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CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES SYSTEMES DE CULTURE MARAICHERS DANS

6. Conclusion

En nous basant sur les modèles de technique de culture et de succession de cultures issus du concept de modèle d’action, déjà éprouvé en cultures annuelles (Aubry, 1995, Aubry et al., 1998, Dounias, 1998), nous avons pu montrer comment la construction des systèmes de cultures maraîchers et les pratiques de conduite d’une culture, celle de la tomate ici, était fortement conditionnée par les incertitudes qui pèsent sur l’accès aux ressources productives.

Les résultats sur l’analyse de la constitution des systèmes de culture maraîchers ont tout d’abord révélé que ces systèmes présentaient des particularités par rapport aux grandes cultures :

- les cycles de culture sont courts, permettant ainsi la réalisation de plusieurs cycles de cultures successifs sur une même parcelle dans une même année, voire une même saison : jusqu’à deux cycles de tomate pendant la saison sèche dans notre cas ou encore trois cycles de laitue ou de brèdes). On dispose ainsi de la variable « nombre de cycles successifs d’une culture » (NCS) sur l’année (ou la saison) comme élément supplémentaire de caractérisation des systèmes de culture maraîchers en plus de la variable « NCsole ». N’Dienor (2006) avait déjà introduit cette variable NCS en culture de tomate de plein champ. Elle peut être interprétée comme une extension du concept de délai de retour (DR).

- Une consommation relativement intensive d’intrants (engrais, fumier, pesticides, eau) et de main- d’œuvre du fait d’une agriculture fortement manuelle. La disponibilité en main-d’œuvre restreint pour partie la taille de la zone cultivable (ZC) et peut être à l’origne de retard dans la réalisation d’une opération agricole ou encore de l’allongement de la durée d’une opération et induire de fait une hétérogénéité au sein du peuplement végétal. Cela concerne particulièrement les travaux exigents en temps de travail et répétitifs pendant le cycle cultural (désherbage, ébourgeonnage, effeuillage…). Dans le cas du désherbage de la tomate par exemple, l’agriculteur peut décider d’étaler ce travail sur plusieurs jours à l’échelle de la parcelle, voire d’arrêter l’opération en cours d’exécution au cas où il doit assurer d’autres opérations prioritaires telles que l’irrigation, le

traitement phytosanitaire, l’égourmandage. Une partie de la parcelle sera alors complètement désherbée et une autre laissée enherbée jusqu’à la date du prochain désherbage prévu. D’une manière générale, l’agriculteur semble privilégier, autant que possible, des ajustements de l’organisation du travail en fonction des ressources structurelles de l’exploitation qu’il peut mobiliser facilement (main-d’œuvre familiale par exemple) au lieu de recourir à des solutions externes comme le recrutement d’ouvriers temporaires bien que le secteur agricole dispose d’une main-d’œuvre extérieure « bon marché » et abondante (représentée par les clandestins). L’organisation du travail et la conduite technique d’une culture sont étroitement liées, et on rencontre ainsi fréquemment des ajustements de l’organisation des ressources en main-d’œuvre et en équipement (Chatelin et al., 1993).

- Une diversité de légumes avec différents types de culture (légumes feuilles, légumes fruits, légumes- racines et tubercules) et différents positionnement des cycles culturaux dans la succession annuelle. Cette grande diversité est à l’origine d’un découpage plus ou moins important du territoire maraîcher en parcelles culturales, qui peut être opéré aussi bien à l’échelle de la saison de culture qu’à l’échelle supra-annuelle.

A l’échelle de la saison de culture maraîchère, on retrouve les notions de lots de cultures et lots de parcelles décrites en grande culture (Aubry et al., 1998). Ainsi, pour une date de semis de tomate donnée, et selon l’espace disponible dans l’exploitation et les successions culturales possibles, l’agriculteur peut implanter plusieurs parcelles de tomates, géographiquement disjointes, en constituant un lot de parcelles (même date de plantation et même itinéraire technique), ou alors implanter plusieurs parcelles de tomate à des dates différentes (lot de cultures). Notre constat se rapproche de celui de Navarrete et al. (1999) dont les travaux sur la planification de la production de laitue dans le sud de la France ont permis d’introduire la notion de « type de culture », défini par l’itinéraire technique et la position du cycle dans la succession annuelle.

