• Aucun résultat trouvé

Une diversité de trajectoires familiales

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 146-150)

I NTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

U NE COMBINAISON DE METHODES POUR UNE MEILLEURE COMPREHENSION DE LA SPATIALITE DES FAMILLES

2. U NE PHASE QUANTITATIVE

2.2. Le bilan de la phase d’enquête par questionnaire

2.2.1. Une diversité de trajectoires familiales

L’analyse se base sur l’évènement qui est à l’origine de la constitution de la famille plutôt que sur le statut matrimonial. En effet, les modes de formation des familles monoparentales permettent d’établir des comparaisons avec les situations antérieures au changement familial et d’évaluer avec davantage de certitude la pérennisation d’une situation monoparentale dans le temps. Dans le cas des mères célibataires, le statut matrimonial n’apporterait qu’une information incomplète. En effet, les études statistiques se basant sur le statut matrimonial révèlent que les mères célibataires élèvent leur(s) enfant(s) soit dans le cadre d’une union libre avant une séparation ou un décès, soit en ayant jamais vécu en couple.

Une séquence dans un parcours de vie

La monoparentalité est généralement issue d’une rupture d’union. Les situations monoparentales ne se comprennent que dans le contexte des trajectoires individuelles et résultent de trois modes de formation bien distincts : la naissance d’un enfant, alors que la mère ne vivait pas en couple (11,4% des mères isolées). Dans ce cas, les enfants n’ont jamais vécu avec leur autre parent ; la désunion, soit par une rupture d’union libre (46,6%), soit par un divorce (31,8%) ; et enfin, le décès du conjoint (10,3%).

La durée moyenne de l’épisode monoparental vécu par les femmes seules avec enfant(s) est de 6,3 années. Certaines femmes connaissent des périodes différentes de monoparentalité interrompues par des relations plus ou moins durables qui peuvent entraîner la naissance d'un enfant ou la venue d'un enfant du nouveau partenaire. Cependant, la situation monoparentale a rarement été vécue plus d’une fois. Cela ne concerne que dans 4,1% des femmes. Les sorties de la monoparentalité se font soit par recomposition familiale, soit parce que les enfants prennent leur autonomie ou atteignent l’âge de 25 ans.

Des quadragénaires élevant des enfants préadolescents. L’âge moyen des mères isolées est de 42,6 ans (tableau 16). Au moment du changement familial, celui-ci est de 35,6 ans. L’âge tardif de la monoparentalité s’explique par le fait que la situation monoparentale intervient en grande majorité après la désunion d’un couple avec des enfants et souvent après une longue période de vie commune. Au moment du changement familial, six enfants sur dix avaient plus de trois ans. Au moment de l’enquête, la grande majorité des enfants ont plus de 12 ans. Leur âge moyen est de 14,3 ans. De nombreuses familles monoparentales ont des enfants de plus de 24 ans mais sont uniquement comptabilisés les enfants à charge.

Tableau 16 – Caractéristiques des familles monoparentales (population source et population étudiée)

Mères isolées

Note : une comparaison avec les données régionales de l’Insee permet de rendre compte de la représentativité de l’échantillon.

Les caractéristiques socio-démographiques des individus issus de l’échantillon (population source) s’avèrent très proches de celles de la « population-mère » (catégorie sociale, secteur d'activité, âge).

(*) X = moyenne (**) Étudiantes, retraitées, femmes au foyer, personnes en incapacité de travailler...

Source : Enquête (2009), Insee, recensement 2006 – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

Les familles monoparentales sont des familles de petite taille. Le plus souvent, les mères isolées ont un seul enfant à charge (44,3%). Elles élèvent en moyenne 1,7 enfant et sont rarement à la tête d’une famille nombreuse (17,3%). La réduction de la période pendant laquelle le couple aurait pu avoir des enfants ainsi que la plus grande propension des enfants de famille monoparentale à quitter très tôt le domicile familial expliquent en partie cette situation (Chardon, Daguet, Vivas, 2008).

Les mères de familles monoparentales sont très souvent en emploi. Huit femmes sur dix exercent une activité professionnelle rémunérée, soit un taux plus important que dans la population étudiée. Le chômage concerne 6,9% des mères isolées tandis que 10,9% sont inactives (étudiantes, retraitées, femmes au foyer, invalide).

