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CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES SYSTEMES DE CULTURE MARAICHERS DANS

2. Formalisation du modèle d’action de conduite prévisionnelle de la tomate

Pour illustrer les différents aspects de la culture pour lesquels l’agriculteur est amené à faire des choix et prendre des décisions, nous avons choisi de présenter l’exploitation de Lep où sont posés la plupart des problèmes de conduite rencontrés séparément dans les autres exploitations.

L’écriture du modèle de décision, c'est-à-dire des variables décisionnelles, des règles de décision, des éventuelles unités de gestion, à partir de l’exemple de l’exploitation de Lep, est complétée par une analyse comparée des autres agriculteurs enquêtés. Le modèle général peut être évalué en montrant d’une part la possibilité d’utiliser un formalisme commun des variables et règles de décision sur ces exploitations, d’autre part l’existence de métarègles, c'est-à-dire des règles de décision avec un contenu commun à l’ensemble des agriculteurs (Dounias, 1998).

Les premières enquêtes ne nous ont pas toujours permis de bien cerner, ni de dégager le programme prévisionnel de l’agriculteur. Le contenu des règles de décision a été déduit à partir du suivi des pratiques au cours des deux années d’enquêtes, notamment celui de l’année 2005 où les enquêtes ont été plus approfondies, avec des passages réguliers tous les dix jours en moyenne permettant ainsi d’avoir des prévisions à court terme des opérations.

2.1. Présentation de l’exploitation de Lep

Vulgarisateur agricole pendant douze ans, puis agriculteur maraîcher en Grande Comores d’où il est originaire, Lep est arrivé clandestinement à Mayotte en 1999. Sa famille de Lep est restée en Grande Comores où il transfère régulièrement de l’argent pour aider la dizaine de personnes qui sont sous sa dépendance. Il cultive surtout des légumes à fort potentiel de rendement (concombre, tomate, courgette) et faciles à vendre. Mais, il produit aussi d’autres légumes en petite quantité pour satisfaire une clientèle de métropolitains (radis, haricot vert, betterave, navet, laitue). Ce sont des cultures à cycle court qu’il peut inclure dans ses successions de culture pendant la saison sèche. Lep a acquis une bonne expérience dans la culture de la tomate et jouit d’une bonne réputation dans son village. Il bénéficie d’un droit d’exploitation d’un terrain maraîcher d’environ 3000 m² en échange de services rendus au propriétaire (gardiennage, entretien du champ vivrier). Il dispose par conséquent d’une assise foncière assez stable.

Lep n’élève pas de bovins, contrairement à la plupart des agriculteurs Mahorais. A côté de la zone cultivable en maraîchage, il exploite un tout petit champ vivrier planté en manioc et en taro (Colocasia esculenta). Le propriétaire ne l’autorise pas à planter des bananiers, ni des arbres fruitiers pérennes.

Lep n’emploie pas de salariés permanents ou saisonniers. Cependant, grâce aux ventes régulières de légumes, il peut disposer de trésorerie lui permettant de recruter de la main-d’œuvre temporaire lors des pointes de travail ou pour des travaux laborieux tels que le désherbage. Il ne délègue pas certaines opérations culturales très techniques telles que la taille de la tomate, l’effeuillage, l’égourmandage et les traitements phytosanitaires.

Compte tenu de sa situation de clandestin, il redoute de se déplacer en voiture ou en taxi par crainte d’être arrêté en cas de contrôle routier par les gendarmes. Il s’organise donc pour vendre sa production au champ ou sur le marché du village et pour obtenir des intrants (semences, engrais et pesticides) sans avoir à se déplacer jusqu’à Mamoudzou ou dans d’autres villages.

Les objectifs de Lep sont restés constants entre 2003 et 2005. Il souhaite agrandir son territoire d’exploitation maraîcher et continuer à habiter sur l’exploitation. En effet, même s’il dispose d’une certaine stabilité foncière, il doit négocier chaque saison le prêt du terrain. Il envisage également d’entamer des démarches administratives pour essayer d’obtenir un titre de séjour sur le territoire français de Mayotte.

Figure II-8 : Modèle général de conduite prévisionnelle de la culture de la tomate par Lep.

