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+ Regard positif inconditionnel

I.2. La théorie de l’autodétermination

Les chercheurs ont utilisé diverses théories de la motivation comme les théories de l’expectation-valeur, la théorie des buts d’accomplissement ou encore la théorie de l’efficacité personnelle pour étudier le lien entre la motivation et les performances scolaires. Une théorie majeure et qui parait pertinente pour le domaine scolaire est la théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan (1985a, 1991, 2000). Elle est une des plus abouties des théories sur l’opposition de la motivation intrinsèque et extrinsèque (Viau, 2009).

Avant d’observer les applications de cette approche motivationnelle sur le plan scolaire, il convient de préciser plus avant les principes de la théorie de l’autodétermination. Sans détailler les théories sous-jacentes qui sous-tendent la théorie dite globale de l’autodétermination, à savoir la théorie de l’évaluation cognitive, la théorie de l’intégration organismique, la théorie des orientations générales à la causalité et plus récemment la théorie des besoins fondamentaux, nous allons aborder les fondements de la théorie de l’autodétermination. Elle repose sur l’existence de trois besoins

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fondamentaux, les besoins de compétence, d’autonomie et d’affiliation également nommé d’appartenance sociale.

Le besoin de compétence recouvre le fait que tout se passe comme si l’individu agissait pour répondre à un besoin inné de compétence, et qui le pousse à se fixer des challenges optimaux compte tenu de sa propre capacité. La satisfaction est d’autant plus grande que la tâche à accomplir était perçue comme difficile. Le besoin d’autonomie se réfère au besoin de la quête d’autonomie dans les différents contextes. L’absence de pression exercée sur les choix et les régulations de l’individu caractérisent les comportements déterminés en autonomie à l’inverse des comportements dits contrôlés (deCharms, 1968 ; Deci et Ryan, 1987). Enfin, le besoin d’affiliation renvoie à la satisfaction et au bien être de l’homme dans sa vie sociale. Les interactions étant recherchées à des fins affectives positives dans le meilleur des cas mais visant prioritairement à éviter les conflits. Ce besoin d’appartenance sociale renvoie également au fait que l’individu est rassuré de savoir qu’un ensemble de personnes se préoccupe de lui, de son bien être.

Un ensemble de travaux relate une capacité de l’individu à s’autoréguler, mais ne tient pas compte de l’acquisition de cette capacité d’autorégulation et des différentes formes qu’elle peut revêtir. Deci et Ryan (1985b) postulent que les régulations existent sous différentes formes et que des régulations initialement externes peuvent être internalisées par l’individu. Différents niveaux de motivation se distinguent par le degré d’autodétermination sous-jacent à leur fonctionnement (cf. figure 3). La théorie de l’autodétermination propose trois formes de motivation selon ce degré d’autodétermination : la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l’amotivation.

Les activités motivées intrinsèquement relèvent de la propre décision de l’individu, pour le simple plaisir, pour la satisfaction inhérente à l’activité elle-même. Lire un livre par pur plaisir ou suivre un cours parce que l’étudiant aime la discipline sont des exemples de motivation intrinsèque. Elle est associée au plus haut niveau d’autodétermination et au caractère inné de la motivation. Elle repose sur le fait qu’un comportement peut être intrinsèquement motivé en dehors de toutes formes de récompense extrinsèque et de contrôle (Deci, 1971).

La motivation extrinsèque, seconde forme de régulation, se caractérise par le fait que l’individu agit dans le but d’obtenir des récompenses ou d’éviter des contraintes ou des sanctions. Les comportements sont alors des moyens pour atteindre une fin. L’individu extrinsèquement motivé peut accomplir une tâche sans en retirer de plaisir. La motivation extrinsèque représente alors un niveau moindre d’autodétermination par rapport à la motivation intrinsèque. Ce type de régulation se retrouve souvent sous forme de socialisation et se révèle nécessaire dans un objectif de bien être social, la société nous conduisant à adopter des comportements ou attitudes qui ne sont pas intrinsèquement motivés, ni naturels, c’est le cas par exemple des jeunes enfants confrontés à l’obligation scolaire.

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Selon Deci et Ryan (1985a), quatre types de motivation extrinsèque s’ordonnent sur un continuum d’autonomie impliquant des comportements plus ou moins autodéterminés. La régulation externe est le type le plus présent dans la littérature, les comportements sont régulés par des facteurs externes traduisant un but à atteindre avec des conséquences positives ou pour éviter des conséquences négatives. Des élèves peuvent faire leurs devoirs dans le but de recevoir des éloges de leur enseignant (récompense) ou parce que leurs parents les y encouragent vivement. La régulation introjectée se réfère à une intériorisation des raisons pour lesquelles l’individu pratique une activité. Elle est générée par une transformation des pressions externes en représentations internes. Un étudiant pourrait par exemple dire qu’il révise la nuit avant ses examens parce qu’il se sent coupable s’il ne le fait pas. La régulation identifiée est un comportement autodéterminé, mais qui n’est pas motivé intrinsèquement, le comportement est valorisé par l’individu même s’il ne trouve pas de plaisir à le faire. Dans ce cas, un étudiant peut s’entrainer à réaliser des exercices d’application du cours, même si cette activité ne l’intéresse pas, dans le but d’être plus performant à l’examen. Pour finir, la régulation intégrée, renvoie au comportement le plus autodéterminé dans la régulation extrinsèque. L’individu choisit de s’engager dans une activité, de façon volontaire et harmonieuse avec d’autres éléments importants de sa vie, non pas pour l’activité en elle-même, bien qu’elle ne soit pas déplaisante.

S’ajoute à la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque un construit motivationnel qu’il convient de prendre en compte pour obtenir une compréhension complète du comportement humain. Ce concept s’appelle l’amotivation (Deci et Ryan, 1985a). Celui-ci se situe au plus bas niveau d’autodétermination sur le continuum. Les individus dans cet état perçoivent leur comportement comme relevant de forces externes, hors de contrôle, indépendant de leur volonté. L’individu n’est ni intrinsèquement ni extrinsèquement motivé. Il ne parvient pas à mettre en relation son comportement et les conséquences qui y sont associées.

130 Type de motivation Amotivation Motivation extrinsèque Motivation intrinsèque Type de régulation Absence de régulation Régulation externe Régulation introjectée Régulation identifiée Régulation intégrée Régulation intrinsèque Qualité du comportement

Non autodéterminé Autodéterminé

Figure 3 : Le continuum d’autodétermination. Adapté de Ryan et Deci (2002)

La théorie de l’autodétermination de Deci et Ryan (1985a) a permis une avancée dans la compréhension des comportements humains et un grand nombre d’études en découlant se sont intéressées à la compréhension de phénomènes liés à l’institution scolaire tels que l’abandon des études, l’ajustement personnel dans le contexte scolaire, ou encore l’apprentissage et les performances scolaires.

II.M

OTIVATION ET RÉUSSITE SCOLAIRE

II.1. Les apports de la théorie de l’autodétermination en contexte scolaire