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1 - Personnages (Sd2) (fig. 209)

La sculpture très érodée et son style très fruste pose des problèmes pour l’identification des motifs. Néanmoins de nombreux détails significatifs sont lisibles. Deux personnages, sans doute à genoux, occupent les angles de la corbeille (celui de droite a les genoux qui dépassent nettement : assis ?). Celui de droite, dont les bras serpentiformes sont démesurément longs, tient contre sa poitrine un objet rond qui occupe toute la hauteur entre sa tête et ses genoux. Cet objet est marqué de deux bandes en relief qui se croisent en son centre et forment donc une croix. Un autre cercle, plus petit, semble remplacer son genou gauche, il semble également marqué du même motif, mais l’usure ne permet pas d’être affirmatif.

Le personnage de gauche est visiblement barbu et tient sous son menton une petite feuille à trois lobes dirigés vers le bas. Sous cette feuille l’usure rend la sculpture illisible.

Au centre de la face principale, entre les deux personnages, une très grande feuille occupe toute la hauteur. Elle est de forme triangulaire, pointe en bas, la base de sa tige se termine en haut par une forme carrée et, sur les côtés, au niveau des têtes des personnages, les lobes font place à un grand enroulement. Les faces latérales sont remplies, de façon anarchique, de fleurs et de fruits.

Il est bien difficile de comprendre le sujet. Seul l’objet rond tenu par le personnage de droite peut éventuellement faire sens : on pense à un pain marqué par une croix ou à une hostie mais, les deux bandes se croisant sont en léger relief et allant jusqu’au bord du cercle, on peut aussi penser à un objet rond entourés de liens. Comprendre le sujet d’ensemble est donc problématique. Si l’on pense à une hostie, la croix est plutôt dessinée en creux et c’est en général des anges qui les présentent comme par exemple sur un chapiteau du cloître de Moissac, où l’ange de l’annonce aux bergers brandit une hostie, « faisant ainsi du Christ incarné et de l’eucharistie les deux termes d’une équation.»525Quant à

la solution du paquet attaché par deux liens croisés, deux autres exemples régionaux peuvent être cités : un chapiteau de la nef de Sainte-Martine de Pont-du-Château (Puy-de-Dôme) et celui de l’église de Riom-es-Montagne (Cantal. Les deux chapiteaux sont très semblables : en bas, une couronne de feuilles dont l’une a été remplacée par le cercle à bandes croisées, et au-dessus une grosse tête centrale entre deux feuilles enroulées formant les angles de la corbeille. Dans le premier cas cette tête, plutôt schématique, tire la langue, dans le second cas, il s’agit d’un homme barbu et moustachu. Les deux chapiteaux sont sculptés de manière précise, et le relief des bandes est bien présent, ce qui incite plutôt à voir dans ce motif un objet emballé. Mais le fait que ces liens se croisent en formant une croix n’est

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pas indifférent et porte certainement une connotation chrétienne voulue. Emballer un objet de façon à faire apparaître l’emblème du chrétien ne peut être anodin, même si, dans l’immédiat, on n’en

comprend pas le but. À Saint-Sernin de Toulouse, un relief montre deux anges tenant chacun un objet rond marqué d’une croix en relief (fig. 210), les auteurs pensent qu’il s’agit « du signaculum Dei, sceau de Dieu qui légitime leur action et prouve qu’ils sont les envoyés du Seigneur. »526 Sur le

chapiteau étudié, rien ne peut faire penser à des anges, mais l’idée de signe de reconnaissance, d’emblème de Dieu est logique, on pense en particulier à toutes les idées imaginées par les chrétiens dans la période paléochrétienne pour transformer toutes sortes d’éléments en signe de reconnaissance, à partir du moment où ils adoptaient l’apparence d’une croix (par exemple le mat d’un bateau). Les personnages, portant un objet marqué d’une croix seraient donc des chrétiens arborant leur signe de reconnaissance.

2 - Calice dans les feuillages (Sd4) (fig. 211)

Une grande coupe, montée sur un pied très haut, occupe le centre de la face principale. Deux bagues marquent la base de la coupe et le haut du pied qui s’évase en forme de tronc de cône. Cette coupe a la forme traditionnelle d’un calice. Sur les faces latérales deux caulicoles à très haute tige sont placés au centre, leur bague est placée au même niveau que celle de la coupe et leur feuillage, en forme d’éventail, fait également écho à la coupe. Ils sont littéralement coincés entre deux très grandes feuilles qui occupent les angles de la corbeille. Leurs lobes très découpés se terminent en bas par une volute et en haut par un fruit à gauche et une feuille à droite qui retombent en avant.

Visuellement le rapprochement se fait immédiatement entre le calice et les caulicoles latéraux qui ressemblent fortement à des palmiers. Le pied du calice, d’habitude plus court, semble avoir été allongé pour produire cet effet. Le calice faisant référence à l’Eucharistie et le palmier au paradis, ce chapiteau, placé à l’entrée de la chapelle axiale, prend tout son sens si l’on se rappelle qu’à cet emplacement on a déjà trouvé plusieurs fois l’image des griffons autour du calice.

