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Victimologie, psychologie victimologique, psycho- psycho-victimologie… ?

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Ces questionnements ne devraient pas avoir de quoi nous étonner tant ils sont, depuis que le psychologue existe, au cœur de son exercice et de sa discipline : son lot quotidien.

L’histoire de la psychologie est l’histoire des rencontres et des inscriptions successives du psychologue dans des champs et des conditions institutionnelles à chaque fois nouvelles Et dans cette confrontation à des populations et des problématiques à l’approche desquelles il n’était a priori pas formé, il s’est trouvé contraint de réinventer à chaque fois ses modalités d’exercice et ses outils d’intervention sur la base de ce qui fait malgré tout sa spécificité et qui tient, selon les travaux de L.-M. Villerbu (1993)3, à deux références fondamentales :

1 Ibid., p .30.

2 Ibid., p. 98.

3 Villerbu L.-M. (1993), Psychologues et thérapeutes. Sciences et techniques cliniques en psychologie, L’Harmattan, Paris. Et aussi : « Du sentiment d’obligation dans la pratique psychologique à l’école », colloque annuel de l’association des psychologues de l’enseignement catholique, Plestin-les-Grèves, septembre 2000.

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- celle de la clinique comme méthode et modèle d’expérience, qui a participé à déplacer l’objet de la psychologie vers la question du changement ; partant, la discussion psychopathologique n’y a de sens qu’à participer à une évaluation interne au dispositif lui-même, à un « diagnostic de cure » ou, si l’on veut, à l’analyse de la demande, si l’on entend par là celle des conditions possibles de son dépassement. A l’étiopathogénie s’opposera ici ce que nous désignerons par le terme d’hygiopoïèse en tant qu’elle est recherche non pas des causes, mais des modalités possibles de dépassement d’un état pathologique, l’origine d’une possible reconstruction, et non la conception de nouvelles entités pathologiques expérimentales ou de nouvelles causalités ;

- celle du cadre pour autant que l’on ne réduise celui-ci, ni à un programme, ni à un dispositif (des conditions de rencontre) mais qu’on le conçoive comme un ensemble de contraintes constitutives d’un espace rendant possible un travail psychique. Celui-ci doit, et ne peut dans les faits procéder autrement, emprunter les formes socialement privilégiées de s’expliquer avec soi-même, c’est-à-dire emprunter aux valeurs à propos et à partir desquelles du manque à être (ou si l’on préfère, de la souffrance) peut s’appréhender et se formuler1. L’on ne souffre jamais que de ce qui est socialement réprimé. Sauf à croire que le monde et la société se répètent sans cesse, ces surfaces ou « exutoires » (L.M. Villerbu, 1993) ne sont pas à prendre comme de simples variations phénoménales d’une structure, ou ensemble de structures anthropologiques invariables et extemporanées, la pratique n’ayant alors pas à s’en préoccuper. Elles participent en fait activement à faire du problème et, selon les époques et les cultures, elles sollicitent de façon privilégiée des modalités existentielles très différentes. Un principe persiste alors dans toute position psychologique…

… est qu’il n’y a de clinique que dans la contrainte et l’obligation à construire un espace de travail

“psychique” et que les conditions extérieures qui viendront le définir sont on ne peut plus variées. » Là réside sans doute une des caractéristiques fortes de la psychologie, c’est qu’elle s’est mise au service d’espaces aussi différents que l’école, l’hôpital, la justice. 2

Le propre de toute pratique psychologique serait son aptitude à faire des pratiques institutionnelles, au service desquelles elle se met, le prétexte à l’élaboration d’un espace clinique animé par la recherche d’un changement psychique. Ainsi, se tenant au plus près des mutations de notre société, les psychologues sont-ils sans cesse sollicités par de nouveaux champs, de nouvelles questions, de nouvelles problématiques, les contraignant à des inventions méthodologiques, techniques, notionnelles incorporant ces conditions renouvelées d’exercice et les caractéristiques des nouvelles populations en charge.

