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Expérimentation en parcelles paysannes (campagne 2005) sur l’influence des traitements phytosanitaires

CHAPITRE II : DIAGNOSTIC SUR LA VARIABILITE DES RENDEMENTS DANS LES PARCELLES

6. Expérimentation en parcelles paysannes (campagne 2005) sur l’influence des traitements phytosanitaires

Nous traitons ici les résultats de l’essai d’évaluation de l’impact de différentes modalités de traitements phytosanitaires sur l’état sanitaire des peuplements de tomates et in fine sur les composantes du rendement. Deux modalités de traitements ont été mises en comparaison dans quatre couples de parcelles : TC est le témoin avec un planning de traitements préventifs que nous avons réalisé, et TP est le programme de traitements conduit par l’agriculteur. Les quatre couples de parcelles sont répartis chez les agriculteurs Inr, Lep, Mhs et Ord comme suit :

Code parcelle Modalité N° du couple Inr1 TC Inr2 TP 1 Lep3 TC Lep2 TP 2 Mhs2 TC Mhs1 TP 3 Ord2 TC Ord3 TP 4

6.1. Pratiques de traitements et état sanitaires des parcelles

Le nombre de traitements dans les parcelles TP a varié de 7 (Mhs) à 12 (Ord2) (Tableau III-26). Il varie selon la durée du cycle plantation-récolte et selon que l’agriculteur traite ou ne traite pas pendant la période des récoltes. Seuls Mhs1 et Lep2 n’ont pas traité pendant cette période.

Chaque traitement est généralement constitué du mélange d’un insecticide avec un fongicide. Les paysans utilisent souvent les mêmes matières actives et leur nombre varie de deux à quatre : Mhs1 utilise deux insecticides (Décis© et Karaté©) et deux fongicides (Dithane© M45 et Bouillie Bordelaise©) sur tout le cycle ; Ord3, Inr3 et Lep2 utilisent respectivement trois, deux et quatre insecticides avec trois, quatre et quatre fongicides. Dans les parcelles TC, nous avons effectué neuf traitements à l’exception d’Ord où un traitement insecticide supplémentaire a été effectué. Les programmes détaillés de traitements des quatre couples de parcelles sont présentés en annexe 10. Le programme TC se démarque des pratiques paysannes par une gamme de matières actives plus large. Deux insecticides (Vertimec©, Endor©), un acaricide (Callifol©) et deux fongicides (Orzin Légumes© et Ortiva©) ont complété la gamme de pesticides couramment utilisés par les agriculteurs.

On observe au stade floraison que les parcelles TC présentent un bon état sanitaire avec un indice parasitaire égal à 1, exception faite de Mhs2 avec un indice égal à 3. Les parcelles TP de Ord3 et Mhs1 sont également classées 3, mais celles de Lep2 et Inr2 sont dans un bon état sanitaire avec un indice égal à 1. En revanche, à partir de la récolte, quel que soit le programme de traitements qui a été réalisé, toutes les parcelles sont infestées avec un indice égal à 5. On observe des taches fongiques, causées par la coryneporiose et l’alternariose, sur les feuilles et les tiges. Les traitements phytosanitaires préventifs n’ont donc pas empêché les infestations parasitaires.

Cependant, l’indice parasitaire M3 est atteint plus tardivement dans les parcelles TC que TP de Inr et Ord : 67 jours après plantation (JAP) chez Inr1 (TC1), 51 JAP chez Inr2 (TP1), 63 JAP chez Ord2 (TC4) et 28 JAP chez Ord3 (TP4) (Tableau III-26). Chez les couples Lep et Mhs, l’intervalle P-M3 varie peu : 42 jours chez Lep3 (TC2), 49 jours chez Lep2 (TP2), 41 jours chez Mhs2 (TC3) et 40 jours chez Mhs1 (TP3).

Tableau III-26 : Nombre de traitements phytosanitaires réalisés et état sanitaire des peuplements dans les quatre couples de parcelles paysannes suivis en 2005.

Code agri Couple variété Nb trait. P

à Ri Nb tot trait. P à Rf Nb m.a. insecticide s Nb m.a. fongicides Indice phyto à Flo Indice phyto à Ri intervalle P-M3 (j) durée (j) P- dernier trait. durée P- Rf (j) durée (j) récoltes INR P1 TC1 Mongal 6 9 5 5 1 5 67 87 130 61 INR P2 TP1 Mongal 8 11 2 4 1 5 51 83 95 28 LEP P3 TC2 Mongal 6 9 5 5 1 5 42 91 108 41 LEP P2 TP2 Mongal 9 9 4 4 1 5 49 57 109 41 MHS P2 TC3 Carioca 6 9 5 5 3 5 41 89 98 28 MHS P1 TP3 Carioca 7 7 2 2 3 5 40 63 83 13 ORD P2 TC4 Mongal 7 10 5 5 1 5 63 98 128 64 ORD P3 TP4 Mongal 10 12 3 3 3 5 28 84 98 34

Légende : P : plantation ; Ri : 1ère récolte ; Rf : dernière récolte ; m.a. : matière active ; Nb : nombre

Tableau III-27 : Valeurs moyennes des composantes du rendement dans les quatre couples de parcelles paysannes suivies en 2005.