Repères chronologiques

Fin saison Semis en pépinière

des pluies

mécanisé (TST) enfouis

Travail du sol MH - Résidus

(20-30 jours) manuel (TSM) sarclés/évacués

chombo (si TST) fumier + engrais NPK

ou

Trouaison fumure de fond engrais NPK, sans fumier

apport localisé au trou ou

pic (si TSM) fumier, sans engrais

simple ligne Plantation (P)

double ligne

8 à 10 JAP Effeuillage sanitaire / binage

T R

I A

R I 20 à 25 JAP Désherbage / Binage

R T Fertilisation (engrais NPK)

I E

G M

A E Floraison Tuteurage (pose piquets & attache) + taille

T N (30 à 35 JAP)

I T

O S

N Effeuillage

P Egourmandeage

H Tuteurage (attache du plant)

Y T

O 45 à 50 JAP Désherbage

S Fertilisation (engrais NPK)

1ers fruits rouges

(70 à 80 JAP) Récolte

(30-35 jours)

Légende : TST = travail du sol au tracteur

TSM = travail du sol manuel MH = mauvaises herbes JAP = jours après plantation

2.2. Le modèle de conduite prévisionnelle de la tomate de Lep

La figure II-8 présente le modèle général de conduite prévisionnelle de la tomate. Nous distinguons trois grandes phases culturales délimitées par des stades repères connus des agriculteurs et servant de guide pour des interventions culturales : semis-plantation, floraison, début des récoltes et fin des récoltes. A chacune des ces phases, correspondent des opérations culturales variées.

- La période d’implantation de la culture comprend toutes les opérations culturales du semis de la pépinière à la plantation. Pendant cette phase, les agriculteurs sont confrontés à de nombreuses décisions : choix variétal, choix de la date de semis et d’échelonnement des plantations, choix du mode de travail du sol en relation avec la disponibilité en machines agricoles et la portance du sol en fin de saison des pluies, choix du type de fumure de fond en tenant compte de la disponibilité en fumier et en engrais.

- La période d’entretien de la culture (de la plantation à la maturité des premiers fruits) est celle où les producteurs sont confrontés à la gestion quasi-quotidienne de l’irrigation, à l’approvisionnement en intrants (pesticides, engrais) et à leur utilisation, au sarclage, à la taille et à l’égourmandage des plants qui exigent, comme l’irrigation, des besoins importants en main d’œuvre, et qui se déroulent parfois en même temps.

- La phase des récoltes va de la première à la dernière récolte, et s’étale sur une durée de un à deux mois. Il peut y avoir pendant cette période des décisions liées à l’accélération de la maturité des fruits, ou à l’opportunité de réaliser ou non des traitements phytosanitaires.

Le tableau II-7 présente une synthèse du contenu des règles de décision et des variables décisionnelles pour l’ensemble des opérations de conduite de la culture. L’annexe 4 en donne une présentation détaillée.

Pour la conduite de la tomate, on relève pas moins de quinze opérations culturales différentes, réalisées pour la plupart manuellement. On distingue différentes types de règles et d’indicateurs pour leur mise en œuvre.

Le déclenchement des opérations est lié soit :

- à la réalisation d’un évênement climatique : cas de la fin de la saison des pluies pour la première séquence de semis et de plantation ;

- à l’atteinte d’une date calendaire : exemple 8 à 10 jours après la plantation pour le démarrage des traitements phytosanitaires au champ et pour le premier effeuillage sanitaire ; 25 à 30 jours après semis en pépinière pour commencer le repiquage, les plants mesurant alors 15 à 20 cm de hauteur ; - à la réalisation d’un état physique du milieu dans le cas du travail mécanisé du sol, ce dernier devant

être suffisamment ressuyé pour supporter le passage du tracteur ;

- à un stade répère cultural, dans la plupart des cas : apparition du premier bouquet pour le démarrage de la pose des tuteurs, floraison pour le démarrage de la taille des plants de tomate, couleur des fruits pour la récolte, démarrage de l’égourmandage après la taille quand les axillaires mesurent 5 à 10 cm, densité et hauteur des adventices (5 à 10 cm) pour déclencher le désherbage.

La fin des opérations est également dictée par différentes types d’indicateurs :

- une date calendaire : ainsi le dernier semis (pépinière) sur la saison culturale est réalisé au début du mois d’août pour pouvoir récolter avant les grosses pluies de décembre qui marquent le début de la saison des pluies. La dernière plantation de saison a lieu par conséquent au début du mois de septembre.

