• Aucun résultat trouvé

Dépendance et fragilité : des formes diverses d’adhésion.

PARTIE II : Non recours et non adhésion

12 Mme Garche

3. Non recours et non adhésion : formes d’expression et fondements.

3.3. Dépendance et fragilité : des formes diverses d’adhésion.

Les entretiens font apparaître que pour les personnes âgées (et parfois pour les tiers aidants) l’adhésion aux services d’aide à domicile est essentiellement liée à la relation de service avec les intervenants. Cette adhésion dépend largement de la capacité de l’intervenant à répondre aux besoins de la personne âgée d’une façon qui convient à la représentation que celle-ci a de son état de fragilité ou de dépendance et des nécessités qui lui sont liées. Ainsi, l’adhésion à l’intervention et à l’intervenant porte-t-elle sur deux dimensions conjointes : les services rendus et les relations des personnes âgées à elles-mêmes.

Tableau 4 : Raisons de l’adhésion chez les personnes fragiles et les personnes dépendantes (source : entretiens personnes âgées).

Alloc APA, autre personne vivant au domicile Présent(e) : lors entretien

Age GIR Prestataire Personnes âgées fragiles

3 Mr Galtier

60/6

1 4 Service 6

Mr C : « Non ce n'est pas une aide à domicile, c'est une femme de ménage. Elle fait le ménage s'il y a besoin, elle fait la vaisselle s'il y a besoin, elle fait la machine à laver s'il y a besoin. … Des fois elle fait plus et c'est moi qui paie ce moment-là. Si elle peut rester bien sûr. Parce que dans la journée elle n'a pas que moi. Des fois elle arrive et je lui dis ‘tu n'as pas mangé. Allez viens on mange’ ; quand elle a trop de boulot, elle ne mange pas. En plus elle vient de Voreppe, on ne va pas la faire venir .... Et puis maintenant elle est à l'hôpital à Voiron. … Je lui ai dit je vais te voir, elle m'a dit ‘Non je suis chez ma sœur’, et je vais rentrer à l'hôpital de Voiron. Voiron attendez avec le car ! … Déjà le fait qu'elle fasse le ménage. Pour le moment c'est bon. Mais si elle veut rester plus longtemps elle peut, c'est comme vous si vous voulez rester plus longtemps, vous pouvez. Vous pouvez vous resservir si vous voulez, ou si vous voulez du whisky, du porto, du champagne. »

Vous estimez que votre vie s'est améliorée avec cette aide ?

Mr G : « Non elle n'a rien amélioré du tout, c'est une continuité. Comme quand il y avait ma femme. Moins souvent mais c'est pareil. … Vous avez entendu ce que je vous ai dit là. »

. 6 Mr Robin Présent : fils 87 4 Service 6

Mr R : « Moi je regarde une chose, c'est que la maison soit propre. Et en ce moment, ça ne va vraiment pas, avec le jeune qui ne fait rien. Alors il vient là, une demi-heure avant il prend le journal et il lit le journal. »

7 Mme Doris

74/7

5 3 Service 5

Mme D : « Mais je suis bien contente de les avoir ses aides à domicile. On discute bien avec elles. On jacasse un petit moment, elle fait son travail et on rediscute un peu entre deux portes. Mais c'est une bonne présence aussi. »

Mme Sylvain 9 Mme S : « Je suis contente maintenant du ménage parce que je l’ai fait à ma main (la femme de ménage), mais autrement vous pouvez toujours courir hein. … Je m’occupe, je ne peux pas rester sans rien faire. Et d’ailleurs, c’est pour ça que quand les aides ménagères elles viennent, elles la prennent à la rigolade comme on dit. Ils sont comme des escargots quand ils marchent. Et moi ça ça me gonfle. Ils ne faisaient jamais les choses comme il faut. Alors quand je le disais, elles avaient toujours raison. Celle là qui vient maintenant je suis contente mais l’autre non. Parce que je l’ai faite à ma main. »

11 Mme Camuso

80 3 Service 4

Mme C : « Comme je suis de plus en plus fatiguée, je suis de plus en plus casanière et je n’ai plus envie de voir quelqu’un … »

Qu’est-ce qui compte le plus pour vous ?

