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Les différences et origines des conceptualisations de la mondialisation chinoise vs l’Occident

Dans le document Thèse dirigée par (Page 92-96)

En effet, cette attitude réaliste est largement acceptée par la plupart des chinois, qui cherche toujours des solutions au milieu en évitant des extrêmes

2.1.2 Les différences et origines des conceptualisations de la mondialisation chinoise vs l’Occident

Chaque pays, chaque peuple de notre planète, a contribué et va encore contribuer au développement et à l’évolution de l’humanité. Et pendant leur développement respectif, ils ont tous formé leurs propres cultures et civilisations. La Chine est un pays de plus de cinq milles ans d’histoire, de cultures et de coutumes riches et profondes, une partie importante de cette contribution est ses recherches et contributions sur la nature et les contenus de la mondialisation.

Mais, caractérisée par la culture et les idéologies chinoises, la conceptualisation chinoise sur la mondialisation s’est différenciée de celle de la mondialisation occidentale.

2.1.2.1 Les différences entre la conceptualisation chinoise et celle de l’Occident

Comme nous avons déjà discuté auparavant, la conceptualisation traditionnelle chinoise de la mondialisation se différencie de celle de l’Occident au niveau du but ultime, de la méthode, du fonctionnement et de la profondeur conceptuelle.

Premièrement, la conceptualisation chinoise de la mondialisation est basée sur Tianxia wei gong 天下 为公,(sous le ciel tout est commun) Shijie datong 世界大同 (le monde de la Grande Concorde), qui sont le but ultime du développement de l’humanité. Ce sont des idéologies et concepts que les chinois essaient de réaliser pendant des siècles, mais ce sont aussi les premières contributions et définitions sur la mondialisation et sur l’évolution de l’humanité. Confucius a dit : « Quand la grande route se forme, sous le ciel, tout est commun, …c’est ce que on appelle Datong (la Grande Concorde) ». Datong, si on étudie plus précisément, signifie la possession commune des matériaux de production, où il n’existe plus de la différence en classe, sans exploitation, tout le monde travaille, tout le monde est égale, et tout le monde « dui qi shi对其食 (apprécier ses nourriture), mei qi fu美其服(ses vêtements), an qi ju 安其居 (ses maisons), le qi ye乐其业(enjouer ses profession)»185. C’est une société idéaliste, une utopie à la chinoise. En fait, cette conceptualisation est principalement développée depuis un angle éthique, qui montre une nostalgie et une recherche sur la société primitive de la haute antiquité. Ce système de Datong, se reflète bien les esprits chinois pour le meilleur avenir de l’humanité. Le mot clé de cette conceptualisation et de cette évolution est l’intégration. Ceci s’identifie à la tendance actuelle du développement économique de notre monde.

Deuxièmement, pour les chinois antiques, l’intégration du monde se réalise par les principes de « He wei gui 和 为 贵» (l’harmonie est précieuse)186, « Qing ren shan ling 亲 人 善 邻 »187 (traiter amicalement les voisins), « Xie he wan bang协和万邦»188 (harmoniser les dix milles pays, tous les pays. C’est la base chinoise de traiter les relations avec les autres pays et les autres peuples. La Chine est un pays de 56 minorités, et ses relations avec le reste du monde date jusqu’aux époques de haute

185 Lao Z. (ou Lao-tseu老子), 600 av. J.-C., « Dao de jing道德经 (Livre de la voie et de la vertu) », Chapitre 80, phrases traduites par l’auteur.

186 Confucius, « Lunyu 论语.shuer述而 (Paroles et discours) », phrase traduite par l’auteur.

187 Zuo Q.M.(左丘明), 5ème siècle av. J.-C., « Zuo Zhuan左传·隐公六年(Commentaire de Zuo. Roi Yin, l’année 16)», phrase traduite par l’auteur.

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antiquité. Dans la Période des Royaumes combattants (475-221avant J.-C.), même si les relations internationales de sens modernes ne sont pas encore nées, les pensées de l’harmonie sont déjà développées.

Troisièmement, les pensées d’ouverture, des échanges réciproques et de développement commun sont des éléments intégraux de la conceptualisation traditionnelle chinoise de la mondialisation. La Chine, a depuis l’antiquité un esprit très large et tolérant en intégrant les éléments d’élite des autres pays et. 2 siècles avant notre ère, Zhangqian张骞 a déjà exploré et établi un fameux « Route de soie » vers le Moyen-Orient et l’Europe; le voyage de Xuanzang 玄奘en Inde, Jianzheng 鉴真en Japon, les 7 explorations maritime du Amiral Zhenghe郑和, sont tous des ambassadeurs de paix envers le monde extérieur de la Chine ; en même temps, pendant des siècles, des milliers d’étudiants étrangers sont venus en Chine, notamment pendant la Dynastie Ming, la culture occidentale est plus que jamais introduite en Chine. Il faut marquer que ces échanges n’ont pas pour des fins purement commerciaux. Loin de cela, ces échanges sont pour établir des contacts, et à montrer « la puissance de l’empire au milieu ». La mondialisation d’origine occidentale est, au contraire, développé tout d’abord dans le domaine économique.

