• Aucun résultat trouvé

L’église est construite à 750 m d’altitude sur un promontoire, le Mont Cornadore, et les montagnes qui la dominent forment une sorte de cirque. Le lieu, entouré de sources thermales et de vestiges antiques, peut faire penser à un ancien lieu de culte gallo-romain qui aurait été christianisé (fig. 24).

Points de repère historiques

Comme pour les autres églises, c’est la légende qui remplace l’absence de connaissances historiques, sans se soucier des anachronismes : l’église aurait été construite par Nectaire, Grec de naissance, baptisé par saint Pierre et amené en Auvergne par saint Austremoine. Le seul fait relevant sans doute de la réalité est la présence de reliques qui, ayant produit des miracles, ont été à l’origine d’un centre de pèlerinage important et du très beau buste reliquaire que l’on peut encore admirer actuellement et qui, selon B. Craplet daterait de la fin du XIIe siècle.133.

Plus sérieusement, il faut noter la proximité immédiate d’un château, celui des Senecterre, une famille féodale importante qui a dû contribuer à la construction de l’église. G. Rochias place cette construction à la fin du XIIe siècle, sur le tombeau du saint134. M .Chabosy135 explique qu’au XIIe

siècle, le comte d’Auvergne Guillaume VII fait don à l’abbaye de la Chaise-Dieu (environ 1146-1178) d’un territoire sur lequel les moines auraient bâti l’église actuelle (vers 1130-1180). On constate donc que le problème de la datation semble réduit, tous pense à la deuxième moitié du XIIe siècle.

Ambroise Tardieu cite Dom Estiennot qui pense que le prieuré a été fondé par Eparchius de Saint-Nectaire et soumis à la Chaise-Dieu, et propose la date de 1100 environ136.En 1500, on voyait

encore les bâtiments du prieuré adossés à l’église du côté sud. Sur cette butte du Mont Cornadore, voisinent l’église et le château de la famille de Saint-Nectaire qui fut détruit en 1827, le tout entouré d’une muraille (fig. ). Le premier seigneur dont on ait retenu le nom est Louis de Saint- Nectaire, connétable d’Auvergne en 1231.

David Morel137 situe le chantier entre 1120 et 1160, deux évêques de Clermont étant alors

d’anciens abbés de la Chaise-Dieu (Aimeric 1111-1151 et Étienne VI 1151-1169)138.Il pense que peu

de modifications ont été apportées avant le XIXe siècle. Il rejoint ainsi Swiechowski139 qui pense que

l’église a été construite après 1146, date à laquelle l’abbaye de la Chaise-Dieu fonde le prieuré. En fait, on ne sait rien de l’origine de cette église. On sait seulement qu’elle dépendait de l’abbaye de la Chaise-Dieu.

133 PAROISSE SAINTE-MARIE 2013, p. 56-57 : Ils en donnent une bonne description et une analyse

technique mais ne proposent pas de date.

134ROCHIAS 1910, p. 3. 135CHABOSY 1964, p. 9. 136 TARDIEU 1877, p. 315. 137 MOREL, 2009, p. 422. 138 MOREL 2009, p. 341-347. 139 Op. cit. p. 377.

48 Présentation de l’église

Si l’intérieur ne semble pas avoir subi de modifications notoires, l’extérieur a été totalement modifié. Déjà Mallay regrettait que la façade ouest soit « d’une nudité inconcevable » et que les autres façades soient sans ornement ; mais le clocher détruit en 1793 et les outrages du temps ayant fait leur effet, des restaurations sont devenues nécessaires, elles sont confiées à Bruyerre, architecte des Monuments Historiques à la fin du XIXe siècle. Il va littéralement réinventer l’extérieur du bâtiment :

sur les façades nues vont être plaquées des arcades, sur le modèle de Notre-Dame-du-Port. L’église, aux allures de forteresse, rejoint alors, par sa nouvelle décoration, les autres édifices du groupe de la région clermontoise (fig. 25).

L’édifice adopte un plan à trois nefs, transept saillant et déambulatoire. Il s’ouvre sur une avant-nef surmontée d’une tribune. La porte ouest est une simple ouverture en plein cintre dans une façade massive et sévère. Cette avant-nef est très basse et voûtée d’arêtes. Sans éclairage direct elle ouvre sur la nef entre des chapiteaux à moulures horizontales et des chapiteaux à feuillages sortant d’une bande à entrelacs faisant penser à une vannerie disposés symétriquement. Au-dessus, une grande tribune ouvre sur la nef.

