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Analyse des thèmes rencontrés dans les ensembles localisés

Chapitre 1 Étude des sculptures des ronds-points

Comme on l’a vu lors de l’inventaire, les six ronds-points de chœur étudiés sont très différents à la fois par le nombre des chapiteaux figurés et par les sujets représentés. Rappelons que :

- dans l’église de Saint-Saturnin on trouve seulement des feuillages. - dans l’église d’Orcival, seulement un chapiteau avec des oiseaux.

- dans l’église de Notre-Dame-du-Port : 5 chapiteaux figurés dont 3 avec des sujets bibliques. - dans l’église d’Issoire : 5 chapiteaux figurés dont 4 avec des sujets du Nouveau Testament. - dans l’église de Mozac : 5 chapiteaux figurés dont 2 avec des sujets bibliques.

- dans l’église de Saint-Nectaire : 6 chapiteaux figurés dont 5 avec des sujets du Nouveau Testament et un à sujet hagiographique.

Il semble donc logique de commencer par ceux qui ont été les plus étudiés, c’est-à-dire ceux qui ont le plus de sujets bibliques. Pour finir il faudra aborder le problème des feuillages en tant que sujet à part entière et celui des entrelacs, les églises d’Orcival et de Saint-Saturnin en seront

l’occasion.

A – Rond-point de l’église de Saint-Nectaire

Les chapiteaux du rond-point de l’église de Saint-Nectaire faisant partie des plus célèbres en Auvergne, ils ont été maintes fois décrits et commentés. Chaque auteur a repris les propos du précédent, affiné l’analyse et parfois noté ses désaccords. Nous ne pouvons déroger à cette tradition tout en essayant de synthétiser l’ensemble et de voir, dans les commentaires contemporains (quand ils existent), les raisons de leur présence en ce lieu et la portée de leur message pour les contemporains.

Malgré les nombreuses analyses certains points restent obscurs : les lectures divergent selon les auteurs parce que les images ne sont pas toujours des représentations traditionnelles. Les scènes, dans l’ensemble, font référence à la Passion du Christ et au Jugement Dernier. Un seul chapiteau semble hors contexte : celui qui raconte la vie de saint Nectaire. Nous commencerons donc par lui, puis nous prendrons les chapiteaux de la Passion en commençant par les plus proches du transept pour finir par ceux qui parlent de la fin des temps.

1 - La vie de saint Nectaire-Nr3 (fig. 73)

Que le patron de l’église ait une représentation dans le bâtiment qui lui est dédié semble logique. Et pourtant le fait de le voir représenté sur un chapiteau ou un portail est plutôt rare : saint Ménélé à Menat (chapiteau déposé du chœur), saint Pierre à Mozac (chapiteau à l’entrée du chœur), saint André à Besse-en-Chandesse (chapiteau à l’entrée du chœur) et saint Étienne à Chambon-sur lac (tympan de la porte ouest). C’est l’inventaire qu’en fait Z.Swiechowski203. Les statues ou les bustes

reliquaires semblent avoir été souvent préférés. Quant aux églises sous le vocable de la Vierge, seule Notre-Dame-du-Port propose un programme sculpté dans la pierre. Les autres possédaient une statue de la Vierge en majesté dont il reste encore de nombreux exemples.

Le chapiteau de l’église de Saint-Nectaire fait donc partie des exceptions. Les quatre faces du chapiteau représentent des épisodes de sa vie ou plus certainement de sa légende hagiographique connue au XIIe siècle. Le plus ancien texte mentionnant saint Nectaire est la troisième Vie de saint

Austremoine, composée sans doute à Mozac à la fin du Xe siècle ou au début du XIe siècle204. Son

203SWIECHOWSKI 1973, p.226.

