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Une typologie de la monoparentalité féminine

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 51-55)

I NTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

NOUVELLE CATEGORIE FAMILIALE

2.2. Les familles monoparentales, questions de définition

2.2.3. Une typologie de la monoparentalité féminine

La monoparentalité est majoritairement féminine. En effet, en cas de divorce ou de séparation, la garde des enfants est toujours massivement confiée aux mères. Elle concerne quasi-exclusivement les femmes lorsque le mode de formation de la famille est une naissance. Naturellement, il ne s’agit pas d’exclure de la réflexion les pères isolés mais de concentrer l’attention sur les acteurs les plus souvent à la tête d’une famille monoparentale et qui sont les plus vulnérables au moment d’un changement familial. Généralement, quatre profils de situations monoparentales selon les trajectoires familiales sont distingués.

Les mères séparées ou divorcées

Les mères séparées et divorcées sont souvent les premières citées lorsque les familles monoparentales sont abordées dans la littérature scientifique ou dans le champ médiatique.

Cela s’explique par la croissance spectaculaire du nombre de divorces en France depuis une trentaine d’année et par le fait que la grande majorité des mères à la tête d’une famille monoparentale se voient confier les enfants dans des cas de divorce (Rouxel, 2001). Les situations de divorce ont les mêmes caractéristiques que les séparations. Il s’agit souvent de choix de vie ou d’une situation subie. Le type de divorce, la gestion de la garde parentale et plus généralement les relations avec l’ancien conjoint sont autant d’éléments de définition qui complexifient l’analyse des parcours de vie des mères séparées ou divorcées.

Les mères n’ayant jamais vécu en couple

Il s’agit des mères de familles élevant seules leur(s) enfant(s), par choix ou par contrainte dans le cas où l’enfant est le fruit d’une maternité hors mariage. En France, 15% des familles

monoparentales se sont formées de cette manière en 2005. La littérature scientifique a largement abordé les conséquences d’un tel changement familial sur la vie professionnelle des mères célibataires. Celles-ci gèrent seules l’ensemble des responsabilités familiales, d’où de nécessaires aménagements d’horaires et, souvent, une baisse du temps de travail.

Trois types de maternité hors mariage peuvent être identifiés (Le Gall, Martin, 1987) : la

« maternité volontaire », lorsque les femmes décident de concevoir et d’élever seules leur enfant ; la « maternité involontaire », lorsque les femmes ne désirent pas la grossesse mais décident au bout du compte d’élever seule l’enfant ; la « maternité subie », lorsque les femmes sont contraintes à aller jusqu’au bout de leur grossesse du fait d’un dépassement des délais pour une intervention volontaire de grossesse.

Les jeunes mères – nommées aussi « mères adolescentes »

Les jeunes mères correspondent aux mères de moins de 18 ans. En France, leur nombre a largement chuté depuis trente ans. Celui-ci est passé d’environ 10 000 en 1980 à environ 4 000 en 1997 du fait, principalement, de la diminution (36%) des grossesses adolescentes à la même période (Daguerre, Nativel, 2004). La maternité précoce est un phénomène relativement faible en France comparé à l’Angleterre ou aux Etats-Unis (figure 5).

Figure 5 – Evolution des taux de naissance parmi les femmes âgées de 15 à 19 ans (pour mille)

Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009, d’après Daguerre, Anne, Nativel, Corinne, « Les maternités précoces au sein de l’OCDE », CNAF - l’e-ssentiel, n°22, 2004

Mais dans tous les pays, les grossesses précoces ne sont pas sans risques pour les mères adolescentes. Elles conduisent souvent à interrompre la scolarité, amenant la jeune mère à

opter pour un emploi sous qualifié. Ce sont les jeunes mères qui sont les plus vulnérables puisqu’elles n’ont pas eu le temps de profiter de formations ou d’expériences professionnelles soutenues avant d’avoir un enfant (Filhon, Lefèvre, 1999). En moyenne 67%

