui s’avère utile pour capter l’articulation de la pensée de la chercheuse et le sens profond englobant le matériel empirique recueilli. Ayant déjà une bonne connaissance de notre matériel empirique, nous avons entrepris la relecture des verbatims en prenant soin d’annoter nos

impressions devant le matériel. En outre, notre maîtrise du contenu des entrevues nous a permis de croiser les discours narratifs entre eux et aussi de les trianguler avec les observations et les autres données recueillies à l’aide des autres sources de la collecte de données.

Notre capacité à analyser et à accorder un sens aux données originales été mis à contribution afin de voir au-delà de ce qui est dit textuellement. Des retours dans les écrits provenant de la recension initiale et la poursuite de lectures de nouveaux écrits nous ont permis de mieux comprendre ce qui ressortait du matériel collecté. Cette phase du travail correspond à ce que Séguin nomme la « phase expérimentation » (Séguin, 2016) qui se veut axée vers la question de recherche et son approfondissement.

De plus, nos contributions ou participations dans des colloques, congrès ou conférences ainsi que le partage de nos réflexions avec nos collègues et d’autres acteurs du champ de la santé mentale et du milieu communautaire ont permis d’enrichir nos réflexions, de débloquer certains nœuds analytiques et ont contribué au processus d’appropriation du matériel théorique. Par ailleurs, nous avons tenu une série de journaux manuscrits dédiés aux apports externes (conférences, colloques, etc.) et croisions leur contenu avec notre journal de bord (électronique) et le reste du matériel.

La rédaction s’est donc accomplie en effectuant des allées et retours dans le matériel empirique, les lectures recensées, les mémos et les notes comprises dans le journal de bord. Nous avons vu à inscrire comment ce matériel empirique suscitait notre créativité pour approfondir notre compréhension des pratiques étudiées. Les questionnements et réflexions engendrés tout autant été compilés dans le journal de bord et des retours à ce journal ont permis d’explorer davantage les lectures, tout comme de soulever de nouveaux questionnements. Lorsque les nœuds analytiques nous bloquaient totalement, nous en discutions avec notre directeur de mémoire. Ces discussions sont venues alléger les tensions d’analyse de la chercheuse et offraient un autre regard rendant possible un nouvel éclairage. Par ailleurs, discuter de ces nœuds d’analyse avec nos collègues étudiants ou même, discuter de notre sujet de recherche avec des personnes étrangères à notre discipline participait également à dénouer les impasses. Que ce soit les points de vue émis, le simple fait de s’entendre s’énoncer ou l’apport, par analogie

transdisciplinaire, de matériel réflexif, les dialogues engendrés nous amenaient à poser un autre regard sur notre analyse et nos données. En bref, il fut bénéfique pour nous de ne pas rester isolée lors de l’étape d’analyse et de rédaction.

Une première version de l’analyse des résultats a été envoyée à notre directeur afin de recueillir ses commentaires et suggestions et de recevoir des conseils. Puis, la validation auprès du comité de soutien avec la présentation d’un document contenant les résultats de l’analyse préliminaire s’est faite à l’automne 2018. Cette étape avait pour objectif d’obtenir un regard autre que celui de la chercheuse sur les résultats et apporter un éclairage pour la compréhension des résultats contradictoires et leurs pistes d’analyse, sans toutefois les rejeter (Roy, 2016).

En bref, l’analyse du matériel empirique est une étape cruciale de la recherche qui ne peut être négligée. Afin de la mener de manière rigoureuse, la chercheuse fait usage de différents moyens pour baliser et soutenir son processus réflexif, donner sens à son interprétation et rendre celle-ci transparente au lecteur. La rédaction fut donc un processus itératif, dynamique et relationnel où l’ajout et la compréhension de nouveaux éléments nous amenaient à réfléchir autrement et à réévaluer ce que nous avions écrit pour le reconstruire ou l’amender.

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