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1 - Samson et le singe tenu en laisse (Std) (fig. 171)

Ce chapiteau est très dégradé : alors que la partie gauche, dans laquelle tous les historiens ont vu la représentation de Samson maîtrisant le lion, est bien conservée, la partie droite, représentant le singe cordé est presque illisible. Il semble que l’on se soit acharné sur tous les reliefs, car il ne s’agit pas d’usure, la pierre de lave est bien trop dure. Seule la corde, dans l’espace entre les deux

personnages, permet d’identifier le sujet ; et sa direction indique que c’est le personnage de gauche qui la tient et celui de droite qui l’a autour du cou. Ceci est confirmé par les pieds posés sur l’astragale : pieds chaussé à gauche, pattes animales à droite. Il s’agit donc bien du singe tenu en laisse.

Un caulicole développant ses feuilles sur toute la hauteur de la corbeille, ressemble à un arbre et sépare les deux scènes. Les deux personnages principaux occupant les deux angles de la corbeille, il se développe donc au centre de la face principale.

D’habitude, Samson est représenté à califourchon sur un lion de profil. L’histoire de Samson est racontée dans la Bible, dans le livre des Juges : « […] lorsqu’ils furent arrivés aux vignes de la ville, parut le petit d’un lion furieux et rugissant, et il vint à la rencontre de Samson. Mais l’Esprit du Seigneur s’empara de Samson, qui déchira le lion comme il aurait mis un chevreau en pièces, n’ayant absolument rien dans la main […] » (Jg. XIV, 5-6). L’épisode parle de la force que donne Dieu aux personnages dont il veut se servir.

Ici il est représenté de façon très frontale sur un animal vu de profil, dont on ne voit que la tête. De plus, cette tête est peu léonine : seule une patte griffue et des alignements de petites boucles autour du cou peuvent y faire référence. De plus, cette tête sortant de l’astragale fait penser à la tête, très

similaire, rencontrée à Saint-Pierre de Mozac sur un des chapiteaux du rond-point (voir p.). On peut alors penser à une idée plus générale, celle de la lutte contre le diable, souvent représentée par le lion dans les textes bibliques : « Soyez sobres et veillez, car votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer » (1P. V, 8).

Un autre rapprochement s’impose avec un autre chapiteau de Mozac (Ng4) : le même personnage barbu, la même gueule ouverte par ses deux mains, la même position du personnage à cheval sur l’animal mais qui, cette fois, est représenté en entier. À Mozac il est accompagné de Tobie à cheval sur un poisson, ce qui laisse envisager que les deux animaux, le lion et le poisson ne sont pas représentés comme éléments d’un épisode précis mais plutôt comme emblèmes liées aux personnages.

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Les auteurs qui ont commenté le livre des Juges sont assez peu nombreux, citons par exemple Isidore484, Raban Maur485, Rupert486 ou Hugues de Saint-Victor487. Mais le seul qui se soit intéressé à

l’épisode du lion est Isidore. D’abord il rappelle les circonstances miraculeuses de sa naissance (d’une mère stérile, après la visite d’un ange) qui en fait le « type » du Christ par un parallèle entre les deux naissances, et il poursuit dans cet esprit pour les autres épisodes. Ce qui lui fait faire un parallèle entre le lion qui lui barre le passage alors qu’il va rejoindre son épouse étrangère et le Christ qui s’apprête à fonder son église à partir des gentils ; de plus, Samson qui tue le lion c’est la préfiguration du Christ qui a vaincu le diable et qui dit : « […] mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde. » Ce que d’ailleurs il déforme en « réjouissez-vous, parce que, moi, j’ai vaincu le monde ».

L’image de Samson terrassant le lion (qui d’ailleurs est un lionceau dans le texte) est donc présentée comme l’image du Christ qui a vaincu le diable, donc le mal.

Le rapprochement du singe cordé et de Samson peut alors s’expliquer par une série de

références servant de comparaisons : le Christ a vaincu Satan, Samson, avec l’aide de Dieu a vaincu le lion, le chrétien doit dominer l’animal qui est en lui, son double pécheur.

