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CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES SYSTEMES DE CULTURE MARAICHERS DANS

2. Résultats sur la localisation des parcelles et le positionnement de la tomate dans les successions de culture

2.2. Le choix des cultures

Les cultures sont choisies en fonction de leur durée de cycle, des exigences en main-d’œuvre et en intrants. On distingue d’une part les cultures à cycle long composées surtout de légumes fruits (tomate, concombre, courgette, aubergine, poivron…), et d’autre part les légumes à cycle court composés essentiellement de « légumes feuilles » (« brèdes » mafane et morelle6, salades, chou…) et de Cucurbitacées (courgette, concombre, melon…).

L’agriculteur perçoit la durée du cycle avant tout par le délai qui sépare le semis (direct en plein champ) ou la transplantation au champ de jeunes plants élevés en pépinière, de la première récolte. On commence à récolter les cultures dites de cycle court environ un mois et demi à deux mois après plantation, et celles dites de cycle long deux mois et demi à trois mois après plantation. Les Cucurbitacées sont intermédiaires entre ces deux groupes, mais nous les avons néanmoins classées dans le groupe des cultures à cycle court car l’occupation du terrain est de l’ordre de trois mois à trois mois et demi comme les brèdes.

Le tableau II-2 présente les deux catégories de légumes et les critères techniques et économiques qui leur sont associés. Nous avons cité seulement les légumes les plus cultivés à Mayotte sur les vingt- cinq à trente espèces cultivées localement.

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Tableau II-3 : Catégories de culture et nombre moyen de cultures maraîchères pratiquées par type d’agriculteur. Campagne 2003 Campagne 2005 Type agriculteur Groupe foncier catégorie de culture Nombre moyen de cultures différentes (écarts) Nombre agricul- teurs catégorie de cultures Nombre moyen de cultures différentes (écarts) Nombre agricul- teurs b1 Gf 1 CL, CC 6,8 (5 à 12) 8 CL, CC 11 (10 à 12) 2 Gf 2 CL, CC 4,5 (3 à 7) 4 Gf 3 CL, CC 6 (4 à 7) 3 CL, CC 6,3 (5 à 10) 6 b2 Gf 4 CL, CC 5 (2 à 10) 5 b3 Gf 1 CL, CC 5 1 CL, CC 5 2 C Gf 1 CL, CC 11 (7 à 13) 3 CL, CC 1 3 1

Les légumes à cycle court permettent d’obtenir assez rapidement une trésorerie. Les légumes feuilles demandent peu d’engrais et de traitements phytosanitaires, contrairement aux Cucurbitacées. De plus, les agriculteurs produisent souvent eux-mêmes les semences (cas des brèdes mafane et morelle, de la laitue) qu’ils stockent pendant la saison des pluies. Ces critères économique et technique expliquent que les brèdes et les laitues se retrouvent souvent en tête de rotation en début de campagne de saison sèche : elles fourniront des entrées monétaires utiles pour le reste de la saison. Ce sont les spéculations préférées des agriculteurs du groupe A de la typologie initiale (Soquet, 2003). Comme la trésorerie est un moyen de se procurer des intrants et éventuellement du travail par le salariat, on retrouve également certaines de ces spéculations, et notamment les salades chez les agriculteurs qui intensifient (types B et C). La marge bénéficiaire de ces productions est également intéressante compte tenu que les coûts de production sont très faibles (Lecourtois, 2003) : 1,2 à 4,5 euros par m² selon le rendement obtenu. Cependant de nombreux agriculteurs cultivent des brèdes et les volumes produits par individu sont faibles.

Les agriculteurs n’expriment aucune règle particulière d’affectation de ces cultures à une parcelle précise, ceci étant vraisemblablement à relier à l’absence de parasitisme tellurique sur ces cultures et à l’homogénéité apparente du sol liée à la faible surface consacrée à ces cultures (quelques dizaines de m² à quelques ares au maximum).