Code agri Couple variété rendt bio

(t/ha) rendt FC (t/ha) % pertes Nb-tot F/m² Nb-FC/m² Nb bqts/m² PmF pondéré (g)

Pmf FC (g) LAI à Flo LAI à Ri

INR P1 TC1 Mongal 67,56 58,39 13,6% 99,5 79,3 53,5 68,0 73,7 2,2 3,9 INR P2 TP1 Mongal 49,64 40,27 18,9% 71,6 51,0 41,8 69,7 78,9 2,0 3,5 LEP P3 TC2 Mongal 24,87 19,10 23,2% 55,9 29,2 35,0 44,7 65,4 3,3 LEP P2 TP2 Mongal 17,36 12,68 26,9% 36,3 20,6 35,3 47,1 60,9 2,6 MHS P2 TC3 Carioca 31,27 21,32 31,8% 54,0 25,3 34,0 57,9 84,2 3,9 3,1 MHS P1 TP3 Carioca 28,21 16,45 41,7% 36,2 15,3 50,0 77,9 109,0 3,3 3,0 ORD P2 TC4 Mongal 89,06 78,83 11,5% 134,6 102,2 66,4 67,8 79,1 3,8 4,2 ORD P3 TP4 Mongal 22,45 19,94 11,2% 41,1 32,3 40,5 54,5 62,3 2,8 3,6

Légende : Ri : 1ère récolte ; Rendt FC : rendement en fruits commercialisables ; Nb-FC : nombre de fruits commercialisables ; Nb bqts : nombre de bouquets ; Pmf FC : poids moyen des fruits commercialisables ; PmF pondéré : poids moyen du fruit tous types confondus (commercialisables et non commercialisables).

Ces différences traduiraient une vitesse plus lente d’infestation du peuplement par les maladies fongiques et les ravageurs dans les parcelles TC que TP, à mettre vraisemblablement en relation avec la diversité des matières actives (insecticides et fongicides) utilisées dans le programme TC, le spectre d’action plus large des matières actives sélectionnées, et un meilleur positionnement des produits par rapport aux risques parasitaires.

On constate dans trois couples (Inr, Mhs, Ord) sur quatre que la durée des récoltes a été presque deux fois plus longue dans les parcelles TC que TP, ce qui traduirait une meilleure activité de l’appareil végétatif (et photosynthétique) et de l’appareil reproducteur du peuplement. On constate en effet que les LAI aux stades floraison et début de récolte sont plus élevés dans les parcelles TC (respectivement 2,2 à 3,9 et 3,1 à 4,2) que dans les parcelles TP (2 à 3,3 et 2,6 à 3,6) (Tableau III-27).

6.2. Impact sur les composantes du rendement

Pour les quatre couples de parcelles, les rendements ont été supérieurs dans les parcelles TC. L’analyse des composantes du rendement montre que le nombre total de fruits par m² est plus élevé dans les traitements TC (Tableau III-27). Ce nombre de fruits plus élevé est lié positivement au nombre de bouquets par m². Néanmoins, chez le couple Mhs1/Mhs2 le nombre de bouquets par m² est plus faible dans le traitement TC (Mhs2) que le traitement TP (Mhs1). Dans le cas de Mhs2 où le nombre de bouquets par m² est le plus faible, le nombre de fruits par bouquet est cependant plus élevé que chez Mhs1, ce qui explique un nombre de fruits par m² plus élevé chez Mhs2. Cela pourrait être imputé à un meilleur taux de nouaison ou alors par des pertes moins importantes de fruits par bouquet au cours de leur grossissement. Ces pertes peuvent être causées par des piqures d’insectes ou par des pourritures de fruits. Chez le couple Lep3/Lep2, les nombres de bouquets par m² sont presque identiques entre les deux parcelles. La variation du nombre de fruits par m² s’explique là aussi par le nombre de fruits par bouquet et par la densité de peuplement. Le poids moyen des fruits entre les modalités TC et TP varie surtout entre Mhs2 et Mhs1 et entre Ord2 et Ord3.

La différence entre les rendements biologiques et les rendements commerciaux montre une variation de pertes de fruits de 11,2 à 41,7% selon les parcelles. Ce sont les parcelles TC qui manifestent les plus faibles pertes à l’exception du couple Ord2/Ord3 où les pertes sont presque identiques, respectivement 11,5 et 11,2 % (Tableau III-27). En analysant les causes de dépréciation des fruits, on se rend compte que les pourcentages de fruits pourris et troués sont un peu moins importants chez les parcelles Lep3, Mhs2 et Ord2 appartenant à la modalité TC des traitements. Ce n’est pas le cas cependant chez Inr1 (modalité TC) où les fruits pourris et piqués sont plus importants que chez Inr2 (modalité TP). Il n’y a donc pas de relation entre la proportion de fruits piqués et pourris et la modalité de traitements.

On retient donc que c’est la composante nombre de fruits par m² qui explique le mieux la différence de rendement entre les parcelles TC et TP. Les valeurs les plus élevés du nombre de fruits par m² semblent s’expliquer par un meilleur état sanitaire des parcelles TC apprécié au travers de l’indicateur P-M3, mais seulement pour deux couples de parcelles sur quatre (Inr1/Inr2 et Ord2/Ord3), sans que cela puisse être relié au nombre de traitements ou de matières actives utilisés. Une protection phytosanitaire raisonnée contre les ravageurs et maladies foliaires permettrait donc d’accroître les surfaces vertes photosynthétiquement actives et de prolonger la phase générative et végétative, ce qui est illustré par les plus forts LAI relevés au stade Ri dans les parcelles de la modalité TC et par les phases de récolte plus longues dans les traitements TC. Ces résultats sont néanmoins à confirmer.