2 - Diables et guerriers (Sd5) (fig. 172)

Deux diables occupent les angles de la corbeille. Ils sont représentés de façon conventionnelle : profondes striures sur le torse et le visage, petit pagne à flammèches, et ils sont ailés. Celui de droite chevauche un mouton et tient de la main gauche un végétal qui remplit la moitié de la face latérale droite. Pour Swiechowski488 il s’agit d’un bouc chevauché par le démon de la luxure. Son bras gauche

est levé et plié, tenant à hauteur de son visage, un objet difficilement identifiable. Le diable de gauche est debout, les bras écartés. De la main gauche il tient un guerrier par les cheveux ; celui-ci est agenouillé à ses pieds et représenté de profil tenant un bouclier. De la main droite le diable tient un objet ressemblant à un fouet, ce qui laisse penser qu’il s’apprête à châtier le guerrier agenouillé. À sa gauche un autre guerrier tient sa lance et son bouclier posés l’un sur l’autre. Habillé d’une côte de maille et coiffé d’un casque, il tourne la tête vers le spectateur. Il n’est donc pas en position de défense par rapport au diable et ses armes, placées sous le bras du diable, indiqueraient plutôt une soumission, comme s’il rendait les armes.

Dans cette image tout semble soumis aux diables : la végétation à droite, le mouton et les guerriers. Mais il est bien difficile de cerner la pensée exprimée. Y a-t-il un sens de lecture ou deux épisodes juxtaposés ? On peut noter que les armures et les armes semblent d’aucune utilité contre les diables et que c’est l’esprit que les diables veulent contrôler : le même geste du diable tenant un personnage par les cheveux, comme pour Ranulfus à Saint-Nectaire, suggère une emprise sur la tête, donc de l’esprit.

Que viennent faire des guerriers dans ce contexte ? Il semble bien qu’il faille penser, comme pour les autres personnages, à une idée religieuse et non à des personnages représentant des guerriers réels. En effet, le chrétien considéré comme soldat du Christ est une image très couramment employée. Rappelons l’épître si souvent citée et commentée (en particulier par Grégoire le Grand) : « Prenez

484 P. L. 83, 161, 379, 1311. 485 P. L. 108, 1111. 486 P. L. 168, 1023. 487 P. L. 175, 87. 488SWIECHOWSKI 1973, p. 221.

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surtout le bouclier de la foi »489, qui tire son origine des psaumes où le bouclier est très souvent cité

comme image de la protection divine, ou bien : « Prenez aussi le casque du salut et le glaive de l’Esprit, qui est la parole de Dieu»490. L’idée du chrétien soldat du Christ est une idée développée dès

les premiers exégètes.

Ils expliquent que c’est par le baptême que Dieu enrôle ses soldats : à la façon des recruteurs militaires Dieu examine les âmes pour voir si elles sont aptes au combat spirituel, puis leur donne la

sphragis (croix). À la façon du recrutement dans l’armée romaine le chrétien est donc marqué de la

croix lors de son baptême comme le soldat romain était tatoué lors de son enrôlement.

Et Cyril de Jérusalem précise bien aux futurs baptisés : « Chacun de nous va se présenter devant Dieu, en présence des armées innombrables des anges. L’Esprit Saint marquera vos âmes ». Les auteurs du XIIe siècle vont reprendre ces images parce que, pour eux, la terre est dangereuse, c’est le domaine du

diable. Citons comme exemple Hildebert de Lavardin 491: « Le service militaire c’est la vie de