Il en est ainsi, pensons-nous, de celle qui nous occupera tout au long de ce travail, celle de l’aide aux victimes. D’où la proposition de baptiser d’un terme inédit cet essai de construction de ce

1 Nous le verrons dans notre chapitre historique consacré à Freud, il n’est pas anodin, au-delà de toutes considérations onto- et phylo-génétiques que celui-ci soit parti de la question sexuelle tant les problèmes de sexualité (au sens commun du terme) étaient le lot de son époque, en lien avec son caractère pour le moins puritain et répressif en la matière.

2 L.-M. Villerbu.., op.cit., p. 2.

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qui se présente comme une nouvelle clinique, si l’on admet qu’être victime se définit d’une condition particulière (que l’on peut espérer temporaire) de nature socio-judiciaire, politique en quelque sorte, et de ses avatars psychiques possibles : une condition qui peut être psychiquement littéralement intenable et de ce fait est susceptible de ressortir à une approche psychologique, voire psychopathologique.

S’est posé, comme ce fut le cas pour la psycho-criminologie1, la question de la juste terminologie sous laquelle inscrire ce projet :

- ni psychovictimologie qui serait une modalité d’annexion abusive ; - ni psychologie victimologique qui serait une psychologie appliquée ;

- ni psychologie de la victime car ce sont les problèmes psychiques attachés à cet état juridique qui nous intéresseront ;

- ni victimologie fut-elle clinique, car il ne s’agit pas à proprement parler d’une discipline consacrée à l’ensemble des questions touchant à la victimité ;

… mais, psycho-victimologie, terme sous lequel l’enjeu sera de penser un cadre de d’élaboration et d’intervention qui incorpore les caractéristiques de cette condition socio-juridique pour en faire ressortir les dimensions du travail psychique singulier qu’elle exige : le travail psychique de victime.

1 L.M. Villerbu (2010) : Dimensions psycho-criminologiques de la « désistance, à paraître.

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INTRODUCTION

GENERALE

Comme son titre l’indique, ce travail se veut un essai, celui de fonder en raisons théoriques et cliniques ce qu’il serait sans doute bien audacieux de qualifier de nouvelle discipline, mais qui semblait nécessiter l’adoption d’un terme nouveau, celui de psycho-victimologie.

Il s’y agira en effet de soutenir la nécessité d’aborder, sous un angle renouvelé dans quelques uns de leurs aspects, un certain nombre de questions posées à la psychologie et jusqu’à présent traitées, pour dire vite, sous les termes de traumatisme et de victimité. Et si un long détour par les conditions épistémiques et épistémologiques d’apparition de ces questions, ainsi que par l’histoire des modalités suivant lesquelles elles ont été jusqu’à aujourd’hui théoriquement, cliniquement et institutionnellement abordées, s’est avéré en représenter un préalable incontournable, sa raison et sa matière, si l’on peut dire premières, tiennent à la création d’un dispositif de consultation hospitalier publique spécifique à destination de personnes dites victimes et/ou psychotraumatisées et aux multiples questionnements que son développement a soulevés.

Dit autrement, s’il fallait dégager l’orientation générale de ce travail de recherche, elle pourrait être qualifiée d’essai de praxéologie, en l’occurrence l’essai de théorisation d’une pratique psychologique à visée de changement à destination de sujets souffrant de troubles consécutifs à la traversée d’événements et/ou de contextes hors normes. Nous nous y efforcerons ainsi de formaliser les principes d’un accompagnement psychologique à destination de personnes se présentant comme telles, ainsi qu’il s’est inventé en réponse aux impasses psychiques, irréductibles à d’autres problématiques, présentées par celles-ci. Nous nous appuierons pour cela sur des situations cliniques tirées de notre pratique.

