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Chapitre III La CVS à relation finale et la phrase complexe à subordonnée de but : comparaison sémantique et syntaxique comparaison sémantique et syntaxique

3.3 Une étude syntaxique de la CVS à relation finale

3.3.6 La CVS à relation finale et les marques d’aspect et de temps

3.3.6.1 La CVS de but et le suffixe verbal -le

En général, -le postverbal est considéré comme un marqueur aspectuel de l’accompli qui indique que l’action en question est envisagée comme accomplie (Chao Yuen-Ren 1968 : 246). Il exprime la perfectivité, c’est-à-dire qu’un événement borné est perçu dans son intégralité (Li et Thompson 1981 : 185). -Le a pour fonction l’accomplissement d’une action (Zhu Dexi 1982 : 68 ; Lǚ Shuxiang 1999 : 351). Chez Dai Yaojing (1997 : 35), l’aspect perfectif peut être exprimé par -le, -guo ou le redoublement verbal. Plus précisément, -le exprime l’aspect perfectif réalisé (现实完整体 xiànshí wánzhěngtǐ). « Perfectif » signifie que l’événement est envisagé dans son intégralité et « réalisé » signifie que l’événement est accompli. La particule aspectuelle le indique la réalisation d’une action o u l’apparition d’une situation (Liu et al. 2001 : 362).

Les termes choisis pour désigner -le varient : Chao (1968 : 668) utilise le terme de suffixe perfectif (perfective suffix), Zhu Dexi (1982 : 68), le terme 动词后缀 dòngcí hòuzhuì

« suffixe verbal », Li et Thompson (1981 : 185), le suffixe verbal d’aspect (verbal aspect

suffix) pour -le. Dorénavant nous utilisons l’appellation de « suffixe verbal » pour -le, qui se

place derrière le verbe, et l’appellation de « particule de fin de phrase » pour le, qui se place en fin de phrase. Mais dans les citations nous gardons l’appellation d’origine de l’auteur concerné.

Certains ont remarqué que -le ne signifie pas toujours la complétion. Chaucey Chu (1976) fournit l’exemple suivant pour soutenir ce point de vue :

(III85) 写了 信, 可是 写完。

xiĕ-le fēng xìn, kĕshì méi xiĕ-wán.

je écrire-ACC un CL lettre mais NEG écrire-finir

J’ai écrit une lettre, mais je ne l’ai pas finie. (I wrote a letter but I didn’t finish it.) (Chu 1976)

Il montre que le verbe d’action, comme xiĕ « écrire », suivi de -le, n’implique pas la réalisation de l’action, tandis que le verbe d’action anglais wrote a cette fonction implicative.

Li et Thompson (1981 : 215-6) montrent que si dans les cas typiques, une action bornée est aussi complétée, -le n’implique pas nécessairement une action achevée.

(III86) 他/她 跑了 钟头 了。

păo-le liăng ge zhōngtóu le

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Il/Elle a couru pendant deux heures. (He/She has run for two hours.) (Li et Thompson 1981 : 216) (l’action de « courir » peut se poursuivre)

Par cet exemple, en présence de -le perfectif (perfective -le) et de le de fin de phrase (sentence

final le), Li et Thompson expliquent que le point final de l’action peut prendre fin avant ou

après le moment d’énonciation, c’est-à-dire que -le n’exprime pas la complétion.

Tai (1984) se situe au même côté que Chu. Dans ce fameux exemple de « écrire une lettre » (III85), repris par Tai (1984 : 292) avec l’ajout du circonstant 昨天 zuótiān « hier », la première partie de la phrase suivante n’implique pas forcément la complétion de l’action « écrire une lettre », car elle peut être niée par la deuxième partie « mais je ne l’ai pas finie ».