L’irrigation de la culture prend fin 8 à 10 jours avant la dernière récolte de tomates prévue.

- Un stade cultural. C’est le cas pour de nombreuses opérations telles que le sarclo-binage, la fertilisation d’entretien, les traitements phytosanitaires où aucune intervention n’est effectuée après le début de la phase de récoltes ; l’effeuillage et l’égourmandage qui s’arrêtent vers le milieu de la phase des récoltes ; la taille qui intervient au plus tard quand les tiges commencent à se plier.

Tableau II-7 : Variables décisionnelles et règles de décision de conduite culturale de la tomate.

Phase Opérations Modalités Intervalle de temps de réalisation Règles de déclenchement Règles de fin Solutions de rechange Unités de gestion Règles d'enchaînement

Pépinière Semis Semis manuel en pépinière sur planches.

Trois à quatre séquences pendant la campagne.

Du 1er semis : Fin de saison des pluies (mars-avril) et disponibilité de semences.

Dernier semis en août pour pouvoir récolter avant la saison des pluies. Durée pépinière : 25 à 35 jours.

Planche de semis. Semis après réservation du tracteur.

Gyrobroyage mécanique. Entre fin de saison des pluies et juillet. Portance suffisante du sol (sol ressuyé).

Travail manuel de la parcelle de tomate si tracteur indisponible quand plants en pépinière âgés de 20 à 25 jours.

Zone cultivable. Gyrobroyage, puis labour à la charrue.

Manuel au chombo. Entre fin de saison des pluies et début

septembre. Après réalisation du semis en pépinière. Parcelle de tomate.

Désherbage, ratissage et évacuation des adventices.

Labour mécanisé à la charrue. Une seule fois pour l'ensemble de la zone cultivable maraîchère (ZC).

Entre fin de saison des pluies et juillet.Fin de saison des pluies (sol ressuyé). Portance suffisante du sol.

Quand plants âgés de 20 à 25 jours en pépinière.

Préparation manuelle du sol de la parcelle tomate si tracteur indisponible quand plants en pépinière âgés de 20 à 25 jours ou si la portance du sol ne le permet pas.

Zone cultivable. Gyrobroyage, labour à la charrue.

Labour manuel au pic au niveau du trou de plantation

Entre fin de saison des pluies (avril) et

début septembre. Fin de saison des pluies (sol ressuyé).

Quand plants âgés de 20 à 25 jours

en pépinière. Parcelle de tomate.

Désherbage, ratissage et évacuation des adventices. Trouaison au chombo (si labour

mécanisé du sol). Entre préparation du sol et plantation. Fin du labour.

Trouaison au pic si pas de labour

mécanisé du sol au préalable. Parcelle de tomate.

Trouaison au pic. Entre préparation du sol et plantation. Fin du nettoyage de la parcelle. Parcelle de tomate.

Fumure de fond Apport deux poignées fumier (~

500 g) par trou. Entre préparation du sol et plantation. Démarrage trouaison. Avant plantation.

Fumier + engrais ou engrais seul si pas de fumier, ou plantation sans fumure si pas de fumier et d'engrais.

Plant. Trouaison, fumure, rebouchage trou, arrosage.

Plantation Un plant par trou. Entre fin de saison des pluies (avril) et début septembre.

Quand les plants ont taille d'un crayon (15 à 20 cm), soit 25 à 30 jours après semis.

Quand tous les trous ont été pourvus d'un plant.

Plantation de plants âgés de 35 jours au maximum si retard dans les travaux de préparation de sol.

Trou.

Plantation, protection plant avec feuilles de palmier, arrosage.

Irrigation

Deux fois/jour jusqu'à floraison, une fois/jour de floraison à début récolte puis tous les trois jours (~1,2 l/plant/apport).

2 à 3 heures/jour (pour 1000 m²). Le matin, avant les autres travaux, et en

fin d'après midi. 8 à 10 jours avant dernière récolte.

Pas d'arrosage si pluies > 5 mm. Paillage et réduction de la fréquence des arrosages si manque d'eau.

Trou. Arrosage prioritaire sur les autres travaux.

Sarclo-binage Désherbage au chombo. Trois interventions entre reprise des plants et début des récoltes.

Quand les adventices sont petites (5 à 10 cm) et recouvrent le sol.

Aucun désherbage après 1ère récolte.