Quatrièmement, la conceptualisation chinoise de la mondialisation se contraste avec celle-ci moderne de l’occident par un centrisme chinois. Cette conceptualisation a met la Chine au milieu des événements mondiaux. Développée dans un contexte économique agricole et féodal, elle est concentrée sur les aspects philosophiques et éthiques, en décrivant un état ultime et utopique du développement humain. Cela concerne peu sur les aspects économiques où les flux de plus en plus libérés de marchandise, de personnels et de capitaux caractérisent la mondialisation d’aujourd’hui. La conceptualisation antique de la mondialisation en Chine a aussi des légères différences datée dans l’époque où se forme la culture chinoise. La conceptualisation actuelle, quoi que soit ses formes, ses contenus et ses champs d’action, est plus précise que celle-ci de la culture chinoise ancienne. On peut résumer deux différences. D’abord, la mondialisation dans la Chine antique est un processus de l’intégration politique, puis l’intégration culturelle vers l’intégration économique, et la mondialisation actuelle est celle-ci de la mondialisation économique vers celle-ci culturelle. La mondialisation actuelle introduit d’abord des technologies et des économies du marché de l’occident vers les autres pays et pas forcément le système politique et non plus des valeurs ou des idéologies. Cette mondialisation ne va pas créer des identifications culturelles automatiques dans chaque pays ou culture. En même temps, la mondialisation actuelle souligne la démocratie et le système du marché. Ce n’est pas l’idée centrale pour la conceptualisation chinoise de la mondialisation. Deuxièmement, dans la Chine antique, le développement culturel de chaque peuple chinois n’est pas au même rythme, la culture de Huaxia, des chinois est la plus développée. La mondialisation à cette époque est principalement un processus de l’introduction de la culture Huaxia vers des autres peuples. C’est une autre manifestation du centrisme chinois. Et la mondialisation actuelle est un processus de l’interaction entre des cultures et civilisations du monde formées de différentes régions et époques, dominés par les États-Unis. Mais les États-Unis, étant la puissance économique n°1 du monde, n’est pas la seule force à dominer tous aspects de la mondialisation. Par exemple, les FMN sont les acteurs essentiels dans le domaine économique au niveau international.

Ainsi, la notion de la mondialisation en Chine d’aujourd’hui, influencée par ces conceptualisations anciennes, se montre moins contrastes et diversifiés. Pour la plupart des chinois, la mondialisation n’est pas automatiquement le synonyme de la disparité, de la domination ou de la pauvreté. Mais ayant

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des expériences douloureuses dans l’ère contemporaine, ils sont conscients de la nécessité d’ouverture, cependant, ils n’ont pas des idéologies ou des conceptualisations propres à leur temps, c’est-à-dire, ils n’ont que deux choix, les conceptualisations des chinois anciens ou celles-ci des occidentaux, dont les théories marxistes et les théories économiques modernes. Cela a crée une espace de vide idéologique dans la mondialisation en Chine. En conséquence, les chinois modernes se montrent plus réticents (des attitudes pessimistes) ou plus ouverts que leurs précédents anciens (attitudes optimistes).

2.1.2.2 Les origines de différences

Pour tracer les origines des différences de la conceptualisation, il faut distinguer les conditions géographiques, économiques et culturelles qui jouent des rôles déterminants et distinctifs au moment de la formation de la conception chinoise de la mondialisation.

D’abord, c’est la différence du centre, ou animateur principal, de la mondialisation. Pour les chercheurs chinois, une part importante sur la conceptualisation de la mondialisation est, au début, appliquée pour désigner les relations entre l’intérieur de la Chine et ses voisins, entre le Centre de la Chine et ses régions frontalières, entre le peule Han et les autres minorités, et le concept a ensuite élargie à intégrer les relations entre la Chine et le reste du monde, et aussi la Chine et la mondialisation. Le centre de tout cela est toujours le Huaxia, ou le Han, ou la Chine.

Deuxièmement, la différence entre les concepts de « Tian xia » et du « monde » et « mondialisation » de l’Occident est principalement issue des différences en développement historique et social de l’époque entre l’Occident et la Chine.

