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L’impact des inégalités de genre

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 55-59)

I NTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

NOUVELLE CATEGORIE FAMILIALE

3. L A MONOPARENTALITE COMME ENJEU ECONOMIQUE ET SOCIAL

3.1. La vulnérabilité des femmes seules et de leur(s) enfant(s) sur le marché du travail

3.1.1. L’impact des inégalités de genre

Dans la période récente, les inégalités entre les hommes et les femmes sur le marché du travail se sont réduites. Les femmes ont investi le marché du travail et leur volonté d’indépendance financière les a conduites, à partir des années 1960, à s’insérer dans les études et dans l’emploi bien plus massivement qu’elles ne l’avaient fait auparavant. Cette évolution de l’emploi féminin a des origines à la fois économiques (demande accrue de main-d’œuvre, évolution des salaires) mais aussi culturelles (Granger, Grossbard-Shechtman, 1998). Si l’insertion des femmes sur le marché du travail progresse de manière constante, les inégalités demeurent. Le marché du travail, malgré des changements notables, se présente sous les traits d’une organisation sociale façonnée par un rapport asymétrique et

inégal entre hommes et femmes : « si la notion de chef de famille a disparu de nos lois, dans l’ombre de « M. Gagne-Pain », on trouve toujours Mme Gagne-Petit dont la discrimination au travail handicape la stabilité matérielle des familles » (Naves, 2001, p.15). Dans le même temps, les femmes n’ont pas été épargnées par la dégradation du marché du travail.

Une inégalité en termes d’activité

Le taux d’activité des femmes de 25 à 49 ans en France est de 85,6% en 2005 contre 53,3% en 1975 (tableau 4). L’écart entre taux d’activité féminin et masculin atteignait 37,4% en 1975. Il n’est plus que de 10,4% en 2005 (Vanoveirmer, 2009). Cependant, le taux d’activité féminine s’essouffle et l’écart se stabilise depuis le début des années 2000. En effet, les « 30 glorieuses » furent celles de l’allongement des études féminines et celles de l’autonomie par l’émancipation professionnelle. La croissance économique, jusqu’au milieu des années 1970 avait permis une importante création d’emplois. Depuis, les femmes ont été confrontées à une hausse de chômage influant sur la persistance d’écarts importants entre taux d’emploi des hommes et taux d’emploi des femmes qui empêche de rattraper le retard pris sur celui des hommes. La responsabilité de ce phénomène revient notamment à la politique familiale mise en place au milieu des années 1990 avec l’instauration de l’allocation parentale d’éducation (APE). Celle-ci bénéficie depuis 1995 aux mères donnant naissance à un deuxième enfant alors qu’elle ne concernait auparavant que les mères de trois enfants.

L’arrêt de l’activité professionnelle corrélé aux difficultés de réinsertion professionnelle dues à la conjoncture économique ont largement perturbé la croissance du taux d’activité des femmes jusqu’à aujourd’hui.

Tableau 4 – Activité des hommes et femmes âgés de 25-49 ans en 2005

25-49 ans : taux (en %)

Taux d'activité Taux d'emploi Chômeurs / inoccupés*

Hommes (ensemble) 96,0 87,5 72,6 Femmes (ensemble) 85,6 74,9 44,6

(*) Inoccupés : chômeurs et inactifs. Les retraités et étudiants ne sont pas inclus Champ : France métropolitaine, population des ménages ordinaires âgée de 25 à 49 ans en années révolues Source : Insee, enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2007

Une inégalité des niveaux de qualification

Aujourd’hui, les femmes sont plus diplômées que les hommes : 46% des femmes âgées de 25 à 49 ans sont au moins titulaires du baccalauréat en 2007, contre 41% des hommes

(Vanovermeir, 2009). Et pourtant, les emplois occupés par les femmes sont moins qualifiés que ceux des hommes. Les degrés de féminisation les plus élevés se trouvent dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’action sociale (75% des emplois) et du service aux particuliers (61% des emplois). En revanche, l’industrie, la construction et l’agriculture sont faiblement féminisées. En 2006, seulement 30% des créateurs d'entreprise sont des femmes. A la direction d’entreprise, les femmes sont très minoritaires (moins de 10%) et perçoivent des rémunérations inférieures à celles des hommes (Vanovermeir, 2008).