Mme C: « Euh…Le statut de grands-parents. Je suis grand-mère et arrière grand-mère alors vous savez c’est … Le statut de grands-parents puis la famille alors oui. Mais la famille, il y a quand même la santé qui doit passer. Je fais passer la santé parce que si la santé n’est pas bonne, toute la famille s’inquiète. Alors il faut que je fasse, que je m’oblige à me soigner parce qu’il ne faut pas que la famille s’inquiète. … Malgré tout j’arrive quand même à me dire ‘il ne faut pas que tu montres un visage trop…Une gueule d’empeigne à tout le monde. Il faut que tu essaies de montrer un visage souriant’. Finalement c’est la seule chose qu’on peut faire.

Au final, qu’est-ce qui est le plus important pour vous, est-ce que c’est le fait que votre domicile soit rangé et propre et que vous puissiez vous laver le matin sans danger…

Mme C : C’est surtout ça le matin, parce que s’il m’arrive quelque chose dans la nuit. Au moins il y a quelqu’un pour appeler le secours le matin.

Justement, entre le fait qu’il y ait une personne qui fasse des choses pour vous ou le fait qu’il y ait une présence, qu’est-ce qui est le plus important pour vous ?

Mme C : « C’est surtout la présence. Parce que si jamais il m’arrive quelque chose vous savez, j’arrive à un certain âge où il m’était arrivé, c’était quand, en 2004 ou 2005, quand j’ai été opérée, on m’avait enlevé la parathyroïde et on ne m’a pas fait de soin. Et un jour je me retrouve là, écroulée par terre. »

Et donc maintenant ça vous rassure quelque part ?

Mme C : « Oui, c’est pour ça, si jamais il m’arrive quelque chose, qu’il y est quelqu’un qui puisse dire, qui puisse appeler des secours. »

Je comprends. Au final, l’APA, quel impact ça a sur votre vie ?

Mme C : Ca m’aide beaucoup quand même, surtout au moral. Pour mon moral ça m’aide beaucoup, beaucoup, parce que je ne me sens pas seule. C’est surtout ça, me dire que si jamais il m’arrive quelque chose il y a quand même quelqu’un qui… Au lieu de me dire que je risque de mourir toute seule là dedans et qu’il n’y a personne pour avertir quelqu’un…Ca m’aide beaucoup ! Au niveau du moral. Bon bah ça me donne aussi un coup de main parce que maintenant je suis de plus en plus patraque. Mais j’ai quand même 80 ans hein ! »

Est-ce qu’aussi ça vous aide à mieux vivre ?

Mme C : « Ah oui ! Oui. Ne fusse que de parler avec quelqu’un. Le matin quand la dame arrive, quelles nouvelles en ville ce matin. Parce que finalement, vu que je ne sors pratiquement pas je n’ai pas de nouvelle. Et puis je ne prends plus le journal. Ce qui fait que les nouvelles, je n’en connais pratiquement pas, à part ce qu’il y a à la télé. Or la télé, ce n’est pas le village quoi.

Mme C : « Oui, la vie des gens d’ici. Là par exemple hier matin je demande à la petite jeune qui est venue parce que la dame qui vient normalement le matin est en congé, enfin la petite jeune, elle a 54 ans quand même mais pour moi c’est une jeune. Elle me dit ‘Tiens il y a un R. qui est mort’ Bon bah oui maintenant je sais à peu près qui c’est ce R. Parce qu’autrement si je ne vois personne comme ça je ne saurais jamais qu’il y a quelqu’un qui est mort. Des fois j’entends le glas en ville mais selon le vent on ne l’entend pas toujours. Je me demande bien qui c’est qui est mort… Alors bon bah je pose la question. Parce que des fois c’est quelqu’un qu’on connaît. »

13

Outline

Documents relatifs