Des caractéristiques différentes selon le mode de formation de la famille

L’évènement qui détermine la constitution de la famille est un bon indicateur de la diversité des structures monoparentales. Celui-ci explique en grande partie les caractéristiques de l’ensemble des familles monoparentales par opposition aux parents en couple et à la diversité des configurations familiales qui existent en leur sein (Gautier, 2006). Le nombre d’enfants, l’âge des mères et de leur(s) enfant(s) sont liés à leur histoire matrimoniale antérieure (tableau 17) tandis que la situation professionnelle varie bien souvent selon les différentes étapes du cycle de vie.

Tableau 17 – Caractéristiques des familles monoparentales selon le mode de formation de la famille (population source)

(*) X = moyenne (**) Étudiantes, retraitées, femmes au foyer, personnes en incapacité de travailler...

Source : Enquête (2009) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

Les mères n’ayant jamais vécu en couple. L’épisode monoparental commence par une naissance, voulue ou non, mais sans vie de couple préalable. L’entrée en monoparentalité est souvent synonyme d’une maternité précoce : elle intervient en début de parcours familial. C’est pourquoi 24,2% des mères qui n’ont jamais vécu en couple avaient moins de 25 ans au moment du changement familial. Elles sont ainsi plus jeunes (37,7 ans en moyenne) et élèvent plus fréquemment un seul enfant en bas âge (85,7% n’ont qu’un seul enfant tandis que l’âge moyen des enfants est de 8,2 ans). Les mères qui n’ont jamais vécu en couple sont moins souvent actives, plus souvent en formation, au chômage et en congé parental. L’arrivée du premier enfant explique la plus grande fréquence des interruptions d’activité.

Les mères divorcées. Les mères divorcées, comme les veuves, ont souvent plusieurs enfants (22,2% ont trois enfants et plus). Le divorce intervient en milieu de parcours familial. La durée moyenne de cohabitation antérieure est de 11,7 ans en cas de mariage. Les mères divorcées sont âgées en moyenne de 42,9 ans et élèvent le plus souvent deux enfants. Elles sont beaucoup moins susceptibles que les mères n’ayant jamais vécu en couple et les mères séparées d'avoir des enfants de moins de 3 ans (2,1%). L’âge moyen des enfants est de 13,7 années. Elles font partie des mères les plus qualifiées et sont celles qui sont le plus intégré au marché du travail (86,6% sont des actifs occupant un emploi).

Les mères séparées. La situation monoparentale est liée à une désunion et intervient au milieu de parcours familial. Les caractéristiques des mères séparées sont proches de celles des mères n’ayant jamais vécu en couple. Comme elles, les mères séparées élèvent majoritairement un seul enfant. Elles sont plus âgées que les mères qui ne vivaient pas en couple mais plus jeunes que les veuves et les divorcées. L’épisode monoparental consécutif à une rupture d’union libre survient aussi de façon plus précoce dans la vie des enfants. La durée moyenne de cohabitation antérieure est en moyenne de 7 ans en cas d’union libre : les unions libres sont plus fragiles que les mariages. Les mères séparées sont également celles qui sont les plus présentes sur le marché du travail.

Les veuves. Le décès du conjoint intervient en milieu ou en fin de parcours familial, plus tard dans le cycle de vie que les autres mères isolées. Les veuves sont ainsi plus âgées que les autres mères au moment de l’entrée en situation monoparentale et au moment de l’enquête (30,5% ont plus de 50 ans). De fait, les enfants sont plus âgés : l’âge moyen des enfants est de 14,9 ans, 32,2% des veuves élèvent un ou plusieurs enfants majeurs. Les familles

monoparentales qui ont pour origine le décès du conjoint sont plus souvent des familles nombreuses (25,6%). Il est fréquent que certains des enfants aient déjà quitté le domicile parental. Lorsque les enfants non à charge sont comptabilisés, 48,8% des familles ont plus de trois enfants. Autre caractéristique propre aux veuves, celles-ci sont moins diplômées que les autres mères. Elles bénéficient cependant d’une plus longue expérience professionnelle. Elles sont moins souvent au chômage et naturellement davantage à la retraite que les autres.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 146-150)