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CHAPITRE II : DIAGNOSTIC SUR LA VARIABILITE DES RENDEMENTS DANS LES PARCELLES

2. Les expérimentations agronomiques

Les expérimentations ont été conduites chez quatre producteurs en 2005 et à la station expérimentale de Dembéni en 2004.

2.1. Evaluation de l’effet de différentes modalités de traitements phytosanitaires en parcelles paysannes sur l’état sanitaire du peuplement (campagne 2005)

2.1.1. Objectif

Plusieurs études à Mayotte antérieures à notre travail ont montré la prégnance des problèmes phytosanitaires sur tomate aussi bien en saison sèche qu’en saison des pluies et la difficulté des agriculteurs à les contrôler (Mawois, 2003 ; Blondeau, 2004) pour des raisons de disponibilité de produits de traitement, d’identification des parasites mais aussi de maîtrise des techniques de traitement. Le suivi des pratiques culturales en 2003 et 2005 nous a aussi renseignés sur la variabilité des modes de protection phytosanitaire. Dans notre situation, nous cherchons à évaluer les conséquences d’une lutte chimique raisonnée sur l’état sanitaire du peuplement végétal, et sur certaines composantes du rendement telles que le nombre de fruits et le poids moyen du fruit, et sur un critère de qualité comme le pourcentage de fruits commercialisables. Nous formulons l’hypothèse qu’en empêchant ou en limitant l’action des parasites aériens qui affectent le plus les surfaces foliaires vertes, c'est-à-dire le potentiel de capacité photosynthétique de la plante, on favorise la production de matière sèche et le transfert des assimilats vers les fruits. Cela se traduirait par un plus grand nombre de fruits et un meilleur poids moyen du fruit de la parcelle expérimentée (TC) en comparaison de la parcelle témoin (TP). Une telle expérimentation permet donc d’élargir la gamme des états du peuplement obtenus par rapport à ceux observés en situation paysanne.

2.1.2. Matériel et méthodes

Nous comparons quatre couples de parcelles de tomate conduits chacun par un même agriculteur. Ces couples de parcelles sont localisées chez Lep, Ord et Inr à Combani, et chez Mhs à

Dembéni. Les deux parcelles du couple sont situées l’une à côté de l’autre. Pour pouvoir comparer les effets du facteur étudié, les parcelles ne doivent se différencier que par une seule caractéristique de milieu ou du système de culture (Boiffin et al., 1981). Dans notre étude, il s’agit de la conduite des traitements phytosanitaires, les autres opérations culturales étant gérées de la même façon par l’agriculteur. Les deux modes de conduite des traitements sont notées TP et TC : TP (témoin avec P comme Planteur) est le programme de traitements phytosanitaires décidé entièrement par l’agriculteur ; TC (avec C comme CIRAD) est le calendrier de traitements préventifs défini par le CIRAD.

La conduite phytosanitaire se définit en termes de fréquence de traitements, de nombre de produits utilisés et par les dosages. Dans la modalité TC, la gamme des pesticides est élargie par rapport aux produits couramment utilisés à Mayotte. Les différents programmes de traitements sont présentés en annexe 10.

2.1.3. Observations et mesures

Ce sont les mêmes que celles effectuées dans le cadre du diagnostic agronomique en parcelles paysannes (cf. ci-dessus) avec trois placettes par parcelle et trois plants de référence par placette. Elles sont réalisées tous les dix jours en moyenne, avant un traitement chimique. Pour chaque traitement, aussi bien la modalité paysanne TP que la modalité TC, on enregistre :

- la date du traitement,

- les noms et la quantité de produits par pulvérisateur ; - le volume de bouillie par pulvérisateur ;

- la surface ou le nombre de plantes traitées ;

- le nombre de pulvérisateurs utilisés pour la surface traitée.