Cet essai de théorisation a nécessité un parcours décomposé en quatre grandes parties, qui nous conduira successivement :

- d’un état des questions psychotraumatique et victimale à partir de leur émergence jusqu’à leurs développements actuels. Nous y serons particulièrement attentif, d’une part à la multiplicité des usages et acceptions de la notion de traumatisme, d’autre part à leurs soubassements anthropologiques, que nous nous attacherons à dégager sous le terme de « victimité » ;

- à une discussion critique de certains des points théoriques et cliniques ressortant de cet historique afin d’en dégager l’un des axes constitutifs, celui de l’après-trauma, dont nous tenterons

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de renouveler en partie l’approche à partir des notions d’Epreuve de réalité et de Travail psychique de victime ;

- puis à la description du dispositif à visée de changement dans le cadre duquel ont été recueillies les données qui nous serviront de corpus clinique, à l’explicitation des principes essentiels auxquels obéit la pratique sous transfert qui s’y est développée, au développement de la clinique des positions victimales dont elle se soutient, chacun des principaux aspects dégagés donnant lieu à des illustrations cliniques ;

- et enfin, dans une visée prospective, à l’esquisse d’un certain nombre d’axes de recherches pour de futurs travaux en psycho-victimologie, centrés sur l’élaboration de nouveaux outils théoriques et cliniques. Nous donnerons deux exemples de champs ayant suscité un tel travail d’élaboration : celui du harcèlement au travail que nous redéfinirons comme des « atteintes à la professionnalité » et celui des violences intraconjugales.

En conclusion générale, nous de mettrons en perspective historique et épistémologique les développements contemporains en matière de psychotraumatologie et de victimologie, pour montrer qu’ils sont illustratifs, et surtout exemplaires, de ce qui se dessine comme un nouveau paradigme en psychiatrie faisant suite à celui des grandes structures, selon la conception de l’histoire qu’en a développée G. Lantéri-Laura. Nous serons alors à même, sur ces bases, d’en préciser certains de ses axes constitutifs.

La PARTIE A

s’attachera, dans une perspective historique et anthropologique, à étudier l’origine et le développement jusqu’à nos jours d’un ensemble de questions nées d’une reconfiguration générale du rapport de l’homme au mal et au malheur, émergeant à partir de la fin du 18ième siècle dans les sociétés occidentales.

Intitulée EPISTEME ET EPISTEMOLOGIE DE LA NOTION DE TRAUMATISME PSYCHIQUE, elle aura pour objectif de dégager les origines d’un champ nouveau que nous qualifierons du terme générique de « traumatique », la notion de traumatisme s’avérant déjà en représenter une modélisation particulière, héritée de la chirurgie.

Ce champ du traumatique se révélera ressortir d’une double généalogie, sociale et politique d’abord, scientifique ensuite, justifiant le découpage de cette partie en deux grands chapitres : « Eléments pour une anthropologie de la victimité » et « Préhistoires et histoires de la psychotraumatologie et de la victimologie ».

Dans cette histoire à deux faces, nous montrerons que l’émergence du traumatique comme champ nouveau, ainsi que les multiples conceptions théoriques et cliniques telles que son histoire savante fon apparaître, tiennent à deux choses :

- à l’évolution des théories et pratiques développées à son propos ;

- mais également, de façon sous-jacente, à un ensemble de transformations touchant à notre univers socio-moral et donnant lieu à la naissance d’une modalité anthropologique nouvelle de rapport de l’homme au mal et au malheur, la victimité. Nous étudierons les principales reconfigurations qu’elle a pu connaître tout au long des 19ième et 20ième siècles.

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Le chapitre 1, « Eléments pour une anthropologie de la victimité », a pour objet de montrer que la victime, telle que nous la connaissons aujourd’hui, ne pouvait s’inventer que dans un certain univers socio-moral pour lequel tout fait de dommage impose en retour un devoir de justice et de réparation de la part de la collectivité, selon un principe de solidarité entre ses membres. Elle suppose en outre que ce dommage soit en particulier conçu comme dommage psychologique.

Cette analyse se donnera comme point de départ la catastrophe de Lisbonne en 1855 et les retombées profondes qu’elle a eues sur la pensée occidentale, notamment sur question du mal, en participant à sa reconfiguration sur de touts autres fondements que la théodicée leibnizienne, qui faisait jusque là référence pour en expliquer l’existence au sein du monde conçu comme création divine et supposé, à l’image de son créateur, être parfaite.

Un détour par l’histoire des représentations culturelles des catastrophes nous montrera en effet que, jusqu’à Lisbonne, celles-ci étaient essentiellement appréhendées comme des fléaux que Dieu envoyait aux hommes en sanction de leurs péchés, les invitant à la rédemption.