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auteur fait de saint Nectaire un des compagnons que saint Pierre donne à saint Austremoine, lui-même considéré comme un des soixante-douze disciples du Christ. C’est Jacques Branche qui, en 1652, donne sa forme définitive à la légende205. L’auteur précise, à la fin de son texte, qu’il a compilé des

vies tirées du martyrologe de France, des bréviaires de Brioude et de la Chaise-Dieu, de l’histoire de saint Austremoine et de l’ouvrage de Savaron sur « les origines de Clairmont » : d’origine grecque, Ypace se rendit à Rome où il rencontra saint Pierre qui le convertit et le baptisa en lui imposant le nom de Nectaire. Un jour qu’il devait traverser le Tibre pour aller prier à Saint-Sauveur, un batelier l’invita à monter dans sa barque ; Nectaire reconnut le démon qui voulait le noyer, mais il accepta tout de même même la proposition et le contraignit à le faire passer sans dommage. L’incident ne s’arrêta pas là, le bateau fit, à la vitesse d’un trait, l’aller et le retour un grand nombre de fois, puis saint Nectaire l’arrêta au milieu du Tibre, enjoignit au démon de se retirer au désert et regagna la rive à pied sec en marchant au milieu du Tibre comme les Hébreux à travers le Jourdain. Saint Pierre l’ordonna prêtre et le donna comme compagnon à saint Austremoine, mais Nectaire mourut à Sutri et son maître retourna l’annoncer à saint Pierre qui vint le ressusciter. Arrêtés, battus, emprisonnés, les missionnaires finirent par arriver à Clermont d’où Austremoine envoya Nectaire au mont Cornadore. Il y construisit une église à la place du temple d’Apollon et ressuscita un seigneur du pays, Bradulus. Saint Nectaire mourut quelques années après saint Austremoine.

Si l’on suit cette légende, les quatre faces du chapiteau se lisent facilement, en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre : passage du Tibre (face tournée vers le déambulatoire), ordination (face orientée à l’est), résurrection de saint Nectaire (face tournée vers l’autel), construction de l’église et résurrection de Bradulus (orientée à l’ouest). Dès 1910, l’abbé Rochias206 valide cette lecture mais

fait commencer l’histoire par la face de l’ordination sur laquelle il voit saint Pierre à gauche, saint Nectaire à droite, et au milieu un assistant tenant les ornements pour revêtir le nouveau prêtre. Mais Bernard Craplet a noté plusieurs problèmes207. D’abord, les quatre personnages auréolés sont tous

identiques et seraient donc, selon lui, saint Nectaire. Ce qui change tout, ou presque, seule la première face étant toujours le passage du Tibre. La résurrection de Bradulus se trouverait sur la troisième face, tournée vers le chœur et les deux autres faces poseraient alors problème : non plus une ordination mais plutôt une prédication sur la deuxième face et la résurrection d’un homme lors de la construction de l’église sur la quatrième. La lecture précédente impliquait en effet de voir dans les personnages nimbés deux fois saint Nectaire et deux fois saint Pierre. On peut lui opposer une remarque déjà faite par Zigmunt Swiechowski : tous les personnages adoptent la même coiffure, la même trace de barbe rasée que l’on trouve aussi sur le buste-reliquaire de saint Baudime dans cette même église, ou bien celui de saint Pierre de l’église de Bredons (Cantal)208, ou encore celui de saint Césaire de Maurs (fig. 74)209.

D’ailleurs il émet alors l’hypothèse que le fameux buste de saint Baudime ait été celui de saint Nectaire. En effet, tous ces bustes ou statues reliquaires ne présentent aucun signe distinctif pouvant identifier le saint et c’est sans doute l’ajout d’attributs dans leurs mains qui devaient marquer leur différence. Pour le chapiteau on peut émettre l’hypothèse de couleurs différentes, ce que le décapage total de ce chapiteau interdit d’imaginer. Sur la première face, le doute n’est pas permis : c’est bien Nectaire qui occupe l’angle gauche sur toute sa hauteur, debout, vêtu à l’antique et tenant une croix à longue hampe ; le diable, au contraire, petit, est vu à mi-corps, le buste et la tête renversés en arrière et les cheveux dressés sur la tête et réunis en une sorte de chignon. En fait, c’est l’ange qui occupe presque la moitié de l’espace : il est couché à l’horizontale, coupé au niveau de la ceinture par une nuée ressemblant à une corde en forme de W, et il pointe le doigt en direction de Nectaire. Son

205 SAINCTS ET SAINCTES éd. BRANCHE, tome II, p. 177-185. 206 ROCHIAS, 1910, p.18.

207CRAPLET1955, p.159.

