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2-5-1 – Les outils méthodologiques utilisés

Dans cette partie de notre travail, il convient de préciser la question de la « méthode » afin de présenter les outils méthodologiques que nous avons jugés les plus pertinents pour fonder et formaliser le travail de recherche.

Notre méthode s’est donc enrichie des apports des récits de vie à partir des travaux de Daniel Bertaux et de Christine Delory-Momberger qui nous permettent de considérer les individus comme des acteurs à part entière de leur propre formation, de s’intéresser à leur parcours et de faire ressortir les récurrences d’un parcours à l’autre. « C’est par la comparaison entre parcours biographiques que l’on voit apparaître des récurrences des mêmes situations, des logiques d’action semblables, que l’on repère, à travers ses effets, un même mécanisme social ou un même processus »108. Cependant, « l’enquête ethnosociologique par récits de vie passe aussi par du terrain et des observations directes ; encore mieux s’il y a une dimension d’observation participante »109.

Afin de pouvoir produire des données au plus près des réalités vécues par les acteurs nous avons donc également décidé de compléter le recueil des données en expérimentant cette méthode de

105 Michael POLLACK, op.cit., page 2.

106 Didier DEMAZIÈRE et Olivia SAMUEL, Inscrire les parcours individuels dans leurs contextes,

Temporalités, n°11, 2011, page 2.

107 Daniel BERTAUX, op. cit., 2010, page 12. 108 Daniel BERTAUX, op.cit., 2001, page 94. 109 Daniel BERTAUX, op. cit., 2010, page 69.

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l’observation participante. Celle-ci s’origine dans l’interaction symbolique. Elle permet d’observer les interactions comme aucune autre méthode et aussi d’échapper au travail de reconstruction de la réalité par les acteurs110.

« Le sociologue a pour tâche de retracer "le raisonnement sociologique pratique" employé par les membres de la société dans leurs activités ordinaires, de "rendre compte" de ce que font les membres d’une société, d’une organisation, d’un groupe. Or, en dehors même de l’entretien de recherche, ils passent leur temps à se justifier les uns les autres de ce qu’ils font, c’est la condition de toute efficacité de l’action collective. Ils doivent rendre leurs actions susceptibles de comptes rendus non seulement compréhensibles, mais aussi opératoires, c’est-à-dire utiles à l’action des autres »111.

Une immersion pendant une semaine courant janvier 2013 dans une promotion DEIS de Montpellier nous a permis d’expérimenter le vécu des acteurs et de tenter de nous émanciper de la représentation des personnes interviewées. « Le sociologue ne doit pas craindre de s’immerger pour un temps dans les particularités d’un terrain ou d’une série de cas particuliers : il porte en lui des ressorts intellectuels qui finiront par ramener sa réflexion, qu’il le veuille ou non, vers des conclusions de portée générale »112.

Ces temps nous ont donné l’occasion d’effectuer des entretiens informels, de passer ainsi des « contrats de conversation »113 très complémentaires de nos entretiens formalisés. En amont, nous avions élaboré une grille d’observation autour d’axes issus de notre phase exploratoire (voir en Annexe 6 notre méthodologie travaillée pour l’immersion).

Les observations de cette immersion ont été rédigées au fur et à mesure de son déroulement prenant en compte les éléments de contexte du moment (voir en Annexe 7 notre compte rendu de cette immersion). Observer permet d’expérimenter le vécu des gens, de se distancier des discours intellectuels sur les pratiques concrètes. On peut voir les représentations en actes et à quels types de pratiques elles donnent lieu. Cela permet de saisir de l’intérieur ce que font les acteurs, leurs motivations et le sens qu’ils leur accordent114.

Cette rencontre à Montpellier nous a permis aussi de programmer des entretiens approfondis avec un certain nombre d’étudiants d’une autre région (nous en avons retenu 6 sur les 8 effectués).

Dans le cadre de notre recherche, nous avons adopté la voie de l’entretien non directif par le biais de la technique du récit de vie. Nous rappelons ici que nous sommes situés délibérément dans une démarche de recherche qualitative, s’enracinant dans le courant épistémologique de l’approche compréhensive.

110 Intervention de François SICOT lors du cours de DEIS du jeudi 22 septembre 2011, Méthode-

Recherche. L’observation.

111 Didier DEMAZIÈRE et Claude DUBAR, Analyser les entretiens biographiques. L’exemple de récits

d’insertion. Éditions Nathan, Paris, 1997, page 25.

112 Daniel BERTAUX, op.cit., 2001, page 30.

113 Intervention de François SICOT citant Patrick BRUNETEAUX et Corinne LANZARINI, Les

entretiens informels, Sociétés Contemporaines, n°30, 1998, page 158.

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Afin de compléter ce panel d’entretiens, nous avons rencontré juste avant une intervention à l’Institut Saint-Simon la quatrième promotion DEIS de Toulouse qui venait d’effectuer sa rentrée afin de les sensibiliser à notre recherche et de susciter des volontariats à des entretiens approfondis dans la période de février-mars 2013.

Nous avons ensuite provoqué une rencontre inter promotion le 21 mars 2013 (voir Annexe 8 le compte rendu de cette rencontre) dans un triple objectif : celui de confronter des points de vue et de témoigner de notre progression dans la formation, celui de recueillir des informations sur les objectifs que les étudiants de cette nouvelle promotion avaient en reprenant des études et celui de repérer les potentielles personnes susceptibles d’être interviewées.

Nous avons ensuite effectué 6 entretiens en avril 2013. Nous tenons à préciser que l’échantillon s’est constitué non pas obligatoirement de personnes représentatives mais de volontaires (à Montpellier, la promotion presque entière a participé, 8 sur 9 ; à Toulouse, nous avons un peu plus ciblé. Le choix s’est porté sur 6 volontaires sur 9, en priorité pour obtenir un équilibre des métiers représentés).

Les entretiens se sont déroulés dans des lieux aux convenances des étudiants, ils étaient enregistrés avec leur consentement et l’assurance de l’anonymat. Nous nous sommes appuyé sur un guide d’entretien permettant des relances et des thématiques centrales à aborder (voir en

Annexe 9 le guide d’entretien). Nous débutions ces entretiens par une explicitation synthétique de notre démarche et nous invitions les futurs narrateurs à nous parler de la scolarité dès l’enfance ce qui constituait une entrée relativement neutre et incitait les personnes à "se raconter".

Ces entretiens d’une durée variable mais en général longue furent d’une grande richesse et intensité. Ils ont été porteurs d’authenticité et souvent empreints d’émotion. Nous avons posé au départ que nous enverrions l’intégralité de la retranscription des entretiens (réalisée mot après mot) aux personnes concernées et que nous ne manquerions pas de leur faire un retour sur cette recherche. Pour celles qui le souhaitaient nous leur ferions également parvenir le mémoire produit.

En parallèle, à partir des notes prises chaque jour, nous avons écrit l’immersion vécue à Montpellier.

Puis nous avons retranscrit intégralement les 12 entretiens réalisés (voir un des entretiens en

Annexe 10). Nous les avons reproduit avec la plus grande rigueur mais nous avons pris le parti quand nous en avons cité des extraits de corriger les fautes grammaticales et les tics de langage inhérents à l’oralité sans en dénaturer le fond.

Nous avons ensuite procédé à une première lecture du corpus d’entretiens et produit une fiche technique par entretien afin d’entrer dans un travail sociologique d’analyse. Chaque fiche comprend ainsi trois parties : les caractéristiques de la personne, un résumé de l’entretien et une synthèse analytique des points forts qui nous semblaient important de prendre en compte (voir un exemplaire en Annexe 11).

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