Une inégalité de rémunération

En effet, même à qualification égale, des écarts de salaires persistent. En moyenne, celui des femmes est inférieur de 26% à celui des hommes en 2005 (Vanovermeir, 2008). Cela s’explique d’une part parce que les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes caractéristiques individuelles et qu’ils n’occupent pas les mêmes emplois, d’autre part, parce que les femmes justifient d’une expérience professionnelle plus récente que celle des hommes, en raison notamment d’interruptions de carrière plus fréquentes. Elles possèdent de fait une plus « faible capacité de gain » - « low earning capacity » - que les hommes puisque les secteurs d'emploi où elles sont concentrées offrent en général des salaires moindres. Depuis le début des années 1980, le revenu salarial moyen de l'ensemble des femmes croît légèrement, ce qui entraîne un léger resserrement de l'écart entre les revenus salariaux des hommes et des femmes.

Une inégalité devant le chômage

L’accessibilité à l’emploi est un révélateur important des inégalités de genre sur le marché du travail. En effet, même si l’écart des taux de chômage s’est réduit depuis trente ans, le chômage touche toujours plus majoritairement les femmes. En 2005, le taux de chômage des hommes est de 8% alors que celui des femmes est de 9,8% (figure 7). L’écart entre les taux de chômage des hommes et des femmes est de 1,8% en 2005 alors qu’il était de 3,9% en 1982 (Vanoveirmer, 2008). La durée de chômage des femmes est en moyenne un peu plus élevée : 38% des femmes inscrites au chômage le sont depuis un an ou plus contre 35,8% des hommes en 2005 (Gréco, 2006). Par ailleurs, lorsque les femmes demeurent absentes du marché du travail pendant une période prolongée suite à la maternité, certaines, auparavant qualifiées, se trouvent souvent confrontées au choix de réintégrer un marché du travail inadapté à leur situation familiale ou de se contenter d’une aide sociale nettement

insuffisante. La décision de ne pas travailler peut avoir un prix beaucoup plus élevé qu'il n'y paraît. De plus, la difficulté de parvenir à un emploi stable se complexifie en raison d'une part, des conflits entre les rôles et obligations de la mère par rapport à ses enfants, et d'autre part, de l'insuffisance relative des revenus qu'elle est susceptible de tirer des emplois disponibles.

Figure 7 – Taux de chômage des hommes et des femmes de 1982 à 2005 (en %)

Note : données de 1982 à 2006, corrigées pour les ruptures de série Champ : population des ménages de 15 ans et plus vivant en France métropolitaine (âge au 31 décembre) Source : Insee, enquêtes Emploi (calculs Insee) – Réalisation : F. Leray, CNRS UMR ESO 6590, 2009

Une inégalité de temps de travail

Enfin, les femmes bénéficient plus largement de temps partiel que les hommes. Le temps partiel s’est fortement développé durant les vingt dernières années parmi les femmes à cause notamment de la politique économique visant à lutter contre le chômage en développant le temps partiel en France. Il s’agit d’une « source d’inégalités entre les femmes et les hommes » puisque vecteur d’inégalités de revenus présents, donc de retraites futures et de moindres carrières (Dauphin, Letablier, Meda, Milewski, Kesteman, 2005, p.57). En 2005, le temps partiel concerne 27,9% des femmes ayant un emploi entre 25 et 49 ans contre seulement 4,3%

des hommes. Les femmes sont également plus concernées par le sous-emploi que les hommes (8,4% contre 2,5% en 2005) et souhaiteraient travailler davantage (Vanoveirmer, 2008).

Les inégalités de genre sur le marché du travail sont indéniables. Toutefois, la situation des hommes sur le marché du travail varie également en fonction de leur situation familiale. Les pères de famille monoparentale de 25-49 ans sont ainsi beaucoup plus souvent sans emploi

que les hommes en couple avec enfants (14,5%, contre 8,1%) et se déclarent plus souvent chômeurs (tableau 5) : la monoparentalité influence aussi bien les hommes et les femmes dans leur rapport à l’emploi. Les taux d’emploi et d’activité des mères isolées sont respectivement de 88,5% et 70,2% en 2005, contre 95,6% et 85,5% pour les pères de famille monoparentale.

L’étude des rapports à l’emploi des femmes selon leur situation familiale témoigne davantage de la situation désavantageuse des mères isolées sur le marché du travail.

Tableau 5 – Activité des hommes de 25-49 ans selon leur situation familiale en 2005 25-49 ans : taux (en %)

(*) Inoccupés : chômeurs et inactifs. Les retraités et étudiants ne sont pas inclus Champ : France métropolitaine, population des ménages ordinaires âgée de 25 à 49 ans en années révolues Source : Insee, enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2007

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 55-59)