l’homme sur terre (Job VII, 1) : N’est-ce pas un temps de service qu’accomplit l’homme sur terre, n’y mène-t-il pas la vie d’un mercenaire ? Il faut, très chers frères, que le soldat courageux du Christ renverse la ville de Ninive, la plus solide, et son roi orgueilleux, c’est-à-dire vaincre le diable, qui est le plus fort […] il faut qu’il ait des armes pour se défendre et pour tuer l’ennemi. D’abord il lui faut le bouclier de la foi sur lequel il puisse éteindre tous les projectiles enflammés qui sont les plus mauvais, c’est-à-dire les vices […] il lui faut le casque du salut, c’est-à-dire l’esprit […] de même il faut qu’il ait un glaive pour frapper de près, et une lame pour percuter de loin. Le glaive c’est la parole de l’Évangile […]. » Il se complet alors dans une énumération sans fin, passant en revue toute les vertus nécessaires au bon chrétien. Citons aussi Guerric d’Igny qui complète l’idée en parlant de saint Paul : « […] ce chef valeureux, ce fidèle porte-enseigne de la milice chrétienne, distinguait […] de vrais et de faux soldats.492 »

Fort de ces références, on peut supposer que l’image du soldat capitulant devant le diable représente un chrétien vaincu par les tentations diaboliques, donc qui a succombé au péché et que l’autre est en train d’être soumis. Mais il semble plus probable que les deux soldats soient le même individu qui d’abord abandonne le combat, puis se soumet au diable. Car, s’il s’agit de deux individus différents, on ne comprend pas le troisième groupe (le diable chevauchant le mouton). Alors que si l’on considère qu’il s’agit d’une histoire, d’épisodes successifs engageant le même individu, cela produit du sens. L’histoire qui commencerait à gauche et se terminerait à droite (sens de lecture en généralement privilégié) : d’abord le chrétien, soldat du Christ capitule, abandonne le combat, puis il se soumet au diable qui en prend possession et enfin, le diable fait du soldat sa bête de somme. Le soldat du Christ, en renonçant au combat contre le mal, d’une part est le jouet du diable, d’autre part s’animalise (comme on l’a déjà vu par exemple à propos du singe tenu en laisse). Le choix du mouton est peut-être là pour rendre lisible l’histoire, le mouton étant une représentation traditionnelle du chrétien, mais cela ajoute également du sens : il faisait partie du troupeau du Christ (pensons à l’épisode bien connu de la brebis égarée) et maintenant il fait partie du troupeau du diable. Cette lecture paraît hardie. Mais peut être envisagée car elle renvoie à toute les idées profondément ancrées dans l’imaginaire chrétien.

3 - Les chapiteaux végétaux (Sd1, Sd2, Sd3, Sd4, Sd6) (fig. 173)

Trois d’entre eux sont composés de deux couronnes de feuilles plus ou moins ajourées (Sd2, Sd5, Sd7). Deux (Sd3, Sd4) montrent une complexité beaucoup plus importante qui, par

489 Ep. VI, 16.

490 Ep. VI, 17; ITh. V, 8. 491 P. L. 171, 867-870.

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l’accumulation de détails, deviennent presque illisibles (surtout Sd4). Un seul (StrS) introduit un entrelacs au niveau du dé central.

b - Chapiteaux de la moitié nord

1 - Centaures (Ntd) (fig. 174)

Le premier chapiteau rencontré, en entrant dans le déambulatoire par le côté nord, représente deux centaures disposés symétriquement de chaque côté d’un caulicole bagué à double

embranchement dont ils tiennent un fruit. Leur tête et leur torse humain occupent les angles de la corbeille et leur corps animal s’allonge sur les faces latérales. Le schéma est classique et on trouve de nombreux exemplaires dans la région. On a déjà vu, lors de l’étude du rond-point de l’église de Saint- Myon, qu’il ne faut pas confondre centaure et minotaure : ici ils n’ont pas de cornes, il s’agit donc bien de centaures. Leur signification est bien attestée, c’est l’image de la dualité humaine.