des jeunes filles ayant eu un enfant entre l'âge de 15 ans et 19 ans n'atteignent jamais le niveau du baccalauréat dans l’Union Européenne, contre 34% pour celles qui sont âgées de plus de 20 ans au moment de la naissance de leur premier enfant. Les différentes études consacrées aux mères adolescentes (Brouard, Kafé, 2000 ; Le Van, 1996) révèlent ainsi que la maternité précoce favorise l’isolement social. Les probabilités sont plus fortes pour ces femmes de trouver un emploi faiblement rémunéré. Même si la grossesse peut être le fruit d’un projet personnel, cette forme d’entrée en monoparentalité suppose également quelques risques psychologiques. En France, les grossesses adolescentes sont moins considérées comme une déviance que dans les pays anglo-saxons. Les pouvoirs publics investissent davantage dans la prévention des risques, l’accompagnement social puis l'intégration par la formation et l'accès au marché du travail.

Les jeunes veuves

Afin qu’un individu soit considéré comme veuf, il doit avoir été marié et ne s’être jamais remarié après le décès de son conjoint. En nette régression, le veuvage continue cependant d’être un réel facteur de risque de pauvreté, d’où l’intérêt de ne pas négliger le veuvage précoce souvent délaissé par les études sur les familles monoparentales. Plus d’une personne veuve sur dix est un jeune veuf selon l’Ined en 1999. Huit fois sur dix, le veuvage précoce17 est un fait féminin, essentiellement à cause de la surmortalité masculine et du nombre élevé de remariages et de remises en couple des hommes après le veuvage. Environ 24 000 femmes de moins de 55 ans perdent leur conjoint par décès chaque année (Delaunay-Berdaï, 2005).

L’étude de la CNAF dirigée par Isabelle Delaunay-Berdaï révèle que les familles monoparentales de jeunes veufs sont un peu plus souvent constituées d’un parent et d’un seul enfant (52%). Les allocataires jeunes veufs sont plus nombreux à n’avoir qu’un seul enfant lorsqu’ils ont moins de 30 ans. Entre 30 et 45 ans, les allocataires jeunes veufs avec deux enfants et plus à charge sont plus nombreux que ceux qui n’ont qu’un enfant (figure 6).

Aujourd’hui, le veuvage précoce apparaît comme un réel facteur de risque de pauvreté puisqu’il affecte directement les revenus et les ressources monétaires du veuf ou de la veuve

17 Le veuvage précoce correspond à une situation où « le survivant au moment du décès de son conjoint a moins de 55 ans » in Delaunay-Berdaï, Isabelle, Dossier d’études de la caisse d’allocation familiale, n°86, Le veuvage précoce en France, Novembre 2006

en le privant de tout ou partie des revenus du couple et/ou de la famille. En 1999, les jeunes veufs et veuves représentent les deux tiers des allocataires veufs avec minima sociaux, soit 65% de ceux qui bénéficient du revenu minimum d’insertion (RMI) et 64% de ceux qui bénéficient de l’allocation de parent isolé (API). Ils travaillent davantage en temps complet que les autres : 72% des veuves de 18 à 55 ans ont une activité à temps complet contre 35%

des femmes du même âge (Delaunay-Berdaï, 2005). Cependant, le taux d’inactivité des jeunes veuves est de 5% contre 12% pour les femmes du même âge. Ces proportions semblent témoigner d’une obligation à travailler avec rémunération pour les femmes en âge de travailler et en situation de monoparentalité (Delaunay-Berdaï, 2006).

Figure 6 – Nombre d’enfants à charge des veufs et de veuves de moins de 55 ans par tranches d’âge (en milliers)

Réalisation : Frédéric Leray, 2009 d’après Delaunay-Berdaï, Isabelle, « Le veuvage précoce en France », Dossier d’études de la caisse d’allocation familiale, n°86, 2006, pp. 107-112

La monoparentalité féminine est plurielle. Elle est surtout devenue un phénomène en pleine explosion. En France, une famille avec enfant(s) sur cinq est une famille monoparentale en 2005 (Chardon, Daguet, 2008). Cette augmentation n’en demeure pas moins préoccupante.

La même année, trois familles monoparentales sur dix sont considérées comme pauvres18 (Goutard, Pujol, 2008).

18 Selon l’Insee, un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. L'Insee utilise un seuil à 60 % de la médiane des niveaux de vie.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 51-55)