L’incertitude d’accès au foncier pour une certaine catégorie de producteurs explique pour partie la variabilité de systèmes de culture rencontrés (culture maraîchère en intercalaire d’agrumes ou de bananiers, culture maraîchère sous cocoteraie, culture succédant à une friche). En effet, certains agriculteurs (les clandestins surtout) se font prêter un terrain ou le louent pendant une année ou une saison culturale, sans aucune garantie de pouvoir l’exploiter l’année suivante. La zone à cultiver est généralement indiquée par le propriétaire foncier. Dans ces conditions, nous avons vu qu’il était très difficile d’identifier les successions de culture à l’échelle supra-annuelle. La notion de précédent-suivant pour ces agriculteurs n’est pas prise en compte dans la constitution des systèmes de culture à l’échelle annuelle mais seulement à l’échelle infra-annuelle.

On a remarqué que le sens et la taille des parcelles culturales peuvent varier d’une année sur l’autre, mais également d’une culture à une autre suite à un redécoupage des parcelles, avec comme conséquence possible la création d’une hétérogénéité intraparcellaire en terme de précédent cultural. En effet, une même parcelle de tomate peut ainsi recouvrir deux à trois précédents culturaux : une partie de la parcelle peut avoir par exemple comme précédent du chou et une autre partie de la laitue. Ce type de situation montre ainsi la difficulté pour l’agriculteur d’appréhender l’histoire de la parcelle et de mesurer les effets précédents et cumulatifs sur la culture suivante.

Nous avons vu également que la proximité d’une source d’eau est le déterminant principal de la localisation des parcelles maraîchères en saison sèche, quelle que soit l’espèce maraîchère considérée. Pour les espèces sensibles au flétrissement bactérien des Solanacées (tomate, aubergine, poivron…), le deuxième critère de localisation des espèces est la sensibilité à des parasites telluriques.

Cependant, si l’agriculteur organise la disposition des parcelles maraîchères en fonction de l’accès à l’eau, la zone cultivable (ZC) jugée favorable en saison sèche ne le sera plus en saison des pluies compte tenu des risques d’inondations des terres. En effet, le maraîchage est surtout pratiqué dans les plaines et les zones de bas fonds. En maraîchage de plein champ, on observe donc une évolution spatio-temporelle de de la variable ZC sous l’action de l’aléa climatique « pluviométrie ». Cette variable est également l’indicateur qui marque le début de la campagne de production maraîchère (de saison

sèche) et rythme en quelque sorte le calendrier cultural et le nombre de cultures possibles pendant la campagne sur une parcelle culturale donnnée. Ce nombre est fonction de l’intervalle de temps pendant lequel l’agriculture peut faire cette culture. En ce qui concerne la conduite de la tomate que nous avons suivie, l’agriculteur peut réaliser au maximum deux cycles successifs de tomate pendant la saison sèche. Cet intervalle de temps IT maximum (ITmax) est délimité par la date la plus précoce pour l’implantation de la première culture (correspondant au ressuyage des terres) et la date la plus tardive pour la récolte (correspondant à l’arrivée des premières grosses pluies et des fortes chaleurs de saison des pluies).

Nous avons relevé deux stratégies possibles en matière de plantations de tomate sur l’exploitation, l’une d’étalement et l’autre de concentration. Dans le premier cas, on rencontre de la tomate sur l’exploitation pendant toute la période de saison sèche, c'est-à-dire pendant ITmax. Dans le deuxième cas, l’intervalle de temps IT est réduit pour des raisons commerciales : l’agriculteur ne plante de la tomate qu’en début de saison pour avoir de bons prix (cas de Nba). L’étalement des semis et des plantations répond à l’aléa sur les prix rencontrés en cours de saison : élevés en début de saison, faibles en pleine saison (juillet-août) et élevés à nouveau en fin de saison (novembre-décembre). Néanmoins, cette tendance n’est pas la règle : par exemple en 2007, les prix sont restés à un niveau élevé sur toute la saison sans que les raisons soient clairement identifiées (démarrage tardif de la campagne de tomate ? surperficies mises en cultures inférieures aux années précédentes ? rupture d’approvisionnement en engrais ? contrôle des exploitations par la Police de l’Air et des Frontières et l’Inspection du travail ?).