208 Conservé au musée de Saint-Flour (Cantal). 209 Dans l’église de Maurs (Cantal).

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deuxième bras n’est pas visible, englobé dans la nuée. Il faut alors comprendre que c’est l’intervention divine qui est ici la plus importante, Nectaire n’en étant que le relai, et le doigt pointé vers lui

semblant lui envoyer le pouvoir d’exécuter le dessein divin. D’ailleurs la croix tenue par Nectaire montre déjà qu’il agit au nom du Christ.

Sur la deuxième face, c’est saint Pierre qui est placé sur l’angle gauche : il désigne du doigt de sa main gauche le personnage de droite qui doit être Nectaire, vêtu de court cette fois, et de sa main droite relève un pan de son vêtement. Entre les deux personnages, un homme, vêtu également de court, tient un tissu qui a donc été identifié comme le vêtement de prêtre destiné à Nectaire. De nouveau, ce geste du doigt pointé transmet à Nectaire le sacrement.

Sur la troisième face, tournée vers l’autel, ce serait donc saint Pierre qui, de nouveau, serait placé sur l’angle gauche, debout sur des volutes, la main gauche levée vers le ciel et tenant de la main gauche, à son tour, une croix à longue hampe qu’il abaisse sur Nectaire représenté se soulevant de son tombeau. La main tendue vers le ciel montre là aussi que l’action vient de Dieu, et c’est avec la croix, signe visible du pouvoir divin, qu’il exécute le miracle. D’ailleurs sa main gauche est ouverte et tendue vers le haut en direction du ciel. Derrière le tombeau un homme se penche vers la gauche et appuie la tête sur sa main droite, l’autre main est ouverte paume vers le haut. Ce troisième personnage, celui qui se lamente, est un laïc en costume court, sans doute un des compagnons de Nectaire, mais rien dans le récit ne nous permet de l’identifier avec certitude.

Sur la quatrième face, une église entourée d’un rempart occupe la moitié supérieure de la corbeille. On distingue très précisément le chevet, le clocher placé sur la croisée du transept et une tour inachevée dans sa partie ouest. Elle sert de décor à la scène qui se déroule au premier plan, donc au nord de l’église : Nectaire, tenant une petite croix de la main droite, se penche sur un homme couché par terre, dont la moitié du corps est cachée derrière le saint. Des volutes, formant une sorte de fleur, viennent combler le vide au-dessus de lui suggérant la vie. On aurait donc, sur cette face, l’église que Nectaire fait construire, et sa notoriété une fois reconnue, l’épisode où il lui est demandé de ressusciter un seigneur local. Le saint tient le bras du mort de sa main gauche et tend une petite croix de sa main droite.

Certains détails peuvent être pris en compte pour essayer de répondre aux questions d’identifications qui se sont posées : le cercueil de la troisième face et le linge de la deuxième face. Sur la deuxième face, sur laquelle certains veulent voir une scène de prédication, l’un des personnages vêtus de court (donc des laïcs) a les mains voilées par une étoffe, comme le pense Michel Andan210, ou

bien présente un vêtement. B. Craplet note que s’il s’agit du vêtement que reçoit Nectaire lors de son ordination, pourquoi l’a-t-il déjà dans l’épisode précédent ? La remarque est pertinente, mais la question est la même que pour les têtes toutes similaires. La lecture adoptée ici (celle du récit de Jacques Branche et la lecture de l’abbé Rochias) semble pourtant la plus crédible.

