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2-2-8 Vers une question de départ problématisée

Nous en étions au stade d’affiner notre problématique. Se donner une problématique, c’est choisir une orientation théorique, un rapport avec l’objet d’étude. C’est également expliciter le cadre conceptuel de notre démarche, c’est-à-dire décrire le cadre théorique dans lequel s’inscrit notre démarche ; construire un système conceptuel adapté à l’objet de la recherche67.

Les différentes approches révélées par nos lectures et par la phase exploratoire (agrémentée d’entretiens et de grilles d’entretien exploratoires remplies par d’anciens étudiants DEIS et des étudiants DEIS en dernière année à Montpellier et à Toulouse mais aussi lors de l’atelier d’élaboration professionnelle vécue de notre part en observation participante) nous ont permis d’affiner nos analyses, notre problématisation.

Claude Dubar, dans un ouvrage collectif plus récent prolonge sa réflexion en relevant qu’un déplacement décisif s’opère entre FPC et Formation Tout au Long de la Vie (voir la loi de mai 2004) : « c’est désormais le salarié, employé ou chômeur, ou mieux encore l’individu qui devient le personnage principal. C’est lui qui doit être acteur de sa formation, de son parcours professionnel, de sa vie, non seulement professionnelle mais aussi privée, associative et civique (…) Ce n’est plus le champ sémantique de l’entreprise et des ressources humaines, des partenaires sociaux et du code du travail, c’est celui de l’accompagnement des parcours individuels, de la mobilité volontaire (ou assumée) sur un marché toujours plus ouvert, fluide et concurrentiel (…) C’est désormais l’individu qui apprend et non plus l’École qui instruit ou l’Entreprise qui forme. C’est en partant de son expérience et de son projet qu’il peut apprendre, en passant de la pratique, prise en compte et formalisée, à la théorie »68.

67 Raymond QUIVY, Luc VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherché en sciences sociales, Éditions

Dunod, Paris, 1995, page 98.

68 Claude DUBAR, L’évolution des dispositifs français en matière de formation postscolaire, l’hypothèse

des trois matrices de la formation dans Yves MORVAN, (sous la direction de) La formation tout au long de la vie, nouvelles questions, nouvelles perspectives, Éditions Presses Universitaires de Rennes, Rennes,

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C’est un retour à la notion d’éducation permanente, qui fait reposer la formation postscolaire sur les initiatives des individus visant à apprendre par tous les moyens. Durant toute leur vie, dans le souci de maintenir leur employabilité professionnelle, de participer à la vie citoyenne et de se développer culturellement. Elle combine des apprentissages formels, non formels et informels, des cours, des stages mais aussi des situations formatrices, des participations associatives et surtout l’autoformation générant elle aussi de l’expérience "validable"69.

La lecture de l’ouvrage collectif précédemment cité nous a permis de compléter et d’actualiser nos connaissances sur la formation tout au long de la vie mais aussi de renforcer notre cheminement de recherche.

Dans les grilles d’entretien exploratoire, en AEP et dans les entretiens, ces éléments d’être acteur de sa formation, de manifester une volonté de se former en permanence, de reprendre des études arrêtées plus jeune pour des raisons diverses apparaissent souvent :

Sandrine (DEIS 3, Toulouse) : « L’interruption de mes études avait surtout été dictée par des

contraintes financières et j’avais bien envie de renouer avec la démarche sociologique qui m’avait réellement parlé durant mes 2 ans à l’IUP (Institut Universitaire Professionnalisé) ».

Anne (DEIS 3, Toulouse) : « Cette richesse professionnelle m’amène aujourd’hui à prendre un

peu d’altitude, en faisant la formation du DEIS pour transmettre et confronter mes connaissances acquises et poursuivre l’enrichissement de mon parcours ».

Ingrid (DEIS 3, Toulouse, en AEP) : « Le lien avec le DEIS est que je cherche une formation qui

me correspond. Je ne suis jamais sortie de la formation : bac pro, BTS, assistante de gestion PME, Licence, maîtrise RH (avec le CNAM). Les études sont importantes pour moi ».

Marie-Pierre (DEIS 3, Toulouse) : « Je recherche la continuité d’un cursus de formation qui

évite l’épuisement ».

Jacques (DEIS 3, Toulouse) : « Je suis venu chercher l’ouverture d’esprit que le contexte de

l’université favorise en termes de rencontres, de formateurs, de documentations, de professionnels divers et variés ».

Jacques, lors de l’AEP : « pourquoi le DEIS ? Pour mettre de la science à mon action ».

Annie (DEIS 3, Toulouse) : « J’ai voulu reprendre les études que je n’avais pas pu poursuivre,

atteindre mes limites sur le plan intellectuel. Faire de la sociologie en bénéficiant de mes formations et de mon expérience en travail social ».

Stéphane (DEIS 3, Toulouse) : « Pour moi, c’est obtenir des connaissances et des compétences

dans un secteur professionnel dans lequel je n’ai pas été formé ».

Boris (DEIS 3, Toulouse) : « Je souhaite me former, prendre de la distance avec mon quotidien

professionnel, rencontrer d’autres professionnels, échanger, mutualiser des compétences, coopérer… »

Notre approche va donc prendre en considération ces différents éléments repérés et se diriger vers ce que Jean-Marie Berthelot appelle un schème actanciel d’intelligibilité70. C’est-à-dire le schème selon lequel le phénomène étudié est le résultat du comportement des acteurs impliqués.

69 Claude DUBAR, La formation professionnelle continue, op. cit.

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Notre recherche va donc se situer dans la perspective ethnosociologique dans la mesure où celle- ci propose une forme d’enquête empirique adaptée à la saisie des logiques propres à tel ou tel monde social (ici le monde de l’intervention sociale), où à telle ou telle catégorie de situation. Dans la mesure où notre recherche porte sur la compréhension de la dynamique des choix des intervenants sociaux concernant leurs reprise d’études conjointement en DEIS et en Master, celle-ci va s’appuyer sur une recherche biographique analysant les modalités selon lesquelles les individus vivent et se représentent leur parcours de vie. « En se donnant pour tâche de comprendre l’espace-temps selon lequel les individus vivent et se construisent leurs expériences au sein du monde historique et social, c’est à la réalité subjective des faits sociaux que la recherche biographique tente de donner corps »71.

Il nous est apparu que notre question centrale de recherche, à partir de notre question de départ, et après avoir problématisé cette dernière, était en fait la suivante :

Quelles logiques d’action président à des choix, dans les parcours des

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