Comme nous avons vu, le nombre de parcelles affectées à la tomate à chaque cycle cultural définit la sole de tomate, et on peut donc repérer plusieurs soles au cours de l’ITmax. Cette conception prend en compte la durée courte des cycles de culture en maraîchage.

La variabilité des modes de conduite peut être reliée à des caractéristiques des ressources productives des exploitations : disponibilité en équipement, main d’œuvre, disponibilité en intrants, statut du foncier. Ainsi, la date d’implantation de la tomate en début de campagne résulte avant tout d’un événèment climatique (fin de la saison des pluies) et d’un niveau suffisant de ressuyage du sol permettant le labour mécanique ou le travail manuel du sol. Si le chantier de préparation d’implantation est strictement manuel, c’est la ressource en travail qui va conditionner la taille de la sole tomate. L’agriculteur n’ayant aucune emprise sur la date de fin de saison des pluies, la date du premier semis et par ricochet celles des séquences suivantes, sont assujetties à l’aléa climatique.

La date de plantation est également fonction de la disponibilité des engins agricoles, que l’agriculteur ne maîtrise pas non plus. On observe alors deux comportements selon la stratégie commerciale des agriculteurs : ceux qui acceptent un passage tardif du tracteur sur l’exploitation avec le risque de perdre les plants de tomate semés en pépinière (plants trop âgés), et ceux qui adoptent une solution de rechange en travaillant manuellement le sol dès lors que les plants en pépinière ont atteint un certain âge (20 à 25 jours) pour respecter leur programme prévisionnel de plantation. Sur l’ensemble de l’échantillon, la date de première plantation de tomate s’est étalée du 3 mai au 27 juin en 2003 et du 5 mai au 20 juillet en 2005.

L’analyse des pratiques a également mis en évidence une variabilité des modes de gestion de la végétation (tuteurage, taille, égourmandage, effeuillage) et du parasitisme dont l’impact sur la production n’est pas connu. Les techniques de traitements phytosanitaires sont mal maîtrisées (sur- dosages, sous-dosages, nombre restreint de pesticides, reconnaissance limitée des maladies et ravageurs …) et se pose la question de l’impact des traitements sur l’état sanitaire du peuplement végétal. On a observé une forte variabilité dans le nombre de traitements au champ (4 à 25) et la date de positionnement du premier traitement (12 jours après plantation en moyenne avec un coefficient de variation de 57%). Cette variabilité traduit pour partie les difficultés qu’ont les agriculteurs chaque année à se procurer des pesticides en début de campagne. Les agriculteurs sont contraints par l’offre limitée et incertaine en pesticides, mais aussi en engrais et en semences. Sur cette dernière, certains agriculteurs usent de solutions de rechange en produisant eux-mêmes des semences ou en important directement des îles voisines par des canaux officieux pour pouvoir démarrer la campagne sans être dépendant des fournisseurs locaux d’intrants.

Nous avons vu que l’agriculteur combine, au cours du cycle cultural de la tomate, plusieurs types d’unités de gestion à des échelles spatiales différentes selon les opérations à mettre en œuvre : - le trou de plantation pour les opérations de plantation, d’arrosage, de fertilisation, de traitements phytosanitaires et de conduite de la végétation ;

- la ligne de plantation (ou la planche) pour les opérations de taille, de désherbage ; - la parcelle pour le labour mécanique par exemple.

L’unité de base de la gestion technique est le trou de plantation. Il constitue, au même titre que la parcelle, autre unité de gestion qui recouvre, elle, l’ensemble des unités de base, l’espace où s’appliquent mais aussi se conçoivent des techniques (Aubry et al., 1998). Il y a nécessité de prendre en considération ces différentes échelles pour apporter des conseils techniques adaptés aux pratiques des agriculteurs. Ainsi, en matière de traitements phytosanitaires, l’encadrement agricole formule actuellement des recommandations en termes de dose par unité de surface alors que l’agriculteur raisonne par nombre de pieds de tomate plantés et par pulvérisateur.

