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LE VISAGE DU CHRIST, DE L'ÉGLISE ET DE MARIE

1.3. L'ECCLÉSIOLOGIE «CHALCÉDONIENNE» D'YVES CONGAR ET LA VIERGE MARIE COMME UNE FIGURE DE MÉDIATION

1.3.3. LE VISAGE DU CHRIST, DE L'ÉGLISE ET DE MARIE

À présent nous voulons nous arrêter sur la seconde partie du livre, là où se trouve l'article intitulé «La piété catholique envers le Christ, l'Eglise et Marie, sait-elle toujours éviter la tentation d'une tendance monophysite?» et où nous trouvons ce que le P. Famerée appelle l'ecclésiologie chalcédonienne du P. Congar.

Tout autant que dans la christologie, il importe aussi dans l'ecclésiologie de respecter les rapports délicats et l'équilibre entre le divin et de l'humain. Il s'agit tout d'abord de bien entrer en rapport avec l'équilibre fondamental du dogme chalcédonien lui-même. Cet équilibre qui a été, et pas seulement une fois dans l'histoire, déséquilibré à cause d'une piété trop centrée sur la divinité du Christ; jusqu'au point, dira le P. Congar, de ne parler de Jésus que comme du Bon Dieu... Aussi l'image du Juge divin inspire aux générations chrétiennes le sentiment de l'inaccessibilité du Christ trop divin. Et encore aujourd'hui, «tandis que la foi pense à un Christ monophysite, qui est Dieu se servant d'un corps, le sentiment se réchauffe en se donnant un Christ tout humain, "grand frère", "copain" même...»250 se plaint le théologien dominicain.

L'enseignement du Concile ne prête pas à une telle interprétation, et il faut donc lui donner la chance de nous éclairer. Après une présentation assez large de l'enseignement que nous donne le dogme de 451, notre auteur peut donc conclure :

Une pensée insuffisamment prémunie contre la tentation monophysite risque de ne guère considérer l'humanité du Christ que comme «instrument conjoint» de la divinité, ce en quoi et par quoi Dieu lui-même agit. Il ne faut pas négliger la considération de cette humanité comme sainte et sanctifiante en elle-même, bien qu'elle le soit en conséquence et en dépendance de l'union hypostatique251.

Joseph Famerée, L 'ecclésiologie d'Yves Congar avant Vatican IL, p. 132. Yves Congar, Le Christ, Marie et l'Église, p. 57.

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L'humanité glorifiée de la Vierge Marie, les prémices de la Rédemption, l'exemple et le gage de l'humanité glorifiée, continue notre théologien,

reporte notre esprit vers l'humanité sainte et glorifiée du Christ, à l'image de laquelle la sienne connaît la victoire sur le péché et sur la mort. Bien comprises, loin de favoriser quelque tendance monophysite, les affirmations catholiques sur les grâces de Marie confirment la foi apostolique lumineusement déclarée par le concile de Chalcédoine252.

Le monophysisme ecclésial consisterait alors dans l'insistance hypertrophiée de l'aspect divin de l'institution. Le fait que la vraie humanité de l'Eglise connaît de «vraies tentations, de vraies faiblesses et, sauf l'inhérence globale de son enseignement et l'infaillibilité de ses décisions dogmatiques ou morales définitives, connaît aussi des erreur»253, n'est pas autant populaire et admise par les consciences catholiques que son aspect divin, écrit le P. Congar en 1951. Or l'Église a une vraie histoire, un vrai développement, où il y a de la place pour les obscurités purement humaines. Le cas de l'Église n'est pas en effet exactement celui du Christ.

Le Christ est, en son humanité elle-même, absolument impeccable et adorable. Tel n'est pas le cas de l'humain dans l'Église : il a son existence humaine propre et il n'est uni à un principe divin que par une union d'élection, de promesse et d'alliance [...] qui laisse la liberté aux humains, avec leur autonomie, non seulement psychologique et morale, mais ontologique et radicale, la possibilité de tomber254.