La nef de quatre travées, est voûtée d’un berceau continu supporté par de lourdes colonnes (fig. 26). Trois colonnes massives de chaque côté (au lieu des piles habituelles) sont reliées par des arcs en plein cintre. Cette disposition est rare en Auvergne et se retrouve seulement à Saint-André de Besse-en-Chandesse (63) et à Saint-Julien de Chauriat (63). La base des colonnes, de type attique, semblent faire référence à l’époque paléochrétienne. Les collatéraux sont voûtés d’arêtes et surmontés d’une galerie qui ouvre sur la nef par des baies géminées. Une porte s’ouvre de chaque côté au niveau de la troisième travée et donnait accès, celle du sud au prieuré, celle du nord au cimetière et au château. Au-dessus des collatéraux des tribunes ouvrent sur la nef par des baies géminées. A l’extérieur, les façades nord et sud ont été, comme on l’a dit, complètement revues par les restaurateurs du XIXe siècle (Louis-Clémentin Bruyerre entre 1875 et 1877) : les murs nus reposant

sur les grands arcs du niveau inférieur ont été animés par des enfilades d’arcades ajoutées pour compléter le décor à la façon des églises considérées comme modèles (Notre-Dame-du-Port à Clermont ou Saint-Austremoine à Issoire) (fig. 25).

Le transept est séparé de la nef par un arc diaphragme formant doubleau. La coupole est montée sur trompes. Le système habituel du massif barlong permet, par la demi-voûte latérale, de contrebuter la coupole. Au sol, la graduation des niveaux mène progressivement au chœur. Une chapelle s’ouvre, du côté est, sur chacun des bras. A l’extérieur, comme pour la nef, la simplicité originelle a été remplacée par des étagements de décor : corniche à modillons et mosaïque sur le pignon. Le clocher a été reconstruit au XIXe siècle.

Le chœur est composé d’une travée droite et d’un rond-point porté par six colonnes. Le déambulatoire ouvre sur trois chapelles rayonnantes séparées par de larges baies. Le décor sculpté est concentré sur les six chapiteaux des colonnes du rond-point, mais n’est pas absent au niveau du déambulatoire et des chapelles. Une hiérarchie semble s’établir : scènes évangéliques au centre, scènes figurées autour et chapiteaux à feuillage dans les chapelles. L’éclairage est particulièrement

important : seize fenêtres ; alors que dans la nef on en compte seulement sept et aucune dans le narthex. La graduation est donc forte et concentre toute l’attention sur le sanctuaire.

Lors de fouilles archéologiques, en 2006-2008, le décaissement du sol a permis de confirmer l’existence d’une première église (alignement de pierre et lambeau de mosaïque en petits galets et cailloux blancs) antérieure au XIe siècle. De plus un tombeau se trouvait sous l’emplacement du

49

maître-autel et un morceau de dalle portant une inscription a été découvert : « HIC REQUIESCIT S

(an) C (tu) S H ». Le « H » pose un problème de dédicace, la logique voudrait que ce soit ici le

tombeau de saint Nectaire, et la formule fait penser à une période plus proche de la fin de

l’Antiquité140. A l’extérieur, le chevet se compose d’un étagement pyramidal de volumes circulaires,

correspondant aux chapelles et au chœur, adossé au volume rectangulaire du transept et du massif barlong, selon le modèle habituel (fig. 27). Le décor est modeste et se limite à un cordon de billettes soulignant les ouvertures et formant deux lignes horizontales au niveau des chapelles et du chœur. Seule l’abside principale est ornée d’un bandeau de rosaces polychrome, marquant ainsi le sanctuaire. Les études sur les sculptures

C’est encore Gilbert-Aymond Mallay qui, le premier, s’intéresse à l’église de Saint- Nectaire141, « un des édifices romano-byzantins les plus curieux du département ». Il propose alors

d’enlever « les peintures absurdes qui couvrent les murs et les colonnes » et d’arranger le pavé, puis, passant à l’extérieur, il juge la façade ouest « d’une nudité inconcevable » et le reste sans ornement, à part la ceinture de rosaces ornant l’abside. Il prend le temps ensuite de détailler les sujets des

chapiteaux. Des comparaisons avec Notre-Dame-du-Port sont faites à propos de deux chapiteaux, mais pour les scènes du Nouveau Testament, il demande l’aide de M. l’abbé Croizet.