L’autre difficulté était la distinction entre les deux résurrections. Sur la troisième face, le mort se lève d’un cercueil anthropomorphe dont la cuve est décorée d’une arcature. Le choix entre les deux ressuscités (Nectaire ou Bradulus) a semblé poser problème, le troisième personnage qui se lamente pouvant être indifféremment Austremoine compagnon de Nectaire ou Agrécius frère de Bradulus. L’argument le plus décisif est le récit de Jacques Branche qui précise bien que c’est à cause de la notoriété acquise en Auvergne par saint Nectaire qu’on lui demande d’intervenir auprès de Brandulus. Il semble donc préférable de s’en tenir à la première solution Ŕ résurrection de saint Nectaire- (légende notée par J. Branche et lecture de G. Rochias), la deuxième apportant plus de questions que de

réponses.

En tout état de cause, l’histoire elle-même est conforme au schéma habituel d’une vie de saint : une suite de miracles. Le premier, la traversée du Tibre, est particulièrement intéressant d’une

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part parce qu’il se retrouve presque identique dans la légende d’autres saints comme saint Marcellin à l’église de Chanteuges (43) (une foule de pèlerins devant franchir un fleuve en furie, le saint prie Dieu de leur ouvrir le passage comme il l’avait fait pour Moïse lors du passage de la mer Rouge)211, mais

aussi dans de nombreux autres cas de traversées de la mer dont les saints sortent vainqueurs ; d’autre part parce que l’intervention du démon essayant de nuire à un personnage est considérée

habituellement comme la première preuve de sainteté. En effet une idée se retrouve dans de nombreux textes : Dieu autorise le diable à s’en prendre aux justes pour montrer sa puissance, l’exemple le plus célèbre étant Job, considéré comme le soldat du Christ qui va vaincre le démon pour rendre évidente la puissance de Dieu212. C’est sans doute cette intervention de Dieu qui a motivé la présence importante

de l’ange qui occupe toute la partie supérieure de la corbeille : ce n’est pas Nectaire qui a le pouvoir sur le démon mais bien Dieu qui agit à travers lui. Les autres miracles confirment la grâce qui lui est accordée en faisant de lui un témoin de la puissance divine : d’abord il est ressuscité, ce miracle montrant que Dieu s’intéresse à lui, puis il ressuscite lui-même quelqu’un, ce qui le place au même niveau que le Christ qui, dans les évangiles ressuscite plusieurs morts avant de ressusciter lui-même. Dans ce contexte, l’idée de trouver successivement « être ressuscité » puis « ressusciter les autres » semble plus logique et fait encore pencher pour la première lecture.

2 - Chapiteau de la Résurrection-Sr1 (fig. 75)

Situé au sud, le plus proche du transept, ce chapiteau représente deux épisodes, les saintes femmes au tombeau et la descente aux limbes. L’épisode des saintes femmes au tombeau se trouve dans plusieurs églises de la région, le chapiteau du chœur de Saint-Pierre de Mozac étant le plus connu. Par contre celui de la descente aux limbes semble unique. Le récit de la résurrection du Christ se trouve chez les quatre évangélistes avec quelques variantes, mais, pour la descente aux limbes, il faut se référer à un évangile apocryphe, celui de Nicodème (ou actes de Pilate)213. En effet aucun

évangéliste ne prend en compte cet épisode qui a parfois fait partie du Symbole des Apôtres (credo)214.

Paradoxalement cet épisode, qui a donc parfois été considéré comme faisant partie des principaux éléments de la foi chrétienne dans la liturgie, n’est pas tiré des écritures canoniques.

Le premier épisode, celui de la visite des saintes femmes au tombeau, occupe, à lui seul, trois faces du chapiteau : au centre, sur la face tournée vers l’autel, le tombeau, à sa gauche les trois saintes femmes, à sa droite quatre soldats. Étant raconté par chacun des quatre évangélistes, il est donc nécessaire de confronter les divers textes pour voir si l’un d’eux a été privilégié. Selon les auteurs, en effet, le nombre des femmes et la position de l’ange diffèrent : deux femmes pour Matthieu, trois pour Marc, plusieurs pour Luc, une seule pour Jean, Nicomède ne précisant pas leur nombre. Donc seul le texte de Matthieu correspond à l’image. D’autre part, pour Marc l’ange est à l’intérieur du tombeau, pour Luc et Jean il y a deux anges. Il en ressort que, si l’on se limite strictement aux éléments représentés, trois auteurs seulement sur cinq ont produit un texte correspondant, au moins en partie,

211Acta sanctorum, op. cit., tome 11, Apr. II, p.751, 13. Le chapiteau de l’église Saint-Marcellin de

Chanteuges (43), montrant un évêque naviguant entre deux griffons, pose également un problème

d’interprétation. Dans une étude précédente nous avions émis l’hypothèse d’une représentation du voyage de saint Brandan : GUILLAUMONT 2010, p. 375.