A cet ordre divin se substituera pour un temps celui de la nature, dont la catastrophe de Lisbonne représente, pour J.-J. Rousseau notamment, l’exemple même : si celle-ci n’a pas d’intentions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, il revient à l’homme d’en respecter les lois et de se protéger contre ses dérèglements. La nature et ses lois se substitueront ainsi à l’ordre moral divin dans un mouvement de laïcisation de la théodicée.

Le mal s’en trouvera alors redéfini comme malheur et se fera essentiellement accident, dont, dans le cadre de la société libérale, il appartiendra à chacun de se prémunir par sa prévoyance et, à celui qui s’y trouve confronté de l’assumer comme la contrepartie inéluctable de sa liberté individuelle.

Nous verrons ensuite, à partir d’une catégorie nouvelle d’accidents, ceux liés au progrès industriel et dont les deux formes les plus marquantes pour l’époque sont les accidents de chemin de fer et les accidents de travail, la question devenir sociale et concerner, en termes de responsabilité, l’ensemble de la collectivité. Au terme de longs débats qui occuperont la seconde moitié du 19ième siècle, cette forme d’accident donnera lieu à l’invention d’un principe novateur, celui de la responsabilité sans faute. Empruntant au modèle assuranciel ce principe, elle proposera une forme inédite de justice selon laquelle la recherche de faute cède le pas au principe d’une responsabilité collective et d’une répartition de la charge des dommages sur l’ensemble de la collectivité. L’accident supposera alors deux choses : la prédiction statistique de sa survenue engendrant le développement de la notion de risque, et le développement de politiques de prévention dont la visée asymptotique est celle du risque zéro. Nous verrons alors que c’est la généralisation de ces principes nouveaux, et leur application à un nombre de domaines toujours plus nombreux, qui sont à l’origine de la « socialisation des risques » et de l’ « Etat providence ».

Le champ pénal représentera un autre espace de formation de la victimité et nous en étudierons l’émergence à partir de l’histoire du viol telle que l’a retracée notamment par G. Vigarello.

Car ici ce n’est pas un devoir de solidarité avec l’idée nouvelle de responsabilité sans faute qui se trouvera en jeu, mais la reconnaissance et la réparation de préjudices occasionnés par des actes fautifs et juridiquement condamnables. Or la sanction des délits a longtemps pris le pas sur toute

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autre considération, dans un processus judiciaire où la victime ne se voyait comme telle accorder que très peu, sinon aucune place, hormis celle de plaignant et, quand elle était entendue, de témoin. L’un des enjeux de cette lente évolution en sera les critères de recevabilité d’une plainte et ceux de la reconnaissance de l’existence d’un crime. Alors que la médecine légale, avec notamment A. Tardieu, s’efforcera de fonder l’existence des agressions sexuelles sur des éléments objectivables, la suspicion continuera longtemps de peser sur les allégations des enfants et des femmes. Une notion issue de la psychiatrie et projetée sur l’examen de la crédibilité des plaignants fera longtemps justification scientifique à cette suspicion, la mythomanie d’E. Dupré. Et il faudra qu’un ensemble significatifs de redéfinitions sur le fond s’opèrent lentement dans le champ pénal, et finalement attendre l’après seconde guerre mondiale avec notamment le développement du mouvement féministe et la redéfinition des genres sur d’autres bases que celle naturaliste du sexe, pour que le viol commence à être conçu comme atteinte à la personne justifiant sa sanction pénale, et les dommages qui peuvent s’ensuivre chez ses victimes être progressivement juridiquement reconnus et pris en compte.

Nous verrons ensuite la question du mal réapparaître de façon particulièrement brutale avec les deux grandes catastrophes morales que connaît le 20ième siècle : la Shoah et la menace nucléaire, telle qu’incarnée par Hiroshima et Nagasaki. Leur caractère semblera d’autant plus impensable que l’une et l’autre semblent irréductibles à toute catégorie de l’entendement, ce qui conduira à la conception de la notion de « crime contre l’humanité » et à son corollaire, celle d’ « humanité ».