L’impressionnante étude de plus de 200 pages rédigée par l’abbé Forestier en 1878142, donne

l’impression que, dès le début, tout a été dit. Son étude de la sculpture occupe 15 pages, et ne se limite pas à une identification et à une description rapide des sujets représentés, mais il prend le temps d’expliquer un geste ou une signification. Ce sont évidemment les chapiteaux du rond-point du chœur qui sont privilégiés. On constate chez lui un certain plaisir à déchiffrer les textes des phylactères et à rechercher les références dans la Bible. Les images sont pour lui un catéchisme monumental, « une écriture parlant aux yeux du peuple »143. Cette partie se prolonge par une étude plus générale sur le

symbolisme des images et des parties de l’édifice voulues par les architectes du Moyen Âge qui, selon lui, « avaient dû étudier la religion, l’aimer et la pratiquer ».

Au XXe siècle, on retrouve, pour Saint-Nectaire, les mêmes auteurs que pour les édifices

précédents : les abbés (l’abbé G. Rochias, curé de Saint-Nectaire en 1910, le chanoine Craplet en 1956, puis l’abbé Marcel Chabosy en 1964), puis les universitaires.

L’abbé Rochias, curé de Saint-Nectaire et membre de la société française d’archéologie, comme il le précise lui-même, publie en 1910 un opuscule de plus de 30 pages entièrement consacré à l’étude des sujets représentés sur les chapiteaux144. Les descriptions sont accompagnées des références

textuelles tirées de la Bible et d’explications symboliques. Pour lui ces « chapiteaux méritent d’être placés parmi les plus intéressants de France ».

Le chanoine Bernard Craplet consacre une de ses publications de la collection Zodiaque à l’église de Saint-Nectaire145. Après une introduction que l’on pourrait qualifier de lyrique, rédigée par

l’atelier du Cœur-Meurtry, une partie très technique présente l’édifice avec plan, dimensions, tables et planches de photos. Il recense 22 chapiteaux historiés et, comme à son habitude, s’intéresse plus précisément au style de la sculpture (plus rude qu’en Bourgogne), au canon des personnages (issu du

140 ALLIOS 2008. 141 MALLAY 1841, p. 45-48. 142 FORESTIER 1878. 143FORESTIER 1878, p. 49. 144 ROCHIAS 1910. 145 CRAPLET 1956.

50

modèle gallo-romain : têtes importantes et proportions trapues du corps) et aux comparaisons avec Notre-Dame-du-Port. Il note en particulier l’horreur du vide qui semble la caractéristique principale de l’ensemble de ces sculptures et qui pose un problème d’encombrement (jusqu’à 18 personnages sur le chapiteau de la Passion), et d’attribution des jambes. La description des sujets est mise sous la forme d’une visite qui occupe seulement 4 pages.

En 1964, l’abbé Chabosy reprend les analyses précédentes, dans une présentation plus

moderne146 : les textes sont intercalés avec des photos pleine-page, mais deux seulement montrent des

faces de chapiteaux. L’ouvrage se termine par une bibliographie conséquente.

En 1973, Zygmunt Swiechowski147 annonce le programme de Saint-Nectaire : cycle de la

Passion, de l’Apocalypse, de la vie de Saint-Nectaire, sur presque 10 pages (12 pour Notre-Dame-du- Port). Il note la violence des sujets et l’agitation qui règne dans les scènes. Son apport est sans doute sa recherche de références dans d’autres régions et sur d’autres supports. Il conclut en envisageant comme fil conducteur des sujets du rond-point du chœur la victoire sur la mort. Au centre du chapitre est intercalé un ensemble de photos : 24 faces de chapiteaux, ce qui constitue la plus importante documentation jusqu’à ce jour. Comme d’habitude, les chapiteaux du reste de l’édifice, sont étudiés à part, par sujet, en parallèle avec ceux des autres églises.

La petite notice d’Alain Erlande-Brandebourg, publiée à Luçon en 2003148, semble une

régression en terme d’apport. Le flou et les généralités de cet auteur de renommée nationale laissent une impression très décevante, son intérêt se portant principalement sur les effets d’éclairage. C’est l’ouvrage publiée par la paroisse qui renouvelle la vision du bâtiment mais surtout donne une analyse détaillée des sculptures149. Il faut attendre 2012, avec l’étude collective de J. Baschet, J. C. Bonne et P.

