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CHAPITRE I : ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE SUR LE FONCTIONNEMENT DU PEUPLEMENT

4. Conclusion partielle

Les connaissances sur la croissance, le développement et l’élaboration du rendement de la tomate sont assez nombreuses. Elles découlent cependant davantage de travaux sur la tomate sous serre (de type indéterminé) que de travaux sur la tomate de plein champ de type déterminé, et en milieu tropical. De la synthèse bibliographique, on peut retenir les points suivants pour la suite du travail : - Dans le cas de la tomate, les phases de formation et de remplissage des organes reproducteurs sont

superposées à partir de la floraison, ce qui ne permet pas de distinguer a priori précisément la phase du cycle pendant laquelle a eu lieu la réduction de rendement et d’identifier le facteur limitant à cette période. En culture sous serre où la tomate est conduite en mono-tige, il serait possible de dater et d’identifier le facteur limitant en estimant la période de floraison et de croissance de chaque bouquet (Navarrete, 1993), mais difficilement dans nos conditions où la tomate est conduite en multi-tiges. Le potentiel photosynthétique de la plante (exprimé par la taille de l’appareil végétatif) au moment de la floraison serait un critère important dans l’élaboration du rendement (Hurd et al., 1979 ; Heuvelink and Marcellis, 1989). Aussi, pour l’analyse du rendement, avons nous fait le choix de séparer le cycle cultural en trois grandes phases correspondant à des stades repères pour les interventions des agriculteurs : (i) plantation à floraison, (ii) floraison à début de récolte et (iii) première récolte à dernière récolte. La floraison marque généralement le début de la taille et des ébourgeonnages successifs et le début de récolte marque souvent la fin du désherbage, de la fertilisation et des traitements phytosanitaires par les agriculteurs.

- Compte tenu que les interventions manuelles sont importantes sur la végétation (suppression de tiges, ablation de bouquets, effeuillage) à partir de la floraison, on fait l’hypothèse que le nombre de fruits par plant est surtout régulé par la taille et les égourmandages successifs, plus que par des phénomènes de compétition intra-plante. On considère ainsi que le nombre moyen de tiges par plant serait une variable pertinente pour expliquer l’élaboration du nombre de fruits d’un peuplement. - Les actions sur la surface foliaire, et par conséquent sur le potentiel photosynthétique, influencent la

production d’assimilats et leur transfert vers les fruits. Selon Hurd et al. (1979), le transfert des assimilats vers les tiges et feuilles diminue au profit des fruits à partir du quarantième jour après plantation, soit à peu près vers le stade nouaison des premiers fruits. C’est aussi vers ce stade que les agriculteurs réalisent la taille des plants ou le premier égourmandage. Il apparait donc intéressant d’analyser l’évolution de la biomasse aérienne avant et après la taille et leur impact sur les composantes du rendement (nombre de fruits par plant et poids moyen du fruit notamment). Ce sera l’objectif d’une expérimentation portant sur la taille. Les résultats de cet essai permettront de mieux interpréter l’effet des pratiques de taille et d’égourmandage sur la production en parcelles paysannes. - L’effeuillage précoce (avant floraison), comme le pratiquent la plupart des agriculteurs à Mayotte, serait sans effet négatif sur la photosynthèse globale et par conséquent sur le rendement (Hurd et al., 1979), ce qui pourrait ne pas être le cas des effeuillages post-floraison. En effet, les trois feuilles situées en dessous du bouquet sont celles qui alimentent en majorité les fruits du bouquet et influencent le poids moyen des fruits (Aung et Kelly, 1966). Cependant, l’effet dépressif de l’effeuillage sur le rendement est très variable (Slack and Calvert, 1977 ; Hurd et al., 1979). Les facteurs de variation de la translocation des assimilats des parties végétatives vers les fruits sont mal connus. Il est possible que les attaques des bioagresseurs sur l’appareil foliaire en diminuant l’interception du rayonnement affectent le remplissage des fruits. A défaut de méthode standardisée pour évaluer l’impact de dégradations de l’appareil foliaire par des bioagresseurs sur les variations de composantes du rendement, nous faisons l’hypothèse qu’une échelle de notation simple du parasitisme peut rendre compte de l’impact des bioagresseurs sur l’état sanitaire du peuplement et in

fine sur les composantes du rendement.

- Certains indicateurs de diagnostic agronomique disponibles ne sont pas toujours aisés d’utilisation en parcelles paysannes car ils nécessitent certains investissements importants en matériel (exemple du thermomètre à infra-rouge, du planimètre pour la mesure du LAI) ou des temps de suivi qui ne sont pas compatibles avec les moyens dont nous disposons. Nous avons ainsi préféré utiliser des méthodes plus classiques telles que les analyses des parties aériennes de la tomate pour suivre l’état nutritionnel des peuplements (en N, P et K), la méthode du bilan hydrique pour évaluer le niveau de satisfaction en eau des peuplements ou encore l’analyse des profils racinaires pour évaluer les éventuels effets des diverses modalités de travail du sol sur l’installation du système racinaire. La croissance racinaire s’arrêtant environ quatre semaines après la floraison (Van Der Post, 1968), nous avons choisi de réaliser les profils vers le début de la phase de récolte pour rendre compte de l’exploitation maximale du milieu par les racines.