212 ANGHEBEN 1994.

213 APOCRYPHES CHRÉTIENS éd. GEOLTRAIN, p.293 et suivantes.

214 Formulaire abrégé de la foi chrétienne connu sous de multiples variantes depuis le II e siècle, dont le

texte a été fixé en 1566. Par exemple, saint Augustin, qui est une des références majeures au XIIe siècle,

n’intègre pas cet épisode dans son sermon sur le symbole (S.C. 116, p.175.). Sur les nombreuses versions recensées, seules quelques-unes l’intègrent, mais la version actuelle le prend en compte, ce qui a pu influencer certains chercheurs.

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avec les images et seuls les textes de Matthieu et Nicomède correspondent vraiment. Pourtant, dans le rite romain, c’est le texte de Marc qui est lu le jour de Pâques. En résumé la représentation de cette face du chapiteau serait une synthèse des évangiles de Marc et de Matthieu, l’évangile de Nicodème n’étant pas en contradiction.

Ce bâtiment qui se trouve au centre de l’épisode est composé de trois étages. En bas, un soubassement circulaire est percé d’une petite ouverture en plein cintre ouverte, l’épaisseur importante du creusement produit l’effet d’un trou noir. En regardant de près on s’aperçoit que l’épaisseur du trou est plus importante en haut. Au-dessus un étage rectangulaire, couvert d’un toit dont on ne voit qu’une pente, montre une façade presqu’entièrement occupée par deux ouvertures en plein cintre séparées par un pilier cantonné de trois colonnes à chapiteaux. Les arcs sont bordés d’une rangée de pierres. À l’intérieur de chaque ouverture, on aperçoit un fond composé des plis d’une tenture devant laquelle sont suspendues des lampes, une sous chaque arc. Mais, détail intrigant, la tenture de droite semble soulevée sur la gauche et un vide est creusé à cet endroit semblant rejoindre le creux de l’ouverture de l’étage inférieur. À l’écoinçon des arcs, une petite ouverture laisse échapper une volute toute aussi problématique. A-t-on voulu suggérer avec l’ensemble de ces détails l’ouverture par laquelle est sortie le Christ ou bien l’ange ? Et la volute suggère-t-elle le linceul (fig. 76)? En haut, un étage plus étroit forme lanterne, le toit est conique, couvert de tuiles comme l’étage précédent et surmonté d’une fleur à cinq branches ; les deux ouvertures en plein cintre sont vides. Du côté des soldats deux marches suggèrent un escalier : la porte se trouve donc de ce côté et les soldats la gardent. L’ange placé de l’autre côté n’est donc pas devant la porte, mais à l’opposé, du côté de la tenture soulevée.

Ce bâtiment ne ressemble pas à un monument funéraire, mais bien à une église. On peut seulement remarquer que son soubassement, rappelant une crypte correspondrait au tombeau lui- même. Ici la différence avec les textes est notoire puisque les trois évangélistes qui mentionnent le tombeau parlent d’un sépulcre taillé dans le roc. On pense alors au Saint-Sépulcre de Jérusalem qui, toujours présent dans l’esprit des contemporains, en tant que tombeau du Christ, a pu servir de référence. Pourtant, à part l’arrondi de la partie basse (qui suit la forme de l’astragale du chapiteau), rien ne rappelle précisément ce bâtiment. Mais si l’on se reporte à l’étude de Richard Krautheimer sur les représentations de l’Anastasis215, on peut penser que les deux éléments présents ici (forme arrondie

et fenêtres géminées) sont suffisants pour suggérer l’Anastasis de Jérusalem. Il faudra revenir sur ce