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Le climat et la végétation reflètent les caractéristiques générales des montagnes d’Afrique de l’Est, leur environnement est influencé par la zone climatique de type tropical humide et est nuancé par l’altitude. Il en ressort un large panel de situations favorables aux activités traditionnelles des sociétés agricoles.

Climat

Les conditions atmosphériques sont sous l’influence des importantes masses d’eau : l’océan Indien et la lac Nyassa, la latitude (entre 8,5° et 9,5° au sud de l’équateur) et l’altitude. Cette dernière affranchit selon un gradient altitudinal les conditions atmosphériques du massif à la zone climatique, la chaleur décroit avec l’altitude. Globalement, les précipitations sont importantes et la saison des pluies s’étale du mois d’octobre au mois de mai. Les étages les plus hauts sont plus froids et humides et la température peut descendre au dessous de zéro. Ils sont fréquemment noyés dans un brouillard persistant qui par moment réduit la visibilité à quelques mètres. Les étages en dessous de 1700 m connaissent des températures plus élevées surtout à la période chaude entre les mois d’octobre et de février. Entre 1700 m et 2000 m, la situation est intermédiaire, le thermomètre passe fréquemment en dessous des 10° et par moments en dessous des 5 ° en été. L’évolution des températures31 le long de l’année indique des caractéristiques analogues, les zones les plus proches du lac Nyassa ont des températures plus irrégulières. L’altitude affecte les températures, plus on s’élève, plus elles descendent. Dans les Uporoto Highlands, le gel est fréquent pendant la nuit en saison froide (mai à août). Pendant cette période, le thermomètre à Mbeya peut aussi

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descendre en dessous de zéro aux heures nocturnes. D’après les données disponibles, la température annuelle moyenne à Mbeya est de 16,9° (min 4,6° ; max 26,8° ; 1963-1977) et est de 21,6° (min 15,1° ; max 28,7° ; 1976-1980) à Chivanje (1067 m).

Le régime des précipitations est de type unimodal, la saison des pluies s’échelonne du mois d’octobre au mois de mai. Elles sont plus importantes au sud de l’arrête où elles atteignent 2662 mm à Kiwira32 (1961-1970 ; 1372 m) et 2577 mm à Tukuyu (1961-1982 ; 1615 m), et jusqu’à 3500 mm dans les Uporoto Highlands (Nalitola, 1990 in Sokoni, 2001). Le minimum a été observé à Mbeya (959 mm). À l’est du croissant, elles sont moins importantes, de l’ordre de 1536 mm à Isangati (1961-1982 ; 1829 m), situé aux portes du plateau Umalila et de l’autre côté de l’arrête. L’évaporation régulière du lac Nyassa, bloquée par les Uporoto agit sur l’atmosphère humide du concave, fréquemment plongé dans le brouillard et les nuages. Les variations annuelles sont notables, d’après la population locale, la stabilité et la régularité des saisons sont plus incertaines qu’auparavant. A. Vincens et al33 indiquent des observations de l’ordre de 2500 mm à Tukuyu. Cosmas Sokoni observa en 1996 qu’au mois de novembre, la saison des pluies n’avait toujours pas commencé, et que les paysans se plaignaient d’un raccourcissement de la saison des pluies et de la baisse des précipitations (Sokoni, 2001).

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Données issues de mesures anciennes, années 1961-1982, années 1961-1970, les altitudes indiquées sont également celles mentionnées dans Rugumamu (1988).

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Vincens A. et al (2003) Pollen-based vegetation changes in southern Tanzania during the last 4200 years:

climate change and/or human impact. In Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology Volume 198, Issues 3–4, 1 October 2003, Pages 321–334.

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Graphique 1. Diagramme des précipitations, d’après Rugumamu, 1988

Les diagrammes de précipitation indiquent des variations en termes de distribution des pluies : dans le concave des Uporoto, la saison des pluies est plus longue et leur volume est plus important que dans le convexe de la crête. Plus on se rapproche du lac Nyassa, plus le régime des pluies est irrégulier. Dans la zone convexe, l’altitude est moindre, tout comme les précipitations, et tout comme la durée de la saison des pluies.

Les différents climats influent les types et les durées de mise en culture de ces espaces où le sol est principalement exploité en polyculture.

Végétation

Le couvert végétal est influencé par l’altitude et est le résultat d’un territoire fortement anthropisé, l’agriculture est le mode principal de mise en valeur du sol. Les cultures permanentes (banane, thé, café, arbres fruitiers, etc.) et les cultures annuelles (pomme de terre, maraîchage, céréales, etc.) sont réalisées entre des espaces de prairies et de forêts, sur les plateaux, sur les collines et les reliefs même le plus abrupts et dans les fonds de vallées. La forêt initiale a presque partout été défrichée pour laisser la place aux activités agricoles, sauf là où elle a été mise en réserve. Dans les Uporoto Highlands, Cosma Sokoni notait « a part

from the reserved forests no other natural forests has survived from the expansion of farmland » (idem : 96).

55 Carte 4. Couverture et usage du sol

Au dessus de 1800 m, la forêt pluviale est la formation végétale initiale, la canopée s’échelonne de 7 à 40 mètres. La forêt est marquée par l’altitude, les principales essences sont : Millettia, Ficus, Cissus, Arundinaria Alpina (bambou),

Hagenia abyssinica, Ocotoa usambarensis, Ficalhoa laurifolia. Une dizaine de

parcelles classées en tant que réserves forestières sont protégées, la plupart d’entre elles sont de très petites dimensions, et sont convoitées par les paysans. Seules la Rungwe Forest Reserve, la Poroto Ridge Forest Reserve et la Livingstone Forest Reserve ont des superficies importantes (environ 120km² pour RFR). Non loin d’Igoma, une plantation de pins a été créée au début des années 1970 en remplacement de la forêt initiale et des prairies.

Des prairies boisées poussent dans les Uporoto Highlands entre 1700 et 2300 m enveloppant la Poroto Ridge Forest. Y paissent des vaches pour la

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production de lait. Hormis les forêts protégées c’est l’étage du maraîchage (pomme de terre, chou, tomate, carotte), du blé et du maïs. Le pyrèthre fut une culture commerciale majeure de cet étage, jusqu’à son déclin qui a correspondu à l’essor de nouvelles cultures commerciales : la pomme de terre et le maraîchage. Les essences originaires les plus rencontrées sont : Hyparrhenia, Themada, Acacia albida,

Erythrina abysinica, Agoria salicifolia.

Entre 1000 m et 1800 m, le couvert végétal est le fruit de l’agriculture qui associe les cultures annuelles et les cultures saisonnières : haricot, maïs, banane, arbres fruitiers (avocat), fruits (ananas), thé, café, manioc, etc. Des plantations de café sont établies sur le plateau Songwe, tandis que celles de thé se trouvent au sud du mont Rungwe.

Carte 5. Carte des zones agroécologiques

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2. Le développement de l’agriculture

L’économie du terrain d’étude est marquée par la prédominance de l’agriculture dont les productions sont non seulement destinées à l’alimentation de la population locale mais également à la demande urbaine nationale, voire sous-régionale. L’agriculture est familiale, elle recourt à la main d’œuvre pour des tâches spécifiques ; elle est en transformation, bouleversée par les modifications de l’environnement économiques et des modes d’encadrement. Des processus d’individuation et de commercialisation des moyens de production sont des manifestations de la pénétration de l’économie globale dans un monde rural plein articulé à l’économie de marché.