2.2. Essai taille en station (campagne 2004)

2.2.1. Objectif

Il s’agit d’évaluer les conséquences de la taille en elle même (sans compétition entre plantes pour la lumière, l’eau et les éléments minéraux) sur la croissance et le développement de la tomate. Pour cela on choisit une densité de plantation très faible avec un écartement entre plants de 1,5 m par 1,5 m. De cette façon on suppose que tous les plants sont soumis aux mêmes conditions micro-climatiques et de sol. Les résultats contribueront à enrichir l’interprétation du diagnostic agronomique de la variabilité des rendements en parcelles paysannes et à proposer une piste d’innovation technique.

2.2.2. Matériel et méthodes

Nous testons pour cela six traitements correspondant à trois modalités de conduite du couvert végétal (T0, T1, T2) combinées à deux niveaux de fertilisation minérale (F0, F1), selon un dispositif statistique en randomisation totale à six répétitions (cf. proctocole détaillé en annexe 11). Chaque parcelle élémentaire compte cinq plantes. La variété de tomate choisie est Calinago (hybride F1 à croissance déterminée.)

Les six traitements testés sont les suivants : T0F0 : aucune taille, fertilisation réduite T0F1 : aucune taille, fertilisation pléthorique T1F0 : taille intermédiaire, fertilisation réduite T1F1 : taille intermédiaire, fertilisation pléthorique T2F0 : taille paysanne, fertilisation réduite

T2F1 : taille paysanne, fertilisation pléthorique avec :

PLANCHE A PHOTOS N° 4

Diversité de modes de culture de la tomate

Culture pure de tomate en plein air Culture sous cocoteraie clairsemée

Tuteurage + taille à 2 tiges Culture tuteurée en intercalaire d’agrumes

• T0 : pas de taille, ni de tuteurage du plant.

• T1 : taille légère consistant en un effeuillage du bas de la plante, de la première feuille située au dessus des cotylédons jusqu’à la feuille précédent le premier bouquet, et en la suppression des axillaires au moment de la floraison pour n’en garder que trois vigoureux. Aucun égourmandage n’est réalisé pendant le cycle cultural.

• T2 : taille paysanne. Comme dans le traitement T1, au moment de la floraison on réalise un effeuillage du bas de la plante, de la première feuille située au dessus des cotylédons jusqu’au 1er bouquet, et on supprime les axillaires pour n’en garder que trois. Les plants sont ensuite égourmandés à deux reprises entre la floraison et le début des récoltes pour ne garder que les trois tiges initiales.

• F0 : fertilisation modérée proche de la pratique paysanne avec une quantité totale de 12 g d’engrais 10-10-20 par plant répartie sur deux apports :

- à la plantation : 6 g / plant, - à la floraison : 6 g / plant.

• F1 : fertilisation pléthorique avec une quantité totale de 36 g de 10-10-20 par plant fractionnée en trois apports successifs (plantation, floraison, trois semaines après floraison) de 12 g / plant.

2.2.3. Observations et mesures

• Les mesures destructives sont réalisées sur un plant par répétition et par traitement à trois dates : 15 jours après plantation (JAP), 35 JAP et 55 JAP. Elles portent sur la croissance végétative (hauteur et largeur du plant), l’évolution de la surface foliaire, et le poids sec des différentes parties aériennes (feuilles, tiges, fruits).

• Les observations et mesures non destructives sont réalisées chaque semaine sur un plant par répétition et par traitement à trois dates. Elles portent sur la notation des dates de floraison, de nouaison, de début et fin de récolte, sur la croissance des plants (hauteur, largeur) et sur le dénombrement des composantes du rendement (nombre de tiges, nombre de bouquets, nombre de fruits, poids moyen du fruit).

Les mesures de hauteur et de largeur de plant permettent de calculer le volume de l’appareil végétatif, considéré comme un indicateur de croissance globale du peuplement et pouvant être mis en relation avec l’évolution de la surface foliaire et avec des composantes du rendement. La hauteur et la largeur du plant peuvent être utilisées aussi chacun comme indicateur de croissance ou de vigueur de la plante. Ces indicateurs ont comme intérêt d’être non destructifs.