Mais Teng (1985) met en cause le point de vue de Tai, en reprenant cet exemple :

(III87) 昨天 画了 画, 可是 画完。

zuótiān huà-le huà, kĕshì méi huà-wán.

je hier dessiner-ACC un CL dessin mais NEG dessiner-finir J’ai dessiné un dessin, mais ne l’ai pas fini. (I painted a picture, but I didn’t finish it.) (Tai 1984, repris par Teng 1985)

Xiao et McEnery (2004 : 96) sont d’accord avec Teng en disant que la phrase (III85) « écrire une lettre » paraît inacceptable à un locuteur natif. L’événement d’« écrire une lettre » admet, en présence de -le, seulement une interprétation complétive et ne peut être contredit par la deuxième proposition. -le indique, donc, la complétion, peu importe le résultatif -wán « finir » soit présent ou non. Cette affirmation est d’autant plus convaincante que l’objet est quantifié, comme liăng fēng xìn « deux lettres » dans l’exemple suivant, parce qu’un NP précédé d’une quantification avec le SV exprimant l’accomplissement aboutit certainement à une situation télique :

(III88) 去年 十月, 杨冰明 写了 信,

qùnián shíyuè, Yáng Bīngmíng xiĕ-le liăng fēng xìn,

l’année.dernière octobre Yang Bingming écrire-ACC deux CL lettre

*可是 写完。

kĕshì méi xiĕ-wán.

mais NEG écrire-finir

En octobre dernier Yang Bingming a écrit deux lettres, (*mais ne les a pas finies). (Last October Yang Bingming wrote two letters, *but didn’t finish them.) (Xiao et McEnery 2004 : 96)

L’interprétation de complétion ou de termination est tributaire du type de situation. la situation télique, comme dans le cas d’un objet quantifié « une lettre » ou « deux lettres », reçoit une lecture de complétion et la deuxième proposition « mais je n’ai pas fini » est paradoxale. Mais si l’on supprime la quantification pour obtenir une situation atélique, comme 写了信 xiĕ-le

xìn « avoir écrit une lettre/des lettres », il devient possible d’ajouter une phrase précisant qu la

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Cette question a été également discutée chez Smith (1990, 1994), Sybesma (1997) et Jimmy Lin (2004a). Selon Smith, sans la suite après la virgule, la phrase sera interprétée comme un événement achevé. Mais cette interprétation est annulée en raison de l’information supplémentaire ajoutée par cette suite. L’événement est présenté comme étant borné, mais non complété. Pour exprimer un événement complété, il faut recourir, en plus de -le, à un verbe résultatif, comme 写完 xiĕ-wán « écrire-finir ». En partant de l’analyse de Smith (1990), Sybesma (1997) explique que -le exprime le fait que « j’étais en train d’écrire une lettre et puis j’ai arrêté » : j’ai interrompu l’événement. Rien n’est précisé quant à la complétion de cette action.

Mais Sybesma (1997) ajoute qu’il n’a pas rencontré beaucoup de locuteurs natifs acceptant entièrement cette phrase. Ils trouvent la phrase suivante, avec un objet non quantifié, moins contradictoire. Cet objet peut recevoir une lecture de nom de masse :

(III89) 写了 信, 可是 没有 写完。

xiĕ-le xìn, kĕshì méiyŏu xiĕ-wán.

je écrire-ACC lettre mais NEG écrire-finir

J’ai écrit une lettre/des lettres hier, mais je ne l’ai/les ai pas finie/finies. (I was letter-writing, but I did not finish.) (Sybesma 1997)

Cette remarque sur la quantification de l’objet est confirmée par l’étude de Soh et Kuo (2005) : le cas est d’autant plus compliqué que la nature du verbe joue aussi un rôle dans l’interprétation de la complétion ou de la termination. Ils distinguent les verbes de création (creation verbs) des verbes de non-création (non-creation verbs).

En présence de -le, les verbes de non-création suivis d’un objet avec une quantification indéfinie, soit un objet borné, expriment la complétion. La suite contredisant la comp létion est donc contradictoire. Si l’objet est précédé d’un démonstratif, il est soit borné soit non borné, la complétion n’est pas nécessaire. La suite est donc acceptable.

(III90) 吃了 那/*两 个 蛋糕, 可是 没 吃完。

chī-le nà/*liăng ge dàngāo, kĕshì méi chī-wán.

il manger-ACC ce/deux CL gâteau mais NEG manger-finir

Il a mangé ce gâteau, mais ne l’a pas fini / *deux gâteaux, les a pas finis. (He ate that cake / *two cakes, but did not finish it/them.) (Soh et Kuo 2005 : 204)

Quant à 一 yī « un », il peut être considéré comme un numéral ou un déterminant indéfini. S’il est interprété comme un déterminant indéfini, le SN est borné ou non borné, et l’évenement n’est pas forcément complété :

(III91) 昨天 看了 书, 可是 看完。

zuótiān kàn-le bĕn shū, kĕshì méi kàn-wán.