Cette visibilité, historicité, et même cette faiblesse de l'Église restent cependant au service de la grâce qui lui a été promise et donnée par le sang de la Nouvelle Alliance. La position extrême théologiquement opposée, qui se risque dans une sorte de simple «juxtaposition de la sainteté de Dieu et de la faiblesse de l'homme»255, a déjà été décrite par le P. Congar dans la première partie du livre où il analyse les positions frontières de certaines théologies protestantes.

Considérant enfin les tentations monophysites des catholiques par rapport à la Vierge Marie, le P. Congar se tourne vers les lieux de la piété, et, malheureusement aussi, de la théologie catholique, où Marie apparaît comme celle qui, si l'on peut dire, remplit la place restée 252 Yves Congar, Le Christ, Marie et l'Église, p. 67.

™Ibid.,p. 73.

2$4Ibid.,p. 78.

vide entre la terre et le ciel, après que le Christ, en juge trop divin - objet de crainte et de tremblement256- soit devenu inaccessible aux hommes. En lui, l'humanité semble absorbée par la divinité, non pas qu'il y ait une mutation substantielle, mais à cause de sentiments et d'affections qui sont en lui plus divins qu'humains... parce que tous ses actes sont divins... Nous avons besoin d'une Médiatrice auprès de notre Médiateur... Ces idées de Saint Bernard, perpétuées à travers tout le second millénaire, ne sont pas sans le danger - trop évident - d'un monophysisme latent.

La dernière analyse du frère prêcheur se tourne alors vers le lieu où se trouve selon lui la source des exagérations doctrinales du catholicisme par rapport à la Vierge Marie, à l'Église et même au Christ. C'est au moment où la théologie se met au service d'une piété particulière, ou d'une expérience spirituelle particulière, en atténuant les références fondamentales données dans la Révélation, dans rÉcriture et dans l'ensemble du Mystère professé par la foi catholique, que les déviations peuvent survenir. «La référence objective à un donné normatif est indispensable»257. La tendance à majorer certaines pages de la Révélation aux dépens de l'harmonie de son ensemble a, par ailleurs, toujours été la source des hérésies. Ce sont là des pages très intéressantes, avec un message fort et lucide, que l'auteur adresse, parmi d'autres, aux théologiens de la piété mariale de son temps. Il ne s'agit point d'une condamnation des éléments théologiques découlant de la piété, ni d'une volonté excessive de compréhension intellectuelle des expériences mystiques. Sinon, on ne comprendrait pas, par exemple, la recommandation de la piété au Christ-Roi et au Sacré-Cœur que notre auteur lui-même suggère comme un antidote contre la méconnaissance de la vraie et sainte humanité du Christ258. 11 s'agit, par contre, très certainement, d'un souci d'équilibre et de ce sérieux théologique chez le P. Congar que nous avons déjà pu découvrir, et, même si nous ne l'avions pas mentionné expressément, de son souci de dégager le chemin de l'œcuménisme des obstacles auxquels se heurte si souvent la sensibilité protestante. Lelles étaient en tout cas les perspectives premières du livre Le Christ, Marie et

l'Eglise.

Paroles de J. Nouet, s.j. (+1680) cité in Y. Congar, Le Christ, Marie et l'Église, p. 85. ' Cf. Ibid, pp. 8 9 - 9 3 .

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Notre long commentaire de ce livre central sur Marie et l'Église du P. Congar nous a permis notamment de nous rendre compte à quel point la méthode thcologique de cet auteur est constamment maintenue avec rigueur et dans le but d'articuler le dogme et l'histoire, le dialogue œcuménique et la Tradition. Marie et l'Église sont référées et situées en rapport à l'ensemble de la foi catholique et de son centre qui est pour Congar, comme nous avons pu le remarquer auparavant, le mystère de l'Incarnation rédemptrice. Ici se trouve le fondement de l'historicité de toute considération théologique et le fondement de son réalisme, de sa cohérence avec l'expérience humaine. Dans la période suivante de la vie de notre théologien - marquée par les discussions et l'événement conciliaire - la figure mariale restera disposée selon ces mêmes principes fondamentaux. Le théologien dominicain appellera à la vigilance tous ceux qui durant le Concile voulaient, peut être sans le savoir, orienter leurs travaux mariologiques plus selon le souci de la piété que selon le souci de la simplicité évangélique à laquelle invitait le - nécessaire - renouveau théologique de l'époque.

