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L’analyse comparative : une régression résidentielle

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 187-194)

I NTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

L A MOBILITE RESIDENTIELLE AU MOMENT DU CHANGEMENT FAMILIAL

2. U NE MOBILITE RESIDENTIELLE « REGRESSIVE »

2.2. Une analyse des comportements résidentiels

2.2.1. L’analyse comparative : une régression résidentielle

La comparaison entre la situation résidentielle des mères isolées avant et après leur entrée en monoparentalité apporte de précieux éléments statistiques sur les types de mobilité résidentielle des mères isolées (figures 32). Afin de mieux cerner le comportement spécifique des individus, nous évaluons également la destination préférentielle des mères isolées selon chaque caractéristique du logement (le statut d’occupation, le type de logement, le nombre de chambres et le lieu de vie). L’analyse comparative des comportements résidentiels des femmes qui ont déménagé au moment du changement familial confirme l’hypothèse d’une fréquente régression résidentielle, tant en termes de type de logement que de statut de celui-ci.

Les changements de logement s’accompagnent également d’une évolution significative de la répartition par types de commune de résidence.

Figures 32 – La mobilité résidentielle des mères isolées : une comparaison entre les situations résidentielles antérieures et postérieures à l’entrée en monoparentalité

Figure 32.1 – Une répartition selon le type de logement (en %) Figure 32.2 – Une répartition selon le statut d’occupation (en %)

Figure 32.3 – Une répartition selon le lieu de vie (en %) Figure 32.4 – Une répartition selon le nombre de chambres (en %)

Champ : mères isolées ayant du quitter leur logement suite à leur entrée en monoparentalité.

Notes (1) : les mères hébergées n’ont pas été comptabilisées pour l’évaluation du nombre de chambre et du type de logement.

(2) : Le pôle urbain inclue la ville-centre et le périurbain proche.

Source : Enquête (2009) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

De la maison individuelle à l’appartement

La comparaison entre les situations résidentielles antérieures et postérieures à l’entrée en monoparentalité révèle une importante évolution des types de logement. Alors que près de 60% des mères isolées résidaient dans une maison individuelle avant le début de la situation de monoparentalité, elles sont moins d’une sur quatre après le changement familial (figure 32.1). A l’inverse, la part des mères isolées logeant dans un appartement croît fortement, passant de 41% à 76% au moment du changement familial. Les mères résidant en maison individuelle changent davantage de type de logement que les mères en appartement. En outre, au moment de la rupture qui a conduit à la monoparentalité, quelques femmes ont signalé avoir eu recours à des solutions précaires (mobil home, camping car).

Lorsqu’elles résident dans une maison individuelle, trois mères isolées sur dix optent à nouveau pour une maison individuelle, sept sur dix pour un appartement (tableau 30). Dans le cas des mères logées en appartement, l’accession à la maison individuelle est très rare. La grande majorité d’entre elles trouvent un nouvel appartement plus conforme à leur possibilité financière et à l’exigence d’adapter le lieu de résidence à la taille de la famille.

Tableau 30 – Les comportements résidentiels selon le type de logement d’origine

Type de logement

Champ : mères isolées ayant dû changer de logement au moment de l’entrée en monoparentalité Source : Enquête (2009) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

La prégnance du parc locatif public et privé

L’évolution du statut d’occupation est un indicateur intéressant de la soudaine régression résidentielle des mères isolées. La forte diminution de la part des propriétaires (de 41% à 8%) après l’entrée en situation monoparentale est le changement le plus important (figure 32.2).

En revanche, à l’autre extrémité des statuts résidentiels, la part de celles qui vivaient dans un logement social progresse fortement pour dépasser 40%. La part des mères hébergées double (de 5% à plus de 10%) au moment du changement familial. C’est pour les propriétaires et

dans une moindre mesure pour les locataires du parc privé que le déménagement a le plus souvent donné lieu à une dégradation des conditions de logement. Un propriétaire sur deux qui déménage opte pour un logement dans le parc locatif privé au moment du changement familial (tableau 31). Le parc locatif public accueille massivement les anciens propriétaires, à hauteur de 26,3%. Seulement 16,4% des propriétaires font l’acquisition d’un nouveau logement social, lorsqu’ils déménagent, changent rarement de statut d’occupation. Il s’agit d’un premier signe de la captivité résidentielle qui sera analysé postérieurement.

Tableau 31 – Les comportements résidentiels selon les statuts d’origine

Statut

Champ : mères isolées ayant dû changer de logement au moment de l’entrée en monoparentalité Source : Enquête (2009) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

Enfin, les mères hébergées ont le même modèle de mobilité et résident massivement dans un logement HLM après le changement familial. Il s’agit la plupart du temps de jeunes mères n’ayant jamais vécu en couple qui n’ont souvent ni les ressources financières ni le désir véritable d’accéder à une maison individuelle. Au final, les passages du statut de propriétaire à celui de locataire, dans le parc privé comme dans le parc social, et du locatif privé vers le locatif social ainsi que la stabilité dans le parc social de la grande majorité de celles qui y étaient déjà sont des figures autrement plus fréquentes que le maintien dans le statut de propriétaire.