je hier lire-ACC un CL livre mais NEG lire-finir J’ai lu un livre hier, mais je ne l’ai pas fini. (I read a book yesterday but I didn’t finish

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reading it.) (Soh et Kuo 2005 : 202)

Pour les verbes de création, la nature de l’objet joue un rôle dans la lecture. Soh et Guo divisent les objets en deux catégories selon qu’ils peuvent ou non exister en partie seulement (no partial object et allows partial object). Les objets ne pouvant pas avoir d’existence partielle concernent par exemple le cercle, le gâteau et le sinogramme, qui nécessitent la complétion de l’action pour exister. Un cercle, par exemple, se forme seulement quand l’action de le dessiner est achevée.

(III92) * 他 做了 一/两/那 蛋糕, 可是 没 做好77。

zuò-le yì/liăng/nà ge dàngāo, kĕshì méi zuò-hăo.

il faire-ACC un/deux/ce CL gâteau mais NEG faire-finir

Il a fait un gâteau / deux gâteaux / ce gâteau, mais ne l’a pas fini / les a pas finis / l’a pas fini. (He baked a cake / two cakes / that cake, but did not finish baking it/them.) (Soh et Kuo 2005 : 205)

En présence d’un verbe de création, d’un objet créé ne pouvant pas exister en partie et du suffixe -le, l’événement « faire un gâteau » est interprété comme étant achevé.

D’autres objets peuvent exister même quand ils sont réalisés en partie seulement, comme un dessin qui peut quand même être considéré comme « dessin » même quand il n’est pas encore terminé. Il en est de même pour la lettre (voir l’exemple de Tai 1984 en haut).

(III93) 他 画了 *两 / 画, 可是 画完。

huà-le *liăng / nà huà, kĕshì méi huà-wán.

il dessiner-ACC deux ce CL dessin mais NEG dessiner-finir Il a dessiné deux dessins / ce dessin, mais ne les a pas finis / l’a pas fini. (He drew two pictures / that picture, but he didn’t finish drawing them/it.) (Soh et Kuo 2005 : 205)

En présence du numéral « deux », -le confère une lecture de complétion à l’événement et la phrase est contradictoire ; en présence du démonstratif « ce », l’événement n’est pas forcément borné et la phrase est acceptable.

Nous devons avouer que même après avoir lu la classification et l’explication de Soh et Kuo, nous ne parvenons toujours pas à les appliquer à d’autres objets et à d’autres verbes. Un de leurs exemples est le 字 zì « sinogramme », un « no partial object ». 写了一个字 xiĕ-le

yí ge zì « écrire un caractère » est interprété comme achevé. Qu’en est- il alors d’une « expression », une « phrase », un « paragraphe », un « morceau de texte » ?

En résumé, quel que soit le point de vue de ces auteurs, nous pouvons au moins affirmer qu’une phrase contenant -le est spontanément interprétée comme étant achevée, tant qu’il n’y a pas de suite venant annuler cette interprétation.

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Nous estimons que le complément résultatif -hăo n’est pas tout à fait pertinent ici, car il peut aussi signifier « bien ». Quand il se combine, par exemple, avec zuò « faire », le composé entier signifie « bien faire, mener à bien ». Cette phrase peut donc signifier « Il a fait un gâteau, mais il ne l’a pas bien fait. », où la deuxième partie ne sert pas à nier l’accomplissement exprimée dans la première partie. Ainsi le complément peut-il perturber notre l’intuition des locuteurs natifs sur l’acceptabilité de cette phrase, à moins qu’il y ait des précisions sur le sens du complément.

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Les différentes possibilités distributionnelles de -le dans la CVS sont controversées dans la littérature. Certaines concernent la CVS de manière générale, et ne sont pas toujours susceptibles d’être appliquées à la CVS à relation finale. Néanmoins, nous jugeons intéressant de passer en revue les jugements portés dans ces travaux et les explications fournies.

D’une part, il est des chercheurs qui acceptent -le après le V1 ou prouvent cet emploi au moyen d’exemples concrets.

Lü Shuxiang (1980/1999 : 310) signale, quant à la position de LE, que le est généralement placé derrière le V2 dans la CVS (III94) et la construction à pivot. Il peut se positionner après le V1 si l’on insiste sur le fait que la deuxième action ne débute qu’à la suite de la première (III95).