Cependant, dans la suite de ses travaux, Congar ne va pas revenir à ce thème de manière systématique. Il se penche désormais sur des thèmes qui touchent plus à l'historicité qu'au statut symbolique ou eschatologique de l'Église. Le rôle, par exemple, de l'institution ecclésiale dans sa corrélation à l'Esprit Saint - humanité et divinité - qui va être développé à travers ses nombreuses travaux, touche à la problématique soulevée dans Le Christ, Marie et l'Église, sans pour autant revenir sur le rôle de Marie. Cela, nous devons le rappeler, est entièrement conforme à l'orientation que prend la pensée ecclésiologique de Congar dans les années conciliaires. L'historicité de l'Église, liée à son côté humain, implique sa réformabilité. L'état actuel de l'Église n'est pas impeccable. La figure future, eschatologique, vers laquelle tend l'Église l'est; et elle est comme contenue et symbolisée en Marie. Mais c'est plutôt rarement le sens vers lequel se porte le regard de notre théologien. Dans Vraie et fausse réforme dans l'Eglise (1950, réédité en 1969), pour accentuer ses mêmes principes qui donnent au visage de l'Église un aspect très dynamique, l'auteur aborde encore le thème patristique de l'Épouse du Christ, femme choisie dans l'impureté, entrée ensuite dans l'ordre de la sainteté259. En 1970 nous retrouvons encore,

259 Yves Congar, Vrais et fausse réforme dans l'Église, p. 7 8 - 8 3 . L'Église une, sainte, catholique et apostolique, pp. 136 -140. Notons que, par rapport à cette thématique, Congar fait régulièrement référence aux travaux de Dalthasar.

dans cette même optique, le thème de l'Épouse dans L'Église une, sainte, catholique et

apostolique, de la collection Mysterium Salutis.

Il nous reste à remarquer, avec J. Famerée, qu'en 1954, le P. Congar «estimait qu'il fallait réinsérer le mystère de Marie dans celui de l'Église»260, perspective qui n'est pas directement présente dans Le Christ, Marie et l'Eglise, mais qui devient importante dans la mariologie-ecclésiologie congarienne validée dans la suite par le Concile Vatican II lui-même.

Un passage comme naturel au second chapitre de notre travail - dédié à la place de la figure mariale dans l'ecclésiologie de Hans Urs von Balthasar - s'impose ici: nous y conduit en effet une perspective à laquelle Yves Congar sera confronté après le Concile Vatican II, et dont son commentaire dans l'article «La personne "Église"» de 1971 constitue probablement le plus ample développement. Il s'agit de la problématique de la personnalité propre de l'Église, qui rejoint, si on peut dire, la réflexion sur la relation entre Marie et l'Église, perspective qui fait son chemin à l'intérieur du même renouveau théologique autour du Concile.

Nous nous permettons de citer ici plus longuement le P. Famerée qui l'esquisse de façon condensée.

En se concentrant moins sur l'Incarnation, on pourrait aussi envisager Marie dans sa réceptivité fondamentale à l'Esprit, image de la disponibilité ecclésiale; la virginité et la maternité divine uniques de Marie étant personnellement archétype de la virginité et de la maternité universelle de l'Église. Dans le consentement immaculé et sans réserve de Marie à l'Annonciation, l'Esprit Saint a pour ainsi dire préformé la réponse d'amour que l'Église, Épouse du Christ, doit donner à son Seigneur, un "oui", cependant, qui doit toujours d'abord se reconquérir sur le refus préalable du péché. Mais, sur ce même plan, le consentement mariai offre le modèle du consentement ecclésial puisque, dans le «oui» originel de Marie, se trouve préfiguré le «oui» final de l'humanité au don de Dieu, le «oui» eschatologique qui marquera un jour la parfaite transparence à Dieu de l'Église et de l'Humanité devenues le Royaume des Cieux, où Dieu sera "tout en tous" (1 Co 15, 28). On pourrait donc parler de Marie-Église261.