Dans le Physiologus493, l’onocentaure possède une moitié de corps humaine et l’autre est celle

d’un âne, et la conclusion est claire : « Ainsi en est-il de l’homme partagé, fluctuant dans toutes ses démarches. Certains hommes se rendent à l’église avec les apparences de la piété, mais en reniant ce qui en fait la force. Dans l’église ils sont comme des hommes, mais lorsqu’ils la quittent, ils se transforment en bêtes […] Leurs dispositions sont contradictoires et leurs choix des impostures […]. »Au XIIe siècle, Hildebert de Lavardin494 reprend le propos : « L’onocentaure est d’une double

nature, dans laquelle sont mélangés un âne et un corps humain. Beaucoup d’hommes sont ainsi d’une double nature, disant une chose et en faisant aussitôt une autre. Ils sont nombreux ceux qui parlent de vertu mais sont indulgents avec leur propres actions. » Citons encore Hugues de Saint-Victor495 : « Le

Physiologus affirme que l’onocentaure est constitué de deux natures, disant : la partie supérieure « centauro » est semblable à l’homme, quant à la partie inférieure « ono » c’est-à-dire l’âne. Ainsi il est assimilé aux hommes insensés et hypocrites. Comme le dit Paul : « Ceux qui ont fait promesse de piété, alors qu’ils refusent de le faire » (II Cor. VII)496, et le psalmiste : « L’homme dans son lucre ne

comprend pas, il ressemble au bétail muet. Ainsi vont-ils, sûrs d’eux-mêmes, et finissent-ils contents de leur sort » (Ps. XLIX, 13). Ici, l’homme lorsqu’il est à l’honneur, ne comprend pas, il est comparé à une bête de somme et lui ressemble. »

Entre les deux centaures se développe un grand caulicole à double embranchement qui produit un gros fruit de chaque côté, fruits que tiennent symétriquement, de la main extérieure, les deux centaures. Ils semblent montrer le fruit plutôt que le cueillir. On remarque aussi que tous les espaces laissés vides par les centaures et cette grande plante, sont systématiquement remplis par des végétaux : Que représente cette plante ? Pourquoi les centaures tiennent-ils ces fruits ? Encore beaucoup de questions sans réponse.

2 - Porteurs de moutons (Nd4) (fig. 175)

Deux personnages, placés sur les angles de la corbeille, portent chacun sur les épaules un mouton dont les têtes s’affrontent au centre de la face principale. L’image est conforme au modèle habituel : l’un des personnages tire la langue, l’autre non ; l’un semble plus âgé ; ils ont une jambe pliée et l’autre genou au sol. Mais entre eux, sous les têtes des moutons, une très longue feuille en forme de palme a remplacé la tête végétalisée que l’on trouve le plus souvent. Aux extrémités de la

493 PHYSIOLOGOS éd. ZUCKER : p. 116. 494 P. L. 171, 1222.

495 P. L. 177, 59 B, De bestiis et aliis rebus. 496 Référence apparemment fausse.

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corbeille, l’espace est rempli par des plantes, mais sur la face droite, au-dessus des feuillages apparaît une tête d’animal. Alors qu’à Besse-en-Chandesse (Puy-de-Dôme) on avait signalé que l’arrière du mouton se termine par une tête de loup ici, la tête semble se cacher derrière les feuilles, elle a la gueule ouverte et ressemble à un loup. Ce détail apporte-t-il une idée de danger ? Elle ne semble pas menacer le mouton et fait face au spectateur. On avait vu dans l’exemple précédent que le personnage et le mouton pouvaient représenter le même individu (s’offrant lui-même en sacrifice), mais la référence formelle au Bon Pasteur, qui avait troublé les premiers chercheurs, pourrait ici trouver sa raison : de la même façon que le Christ sauve la brebis égarée en l’emmenant sur son dos, de même l’homme se sauve de la gueule du loup en se prenant lui-même en charge. L’image pourrait donc être plus

polysémique que ce qui était envisagé au départ, et la posture créer une relation de sens entre le berger, le Bon Pasteur et le chrétien. Selon l’attitude et les éléments annexes l’idée est précisée : jambes pliées et langue tendue sous l’effort (il essaie de maîtriser ses pulsions), debout et serein (il s’offre en

sacrifice sur le modèle d’Abel), accompagné d’un loup (se sauve du diable en se prenant en charge lui- même). Il faudra évidemment revenir sur cette hypothèse lors de l’exemple de l’église de Volvic, lui aussi un peu différent.