Parallèlement, cela donnera lieu chez leurs survivants au développement de multiples pratiques de témoignage mettant particulièrement l’accent sur l’insupportable de la condition qui leur avait été faite. Ils nous rendront collectivement attentifs aux formes de violence caractérisées par la négation de l’altérité, qu’elle prenne la forme du génocide, des guerres civiles, des violences d’état…, ou des multiples et moins apparentes formes d’exclusion sociale. Dans leur prolongement, « l’humanitaire » en naitra avec le droit, puis l’obligation, d’ingérence. Il se concrétisera par des pratiques d’intervention multiformes au plus près des grandes catastrophes désormais dites « humanitaires ».

Enfin nous évoquerons les plus récentes évolutions que va connaître la victimité, qui se caractérisent par une prise en compte de plus en plus générale et systématique des victimes à mesure que note société parcourt tous ses espaces de dangerosité, inventant à chaque fois de nouvelles formes de violence et de victimisations. Le traumatisme, dans une conception extensive deviendra un référentiel fort, signe qu’un déplacement s’est opéré avec l’intérêt de plus en plus systématiquement porté sur ce qui est dès lors désigné et reconnu comme la souffrance psychique.

Celle-ci correspond au primat désormais accordé à la subjectivité et à un impératif nouveau, plus justement à une forme nouvelle de responsabilité : être soi, se réaliser, mais pour autrui…

Mais il fallait aussi, pour qu’elle prenne la signification qu’on lui accorde aujourd’hui, qu’elle tienne aussi à la réintégration dans la subjectivité des facteurs externes, ou, dit autrement, des effets sur le sujet de la « précarité du monde », c’est-à-dire de tout ce qui fait obstacle à cette réalisation obligée de soi.

La notion de traumatisme, empruntée à la psychologie et à la psychiatrie, fournira à cette reconfiguration générale du mal une expression emblématique, en mettant l’accent sur le caractère

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tant socialement intolérable que subjectivement insupportable d’une situation, ou d’une condition faite.

Au plan juridique un même déplacement s’observera, signant le passage du dommage moral au dommage psychique. Nous verrons que ce passage, d’une part participera activement du déplacement du mal d’une question de morale à une question de responsabilité, d’autre part conduira à peu à peu s’intéresser aux victimes et aux conséquences sur elles des faits qu’elles ont subis, en termes notamment de souffrances et de préjudices. Il en naîtra au plan juridique un droit nouveau, le droit des victimes, au plan de la pensée scientifique, la « seconde victimologie ».

Nous verrons ainsi l’ensemble (non exhaustif) de ces mutations dans l’ordre des « mentalités collectives » conférer à la victimité contemporaine sa forme à la fois générale, protéiforme et en constante élaboration à mesure que de nouveaux espaces sociaux de dangerosité et de vulnérabilités seront explorés.

Le chapitre, 2, dénommé « Préhistoires et histoire de la psychotraumatologie et de la victimologie », sera consacré à un recensement et à un descriptif des principales constructions théoriques, cliniques, thérapeutiques et institutionnelles auxquelles donnera lieu le traitement d’une question dont nous avons relevé plus haut l’origine d’abord sociale : celle de l’impact pathogène de certains événements sur leurs survivants, à partir des situations princeps de l’accident ferroviaire et de travail.

Il s’agira là de procéder à un état des lieux de l’ensemble des théorisations qui se sont élaborées au gré des disciplines, modèles, paradigmes…, s’étant succédés pour en proposer des constructions explicatives, et leur évolution jusqu’à nos jours. Nous y verrons ainsi que les variations notionnelles qu’a connu le traumatique tiennent pour une grande part à ce que chaque discipline, à partir de ses références et de ses modélisations propres, a pu en concevoir et en élaborer.

Il s’agira là de procéder à un état des lieux de l’ensemble des théorisations qui se sont élaborées au gré des disciplines, modèles, paradigmes…, s’étant succédés pour en proposer des constructions explicatives, et leur évolution jusqu’à nos jours. Nous y verrons ainsi que les variations notionnelles qu’a connu le traumatique tiennent pour une grande part à ce que chaque discipline, à partir de ses références et de ses modélisations propres, a pu en concevoir et en élaborer.

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