En culture irriguée et fortement manuelle qui caractérise nos systèmes de cultures maraîchers, l’agriculteur ajuste régulièrement l’ordre des opérations et leur niveau de réalisation en fonction de la main-d’œuvre disponible et en se calant sur des stades repères culturaux, et cela notamment durant la période d’entretien de la culture pour des opérations consommatrices de main d’œuvre (sarclage, taille- égourmandage). Au Cameroun, en culture du sorgho (Muskuwaari), l’agriculteur a également du mal à bien définir les objectifs de conduite compte tenu des fréquents ajustements de l’organisation du travail dus aux évènements pluviométriques au cours de l’avancement des chantiers (Mathieu, 2005).

L’agriculture mahoraise, quoique familiale, se distingue de la plupart des agricultures familiales africaines par le fait que les jeunes (enfants et adolescents) ne participent pas ou très peu aux travaux des champs pendant les week-ends et les vacances scolaires. Dans certains cas, le conjoint du chef d’exploitation participe occasionnellement à certains travaux (plantation, récolte et vente notamment). Le facteur limitant de l’extension des surfaces maraîchères semble être la ressource en main-d’œuvre. L’agriculteur qui travaille seul doit faire appel à des salariés, occasionnels ou permanents, au delà d’une certaine surface cultivée en tomate de l’ordre de 800 à 1000 m².

Bien que la gamme de variabilité de la gestion technique n’ait certainement pas été complètement explorée compte tenu du dispositif d’enquête avec des échantillons partiellement différents d’une campagne à l’autre et de la taille réduite des échantillons, nous avons pu mettre en évidence une diversité de modes de conduite (13 types d’itinéraire technique). Cependant, nous n’avons pas trouvé de lien entre les itinéraires techniques recencés et les types de fonctionnement des agriculteurs, vraisemblablement à cause des incertitudes sur l’accès aux ressources qui les obligent à adopter souvent des solutions de rechange et des arbitrages en fonction des ressources disponibles.

Pour conclure sur cette partie, revenons enfin sur la notion d’incertitude sur les ressources. Nous avons vu que la principale est liée à la ressource foncière, et que d’autres fréquemment rencontrées sont celles liées à la disponibilité des équipements (tracteur) et à la main d’œuvre d’appoint. Notre analyse en termes de modèles d’action nous permet d’analyser les répercussions possibles de ces incertitudes sur les décisions de système de culture :

- en ce qui concerne l’incertitude foncière, nous avons vu qu’elle joue à plusieurs niveaux : sur le type de succession de cultures, mais aussi plus précisément sur les variables décisionnelles « taille de sole de tomate » et « nombre de cycles successifs » à l’échelle parcelle et enfin sur certaines décisions de conduite technique. Ainsi, la pratique de la double culture (NCS parcelle = 2) correspondrait à une forme d’adaptation à l’incertitude sur la ressource foncière (l’agriculteur ayant moins de surface qu’il avait prévu) face à l’opportunité économique d’étaler la production pour bénéficier de prix élevés sur la saison. Les agriculteurs qui ont peu de ressources en terre font à la fois des densités élevées et réalisent de forts pourcentages de tomate dans la sole maraîchère, qui peuvent entraîner des risques phytosanitaires différents sur les peuplements de tomate.

- l’incertitude sur la ressource équipement joue essentiellement sur la décision de positionnement temporel de la date de travail et donc se répercute sur la date de première plantation. A cet égard, la

traduction en est l’existence fréquente d’une modalité de rechange prévue (modalité manuelle de préparation) qui est activée dès lors qu’on dépasse une certaine date limite de plantation : c’est donc ainsi que face à une exigence prioritaire de date de plantation liée à un objectif commercial, les agriculteurs « intègrent » l’incertitude sur l’accès à l’équipement.

