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La dimension partenariale dans une démarche de recherche à caractère

Partie 1 : Problématique, théorie et méthodologie

3- Cadre méthodologique et épistémologique

3.2 Méthodologie : une étude de cas unique présentant une dimension partenariale

3.2.4 La dimension partenariale dans une démarche de recherche à caractère

La recherche partenariale est une méthodologie de recherche qui rend possible l’alliance d’expertises différentes – expertise de recherche d’un côté et praticienne de l’autre – dans une visée commune de production de connaissance (Caillouette et Soussi, 2014). Cette alliance participe ainsi à la coconstruction des savoirs par la réflexion, le dialogue et la mise en action qui prennent place entre les acteurs issus du milieu universitaire et du terrain (Tremblay, 2014).

Sans pour autant s’inscrire dans une méthodologie de recherche partenariale, notre recherche emprunte à ce courant méthodologique en introduisant un comité de soutien dans sa démarche. Ce comité est formé notamment de personnes liées à la pratique et à l’usage des services en santé mentale. Le comité est composé de la chercheuse, du directeur de recherche, de trois représentants de la ressource membres (deux permanentes et une personne membre) et d’une personne externe, mais qui possède, par son implication près d’une dizaine d’années au sein du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale, une expertise terrain bien ancrée des enjeux et des pratiques alternatives en santé mentale. L’objectif de ce comité n’en est pas un d’encadrement de la recherche, mais d’enrichissement de la réflexion en donnant, à un moment de la recherche, une rétroaction à la chercheuse sur les pistes d’analyse qu’elle aura développées (Tremblay, 2014). Par ailleurs, il y a aussi la création d’un lien entre l’université et la société civile dans un espace permettant les échanges entre le milieu académique, les praticiens et les membres de la ressource.

La première rencontre à laquelle le comité de soutien a participé était lors de la soutenance du projet de recherche le 7 juillet 2017. Les membres du comité avaient préalablement reçu le document, et ont assisté à la présentation. Ils eurent également l’occasion d’émettre leurs premiers commentaires critiques sur le travail effectué. Ainsi, dès cet instant, le mémoire a pu s’orienter eu égard à ces apports. La première rencontre a aussi permis des échanges informels permettant aux membres de mieux se connaître. Ceci a contribué au fait que certains membres sont devenus des contacts privilégiés pour la chercheuse et, au cours de l’année, ils l’ont avisée de la tenue de conférences ou de rencontres qui pouvaient s’avérer pertinentes et enrichissantes pour l’avancement de sa recherche. Par ailleurs, au tout début de sa recherche, la chercheuse a eu l’occasion de rencontrer de façon informelle un futur membre du comité de soutien. Dès lors, elle a pu amorcer un travail de réflexion sur les thèmes abordés lors de cette rencontre. Enfin, nous pouvons aussi dire qu’il s’est tissé un lien de confiance entre la chercheuse et l’équipe des permanentes de la ressource puisqu’elles ont projeté et amorcé, à deux reprises, la coconstruction de présentations de communication dans le cadre de colloques. Bien que ces présentations n’ont pas eu lieu, le simple fait d’avoir exploré cette voie pour la mise en valeur des pratiques alternatives en santé mentale témoigne de la qualité du lien et de la relation entre la chercheuse et l’équipe du Rivage.

La deuxième rencontre du comité de soutien a eu lieu le 12 octobre 2018. Cette rencontre avait pour but de donner une rétroaction en regard aux résultats de l’analyse préliminaire effectuée. Une fois de plus, le document produit a été envoyé à l’avance aux membres du comité. La composition du comité a alors quelque peu changé, c’est-à-dire que la personne membre de la ressource, qui n’avait pas pu être présente lors de la première rencontre, a été remplacée par une autre membre. La permanente présente était elle aussi nouvelle sur le comité et une seconde professeure de l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke s’est aussi jointe à la rencontre à titre d’observatrice, mais a tout de même donné ses commentaires. Cette deuxième rencontre fut l’occasion de connaître les premières impressions portant sur l’analyse produite et de voir sur quels thèmes le comité avait accroché, c’est-à-dire les thèmes qui pouvaient être mieux définis ou dont l’analyse pouvait se faire encore plus poussée. Nous y avons vu une occasion de voir et de comprendre ce qui interpelle davantage les acteurs terrain et ceux pour qui ou

avec qui ses pratiques sont mise en place. Aussi, d’une certaine manière, ce comité véhicule les questionnements émanant de la société civile sur lesquels la chercheuse est invitée à se pencher.