0 Joseph Famerée, L'ecclésiologie d'Yves Congar avant Vatican IL, p. 137, note 374.

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Le P. Famerée donne ensuite les noms des auteurs considérés comme des principaux représentants de cette perspective. Ce sont les PP. Balthasar, Léonard, Bruaire et Laurentin. Nous pouvons ajouter certainement les cardinaux Karol Wojtyla et Joseph Ratzinger.

1.4. «LA PERSONNE "ÉGLISE"», UNE AUTRE PERSPECTIVE ECCLÉSIOLOGIQUE DE LA FIGURE MARIALE ?

Dans notre chapitre : «Le concept "personnel" de l'Église et la réflexion ecclésiologique sur Marie», nous avons vu dans quelle situation est née, ou pour une part, est renée, et comment s'est posée la question sur la personnalité propre de l'Église durant les années 1970. Nous avons aussi signalé l'intérêt que représente ce débat pour notre travail sur le rapport entre la figure mariale et l'ecclésiologie chez deux grands personnages de la théologie contemporaine les PP. Congar et Balthasar. L'article «La personne "Église"» du P. Congar est le lieu où la rencontre entre les deux approches du rôle personnel de Marie au cœur de l'Église devient la plus explicite, et où la rencontre entre Congar et Balthasar, même si elle est très brève, est fortement significative.

Nous avons pu suivre le P. Congar dans ce qui a été le plus constant et le plus typique dans sa perspective mariale vis-à-vis de l'ecclésiologie. Nous verrons que les principes méthodologiques - que nous avons déjà pu dégager - sont appliqués aussi dans cet article, avec une aisance et pertinence sans équivoque. L'analyse historique du thème et la mise en évidence des perspectives contemporaines, même si c'est de façon très condensée, y sont pratiquement achevées262. La formation thomiste transparaît sans conteste et demeure le principal soutien

philosophique de l'argumentation du dominicain.

Nous n'allons pas nous arrêter sur l'histoire qui, comme le P. Congar le dit dans l'introduction, montre «qu'avant de devenir une question proprement ecclésiologique, [la personnalité propre de l'Église] a été une question christologique, ou plutôt qui a exprimé l'unité

qui existe entre le Christ et l'Eglise»263. L'article étant lui-même un résumé, ne demande pas un

autre résumé. L'analyse historique de Congar présente cinq périodes261. Retenons juste - dans la

dernière période - les propositions du P. Charles Journet qui a tenté d'harmoniser le thème augustinien de Caput et corpus, Sponsus et sponsa = una caro, Christus lotus = una persona, avec l'usage thomiste de una persona mystica pour expliquer, en sotériologie, que le Christ ait mérité pour tous les hommes, et, enfin, avec le thème de subsistance du Corps mystique formulé par Cajetan, Nazarius, etc. La réflexion revient en effet sur la difficulté que représente la distinction, dans l'Eglise, d'un autre sujet personnel que celui du Christ, dont l'Église est le Corps. «Hypostasier» l'Eglise, la mettre à côté du Christ pour ainsi dire, comme une personne distincte, pose des difficultés insurmontables. Identifier l'Église tout simplement au Christ n'est pas non plus possible. On peut dire que, selon une certaine autonomie, les croyants sont unis au Christ, et cela comme un ensemble à qui revient l'attribution de la grâce et la coopération au salut du monde265.

L'Église n'est pas non plus, et de loin, absorbée en Marie. L'Église reste une «collectivité » comme l'écrit Gérard Philips, qui poursuit : « Reconnaître en elle une personnalité morale ou l'appeler "une personne mystique" ne lui enlève rien de son caractère composite [...] alors que Marie est une personne [...] qui n'a pas d'existence religieuse en dehors ou en marge de l'Église»266. Tout ce que nous pouvons dire de Marie comme d'une personne ne sera jamais dit de

la même manière de l'Église. Gérer cette tension entre la nécessité de distinguer - dans une juste mesure - l'Église du Christ, tout en maintenant leur unité, et trouver éventuellement un centre personnel à l'Eglise, est comparable à la gestion de la tension entre l'image de l'Église comme Corps du Christ et comme Épouse du Christ267; ce sont là deux figures bibliques dont le mystère

d'unité est de grande portée (Cf. Eph 5, 32)268.