O. Dittmar150 pour que les problèmes de programme d’ensemble et de relation entre les chapiteaux

soient vraiment étudiés. Chaque chapiteau est étudié et mis en rapport avec l’architecture et les sujets voisins.

Il est évident que ce sont surtout les sculptures du rond-point du chœur qui ont attiré toute l’attention des auteurs. Et même dans ce cadre restreint, les problèmes ne manquent pas, comme d’ailleurs le remarque déjà Swiechowski à propos de l’identification des scènes de la vie de saint Nectaire. De plus, le fait qu’il s’agisse d’une des seules églises avec colonnes dans la nef n’a pas été suffisamment pris en compte, d’autant plus que des sculptures, sur deux des chapiteaux de ces colonnes ne semblent pas avoir été remarquées, sauf très récemment dans l’étude de 2012. Les récentes restaurations ont permis une plus grande visibilité des détails et surtout une possibilité de meilleurs clichés photographiques. Pour exemple, on peut citer le chapiteau de la lutte des anges contre les démons qui étaient devenu pratiquement illisible à cause de coulées d’eau et du noircissement des reliefs.

146 CHABOSY 1964.

147 SWIECHOWSKI 1973, p. 75. 148 ERLANDE-BRANDEBOURG 2003. 149 PAROISSE SAINTE-MARIE 2013. 150 BASCHET BONNE DITTMAR, 2012.

51 Répartition des sujets dans le bâtiment (fig. 28)

Avant-nef ou narthex 3 Chapiteaux In folio Objets Nef 7 chapiteaux Âne à la lyre Crocodiles ? Têtes de personnages Personnage sur un bouc Moïse sauvé des eaux Saint dans une mandorle Lutte des anges contre démons Tentation du Christ Animal Animaux Personnages Personnage Exode ? Personnages

Évangiles Matth, Marc, Luc Transept

Rond-point du chœur

6 chapiteaux

Droit d’asile : Ranulfo Vie de saint Nectaire Arrestation de Jésus Flagellation

Portement de croix Incrédulité de Thomas Transfiguration

Multiplication des pains Ange de l’Apocalypse Cavalier de l’Apocalypse Résurrection

Jugement dernier

Soldats gardant le tombeau Saintes femmes au tombeau Descente aux enfers

Personnage

Saint patron de l’église Évangile de Matth, Évangile

Évangiles de Marc, Luc, Évangile

Évangiles de Matth, Luc, Évangile de Matth, Apocalypse Apocalypse Apocalypse Apocalypse Évangile de Matth, Évangile de Matth, Déambulatoire 11 chapiteaux Aigles Oiseaux Personnages hybrides Singe cordé Victoires

Personnages nus sur des panthères Personnage prisonnier de diables Porteurs de moutons Zachée Animaux Animaux Personnages Personnages Antiquité Personnage Personnages Personnages Évangile de Luc Chapelles rayonnantes

52

On peut noter que deux parties sont vides de sujets figurés : le transept et les chapelles rayonnantes. De plus, la majorité se concentre sur le chœur dans son ensemble : les 6 chapiteaux du rond-point du chœur, plus 11 chapiteaux disposés très régulièrement tout autour dans le

déambulatoire.

Objets-

Architecture In folio Le tombeau vide Avant-nef ou narthex Rond-point du chœur Oiseaux Aigles ‘’ oiseaux Chœur Déambulatoire Déambulatoire Animaux Âne à la lyre

Bouc Crocodiles ? Panthères ? Nef Nef Nef Déambulatoire Personnages 3 Têtes de personnages

Tête crachant des feuillages ‘’

Personnages avec jambes en feuillage Anges luttant contre démons

Homme nu encordé par 2 diables Victoires

Homme chevauchant un bouc Personnages nus sur des panthères Homme nu encordé par 2 diables Porteurs de mouton

Singe cordé

Saint dans une mandorle+archer+scène Saint Nectaire ressuscite un mort Passage du Tibre

Prédication de saint Nectaire Résurrection de Bradulus Ranulfo ou le droit d’asile

Nef Nef Déambulatoire Chœur Nef Déambulatoire Déambulatoire Nef Déambulatoire Déambulatoire Déambulatoire Déambulatoire Nef Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Ancien

