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Des familles monoparentales bretonnes souvent à la limite de la pauvreté

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 128-132)

I NTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

U NE COMBINAISON DE METHODES POUR UNE MEILLEURE COMPREHENSION DE LA SPATIALITE DES FAMILLES

1. U NE ETUDE A DIMENSION REGIONALE : LES FAMILLES MONOPARENTALES EN B RETAGNE

1.3. Des familles monoparentales bretonnes souvent à la limite de la pauvreté

De manière générale, les indicateurs statistiques témoignent d’une Bretagne bénéficiant d’une remarquable dynamique économique. Selon une étude récente de l'Insee, la croissance économique de la Bretagne sur la période allant de 1990 à 2003 a été la plus forte de France après celle les Pays de la Loire avec respectivement 2,51% et 2,78% de moyenne annuelle contre 1,9% en France. Le niveau de vie plus élevée qu’ailleurs (tableau 13) et le taux de

chômage, l’un des plus faibles de France (9,7% contre 11,9% au niveau national29 en 2004 (Rouxel, 2005) font de la Bretagne une région en bonne santé. Cependant, la région doit gérer ses inégalités. La spécialisation de son économie dans le domaine du littoral et de l’industrie agroalimentaire est une fragilité reconnue, surtout dans un environnement international difficile. L’année 2008 marque l’entrée du pays dans une récession généralisée, Depuis le quatrième semestre 2007, la croissance économique bretonne ralentit (Insee, 2006).

L’industrie bretonne souffre, la création d'entreprises s'essouffle, le dynamisme des activités de services s’enraye et les demandeurs d’emploi sont de plus en plus nombreux depuis l’automne 2008 (Mariette, 2009). La part importante des familles à la limite de la pauvreté est une particularité de la région qui doit être prise en compte.

Tableau 13 – Taux de pauvreté par département en Bretagne (2004)

Taux de pauvreté Niveau de vie médian (€/UC*) manière suivante : le premier adulte du ménage compte pour une unité de consommation ; les autres personnes de 14 ans ou plus comptent chacune pour 0,5 ; les enfants de moins de 14 ans comptent chacun pour 0,3. Concernant le taux de pauvreté, le seuil retenu ici est fixé à 60%du niveau de vie médian.

Le dynamisme économique de la région est inégalement réparti sur le territoire. Comme au niveau national, la pauvreté est plus marquée dans les espaces urbains. Les deux tiers des pauvres y résident en 2005. Ceci est particulièrement vrai dans les villes-centres : Saint-Brieuc et Lorient sont les deux villes les plus touchées. Leur taux de pauvreté est proche de 25%. Dans les Zones Urbaines Sensibles (ZUS), la situation est encore plus critique : a part de la population vivant dans un ménage à bas revenus (hors prestations sociales) en 2005 atteint 33,8% dans le quartier Polygône à Lorient (Atlas des ZUS, 2009) tandis qu’un chômeur sur cinq qui réside en Zone Urbaine Sensible est bénéficiaire du Revenu Minimum d’Insertion (RMI) en 2005, soit deux fois plus que sur l’ensemble des chômeurs de Bretagne (Insee, 2005). Il existe néanmoins une pauvreté rurale où les salaires sont plus bas et le chômage est plus fréquent. Le taux de pauvreté est de 11,9% dans les communes rurales contre 8,6% en

29 Taux de chômage localisé en moyenne sur le trimestre selon l’Insee. Il s’agit du pourcentage de chômeurs dans la population active (actifs occupés + chômeurs).

espace urbain et 13,7% en France métropolitaine (Chirazi, 2008). Contrairement aux pôles urbains, ce sont les personnes résidant à l’extérieur du pôle rural qui sont les plus frappées par la pauvreté.

La pauvreté n’a pas de visage unique comme le prouve la répartition par profil des allocataires à bas revenus proposé par les Caisses d’allocations familiales de la région (tableau 14). Les familles du « profil 1 » sont composées essentiellement de familles avec enfants dont les deux tiers sont des couples. La moitié de ces familles habitent une commune rurale ou périurbaine. Les familles du « profil 5 » sont à 55% des familles monoparentales.

Elles vivent plus fréquemment en ville que les allocataires des deux premiers profils. Enfin, la durée de la pauvreté dépend grandement du type de pauvreté : 29% des allocataires du premier profil ne restent pas plus de deux ans sous le seuil de bas revenus. A l’inverse, les familles du dernier profil connaissent une pauvreté durable : 73% d’entre elles restent pauvres sur toute la période (Le Boëtté, 2005).

Tableau 14 – Répartition par profil des allocataires à bas revenus en Bretagne (2002)

Profil Nombre de

Profil 3 Personnes seules, sans minima 34 300 10,8

Profil 4 Personnes seules, avec AAH ou RMI 40 600 12,8

Profil 5 Familles en grande difficulté 79 000 24,9

Note : La population à bas revenus regroupe les personnes vivant dans des ménages où le Revenu par unité de consommation est inférieur à un seuil statistique : le seuil de bas revenus. Le seuil utilisé pour calculer les indicateurs nationaux et régionaux de pauvreté correspond à la moitié du revenu médian (863 euros en 2002).

Source : Le Boëtté, Isabelle, « Formes de pauvreté en Bretagne », Octant, n°102, 2005

La faible urbanisation, la forte activité et les revenus homogènes limitent le risque de pauvreté dans la région mais la part importante d’emplois peu qualifiés et peu rémunérateurs explique qu’une proportion importante d’individus se situe à la limite de la pauvreté (Le Boëtté, 2005). Certaines catégories de la population sont particulièrement en difficultés : les personnes seules (une personne pauvre sur quatre est une personne seule en Bretagne) et les familles monoparentales. Ces dernières représentent environ 20% des ménages pauvres en Bretagne en 2004, soit deux fois plus que la part dans le total des ménages (figure 23).

Figure 23 – Répartition de la population totale et de la population pauvre par type de ménage en Bretagne en 2004 (en %)

Source : Chirazi, Sandra, « La pauvreté moins marquée en Bretagne », Octant, n°111, 2008

Les données sociales proposées par la Fédération bretonne des Caisses d’Allocations Familiales fournissent des informations encore plus précises sur la situation préoccupante des familles monoparentales bretonnes. En 2007, plus de la moitié de ces familles (55%) ont un revenu disponible par unité de consommation au-dessous du seuil de bas revenus alors que seulement 10% des couples allocataires avec enfants se trouvent dans cette situation (FBCAF, 2008). Les Cafs de Bretagne estiment que plus de 80% des familles monoparentales bretonnes ont des revenus précaires ou fragiles. Au total, 58% des familles à bas revenus sont des familles monoparentales en 2007 et un tiers d’entre elles bénéficient d’un minima social (principalement l’API et le RMI). Les enfants de famille monoparentale sont plus à même de vivre dans une famille pauvre lorsque celle-ci est nombreuse : 64% des enfants de famille monoparentale de trois enfants ou plus vivent dans une famille à bas revenus contre 54% des enfants de famille monoparentale d’un seul enfant. La population d’étude ne déroge donc pas à la tendance nationale d’une précarisation des familles monoparentales depuis trente ans.

Si la précarisation des familles monoparentales et l’impact des politiques sociales sont fréquemment analysés, il n’en est pas de même des aspects relatifs aux espaces de vie des mères seules qui sont l’objet de la recherche et dont nous présentons maintenant la méthodologie. Il s’agit d’une vaste étude de cas à l’intérieur du territoire breton. Elle repose sur la réalisation d’une enquête quantitative par questionnaire complétée par des entretiens semi-directifs.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 128-132)