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L’évolution de la famille bretonne

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 122-126)

I NTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

U NE COMBINAISON DE METHODES POUR UNE MEILLEURE COMPREHENSION DE LA SPATIALITE DES FAMILLES

1. U NE ETUDE A DIMENSION REGIONALE : LES FAMILLES MONOPARENTALES EN B RETAGNE

1.1. L’évolution de la famille bretonne

La Bretagne s’est très longtemps distinguée par son attachement à la famille nombreuse. La région battait même constamment les records de natalité et de fécondité avant la seconde guerre mondiale. Mais au fil des décennies, le paysage familial s’est dessiné communément aux autres régions françaises. La progression de la monoparentalité a accompagné l’évolution démographique, sociale et culturelle de la Bretagne.

1.1.1. Un attachement aux familles nombreuses

L’évolution de la démographie bretonne a longtemps été spécifique. Elle est le symbole d’une région nourrie par une tradition rurale bien encrée. Au début du siècle, la Bretagne reste à l’écart des pratiques de limitations de naissances. L’écart de taux de natalité avec le reste de la France se maintient durant toute la première moitié du siècle (27 pour mille contre 24 pour mille pour la France) (figure 19). L’indice de fécondité atteint 4 enfants par femme en 1901, et est encore de 3,35 en 1921 contre 2,04 au niveau national la même année. Cet écart s’est maintenu durant plusieurs décennies faisant de la région Bretagne celle où la fécondité est la plus élevée.

28 Priorité régionale n°7 pour l’Allocation de recherche doctorale (2006) : sciences humaines et sociales : enjeux sociétaux, études de genres.

Figure 19 – Taux de natalité en Bretagne et en France depuis 1825

Source : Belliot, Nicolas, « Héritage, facteurs culturels et comportements démographiques en Bretagne », Démographie et Cultures, Actes du colloque de Québec, 2008

Figure 20 – Proportion de naissances hors mariage en Bretagne et en France depuis 1975

Source : Belliot, Nicolas, « Héritage, facteurs culturels et comportements démographiques en Bretagne », Démographie et Cultures, Actes du colloque de Québec, 2008

Une particularité très forte de la Bretagne est la faible fréquence des naissances hors mariage jusque dans les années 1960. La proportion de naissances en dehors hors du mariage parmi l’ensemble des naissances oscille entre 3% et 5% à l’exception de la période de guerre où cette fréquence peut atteindre 10% (figure 20). Ce niveau inférieur à celui de l’ensemble du pays s’explique par une structure de la population plutôt favorable aux naissances illégitimes. Le mariage plus tardif en Bretagne associé à une fréquence du célibat féminin plus marquée augmente la proportion de femmes non mariées parmi les femmes d’âge

fécond. L’ensemble des ces spécificités se traduit par une surreprésentation des familles nombreuses en Bretagne par rapport au reste de la France. En 1926, seules 4% des familles avec 0 ou 1 enfant résident en Bretagne alors que cette proportion est supérieure à 10% pour les familles de plus de 6 enfants (Belliot, 2008).

1.1.2. Le rattrapage de la tendance nationale

La Bretagne n’est pas indifférente aux évolutions démographiques que connaît le pays dans son ensemble. Pendant les « 30 glorieuses », la reprise durable de la fécondité pendant le

« baby boom » (1946 – 1973) modifie largement la démographie de la Bretagne. Mais à partir de 1972, du fait de la crise économique, la Bretagne, tout comme le reste de la France d’ailleurs, connaît une nouvelle inversion de tendance. La chute de la natalité en Bretagne est spectaculaire (de 17,5 pour mille en 1970 à 14 pour mille en 1980) (Rouxel, 1999). Le phénomène est identique à la France mais encore beaucoup plus marqué du fait notamment de l’exode rural des plus jeunes et d’une évolution des mentalités plus tardive que les autres régions françaises. Elle devient, à partir du début des années 1980 inférieure à la moyenne nationale.

L’évolution des idées et des mœurs effet répandu progressivement à l’ensemble du pays. La principale conséquence de ce phénomène est une baisse importante de la fécondité dans les années 1970 (environ 2,9 en 1960 à environ 2,1 en 1982). La fécondité bretonne rejoint pour la première fois celle de la France entière en 1982. De fait, on assiste à une réduction progressive de la taille moyenne des ménages (figure 21).

Figure 21 – Evolution de la taille des ménages en Bretagne (nombre de personnes en moyenne)

Note de lecture : nombre moyen d'occupants par résidence principale Source : Insee, recensement de la population 2006

Une des raisons majeures de cette évolution est le développement de la scolarité et du niveau d’étude accentué chez les femmes de cette génération. Le taux d’activité féminin progresse de manière presque constante depuis 1975, passant de 36,9% à 40,7% en 1982. Ce phénomène retarde l’âge à la première maternité et l’âge au mariage (Rouxel, 1999).

L’évolution des unions libres commence à prendre de l’ampleur. Dans le même temps, la région Bretagne connaît un accroissement du nombre de divorces (figure 22). La loi de 1975 autorise le divorce par consentement mutuel et rupture de la vie commune. Associé à la volonté grandissante d’autonomie financière des femmes, le taux de divorce s’accentue alors de manière conséquente dans toutes les régions françaises. Toutefois, dans les années 1980, la Bretagne est une des régions où l’on divorce le moins en France. En 1982, on compte un divorce pour quatre mariages contre 2,75 au niveau national. L’influence de la religion et le poids de la tradition rurale expliquent également ce phénomène.

Figure 22 – Mariages et divorces en France et en Bretagne (en milliers)

Source : Insee, État civil - ministère de la Justice, Répertoire Général Civil (RGC)

Aujourd’hui, parallèlement aux transformations démographiques contemporaines, les formes de la famille continuent d’évoluer dans le sens d’une réduction de la taille des ménages. Entre 1990 et 1999, la Bretagne est même la région qui connaît la plus forte baisse (en moyenne 2,57 à 2,35 individus par ménage). En 2007, le taux de nuptialité reste nettement inférieur à la moyenne nationale (3,6 pour mille contre 4,3 pour mille) tout comme le taux de divorce. C’est en 2005 que la croissance des divorces s’est accélérée : de 17,4% en Bretagne et de 15,3% au niveau national par rapport à l’année précédente (Allain, Duval, 2009). La réforme relative au divorce le 1er janvier 2005 qui accélère la procédure de divorce sur requête conjointe en la principale explication. Depuis, le nombre de ruptures de mariages a baissé : 5 100 divorces ont été prononcés en 2007, soit une baisse de 5,4% par rapport à 2006 (-3,4% en France). Le taux de divortialité en Bretagne est toujours inférieur à

la moyenne nationale mais l’écart tend à se réduire. Dans le même temps, on assiste à une hausse importante du nombre de naissances hors mariage. Alors qu’en 1998, elles représentent 40% des naissances bretonnes, les naissances hors mariage en représentent 54,8% en 2007 contre 51,7% au niveau national (tableau 11). La montée des naissances hors mariage et des séparations des couples avec enfant(s) contribue grandement à la montée de la monoparentalité.

Tableau 11 – La proportion des naissances hors mariage en Bretagne (en %)

Années Côtes-d'Armor Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan Bretagne France

2007 58,0% 54,6% 52,2% 56,4% 54,8% 51,7%

2006 55,8% 51,2% 49,4% 55,6% 52,4% 49,5%

2005 52,5% 49,2% 48,3% 51,1% 49,9% 47,4%

2004 50,7% 48,2% 45,8% 49,8% 48,2% 46,4%

Source : Insee, état civil

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