(III94) 图书馆 借了 书。

túshūguǎn jiè-le liǎng běn shū.

je aller bibliothèque emprunter-ACC deux CL livre Je suis allé à la bibliothèque emprunter deux livres.

(III95) 我们 找了 旅馆 住了 一 夜。

wǒmen yě zhǎo-le lǚguǎn zhù-le yī yè.

nous aussi trouver-ACC un CL hôtel habiter-ACC un nuit Nous aussi, nous avons trouvé un hôtel et y avons passé une nuit.

D’après Gao Zengxia (2006 : 122), chacun des deux verbes peut porter son propre marqueur aspectuel (constatation similaire chez Hédelin 2008 : 152) :

(III96) 豆腐 炒了 了。(Ibid. : 97)

ge dòufu chăo-le chī le.

je MO ce CL tofu frire-ACC manger CE J’ai fait frire le tofu et je l’ai mangé.

(III97) 开了 出去 了。(Ibid. : 122)

kāi-le mén chū-qu le.

il ouvrir-ACC porte sortir-aller CE Il a ouvert la porte et est sorti.

Peng Guozhen (2010) montre la portée du marqueur le dans la CVS à relation finale avec l’exemple suivant, qui accepte le après un verbe de déplacement :

(III98) 去了 上海 联系 业务。

qù-le Shànghăi liánxì yèwù.

il aller-ACC Shanghai contacter affaires Il est allé à Shanghai pour des affaires.

Elle ajoute aussi que chacun des deux verbes peut porter le marqueur aspectuel -le.

En revanche, certains travaux refusent -le après le V1 ou ne fournissent pas d’exemple de CVS à relation finale même s’ils affirment que -le peut suivre le V1 dans la CVS de manière générale.

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Dans la grammaire à visée pédagogique de Zhang et Xu (1984 : 274), il est affirmé que dans une CVS78, « si le deuxième verbe marque le but, le premier ne peut être suivi de le » (remarque similaire chez Cheng Meizhen 1997 : 136 et Li et Jin 2009 : 132) :

(III99) (a) * 去了 商店 东西。

qù-le shāngdiàn mǎi dōngxi.

je aller-ACC magasin acheter chose Sens visé : Je suis allé au magasin pour faire des courses.

(III99)(b) * 他们 到了 门口 欢迎 客人。

tāmen dào-le ménkǒu huānyíng kèren.

ils se diriger-ACC porte aller acueillir hôte Ils sont allés à la porte pour accueillir les invités.

Il est clair que leurs deux exemples, qui relèvent de la CVS à relation finale, concernent des verbes de déplacement en position de SV1. Mais restent surtout à discuter d’autres verbes en position de SV1.

Pour Zhao Shuhua (1990), dans le cas où le SV2 exprime le but dans la CVS, -le peut uniquement figurer après le V2. Voyons ses exemples :

(III100) 大家 上街 买了 一些 当地

dàjiā shàngjiē măi-le yìxiē dāngdì

tout le monde aller dans les rues acheter-ACC des local 土特产。(Zhao 1990)

de tŭtèchăn.

DET spécialité

Tout le monde est allé dans les rues et a acheté des spécialités locales.

Pour Jing Cheng (1993), les événements constituant la CVS étant appréhendés comme un événement unique, -le doit être placé derrière le deuxième verbe, son emploi est exclu après le premier verbe, sinon la phrase est interprétée comme deux événements en succession :

(III101) 镇上 买了

zhèn-shang măi-le kuài bù

aller bourg-sur acheter-ACC CL tissu (…) est allé au bourg et a acheté du tissu

Xu Dan (1996 : 28) consacre une section de son ouvrage à visée pédagogique à l’emploi de -le dans une phrase contenant plus d’un verbe. Dans le cas de la CVS, « quand il s’agit de deux actions accomplies, c’est le deuxième verbe qui doit être marqué par -le s’il n’est, bien entendu, un verbe d’état. » Ainsi la phrase suivante (III102)(a) est mal formée parce que -le

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Zhang et Wu (1984) appellent une phrase à deux verbes reliés une phrase qui « a un prédicat composé de deux verbes ou plus de deux verbes reliés ayant un même sujet ».

