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La « pauvreté des conditions de vie »

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 67-70)

I NTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

NOUVELLE CATEGORIE FAMILIALE

3. L A MONOPARENTALITE COMME ENJEU ECONOMIQUE ET SOCIAL

3.2. Les familles monoparentales, davantage exposées à la pauvreté

3.2.3. La « pauvreté des conditions de vie »

La pauvreté des conditions de vie est un indicateur supplémentaire qui confirme que les familles monoparentales sont davantage exposées au risque de pauvreté que les couples avec enfants. En effet, les familles monoparentales sont 14,2% parmi les ménages pauvres selon les conditions de vie (contre 12,7% au niveau national) et 16,8% parmi les ménages pauvres à la fois en conditions de vie et au sens monétaire en 2006. Par rapport à un couple avec enfant,

une famille monoparentale court un risque 1,5 fois plus élevé de cumuler les deux formes de pauvreté (tableau 8).

Tableau 8 – Type de ménage et risque de pauvreté en conditions de vie Répartition des ménages (%)

(*) Pauvreté monétaire relative et pauvreté en conditions de vie. La pauvreté monétaire est évaluée sur les revenus de l’année 2005 – (**) Cette colonne présente les ratios issus d’une régression logistique dont la variable dépendante est le cumul des deux formes de pauvreté

Source : Godefroy, Pascal, Pujol, Jérôme, Raynaud, Emilie, Tomasini, Magda, « Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006 », Insee - Les revenus et les patrimoines des ménages, 2009, pp.9-24

Les conditions de logement des familles monoparentales sont modestes comparés aux autres familles. Le statut d’occupation en est une première illustration : 28% des mères de famille monoparentale sont propriétaires de leur logement contre 63% des couples avec enfants en 2005. 38% des mères isolées résident dans un parc HLM, contre 14% des couples avec enfants (tableau 9). Ces derniers résident également plus souvent dans une maison individuelle (54%) que les mères isolées (36%).

Tableau 9 – Les conditions de logement des familles monoparentales et des couples avec enfants

Familles

Part des familles vivant dans un logement où (en%) :

- il manque une pièce 15 13 6

- il manque deux pièces 5 5 2

Champ : France métropolitaine, ménages ordinaires, familles avec enfants de 0 à 24 ans en années révolues

(*) Une famille peut vivre dans le même logement que d'autres personnes, par exemple les parents du chef de famille. Si l'un des adultes du ménage est propriétaire, la famille est comptabilisée ici. Source : Insee, enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2007.

L’indicateur usuel de surpeuplement19 indique que 15% des mères de famille monoparentale habitent un logement où il manque une pièce. Cela ne concerne que 6% des couples avec enfants. L’ensemble des données révèle que les pères de famille monoparentale ont globalement de meilleures conditions de logement que les femmes. Une fois sur deux, les pères isolés résident dans une maison individuelle et sont propriétaires de leur logement.

La localisation du logement est aussi un bon indicateur de la fragilité résidentielle des familles monoparentales. Celles-ci résident plus souvent dans un pôle urbain que les autres familles alors que leurs ressources sont plus faibles : 24 % des familles avec enfants sont monoparentales dans les pôles urbains, contre 16 % en zone rurale. Parmi les 730.000 familles résidant en Zone Urbaine Sensible (ZUS) et ayant au moins un enfant de moins de 25 ans, près de 30% sont monoparentales. Dans près de 90% des cas, les parents isolés sont des femmes et la moitié d'entre elles n'ont pas d'emploi (DIV, 2002).

Le coût du logement pèse davantage chez les familles monoparentales (21% du total des dépenses) et les personnes seules (23%) que chez les couples avec enfants (13%) en 2006 (tableau). Les revenus sociaux (majoritairement les pensions alimentaires) sont logiquement plus élevés chez les familles monoparentales que chez les personnes seules. À l’inverse, les revenus d’activité (salariée comme indépendante) et les revenus du patrimoine (assurances vie, loyers perçus, intérêts de livrets d’épargne…) occupent une place plus importante dans les revenus des personnes seules.

L’endettement concerne moins les familles monoparentales que les autres familles. En effet, les crédits à l’habitat sont généralement des engagements de long terme. Cela concerne plutôt des couples avec enfants occupant un emploi stable et résidant dans des agglomérations de petite taille : des ménages qui ne possèdent pas beaucoup de patrimoine financier, mais plutôt aisés.

Les familles monoparentales sont davantage endettées pour la consommation : 34% des mères isolées sont endettées à cause d’un crédit à la consommation contre 27,7% de l’ensemble des ménages. Le montant médian de leur dette (3 100 euros) est néanmoins plus faible que pour les couples avec ou sans enfants en 2004 (Houdré, 2007). L’achat d’un moyen de transport

19 Selon l’Insee, « l’indice de peuplement caractérise le degré d’occupation du logement, par comparaison entre le nombre de pièces qu’il comporte et un nombre de pièces considérées comme nécessaires au ménage. Ce dernier nombre attribue à chaque ménage : une pièce de séjour pour le ménage, une pièce pour chaque couple et pour les célibataires de 19 ans ou plus. Pour les célibataires de moins de 19 ans, il attribue une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou s’ils ont moins de sept ans, sinon une pièce par enfant. Un logement auquel il manque une pièce est dit en situation de « surpeuplement modéré ». S’il manque deux pièces ou plus, il est dit en «surpeuplement accentué » (Insee, définitions).

individuel est également un motif notable d’endettement. Cela explique 19,1% de l’endettement des mères de famille monoparentale.

L’équipement des familles confirme les résultats de la structure de la consommation des ménages. Parmi les « biens durables »20, les familles monoparentales sont moins bien équipées que la moyenne des ménages et encore davantage que les couples avec enfants. En 2005, les familles monoparentales, davantage confrontées à des problèmes financiers, sont moins bien équipées que les familles en couple en ce qui concerne l’équipement information: une sur deux dispose d'un micro-ordinateur, moins d'un tiers a accès à internet. La même année, seulement 74,9% des familles monoparentales disposent d’une voiture, contre 95,6% des couples avec enfants. Un faible taux de motorisation tout comme un moindre usage des produits technologiques (micro-ordinateur, internet, téléphone) participe au risque d’isolement social, physique ou culturel des familles qui caractérise les situations de pauvreté.

Les politiques sociales en direction des familles monoparentales ont pour objectif de réduire ce risque de pauvreté. A travers la description du soutien aux familles monoparentales, nous montrons maintenant comment les familles monoparentales, aux ressources en moyenne plus faibles, bénéficient de la redistribution « horizontale » (des revenus des ménages sans enfant vers les familles) et « verticale » (des ménages les plus aisés vers les ménages les plus modestes).

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 67-70)