Testament Moïse sauvé des eaux Nef Nouveau

Testament Tentation du Christ Zachée Arrestation de Jésus Flagellation Portement de croix Nef Déambulatoire Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur

53 Incrédulité de Thomas

Transfiguration

Multiplication des pains

Soldats gardiens du tombeau endormis Les saintes femmes au tombeau

Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Apocalypse Ange de l’Apocalypse

Cavalier de l’Apocalypse Résurrection

Jugement

Les élus et les damnés La descente aux enfers

Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur Rond-point du chœur

Cette église est très habitée : un nombre impressionnant de personnages peuple les chapiteaux du chœur, au point qu’il est difficile de les dénombrer. Seuls, parmi les chapiteaux figurés, les trois chapiteaux représentant des oiseaux ne comportent pas de représentation humaine.

54

dŔ Notre-Dame d’Orcival (fig .29)

L’étymologie du nom Orcival a fait couler beaucoup d’encre : vallée d’Orcus (Pluton) ou des enfers ; Urcivallis, vallée des ours ; Ourchevau en patois, c’est-à-dire source de la vallée ; ou plus religieusement, vallée évangélisée par saint Ursin disciple de saint Austremoine151. Ce qui surprend

c’est la dimension très importante de l’église dans un lieu aussi reculé et isolé : 880 m d’altitude, 26 km de Clermont dont elle est séparée par le massif des Dômes. Pas de château non plus, son origine semble bien être due à un pèlerinage qui est encore très vivant actuellement. Un culte à Notre-Dame installé sur le lieu d’un ancien culte d’une source, ceci est sans doute la plus plausible des

hypothèses152.

La pierre volcanique grise utilisée pour la construction renforce encore l’austérité de ce bâtiment qui, par son absence presque totale de décor extérieur, est un modèle de dépouillement.

Points de repère historiques

La date de cet édifice est, comme pour les autres, un sujet de discussion. Dans l’ouvrage collectif de l’inventaire de la région Auvergne, daté de 2008, la date butoir de 1166 est avancée : la mention de Pierre prieur d’Orcival est présente dans un acte précisément daté153. Les auteurs

rappellent qu’il s’agit d’une église dédiée à la Vierge, dont les reliques (fragment de suaire, chemise, cheveux, un peu de lait) arrivent en 876. Un document daté des environs de 1046 indique la création d’un prieuré à Orcival, mais il semble qu’il y ait confusion avec Saint-Julien d’Orcival de Marcol en Ardèche. Ils concluent qu’il s’agissait sans doute d’un prieuré rural, et que l’église a dû être construite par les comtes d’Auvergne associée à l’évêque (ils détiennent encore des droits de patronage dans l’église en 1247). La date de 1166 apparaissant comme une date butoir, ils en concluent que le chantier, d’une grande homogénéité, a été mené sans doute au début du XIIe siècle. En 1245 un

chapitre est créé par l’évêque Hugues de La Tour, sous le vocable de Notre-Dame. Les chanoines étaient au nombre de 25 en plus du doyen, et leurs revenus sans doute considérables vu le succès du pèlerinage154.

Il s’agit de l’église la mieux conservée d’Auvergne, les seules restaurations faites sur le bâtiment ont concerné le clocher, dégradé par un tremblement de terre en 1478 puis en 1490 (la forme ogivale des arcs en témoigne). Les toitures de déambulatoire dateraient d’une restauration ancienne du XIIIe siècle. Récemment (2010-2012) un grand nettoyage de l’extérieur a redonné toute sa beauté aux

pierres. Le chantier de construction semble avoir été mené rapidement en commençant par les parties basses sur l’ensemble de l’édifice, puis avançant par tranches horizontales155. Les auteurs successifs

parlent peu de datation pour ce bâtiment, restant dans un flou significatif. Quant aux sculptures, comme d’habitude, personne ne conteste leur contemporanéité avec l’architecture.

Présentation de l’édifice (fig. 29)

Tous les auteurs se sont penchés sur le problème posé par l’emplacement choisi pour édifier l’église : pas de terrain plat. Cet emplacement atypique pourrait s’expliquer par des raisons plus

151 QUINTY, p. 4. 152 MALLET, p. 10-11. 153 POTTE 2008. 154 Ibid. p. 6-8. 155 Ibid. p. 25

55

spirituelles telles que l’emplacement d’un ancien culte à intégrer : la présence d’une source dans