- L’incertitude sur la main d’œuvre (ressource temporaire) se traduit elle plutôt en termes de pilotage essentiellement dans les opérations de conduite du peuplement (opérations d’effeuillage, d’égourmandage…) : c’est, en respectant l’unité de gestion « plant » pour la conduite de ces opérations, essentiellement à travers son étalement dans le temps sur la parcelle, donc le découpage de la parcelle de tomate en plusieurs sous-unités spatiales de pilotage, que se réalise cette prise en compte. Celle-ci a du coup comme conséquence la création possible d’une hétérogénéité d’états du peuplement au sein de la parcelle. Ainsi, il est possible, c’est ce que nous verrons dans la partie diagnostic agronomique suivante, que ces adaptations par les techniques et les modes de décision se traduisent par des conséquences sur la variabilité intra parcellaire d’états, voire de production. En effet, à cette hétérogénéité liée aux opérations « végétation » ne répond pas d’adaptation des opérations de traitements phytosanitaires : celles-ci restent planifiées et réalisées à l’échelle de gestion de la parcelle de tomate.

TROISIEME PARTIE : DIAGNOSTIC

AGRONOMIQUE DE L’EFFET DES MODES DE

CONDUITE DE LA TOMATE SUR LA PRODUCTION

Dans ce chapitre, on cherche à expliquer a posteriori la variabilité des rendements de la tomate en milieu paysan et à identifier les caractéristiques du milieu et les techniques culturales à l’origine des variations de rendement. Pour cela, on s’appuie sur une méthode de diagnostic agronomique régional (Meynard et David, 1992 ; Doré et al, 1997 ; Doré et al., 2008). Appliqué à la variabilité des rendements dans une région donnée sur un échantillon représentatif de parcelles d’agriculteurs, le diagnostic agronomique permet de hiérarchiser les facteurs et conditions limitant la production dans les conditions locales, et donc de définir les actions prioritaires à entreprendre, en matière de conseil technique et de programmes expérimentaux. C’est un outil de base pour une démarche d’amélioration des systèmes de culture. Il comprend deux étapes complémentaires qui sont : i) l’analyse de l’élaboration du rendement en parcelles paysannes afin de déterminer la (les) phase(s) du cycle où la production a été affectée, ii) l’identification des caractéristiques permanentes du milieu et des systèmes de culture responsables des dysfonctionnements du peuplement végétal et des changements d’états du milieu.

L’analyse des modes de conduite de la tomate, détaillée au chapitre précédent, a mis en évidence un nombre important d’interventions manuelles sur la culture avec notamment des pratiques particulières de conduite de la végétation (tuteurage, taille, égourmandage, effeuillage) et de la gestion du parasitisme (effeuillage, lutte chimique). Compte tenu de l’importance des problèmes phytosanitaires en culture de tomate, du manque d’indicateurs pour quantifier leur impact sur le rendement, et de la fréquence des opérations consacrées à la conduite de la végétation, nous avons choisi de compléter le diagnostic par deux expérimentations, l’une en station, et l’autre en parcelles paysannes. L’essai effectué en station en 2004 vise à évaluer l’effet de différents modes de conduite de la végétation sur les composantes du rendement, et à fournir des références agronomiques pouvant contribuer à mieux expliquer les résultats du diagnostic réalisé en parcelles paysannes. Dans le même sens, l’expérimentation menée chez quatre agriculteurs en 2005, comparant deux stratégies de traitements phytosanitaires, a pour objectif de nous aider à mieux interpréter les observations faites sur le parasitisme dans le réseau de parcelles paysannes.

Figure III-1 : Cycle de développement de la tomate.

Etapes du cycle cultural Semis Plantation Floraison Nouaison Début Récolte Fin récolte

Durée de chaque phase 25 à 30 jrs 30 à 40 jrs +- 5 jrs 30 à 40 jrs 15 à 60 jrs

Phases biologiques phase végétative

phase reproductive

phase de maturation

Objectifs de culture Favoriser l'enracinement Favoriser la nouaison Favoriser le grossissement des fruits Favoriser la croissance

Maintenir un bon état sanitaire et une bonne vegétation

Composantes du rendement phase végétative (élaboration nombre de feuilles, nombre de tiges) : mise en place SF

à l'échelle de la plante

phase reproductive (élaboration nombre de fleurs, nombre de fruits)

Avant d’aborder les résultats du diagnostic agronomique, nous présentons ici les principales connaissances sur la croissance et le développement de la tomate et sur le fonctionnement d’un peuplement de tomates en plein champ. L’objectif de cette synthèse bibliographique est d’aider à construire le dispositif de diagnostic agronomique en parcelles paysannes et les traitements expérimentaux, et à discuter les résultats obtenus.