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suit le V1, et ce n’est qu’en le plaçant après le V2 que la phrase devient correcte, comme le montre la phrase (III102)(b) :

(III102) (a) * 他 进了 东西。(Xu 1996 : 28)

jìn-le chéng mǎi dōngxi.

il entrer-ACC ville acheter chose

(III102)(b) 他 进 买了 东西。

jìn chéng mǎi-le dōngxi.

il entrer ville acheter-ACC chose

Il a fait des achats en ville. (Xu 1996 : 29) (litt. : Il est allé en ville faire des courses.)

La grammaire de référence de Liu et al. (2001 : 377), également destinée au chinois langue étrangère, constate que dans la construction à pivot et la CVS, le premier verbe ne peut pas, de manière générale, être suivi de le. Ce n’est que quand l’action du V2 ne se passe qu’après l’accomplissement de l’action du V1 et dans le cas où le premier verbe n’est ni qù ni

lái que la suffixation en -le du premier verbe est possible.

(III103) (a) 小安 听完了 非常 生气。

Xiǎo An ting-wán-le fēicháng shēngqì.

Xiao An écouter-finir-ACC très en colère Xiao An était en colère après l’avoir entendu.

(III103)(b) 什么, 脱了 衣服 水,

shénme, tuō-le yīfu shuǐ,

quoi enlever- ACC79 vêtement verser eau

姑娘 家。

ge gūniang jiā.

un CL grand fille genre

Comment ? une grande fille, se déshabiller pour jouer à s’éclabousser !

Nonobstant, cet ouvrage n’a pas approfondi les cas particuliers de lái et de qù. Le premier exemple ne relève pas de la CVS à but et le second exemple indique la relation de type « moyen-but ».

Les points de vue présentés jusqu’ici nous montrent bien que les avis divergent considérablement au sujet de l’acceptabilité de -le derrière le V1 dans la CVS, même si la question revient régulièrement dans les ouvrages à visée pédagogique de chinois langue étrangère. Nous nous focalisons maintenant sur la CVS à relation finale, en commençant par les cas où le V1 est un verbe autre qu’un verbe de déplacement. Le cas de CVS avec des verbes de déplacement en SV1, très particulier et controversé, fera l’objet d’une discussion spécifique dans un deuxième temps.

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Pour nous, -le ici assume plutôt la fonction d’un complément résultatif, comme 掉 -diào « tomber », qui, en position de complément, indique qu’une action de disparition ou d’élimination arrive à réalisation complète. Cette fonction de -le est décrite dans les grammaires de référence (Lü Shuxiang 1999 : 352).

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Les phrases où le V1 est suivi de -le ne sont pas nombreuses dans notre corpus, mais cela ne veut pas dire que l’emploi de ce suffixe soit exclu. Voici un exemple :

(III104) 我们 找了 地方 吃饭,

wǒmen lìng zhăo-le dìfāng chī-fan, Fēi chī

nous autre chercher-ACC endroit manger-repas Fei manger 多。(Miao Juan 2006 : ch. 26)

de duō.

CPT NEG beaucoup

Nous avons cherché un autre endroit pour manger. Fei n’a pas beaucoup mangé.

L’apparition de -le derrière le V1 « chercher » permet d’insister sur l’accomplissement de l’action exprimée par celui-ci. En l’absence du suffixe, l’action SV1 n’est pas forcément accomplie car elle peut être contredite par une suite comme :

(III105) 我们 地方 吃饭,

wǒmen lìng zhăo dìfāng chī-fan,

nous autre chercher endroit manger-repas

可是 找到。

kĕshì méi zhăo-dào.

mais NEG chercher-arriver

Nous cherchions un autre endroit pour manger, mais nous n’en avons pas trouvé.

Comme l’action du V1 n’est pas indiqué comme accomplie, l’action SV2 n’est pas accomplie non plus.

Les recherches portant sur la question que nous avons présentées plus haut nous permettent d’affirmer aussi que -le n’est pas interdit dans le présent cas, où le SV1 n’exprime pas le déplacement. Les exemples cités dans ces travaux pour illustrer l’impossibilité de -le ne concernent que les SV1 de déplacement ou la CVS d’autre type.

Passons maintenant au cas où -le suffixe le V2. Les travaux sur la question s’accordent pour dire qu’il est tout à fait approprié de suffixer le V2.

Hu et Fan (1995 : 61-62) discutent de la portée de LE en fonction de sa position dans la CVS en poussant les analyses de Lü Shuxiang (1999) plus loin. Pour eux, l’apparition de -le en position de suffixe du V2 assure à la fois la réalisation du SV2 et celle du SV1, c’est-à-dire