3 - Griffons autour du calice (Nd1) (fig. 212)

Le calice est formé d’une coupe ornée de godrons et séparé d’un pied court par une large bague. Les têtes des griffons se rejoignent au centre, au-dessus de la coupe dans laquelle ils semblent boire. Ils posent une de leurs pattes, symétriquement, sur la base du pied. Leurs ailes, ancrées au- dessus de leurs pattes avant, sur l’angle de la corbeille, s’étalent largement sur les faces latérales. Leurs corps, descendant en oblique sur les faces latérales, se terminent par une queue feuillagée qui vient remplir le vide laissé au niveau de l’aile et étale sa corolle verticalement.

Le motif est classique, on l’a déjà rencontré par exemple à Maringues, Volvic ou Issoire, mais l’emplacement l’est moins : placé à l’entrée du déambulatoire alors que, le plus souvent, on le trouve plus à l’est.

4 - Chapiteaux à feuillage (fig. 213)

Ils sont composés de façon habituelle, de deux couronnes de feuilles dans lesquelles

s’inscrivent soit des caulicoles au centre des faces, soit des fruits ou des volutes au deuxième niveau. Leur sculpture est d’une bonne facture.

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Deuxième couronne

En entrant dans le déambulatoire, on trouve deux chapiteaux identiques (par le sujet et non par l’habileté du sculpteur) placés symétriquement, de la même façon, au niveau de la première baie (Sf1- 2 et Nf-2). En tenant compte des profondes modifications apportées à l’édifice et des chapiteaux du rond-point refaits dans un style de sculpture très brutal, il vient à l’esprit que le chapiteau du sud pourrait être une copie plus moderne de celui du nord qui semble appartenir à l’ensemble roman. Ce point de vue est renforcé par la présence de l’autre côté de cette baie sud d’un chapiteau à feuilles plates manifestement moderne qui fait écho à celui de la baie nord sans doute roman.

1 - Personnage derrière une tenture (Nf1-2 et Sf1-2) (fig. 214)

Deux chapiteau presqu’identiques sont placés symétriquement de chaque côté du

déambulatoire. Mais l’un est moins habile que l’autre. La tête d’un personnage aux cheveux courts émerge derrière une tenture qui fait tout le tour de la corbeille et occupe la moitié de sa hauteur. Aux extrémités des faces latérales ses mains en tiennent les bouts. De chaque côté de sa tête deux macarons figurent le soleil et la lune : pour l’un des chapiteaux, celui de droite ressemble à une fleur au cœur timbré d’une croix, celui de gauche ressemble également à une fleur, mais ses pétales inclinées donnent un aspect tournoyant à l’ensemble ; pour l’autre chapiteau on a un cercle marqué d’un réseau étoilé à six branches et un cercle coupé horizontalement en deux par une profonde incision. Nous avons déjà rencontré ce sujet dans le déambulatoire de Maringues et avons émis l’hypothèse de la représentation du juste au paradis. Ici, les astres de chaque côté de la tête confirment ce propos, puisqu’il s’agit d’un motif traditionnel accompagnant les saints ou même le Christ pour montrer l’éternité. Le drapé, ici suggéré par de simples incisions, que l’on trouve dans la représentation des âmes dans le sein d’Abraham, pourrait trouver son origine dans le linceul, indiquant par là la mort et enlevant toute ambiguïté.

2 - Tête crachant des feuillages (Sf2-2 et Nch-2) (fig. 215)

Ce thème a déjà trouvé un exemple dans le déambulatoire de Saint-Nectaire (sur le chapiteau des porteurs de moutons), rien n’est à ajouter. Ici, les deux exemplaires sont d’une facture plutôt habile mais n’apportent pas d’éléments supplémentaires. Rappelons simplement que l’on avait conclu à une représentation de la terre créatrice, dans la mouvance des éléments réduits à une tête.

3 - Personnages (Nch1) (fig. 216)

Trois personnages sont représentés sur ce chapiteau, mais leur facture schématique pose des problèmes de lecture. Deux personnages à grosse tête et sans jambes sont placés sur les angles de la corbeille, un autre personnage occupe le centre de la face principale. Il étend ses jambes de chaque côté, l’une à l’horizontal, l’autre relevée ; ses bras, placés à l’horizontale appliquent les mains sur le visage des personnages latéraux, mais son bras droit est plié alors que l’autre est tendu ; de chaque côté de sa tête apparaissent deux têtes de serpent (ou autre animal ?), gueules ouvertes, toutes deux tournées vers la gauche, donc appliquée sur le visage du personnage central et de celui de gauche. Pour finir, les personnages latéraux tiennent des branches feuillues sur les faces latérales.L’image est pour le moins énigmatique et aucune hypothèse ne peut être avancée.

4 - Les chapiteaux à feuillage (fig. 217)

Les petits chapiteaux à feuillage des baies et de la chapelle axiale sont soignés et variés : une rangée de feuilles lisses ou non et, pour deux d’entre eux, un deuxième niveau avec fleur ou crossettes.

193 Conclusion

Il est bien difficile de tirer des conclusions ici, un nombre non négligeable de sculptures étant peu lisibles ou bien procédant d’un sculpteur peu habile.