Depuis la naissance de la civilisation humaine, sur le territoire chinois s’est formé un centre stable et durable de civilisation –la civilisation chinoise, Hua xia. Avec la diffusion de cette civilisation vers les régions voisines et des zones pas encore développées, se forme ainsi les concepts de Tian xia et

Datong, l’intégration du monde. Au 221 avant notre ère, l’unification de Qin a établi la fondation de l’intégration politique en Chine. En comparaison, les régions en Europe n’ont pas eu une telle centralisation, même si des échanges culturels et l’intégration économique ne sont jamais cessés, l’intégration ou unification politique n’est pas toujours appréciée. Bien que les efforts de l’Europe dans ce sens de l’intégration ne manquent pas, les guerres depuis l’antiquité, y compris les deux guerres mondiales, sont très similaires à celles-ci en Chine de la Période des Printemps et Automnes. Mais le résultat en Chine, c’est l’unification de Qin des six royaumes, et en Europe, l’unification jusqu’à aujourd’hui n’est pas encore réalisée de même manière que la Chine antique.

La stabilité et l’unification du peuple chinoise se trouve dans un environnement assez bien protégée et isolée. Au nord, c’est la Sibérie glaciale gelée, au sud et ouest, elle est entourée de déserts, des montagnes, dont Himalaya, Kunlun et Altaï, et à l’est, c’est la Pacifique. Dans cette zone, il traverse plusieurs courants d’eau parallèles. Tout cela crée un espace à part, sécurisé et assez étendu pour une civilisation agricole unifiée et intégrée, qui n’est pas détruite par les invasions des peuples nomades comme en Europe.

Troisièmement, la conceptualisation chinoise de la mondialisation est issue du développement économique agricole. La Chine est un des premiers pays entrant dans l’ère de la civilisation agricole. Et riche en ressources minérales, écologiques ou naturelles, elle a des conditions très favorables pour une économie unifiée et stable, mais principalement de l’agriculture. De plus, dans la Chine antique,

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l’agriculture est considérée comme essentiel de l’économie (zhong nong qin shang 重农轻商), et ainsi l’industrie, le commerce et l’artisanat se sont souvent préjudiciés comme des facteurs perturbateurs de la stabilité économique et politique189. C’est aussi la raison que la Chine n’a pas pu développé le capitalisme dans l’ère antique.

Les plusieurs immigrations de taille des nomades dans l’histoire mondiale sont tous commencées dans le nord de la Chine qui atteignent jusqu’aux plateaux européens. Les raisons que les nomades ne peuvent pas envahir vers le sud ne sont pas grâce, tout simplement, aux contraintes géographiques, mais plutôt à la puissance de l’économie et la civilisation agricole. Car, l’économie sédentaire agricole est plus avancée au niveau de la production et du développement, qui signifient plus de moyens, plus des techniques, et plus d’hommes. De plus, l’économie agricole peut accumuler plus de richesses et plus d’expériences que l’économie nomade. Par exemple, elle a plus de moyens physiques (forts, approvisionnement, armée de réserve, etc.) et de moyens administratifs (gouvernement centralisé, système fiscal, mobilisation générale). En fait, dans l’histoire chinoise, la Chine n’a jamais cessé de lutter contre les peuples nomades du nord de la chine, et en même temps les Chinois ont intégré pas mal d’éléments avancés des nomades. Ainsi, en quelques sortes, on peut dire que les conditions géographiques, par rapport à celles économiques, jouent un rôle secondaire dans la formation de l’économie et la conceptualisation chinoise dans l’antiquité.

Quatrièmement, grâce aux économies agricoles, et à l’État de réunion de longue durée, la Chine possède des moyens intellectuels avancés. Elle est parmi les premiers pays qui ont homologué et standardisé une écriture officielle, elle est aussi le premier pays du monde qui a inventé l’imprimerie en caractère mobile. Tout cela a contribué à la formation d’une économie et culture unifiée agricole et féodale, qui, en cas de guerre, peut mobiliser plus de ressources.

En même temps, il faut noter que la conceptualisation chinoise de la mondialisation a en fait pour objectif ultime, la prospérité, la justice et la richesse du monde entier. Selon cette pensée, la mondialisation qui n’enrichit que certains groupes ou certains pays ne sera pas réalisable et soutenable. Et chaque pays et chaque peuple ont ses propres traditions, cultures et caractéristiques, qui sont intégrés dans ces pays et peuples. Par conséquent, la mondialisation, au moins pour une bonne période du temps, ne sera que la mondialisation du développement technologique, et des échanges mondiaux, avec ces échanges et intégrations, les systèmes de production, des économies et de gouvernance seront de plus en plus uniformisés, mais les traditions culturelles et nationales resteront diversifiées.

189 Hu, Q.Ch. (胡寄窗), Zhong guo jingji sixiang shi中国经济思想史 (La chronologie des pensées économiques en Chine) , Tom 1, Shanghai renming chubanshe 上海人民出版社(Presse populaire de Shanghai), Shanghai, 1962, p. 211.

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