À la fin de cette rencontre, les membres du comité se sont exprimés sur les apports de ce type de fonctionnement partenarial. Pour la chercheuse, les rétroactions émises par le comité ont permis de valider ce qu’elle avait relevé dans l’analyse des données collectées. Cette rétroaction apporte aussi la confiance dans nos propres capacités à observer le réel et les dynamiques présentes, à en tirer notre analyse et nos propres réflexions. Pour l’équipe de la permanence du Rivage, il leur a été permis d’avoir un point de vue théorique externe et de pouvoir adjoindre un modèle théorique sur leurs pratiques. Aux dires des membres de la permanence, l’exercice a permis de prendre conscience de ce qu’ils font, de l’apport de leur travail et leur donne confiance pour avancer puisqu’une base théorique vient soutenir leurs pratiques.

Un autre moment de partage entre la chercheuse et une partie du comité de soutien fut le 28 janvier 2019 lors de la présentation de notre méthodologie aux étudiants du cours de recherche partenariale – TRS 757 ; cours offert dans le cadre de la maîtrise en travail social. Ainsi, la chercheuse a pu échanger sur sa propre expérience du comité de soutien tout autant que les membres présents de ce comité. Une fois de plus, ils ont exploré, cette fois-ci avec les étudiants qui participaient par leurs questions, les apports de la recherche partenariale, tant du côté de la chercheuse que du côté de la ressource. Pour les étudiants, ce moment d’échanges fut l’occasion de comprendre comment ils peuvent intégrer certains aspects de la recherche partenariale dans leur propre projet de recherche.

Pour conclure, le comité de soutien offre non seulement un appui et une validation de la recherche, mais par un effet collatéral du développement du lien relationnel avec la chercheuse, ce comité lui a ouvert des portes et lui a permis d’avoir accès à des ressources dont elle ignorait l’existence. Ainsi, nous avons pu assister à des ateliers et des conférences traitant de la transformation sociale, du milieu communautaire ou de la santé mentale et même, de participer à une activité organisée par le RRASMQ, soit la

Rencontre nationale au mois de mars 2018. Également, des membres du comité nous ont

ressources alternatives, tout comme de l’existence de certaines revues. Ces sources se sont additionnées à celles répertoriées et ont participé à la construction de ce mémoire. Enfin, nous avons été mis en contact avec un travailleur social retraité avec qui nous avons pu échanger sur les théories entourant les pratiques et le travail social.

En somme, les expériences, directes ou indirectes, permises par le comité de soutien se sont révélées formatrices et enrichissantes sur les plans pédagogique, professionnel et humain.

L’appropriation et la transmission des savoirs de la recherche partenariale

Tremblay (2014) et Bonny (2015) considèrent que la recherche partenariale vise la production de connaissances et que ces connaissances viennent appuyer les acteurs terrain dans leurs rôles et fonctions. Cette recherche abonde dans ce sens et revêt un caractère propre à la recherche-action en répondant aux trois finalités de la recherche-action élaborée par Guay, Prud’Homme et Dolbec, c’est-à-dire : 1) la finalité « action » engendrée permet la transition d’une situation actuelle à une situation désirée, 2) la finalité « recherche » met à jour des connaissances inédites suite au processus de recherche et 3) la finalité « éducation » permise par le processus d’apprentissage que l’action a rendu possible chez les différents acteurs, incluant évidemment la chercheuse (Guay, Prud’Homme et Dolbec, 2016, p. 547-548). Ces auteurs définissent la recherche- action comme :

Une action de recherche et d’éducation liée à la résolution d’un problème concret dans le but de soutenir des changements bénéfiques, de contribuer à l’apprentissage des personnes concernées et d’améliorer les connaissances dans un système (2016, p. 548).

C’est pourquoi, dans une optique de diffusion et de transfert de connaissances, le mémoire produit sera rendu disponible auprès des différents acteurs ayant participé à la recherche. De même, avec notamment l’aide du comité de soutien, d’autres moyens ont ou seront explorés pour faire la diffusion des résultats : participation à des forums sur le renouvellement des pratiques, à des communications dans le cadre de colloques, la production d’articles scientifiques14, etc. Par ailleurs, des résultats préliminaires ont déjà

14 À ce propos, au cours de notre formation, nous avons soumis un texte pour le 19ième Colloque étudiant du CRISES qui a été publié dans les Actes du 19ième Colloque étudiant du CRISES

fait l’objet de présentations orales lors de deux colloques étudiants au printemps 2018 (Colloque des étudiants et étudiantes du CRISES et Colloque en Travail social de l’Université de Sherbrooke) et aussi dans le cadre du Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) de 2018. Enfin, nous avons présenté la conclusion de cette recherche lors du Colloque des étudiants et étudiantes du CRISES de 2019. En somme, la recherche partenariale utilisée s’est voulue non seulement productrice de connaissances par la rencontre des différents acteurs, mais également en appui au Rivage du Val St-François dans son travail pour innover dans ses pratiques d’organisme et dans le champ de la santé mentale en général.

3.3 Méthode de collecte des données : recherche documentaire, entrevues,

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