263 Yves Congar, «La personne "Église"», Revue thomiste, 80e année, tome LXXI, n° l, janvier-mars 1971, pp. 613 - 6 4 0 .

264 Augustin, Thomas, le Concile de Trente avec Cajetan et Bellarmin, l'encyclique Mystici Corporis et la théologie contemporaine.

265 Ce thème classiquement thomiste est présent à travers toute l'ecclésiologie du premier Congar. Il recèle les dangers dont nous parle le P. Famerée dans son analyse finale de la période d'avant le Concile. J. Famerée, L'ecclésiologie d ' Yves Congar avant Vatican //., pp. 410 - 421.

266 Gérald Philips, «Marie et l'Église, un thème théologique renouvelé», p. 406.

267 Nous allons revenir sur cette problématique dans la 5è'"e partie de notre travail, où nous nous intéresserons à la valeur du langage métaphorique chez Congar et Balthasar.

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La vision théologique du P. Congar est centrée d'abord sur la notion d'élection. L'Église est «l'ensemble» de l'humanité sauvée. L'Église est un projet de Dieu, unique et total. C'est donc dans une perspective eschatologique que se situe d'emblée, et globalement, notre théologien. Il faut chercher le principe d'unité en Dieu; et il faut chercher également en Dieu la façon dont ce principe nous est communiqué. Comment la grâce trouve-t-elle chez les chrétiens le lieu de ses attaches? Le principe d'unité entre l'Eglise et le Christ ne se trouve pas dans la nature humaine, mais dans les liens surnaturels de la grâce269 qui ont leurs racines dans le Christ et dans le Saint-

Esprit. Reprenant les mots de Charles Journet, le P. Congar affirme que «l'Église est toute suspendue à ses causes divines »; elle a « son existence et sa consistance par elles»270. Autrement

dit, elle subsiste mystiquement dans le Christ qui est assis dans les Cieux à la droite de Dieu. Cependant ici-bas nous avons «juste ce qu'il faut d'attaches ou de racines pour que [la grâce] soit vitalement nôtre, c'est-à-dire qu'elle soit en nous, avec nos puissances ou facultés, le principe d'actes surnaturels (...) qui soient vraiment nôtres»271. Aussi dans l'Église il y a «juste ce qu'il

faut pour que la Promesse et l'Alliance ne s'effectuent pas uniquement selon un statut de discontinuité et de pointillisme, mais selon un statut d'institution...»272. Ces dons de Dieu qui

forment l'Église, tout en n'ayant en elle qu'une unité spécifique, trouvent, dans leur cause divine ou christique, un principe de personnalisation. S'inspirant des propositions de J. Maritain, Congar trouve ce principe dans le Christ; dans le Christ dont les fidèles reflètent l'image. La grâce de filiation, «propos final de Dieu» où tous seront dans le Christ, constitue ce principe.

La personne-Église est la réalité une et totale visée efficacement par le propos de Dieu unique et total. L'Église n'est pas une personne, elle n'a pas de «subsistance» créée, elle n'a pas d'existence terminant une nature spirituelle individuée. Elle n'est pas une hypostase. Pourtant elle a un titre de personnalité qui dépasse la personnalité morale d'une société naturelle : la réalité de ce titre consiste à être le terme visé et posé efficacement par le propos, l'élection, l'initiative d'alliance de Dieu273.

269 Congar cite le P. Mersch : Le Corps mystique est l'élévation à l'état surnaturel de l'union qui existe entre tous les

êtres finis par la relation à l'Etre infini.

270 Yves Congar, «La personne "Église"», p. 636. 271 Ibid., p. 635.

mJbid, p. 635. 271 Ibid., p. 638.

La position exprimée ici est proche de celle du P. J.-II. Nicolas qui s'exprime ainsi : «on peut dire que c'est le Christ qui confère à son Eglise subsistance et personnalité : mais ce n'est pas sa subsistance, sa personnalité, c'est une personnalité propre et créée, toute dépendante de la

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sienne» .