Désherbage étalé sur plusieurs jours si manque de main d'œuvre.

Parcelle sauf 1er sarclo-binage localisé au trou.

Apport d'engrais puis sarclo- binage et arrosage. Fertilisation Apport 1 poignée (~ 15g)/plant

d'engrais NPK. Floraison à début phase des récoltes.

Après un désherbage vers le stade floraison.

Aucune fertilisation après la première récolte.

Aucune fertilisation si pas

d'engrais disponible. Plant.

Apport d'engrais puis sarclo- binage et arrosage. Tuteurage Tuteurage sur piquet en bois.

Pose de trois liens.

Entre apparition du premier bouquet et

la nouaison. Apparition du premier bouquet.

Au plus tard quand tiges commencent à pencher.

Tuteurage tardif post floraison si contrainte de main d'œuvre. Plant.

Pose du tuteur, taille et attache du plant. Taille Taille à 2 ou 3 tiges. Floraison à nouaison des fruits du

premier bouquet. A partir de la floraison.

Au plus tard quand tiges commencent à pencher.

Taille tardive post floraison si contrainte de main d'œuvre. Plant.

Pose du tuteur, taille et attache du plant. Effeuillage Suppression des feuilles

malades et sénescentes.

8 à 10 JAP à mi-récolte (en même

temps que l'égourmandage). 8 à 10 JAP, après la reprise. Mi-récolte.

Opération étalée sur plusieurs jours si manque de main d'œuvre. Plant.

Effeuillage et égourmandage en même temps. Egourmandeage Suppression manuelle des

gourmands. Floraison à mi-récolte.

Après floraison, quand les gourmands mesurent 5-10 cm et avant qu'ils portent des bouquets.

Mi-récolte. Egourmandage étalé sur plusieurs jours si manque de main d'œuvre. Plant.

Effeuillage et égourmandage en même temps. Lutte phytosanitaire

(au champ)

Traitements préventifs chaque semaine : mélange fongicide + insecticide.

8 à 10 JAP à début des récoltes. 8 à 10 JAP. Avant première récolte. Réduction fréquence et dose si manque de produits. Plant.

Récolte Récolte

Récolte manuelle des fruits mûrs le matin (tous les 3 jours environ).

Couleur orange à rouge des fruits.

Quand la plupart des fruits récoltés sont de petits calibres (30-35 mm) ou que les plants sont dessèchés.

Plant. En fin de première culture,

désherbage au chombo si nouvelle culture maraîchère, sinon aucun désherbage jusqu'à la prochaine campagne. I m p l a n t a t i o n Désherbage et nettoyage de la parcelle Préparation de sol

Trouaison puis apport engrais et/ou fumier, rebouchage trou, arrosage. Quand nombre de trous réalisés

correspond à la quantité estimée de plants disponibles en pépinière. Trouaison E n t r e t i e n

- Un événement cultural : cas de la trouaison qui s’arrête quand le nombre de trous réalisés correspond au nombre de plants disponibles en pépinière. L’agriculteur réalise une estimation quand les plants sont assez grands en pépinière, soit 20 à 25 jours après le semis. Par voie de conséquence, la plantation s’achève quand tous les trous ont été plantés avec un seul plant de tomate par trou.

Dans le cas où certaines opérations ne peuvent se réaliser selon les modalités prévisionnelles et dans l’intervalle de temps fixé par l’agriculteur, ce dernier a prévu des solutions de rechange, ce qui montre que Lep anticipe sur les incertitudes liées à l’accès au ressources productives.

Ainsi, sachant que les fournisseurs n’ont souvent pas de semences en début de campagne, Lep garde en stock chez lui quelques sachets de semences pendant la saison des pluies ou des graines qu’il a produit lui-même. Il n’hésite pas à contacter également d’autres collègues et le Cirad pour s’approvisionner.

