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1 - Chapiteaux figurés (tableau 3)

Nous avons fait figurer dans un tableau les sujets figurés rencontrés dans les déambulatoires. Pour l’église de Mozac, nous avons fait figurer les chapiteaux hypothétiques, mais ils ne sont pas comptabilisés dans les totaux. L’église de Saint-Saturnin ne figure pas sur ce tableau, son

déambulatoire ne comportant aucun sujet figuré.

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Ce tableau permet de constater que les sujets les plus présents sont les oiseaux et les aigles qui forment ensemble un groupe important de dix-huit chapiteaux. Mais les deux églises de Maringues et de Saint-Myon n’en possèdent chacune qu’un seul, presque tous leurs chapiteaux figurés comportant des personnages. D’autre part, ces oiseaux n’ont pas l’air d’avoir un emplacement préférentiel.

C’est l’église de Saint-Nectaire qui montre le plus grand nombre de chapiteaux figurés et aussi le plus grand nombre avec personnages. À Orcival on est proche de l’équilibre entre les deux

catégories, alors que pour Clermont, Issoire et Volvic, les personnages sont peu nombreux.

On peut noter aussi que, à part les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui sont très rares (un seul exemplaire de chaque : Samson à Notre-Dame d’Orcival et Zachée à Saint-Nectaire), tous les autres sujets se retrouvent au moins dans deux églises différentes (si l’on tient compte des possibilités pour Mozac).

On s’est aussi posé la question de savoir s’il y avait un emplacement privilégié pour un thème donné. On note que le calice entre deux animaux est généralement placé au plus près de l’extrémité est, mais il y a une exception avec Saint-Myon. Le thème du « singe cordé » se retrouve au même emplacement, à l’entrée du déambulatoire sud, à Saint-Nectaire et à Orcival, alors que pour ces deux églises, aucune autre comparaison ne semble possible.

D’autre part la moitié sud des déambulatoires comporte plus de chapiteaux figurés (41) que la moitié nord (31), et au sud les personnages dominent (24) les animaux (17), alors qu’au nord

l’ensemble est plus équilibré (17 personnages pour 14 animaux).

Toutes ces remarques sont finalement peu significatives et la conclusion semble pouvoir être qu’il n’y a pas de règle générale, chaque concepteur a pensé cet ensemble à sa façon. Mais il apparait évident que les scènes bibliques sont une exception dans cette zone qui semble réservée à la vie terrestre avec, sur fond végétal, les problèmes des péchés des hommes et les animaux qui semblent, à la façon des fables, parler aussi des hommes.

2 Ŕ Chapiteaux à feuillages (Tableau 4)

Il y a environ deux fois plus de chapiteaux ornés de feuillages (224) que de chapiteaux figurés (113). L’église de Saint-Saturnin est la seule à posséder un déambulatoire entièrement végétal. Les fleurs et les fruits introduits dans ces feuillages sont présents dans presque toutes les églises, seules celles de Maringues et de Saint-Myon ne les utilisent pas. Les fleurs sont particulièrement nombreuses à Clermont, Issoire et Orcival. Seules trois églises introduisent des entrelacs, et on remarque qu’à Notre-Dame-du-Port deux entrelacs identiques sont placés symétriquement sur les deux chapiteaux de la baie axiale.

Ces quelques éléments montrent que le déambulatoire est avant tout une zone terrestre où la nature se développe, produit des feuillages, des fleurs et des fruits. La question sera à réexaminer en fonction des autres parties des édifices. L’intrusion des hommes et des bêtes se fait de façon qui semble aléatoire, comme dans la nature elle-même. La végétation a tout envahi, l’eau est présente de façon exceptionnelle à Orcival, le ciel est suggéré par un vide laissé au-dessus des feuillages et semble réservé aux aigles. Les autres oiseaux participent à la végétation sans que l’on puisse affirmer l’idée directrice.

3 - Relation avec les ronds-points

Le déambulatoire formant couronne autour du rond-point, on pourrait penser qu’il est là pour le soutenir, renforcer les idées déjà exprimées, mais il n’en est rien. Il semble au contraire qu’il y ait rupture, que l’insistance soit portée sur l’écart entre deux mondes différents : d’une part le monde terrestre, le déambulatoire, et d’autre part un monde historique, une mémoire d’évènements ou un

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futur, qui surgirait au milieu du monde terrestre, aussi bien physiquement que mentalement. Peu de connections visibles entre ces deux mondes, seul l’épisode de Zachée peut être assez facilement rattaché aux épisodes du rond-point, à Saint-Nectaire. Par contre, on entrevoit des connections plus subtiles, plus intellectuelles, comme celle du salut à Orcival. On peut alors se demander si ce rapport entre centre et périphérie ne serait pas volontairement limité à une idée, un thème. Si l’on suit cette hypothèse, on note qu’à Notre-Dame-du-Port le chapiteau de l’usurier dans le déambulatoire fait écho à celui de l’Assomption de la Vierge : livre de perdition et livre de vie ?. À Volvic, aux trois

chapiteaux figurés du rond-point correspondent géographiquement trois chapiteaux figurés du déambulatoire, et à celui du donateur est joint le porteur de mouton essayant d’échapper au loup : là aussi le thème du salut est perceptible, mais celui du salut par l’action.

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Chapitre 3 – Étude des chapiteaux des transepts

Michel Lheure a bien étudié toutes les questions que l’on peut se poser à propos des transepts528, nous aurons à y revenir, mais ce qui nous occupe ici est de voir s’il s’agit d’un lieu

d’ancrage pour les chapiteaux, et si les sujets placés à cet endroit montrent des particularités. Le transept apparaît, pour celui qui remonte la nef en direction du chœur, comme une zone de transition, et même comme une sorte de rupture. C’est aussi, très souvent, le centre de la croix que forme l’église au niveau de son plance qui pourrait faire penser que cet aspect symbolique se retrouverait dans le décor sculpté, ou bien que, sous cet aspect privilégié, le lieu serait investi d’un décor particulier. La croisée est la partie la plus haute de l’édifice et l’on constate que dans certaines églises (Conques par exemple) y ont été placées des figures d’anges montrant ainsi l’idée que cette partie incite à lever les yeux vers le ciel. Par contre, les bras semblent des parties annexes sur lesquelles s’ouvrent souvent des chapelles dédiées à des saints ayant une certaine importance dans l’église donnée.

En ce qui concerne la sculpture, on peut répertorier, pour chaque église, huit chapiteaux placés très haut, marquant les angles du carré du transept, les chapiteaux des chapelles s’ouvrant sur les faces est des bras et ceux de l’arcature (aveugle ou non) des faces nord et sud. Selon les églises, le décor est complètement végétal ou bien introduit une part de chapiteaux figurés. Une seule de ces parties semble à chaque fois concernée, même s’il faut rester prudent pour les deux églises dont on ne connaît que la croisée et non les bras du transept (Volvic et Maringues). Quant à l’église de Saint-Myon, l’ensemble a été trop modifié pour que l’on puisse en parler.

Nous commencerons par examiner les églises comportant des chapiteaux figurés au niveau de la croisée, puis ceux qui montrent des chapiteaux figurés au niveau des chapelles.