De l’espace rural aux villes-centres

Les changements de logement s’accompagnent d’évolutions dans les types de commune de résidence43. La première évolution est la diminution de la part des mères enquêtées vivant dans l’espace rural. Alors que 11,7% des mères ayant déménagé y résidaient avant l’entrée en monoparentalité, elles ne sont plus que 7,5% après le changement familial (figure 32.3).

En effet, les communes rurales offrent peu de logements sociaux et sont moins bien desservies en transports collectifs que les communes urbaines. Faire face en solo exige souvent une proximité entre l’ensemble des lieux nécessaires à la vie quotidienne (le domicile, l’emploi, les lieux de garde ou de scolarisation des enfants) et cette exigence de proximité est difficile à satisfaire en milieu rural. Par ailleurs, la part des mères vivant dans une commune du périurbain éloigné augmente légèrement, notamment parce que l’offre de logements locatifs privés y a progressé (DRE, 2004).

La seconde évolution est l’augmentation de la part des mères isolées vivant dans les pôles urbains où les prix de l’immobilier sont plus élevés. C’est effectivement dans les pôles urbains que se trouve l’essentiel du parc locatif, aussi bien social que privé. Cependant, l’augmentation de la part des mères qui résident dans une ville-centre reste faible. Si les locataires captives du parc HLM des villes-centres changent rarement de commune ou même de quartier, les propriétaires ou locataires du parc privé privilégient très souvent un logement social dans le périurbain proche au moment du déménagement (immeubles récents, cadre de vie satisfaisant, à proximité des commodités de la ville-centre…) afin, aussi, de limiter le sentiment de régression sociale. Cette donnée vient donc nuancer le constat relatif aux changements de statuts et de nature des logements.

Les mères isolées résidant dans un pôle urbain continuent à résider dans un pôle urbain et déménagent très rarement dans une commune périurbaine ou rurale (tableau 32). C’est également le cas des mères résidant dans le périurbain : six sur dix trouvent un logement dans un pôle urbain. Cela concerne encore moins les mères qui résident dans une commune rurale. Le fait que 15,9% d’entre elles choisissent de vivre dans un pôle urbain n’est toutefois pas négligeable. Cependant, elles optent davantage pour un logement situé dans une commune périurbaine. La tendance d’une mobilité vers les pôles urbains et vers le secteur

43 En raison du faible nombre de répondantes résidant dans une commune rurale et une commune multipolarisée, rappelons que le choix a été fait de regrouper ces deux types de communes qui n’appartiennent ni aux pôles urbains ni aux couronnes périurbaines et de distinguer : les « pôles urbains », qui regroupent villes-centres et périurbain proche (communes des pôles urbains), les communes monopolarisées, qui appartiennent au « périurbain éloigné », et l’ « espace rural » (communes rurales et communes multipolarisées).

locatif public est très nette : 76,5% des mères isolées qui ont emménagé dans un logement social se sont installées dans un pôle urbain (52,4% dans une ville-centre). Les mères isolées concernées s’installent en périphérie des villes-centres et dans les Zones Urbaines Sensibles (encadré 9), là où le logement social est le plus dense. En Bretagne, 35% des logements sociaux sont situés en Zone Urbaine Sensible en 2005 (Atlas des ZUS, 2009).

Tableau 32 – Les comportements résidentiels selon le lieu de vie d’origine

Lieu de vie

Champ : mères isolées ayant dû changer de logement au moment de l’entrée en monoparentalité Source : Enquête (2009) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

Encadré 9 – Les Zones Urbaines Sensibles (ZUS) en Bretagne

Département Commune Quartier

Source : Le parc locatif social en Bretagne résultats de l’enquête au 1er janvier 2005, ARO habitat, 2006

Une réduction de la taille du logement

Enfin, l’entrée en situation monoparentale est accompagnée d’une diminution du nombre de chambres. Les mères résident en majorité dans des logements plus petits soit parce que le coût du logement n’est plus partagé avec le conjoint (divorcées, séparées, veuves), soit parce que l’arrivée d’un premier enfant amenuise les ressources financières (mères n’ayant jamais vécu en couple) : 39,5% des mères isolées qui ont changé de logement ont emménagé dans un logement plus petit, 33,1% dans un logement de la même taille et 27,4% dans un logement plus grand (Enquête, 2009).

Le tableau 33 révèle que la part des mères isolées résidant dans un logement avec une ou deux chambres augmente et que celle des femmes vivant dans un logement avec trois chambres et plus diminue. L’évolution résidentielle est spectaculaire dans le cas des mères qui résidaient dans un logement de quatre chambres et plus : huit mères sur dix ont emménagé dans un logement plus petit. C’est le cas de 45,4% des mères qui logeait dans un logement de trois chambres et de 12,1% des mères qui résidaient dans un logement de deux chambres.

Tableau 33 – Les comportements résidentiels selon la taille du logement d’origine

Nombre de

Champ : mères isolées ayant dû changer de logement au moment de l’entrée en monoparentalité Source : Enquête (2009) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

L’analyse des comportements résidentiels confirme une nette tendance à la régression résidentielle au moment du changement familial : changement de statut d’occupation, abandon de l’habitat individuel, baisse de confort du logement. L’entrée en situation monoparentale implique une rupture dans la trajectoire résidentielle.

2.2.2. L’influence de la PCS : une différenciation qui se matérialise lors du choix du

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