3 - Calice entre deux griffons (Nd6) (fig. 176)

Le dernier chapiteau, du côté nord, au niveau de la fenêtre axiale, représente un vase sur pied dont la coupe est ornée de godrons. De chaque côté un quadrupède appuie une de ses pattes sur son pied et semble s’apprêter à boire dedans. Leur tête, avec un bec retroussé, une oreille et une petite barbichette, tient à la fois de l’aigle et du coq. Ils sont ailés et leur queue, passant entre leurs pattes, remonte jusqu’en haut de la corbeille. Leurs pattes sont très grosses en proportion et ressemblent à celles d’un rapace. Il s’agit donc d’un animal hybride, à la fois terrestre et céleste.

Habituellement, les auteurs font référence à l’Antiquité et voient dans ces hybrides des gardiens du trésor497. Christian Heck et Rémy Cordonnier ont bien repris toutes ces références et

concluent en mettant en évidence leur signification ambigüe réunissant une nature hybride donc mauvaise et un prestige issu de l’Antiquité498. Mais il faut remarquer que si, dans cette image

chrétienne, l’on peut éventuellement considérer que le calice peut faire figure de trésor, aucune référence textuelle ne peut être trouvée expliquant cette idée. D’autre part quand ce calice est encadré par deux oiseaux (ou deux cerfs comme dans le chapiteau du déambulatoire de Conques) on comprend que ce sont les âmes qui viennent se nourrir à la coupe du salut, et l’image renvoie alors à

l’Eucharistie. De plus, dans la région de nombreuses variantes nous incitent à revoir le propos, comme par exemple un chapiteau de la petite église de Montaigut-le-Blanc (63) sur lequel ce sont deux quadrupèdes à faces presque humaines qui encadrent la coupe. Faut-il alors comprendre que le salut est pour toutes sortes de créatures ?

Il semble alors plus convaincant de se rappeler que les animaux et les hybrides représentent la plupart du temps les défauts des hommes, ou plutôt l’homme se bestialisant sous l’effet du péché, en référence au texte du psaume (XLVIII, 13) : « Et l’homme, lorsqu’il était en honneur, ne l’a pas compris : il a été comparé aux animaux sans raison, et il est devenu semblable à eux. ». L’article de Gérard Cames, à propos des monstres représentés dans l’Hortus deliciarurum d’Herrade de

Landsberg499, démontre bien que, au XIIe siècle, la grandeur et la décadence de l’homme pécheur se

traduit en image par des animaux hybrides dans lesquels chaque partie correspond à un vice, montrant « l’image de ses propres déchirements » et que « livré aux vices il a, de ce fait, ignominieusement

497 Par exemple SWIECHOWSKI 1973, p. 325. 498 HECK CORDONNIER 2011, p. 353. 499 CAMES 1968, p. 587-603.

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perdu son apparence humaine »500. Ici, les animaux sont moins monstrueux et pourraient, si l’on garde

cette idée de référence à l’homme, simplement marquer son double aspect terrestre et céleste (corps et âme) et sa recherche du salut dans l’Eucharistie. On aurait donc, comme on le voit souvent, une image d’origine antique récupérée, réutilisée, étant investie en plus, sous l’apparence d’une continuité sémantique, d’une signification purement chrétienne pour ceux qui en possèdent les clefs : l’idée de l’Eucharistie comme un trésor, le salut, et toutes sortes d’hommes qui recherchent à se nourrir à cette coupe qui doit les sauver.

Cette image, terminant le parcours vers l’est, que l’on vienne par la partie nord ou sud du déambulatoire, en serait la conclusion : tous les personnages rencontrés sont des pécheurs (singe cordé, centaures, porteurs de moutons, et à plus forte raison les diables) et ont besoin de l’aide de l’Eucharistie.

4 - Les aigles (NtdE) (fig. 177)

Sur le pilier nord de l’arc triomphal, faisant face au rond-point, un chapiteau est orné de trois aigles, un sur chaque face. Les trois, perchés sur une large feuille, étalent largement leurs ailes qui se rejoignent aux angles de la corbeille au-dessus d’une grande feuille. Mais alors que celui de la face centrale est représenté entièrement frontalement, la tête deux autres s’incline sur le côté,