Au regard de cette synthèse bibliographique, nous faisons le choix d’analyser l’élaboration du rendement selon la décomposition suivante :

Rendement (kg/m²) = poids moyen du fruit x nombre de fruits par bouquet x nombre de bouquets par tige x nombre de tiges par plant x nombre de plants par m²

Ce choix est justifié par les pratiques de taille/égourmandage qui agiraient fortement sur l’élaboration du nombre de tiges par plant et par voie de conséquence sur le nombre de fruits par plant. Nous chercherons en outre à mettre en évidence les liens éventuels entre les différentes composantes du rendement et les états du milieu et du peuplement (infestations parasitaires, états hydriques du sol, nutrition minérale ...).

Figure III-4 : Relation entre milieu, techniques et fonctionnement du peuplement végétal (d’après Sebillotte, 1974, 1978 ; Meynard et David, 1992).

Tableau III-3 : Effectif des parcelles par zone géographique et type de systèmes de culture.

Nord Nord-Est Centre Sud-Est Sud

Année Association culturale F* M F L C F L C F M L T F C Cocotier 1 Fruitiers 1 2003 Aucune 1 2 1 1 6 2 4 2 1 Cocotier 1 2 1 1 Fruitiers 1 1 2 1 1 2005 Aucune 2 2 1 5 5 1 1

* Les lettres correspondent aux précédents culturaux : F = friche/interculture ; M = manioc ; L = espèce maraîchère autre que tomate ; C = céréale (maïs ou riz) ; T = tomate

Climat extérieur Techniques culturales Travail du sol Fertilisation Irrigation Traitements phytosanitaires Désherbage Techniques culturales Taille / Tuteurage Ebourgeonnage Effeuillage Culture précédente Production Etats du milieu Etats du peuplement

A partir des données recueillies dans un réseau de parcelles paysannes suivies pendant deux années, nous cherchons à mettre en évidence les facteurs à l’origine de la variation des rendements de la tomate. La démarche adoptée est basée sur le traitement des données collectées au niveau des parcelles cultivées. Ces données sont relatives au système milieu- plante-techniques, dont la variation des différentes composantes in situ est analysée (Figure III- 4).

L’analyse du rendement porte sur le rendement dit biologique c’est à dire l’ensemble des fruits récoltés commercialisables et non commercialisables (cf. planche à photos n° 4). Il inclut donc les écarts de triage (fruits fendus, fruits troués, fruits pourris, fruits atteints de nécrose apicale, fruits de faibles calibres < 30 mm). Ce rendement biologique encore appelé rendement brut ou total s’oppose au rendement commercial qui comprend les fruits sains, les fruits cicatrisés, les fruits faiblement tachés et les fruits peu déformés. Les critères de distinction entre les deux types de fruits correspondent à ceux des agriculteurs.

1. Présentation du dispositif

1.1. Choix des parcelles

Le dispositif comprend 22 parcelles suivies en première année (2003) et 28 parcelles en deuxième année (2005), réparties dans différentes zones géographiques de l’île et choisies de façon à représenter une diversité de combinaisons systèmes de culture - milieux (Tableaux III-3 et III-5, Carte 3). Les sols des différentes parcelles enquêtés sont de texture variable avec cependant une prédominance de sols argileux (Annexes 15 et 16). Mais ce sont aussi nos moyens logistiques, la disponibilité et l’intérêt des agriculteurs pour cette étude qui ont déterminé l’effectif des parcelles par zone géographique.

Les parcelles suivies appartiennent toutes aux agriculteurs qui ont été parallèlement enquêtés sur le fonctionnement général de leur exploitation et sur la constitution des systèmes de culture maraîchers, présentés au chapitre précédent. Selon l’agriculteur, il y a de une à trois parcelles suivies sur la saison de culture (Carte 3). La surface des parcelles enquêtées varie de 90 à 720 m².

1.2. Mesures et observations effectuées sur chaque parcelle

Nous faisons l’hypothèse que le peuplement peut être décrit par les caractéristiques de l’individu moyen, bien que le peuplement végétal en situation paysanne soit hétérogène. Pour tenir compte des hétérogénéités du peuplement et des conditions du milieu (micro-variations de types de sols, de topographie, d’exposition …), nous avons décidé de faire les observations dans trois placettes réparties au hasard dans chacune des parcelles suivies. Les surfaces de placettes peuvent varier d’une parcelle à l’autre selon la structure de peuplement et la topographie de la parcelle. En 2005, nous avons retenu vingt-quatre plantes par placette, subdivisée en deux sous-placettes de douze plantes chacune, l’une pour y réaliser les observations et mesures in situ, l’autre pour effectuer les mesures destructives. En 2003, la placette a été choisie en délimitant une surface de trois lignes de plantation par quatre mètres de long environ, soit une surface variable (9 à 12 m²) selon les écartements entre les lignes de plantation.

Les observations et mesures portent sur la caractérisation des états du milieu, du système de culture (histoire des parcelles, itinéraires techniques) et sur le fonctionnement du peuplement végétal.