Les légumes à cycle long permettent de dégager une meilleure marge par m² (1,1 à 6,3 euros par m² pour la tomate) (Lecourtois, 2003). Cependant, les besoins en intrants (semences, engrais, pesticides) et en main-d’œuvre d’entretien sont supérieurs à ceux des cultures à cycle court. De plus, ces cultures sont exposées à de nombreuses attaques de ravageurs et maladies et les interventions chimiques sont assez fréquentes en cours de cycle (tous les huit jours en moyenne pour la tomate par exemple). Si la marge bénéficiaire est potentiellement supérieure à celle des légumes à cycle court, le risque parasitaire est élevé et les attaques de ravageurs et maladies peuvent conduire à une production très faible voire nulle.

On distingue donc une règle de classement des cultures maraîchères en fonction de la durée du cycle, de la marge bénéficiaire, et des besoins en intrants et en main d’œuvre :

- les cultures à cycle court : un premier groupe composé surtout de légumes feuilles et de condiments (ciboulette, persil, …) où les besoins en main-d’œuvre et en intrants sont faibles à moyens avec des marges moyennes à élevées ; un deuxième groupe composé de Cucurbitacées (courgette, melon…) et de Crucifères (chou) ou les besoins en intrants sont élevés, de même que les marges brutes ; - les cultures à cycle long : besoins en main d’œuvre et en intrants élevés, marge élevée ; on y trouve

essentiellement des légumes fruits, bulbes et tubercules (oignon, pomme de terre).

Les agriculteurs des types c/gf1 et b1/gf1 sont ceux qui diversifient le plus les cultures et ont tendance à cultiver des espèces à cycle long dont les marges bénéficiaires sont les plus élevées même si la production est plus risquée. Ils visent la clientèle de « N’zungus » (terme désignant les métropolitains) qui ont un pouvoir d’achat élevé et qui ont une habitude de consommation régulière de légumes et fruits frais. Quelle que soit l’appartenance des agriculteurs enquêtés au « groupe de stabilité foncière » (cf paragraphe ci-dessus), c’est la recherche de cultures à haute valeur ajoutée qui prime (Tableau II-3).

En revanche, les agriculteurs des types b2/gf2 et b2/gf4, pour qui la situation foncière est la plus instable, sont ceux qui diversifient le moins les cultures.

Il n’y a pas de différenciation des cultures par rapport aux zones géographiques à l’échelle de l’île. On retrouve tout ou partie de ces cultures chez l’ensemble des producteurs avec une nette préférence pour les cultures à haute valeur ajoutée dont la tomate. Elle est souvent citée comme la culture prioritaire pour une raison économique essentiellement (" c’est la culture qui rapporte le plus"). La plupart des agriculteurs raisonnent alors l’implantation des autres cultures (dates de plantation, superficie…) en fonction des parcelles de tomates.

Figure II-3 : Différents systèmes de cultures maraîchers incluant la tomate.

SC saison sèche n saison des pluies n saison sèche n+1

SC1

SC2

SC3

tomate cultures non maraîchères (maïs, … )

autres cultures maraîchères interculture

Figure II-4 : Principales successions culturales incluant la tomate, rencontrées au cours des deux années de culture, par type d’agriculteur et groupe foncier

gf1/b1 gf1/b3 gf1/c gf2/b2 gf3/b2 gf4/b2

interculture tomate tomate maïs 3 4% x x

salade-brèdes tomate interculture 5 7% x x x

salade tomate maïs 1 1% x

friche tomate cucurbitacées 5 7% x x

cucurbitacées tomate interculture 8 11% x x x x

interculture tomate brèdes 3 4% x x

interculture tomate chou 6 8% x x x

interculture tomate interculture 4 6% x x x x

friche tomate interculture 9 13% x x x x x

maïs-voeme tomate interculture 8 11% x x x x

maïs tomate maïs -voeme 5 7% x x x

interculture tomate maïs 4 6% x x

friche tomate maïs 5 7% x x x

riz tomate maïs 2 3% x

maïs tomate salade 1 1% x

manioc tomate maïs 1 1% x

friche tomate piment 1 1% x

haricot vert tomate interculture 1 1% x

saison sèche saison des

pluies

saison des pluies

Groupe foncier/type d'agriculteurs %

2.3. La place de la tomate dans le territoire maraîcher et dans les successions de culture