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CHAPITRE II : DIAGNOSTIC SUR LA VARIABILITE DES RENDEMENTS DANS LES PARCELLES

5. Résultats de l’expérimentation sur la taille de la tomate (campagne 2004)

5.2. Composantes du rendement

5.2.7. Contribution préférentielle des tiges et des bouquets à la production par plant

Le tableau III-24 présente la contribution des premières tiges à la production d’un plant de tomate en pourcentage du nombre total de fruits par plant. Le pourcentage de fruits par tige est beaucoup plus élevé sur la tige n° 1 quel que soit le traitement. Il est plus important (56% à 66%) dans les traitements T1 et T2 (plantes taillées et tuteurées) où le nombre moyen de tiges par plant est faible (1,8 à 2,7 tiges selon le traitement).

Chez les plantes non taillées (T0), la contribution de la première tige (37% et 46%) est plus faible comparativement aux traitements T1 et T2, ce qui est attendu compte tenu que les plantes non taillées portent presque trois fois plus de tiges que les plantes taillées. La moitié environ de la production totale est cependant portée par les deux premières tiges émises (sur un total de 7) chez T0 : 48% chez T0F0 et 64% chez T0F1.

En examinant le profil du nombre de fruits par numéro de tige, on observe que le nombre de fruits (nbF) est le plus élevé sur la première tige et tend à diminuer sur les autres tiges dans leur ordre chronologique d’apparition (nbF T1>nbFT2>nbFT3>nbFT) : il y a globalement plus de fruits sur la première tige que sur les tiges produites en fin de cycle.

Le tableau III-25 fait apparaître la contribution des trois premiers bouquets sur les tiges n° 1 et n° 2 en termes de nombre et de poids de fruits par rapport à la production totale d’un plant. Quelle que soit la tige, c’est le bouquet n° 1 qui contribue le plus à la production par rapport aux bouquets n° 2 et n° 3 pris séparément, aussi bien en nombre de fruits qu’en poids de fruits, sauf pour le traitement T1F0 où c’est le bouquet n° 2 de la tige n° 1 qui offre la meilleure contribution (28%).

Chez T0F0 et T0F1, la contribution en poids des deux premiers bouquets sur les deux premières tiges est respectivement de 45% et 58% de la production totale du plant. Chez les plantes taillées T1F0, T1F1, T2F0 et T2F1, elle est respectivement de 79%, 88%, 80% et 87%.

A partir du nombre de fruits comptés sur chaque bouquet (Bqt) et de leur poids global, nous avons calculé le poids moyen du fruit (en g) pour chaque bouquet de chaque tige. Il s’avère que le poids moyen du fruit, toutes tiges confondues, est plus élevé sur le premier bouquet émis et tend à diminuer sur les bouquets suivants. Cette tendance est indépendante du mode de conduite de la végétation :

Bqt1 – Bqt 2 – Bqt 3 T0F0 : 118 g – 92 g – 46 g T0F1 : 106 g – 90 g – 88 g T1F0 : 127 g – 108 g – 91 g T1F1 : 124 g – 123 g – 60 g T2F0 : 108 g – 86 g – 60 g T2F1 : 101 g – 88 g – 90 g

En revanche, si on analyse le poids moyen du fruit pour chaque tige prise séparément, on s’aperçoit que dans certains cas, c’est le bouquet n° 2 qui offre le meilleur calibre de fruit (5 à 21% de poids de plus).

En comparant les poids moyens des fruits des bouquets 1 à 3 du traitement T0 (F0 et F1 confondus) avec ceux du traitement T2 qui est celui de la taille paysanne, il s’avère que les différences de calibre entre ces deux traitements sont faibles et statistiquement non significatives : 112 g pour T0 et 105 g pour T2 sur le premier bouquet, 91 g (T0) et 87 g (T2) sur le bouquet 2, 67 g (T0) et 75 g (T2) sur le bouquet 3. L’absence de taille n’a donc pas entraîné de diminution du calibre de fruit en comparaison à la pratique de taille paysanne. Ce résultat dément l’idée des agriculteurs qui pensent que la taille et le tuteurage sont absolument nécessaires pour pouvoir obtenir de gros fruits. Ils sont très réticents pour cette raison à cultiver la tomate sans la tailler, ni la tuteurer.

Cet essai n’a été conduit qu’une seule année en station, et il conviendrait de vérifier ces résultats avant de proposer aux agriculteurs de nouveaux modes de conduite de la tomate moins exigeants en main-d’œuvre et garantissant une qualité de production. Il est également nécessaire de mener parallèlement des essais de non taille chez les agriculteurs en prenant en considération la variabilité des conditions de milieu et d’interférence avec les autres techniques. Ce type d’essai peut aussi avoir effet de démonstration d’une nouvelle technique de production pour les agriculteurs.

5.3. Conclusion

La production par plant de la conduite sans taille (T0) a été statistiquement supérieure aux deux autres modes de conduite de la végétation avec taille (T1 et T2). Cette supériorité de la production chez T0 est liée au nombre total de fruits par plant, lui-même lié au nombre de tiges par plant et au nombre de bouquets par plant plus élevés que chez T1 et T2. En revanche, le « poids moyen du fruit » n’est pas significativement différent entre les traitements.

Les deux premiers bouquets des deux premières tiges ont porté 45 à 88% de la production, les contributions les plus fortes ayant été enregistrées chez les plantes taillés où le nombre moyen de tiges par plant est proche de 2. Ce résultat est concordant avec ce que nous avions obtenu en parcelles paysannes (49 à 89%). Par ailleurs, nous avons observé comme cela a été le cas dans les parcelles paysannes, que le poids moyen du fruit, toutes tiges confondues, est plus élevé sur le premier bouquet émis et tend à diminuer sur les bouquets suivants, quel que soit le mode de conduite de la végétation. Chez les plantes non taillées, on a aussi observé que la première tige avait tendance à porter davantage de fruits que les dernières tiges émises. Ce constat, également fait en parcelles paysannes, est à mettre en relation avec le mode de croissance des variétés de type déterminé.

La taille « légère » (T1) par rapport à la pratique paysanne (T2), caractérisée par une absence d’égourmandage et d’effeuillage des plants après l’opération de taille, n’a présenté aucun effet dépressif sur les composantes du rendement en comparaison au traitement T2. Les analyses de variance faites sur les variables « production par plant », « nombre de tiges par plant », « nombre de bouquets par plant », « nombre de fruits par plant » et « poids moyen du fruit » n’ont pas mis en évidence de différence entre les deux modalités de taille T1 et T2.

Ces résultats présentent un intérêt technique et économique. En effet, il serait possible d’accroître la production et de diminuer le temps de travail affecté à la culture par d’autres modes de conduite de la végétation (aucune taille, taille légère, …). Néanmoins, ils sont à confirmer car l’essai a été mené une seule année et avec une densité de peuplement (0,44 plant/m²) de loin inférieure aux densités moyennes généralement pratiquées (2,2 à 3 plants/m²).

6. Expérimentation en parcelles paysannes (campagne 2005) sur l’influence des