Concernant le travail du sol, il préfère le labour à la charrue au travail manuel pour diverses raisons (rapidité du travail, qualité du travail, économie de main d’œuvre). Cependant, compte tenu de l’incertitude sur les délais d’intervention du prestataire de service, il s’est fixé comme règle de préparer la parcelle de tomate manuellement si le tracteur n’est pas intervenu quand les plants sont âgés de 20 à 25 jours en pépinière. L’objectif de Lep est en effet de vendre de la tomate en début de saison quand les prix sont élevés : le respect d’une date limite de plantation (quitte à être moins exigeant sur la qualité de la préparation de sol) est donc pour lui prioritaire dans ses décisions. L’autre raison qui peut amener Lep à passer de la modalité « labour mécanisé » à la modalité « travail manuel » est la portance insuffisante du sol pour permettre l’entrée du tracteur dans le champ avant la date limite de plantation (correspondant à un âge limite des plants en pépinière de 35 jours, c'est-à-dire avant que les plants ne soient effilés). Lep n’a aucune emprise sur l’aléa climatique et des pluies importantes qui pourraient survenir pendant la phase de croissance des plants en pépinière peuvent rendre le terrain impraticable par le tracteur et le contraindre à passer au travail manuel du sol pour le premier cycle de tomate. Dans de tels cas, le tracteur pourra intervenir ultérieurement pour le reste de la zone cultivable maraîchère dès lors que la portance du sol le permettra.

Concernant la fumure, Lep privilégie le fumier en fumure de fond avec comme solutions de rechange les modalités (fumier + engrais NPK) ou (engrais seul). Néanmoins, s’il ne dispose ni de fumier, ni d’engrais au moment de la préparation de sol, il plantera malgré tout la tomate (priorité à la date de plantation) et augmentera les doses d’engrais lors de la fumure d’entretien.

Pour les traitements phytosanitaires, Lep se limite à des traitements préventifs hebdomadaires avec deux fongicides et deux insecticides de contact sans tenir compte des ravageurs et maladies réellement présents en cours de culture. En cas de manque de pesticides, Lep peut réduire la dose ou espacer l’intervalle de temps entre traitements. L’autre alternative pour limiter la pression parasitaire et économiser sur le volume de bouillie est d’effeuiller partiellement les plantes avant un traitement phytosanitaire en supprimant les feuilles malades (avec de nombreuses tâches) et sénescentes.

Lep ne maîtrise pas l’accès à l’eau d’irrigation et se trouve chaque année confronté à des problèmes de disponibilité en période d’étiage à partir des mois de juillet-août. Pour pallier au manque d’eau pendant la période critique, il effectue un paillage du sol et réduit les apports d’eau. En cas de rupture totale d’eau, il attend que l’eau revienne au robinet car il ne possède pas de bassin de stockage ni suffisamment de fûts d’eau pour pouvoir continuer à irriguer correctement les cultures. Il a ainsi perdu une partie de sa production de chou en juillet 2005 par manque d’eau.

En matière de conduite de la végétation, Lep prévoit de tailler, d’égourmander et d’effeuiller régulièrement les plants selon le chantier combiné d’opérations suivantes : taille, effeuillage, égourmandeage, attache du plant. Ces taches élémentaires sont prévus pour être effectuées plant par plant en une ou deux journées pour la parcelle. Cependant en cas de surcharge de travail, ces opérations peuvent se faire en discontinu sur plusieurs jours, mais en conservant toujours le chantier combiné et l’unité de gestion « plant ». Il en est de même pour le désherbage qui peut être étalé sur plusieurs jours en cas de surcharge de travail. Ces pratiques d’étalement des travaux peuvent induire une certaine

hétérogénéité de croissance entre plants et une variabilité intra-parcellaire du nombre de tiges par plant.

La conduite de la tomate chez Lep fait ainsi intervenir plusieurs unités de gestion au cours du cycle cultural. Les opérations relevant de l’unité de base qui est le trou de plantation (ou le plant) sont : la plantation, l’irrigation, la fertilisation, le premier sarclo-binage, le tuteurage, la taille, l’effeuillage, l’égourmandage, les traitements phytosanitaires, la récolte, c'est-à-dire presque toutes les opérations qui sont conduites après la plantation. Pendant la période précédent la plantation, les unités de gestion sont : - la zone cultivable dans le cas du travail mécanisée du sol (en début de campagne) ;

- la parcelle de tomate pour les opérations de travail manuel du sol, la trouaison et le désherbage. Selon la charge de travail et la disponibilité de main d’œuvre, l’agriculteur peut être amené à recruter de la main d’œuvre temporaire pour réaliser des travaux laborieux tels que le désherbage et l’irrigation.

Il ressort du modèle de conduite prévisionnelle de Lep qu’il a prévu des solutions de rechange pour la plupart des opérations en réaction aux incertitudes qu’il rencontre régulièrement en début de