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Les données ont été recueillies en deux phases. La première réalisée en septembre 2010 a permis de récolter des données préalablement au début des cours universitaires. Les informations, notamment les capacités cognitives mesurées et le test de compréhension sont des éléments qui traduisent les compétences et capacités à l’entrée dans le cursus universitaire. Une deuxième phase de recueil a eu lieu en février 2011, moment auquel les étudiants avaient réalisé leur première session d’examen et en connaissaient les résultats. Leur méthode de travail était acquise voire remaniée selon leurs notes obtenues au premier semestre. Les données disponibles in fine résultent de différents tests et questionnaires :

1. Les capacités cognitives

Les tests de capacités cognitives rassemblent trois tâches de vitesse de traitement, le Serial Reaction Time (SRT) et deux tâches de Posner ; trois tâches de mémoire de travail, le counting span, l’operation span et le Time Based Resources Sharing (TBRS) ; et une tâche de raisonnement, les matrices de Raven dans leur version abrégée.

2. Le niveau académique

Le niveau académique des étudiants est évalué par une note au DALF niveau C1. 3. Les données socio-démographiques et économiques

Elles ont été récoltées par un premier questionnaire ainsi que des éléments sur l’orientation et le choix du cursus, et complétées par Apogée.

4. Les pratiques des étudiants et leur motivation

Un second questionnaire dont la passation s’est opérée au cours de la deuxième phase a permis de recueillir des données sur les pratiques des étudiants, leur méthode de travail et leur motivation.

a. La première phase d’enquête

Cette phase était primordiale pour évaluer les compétences des étudiants exempts de toute formation universitaire pour les néobacheliers. L’enquête et les tests de mesure des capacités cognitives se sont déroulées pendant la semaine précédant la rentrée universitaire 2010-2011, au cours de laquelle les étudiants étaient convoqués pour une semaine de tutorat d’adaptation. Il faut différencier ici les mesures des capacités cognitives de la mesure du niveau académique de l’étudiant. Les capacités cognitives ont été évaluées à partir d’outils déjà existants et validés dans le domaine de la psychologie

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du développement. Le niveau académique lui est mesuré par un test de compréhension de l’écrit sur lequel nous reviendrons plus loin. Enfin des données d’ordre socio-démographique, économique et motivationnel ont également été collectées au début de la recherche.

b. La seconde phase de l’enquête

Cette deuxième phase intervient en février 2011. Au début du second semestre, les étudiants sont interrogés par questionnaire, au cours d’un de leur TD obligatoire. La passation dure une quinzaine de minutes. Le questionnaire aborde leur méthode de travail et leurs éventuelles évolutions au cours de l’année, leur connaissance des actions du Plan Réussite en Licence et enfin propose une échelle de motivation.

169 Graphique 1 : Schéma du dispositif de recherche

Période exogène : Première phase : Deuxième phase :

avant l’entrée à l’université entrée à l’université début du second semestre

Caractéristiques socio-démographiques de l’étudiant (sexe, PCS…)

Passé scolaire (série de bac, mention au bac…)

Niveau académique initial : DALF Capacité cognitives : Vitesse de traitement, mémoire de travail, raisonnement Notes aux examens 1er semestre 1er Pratiques des étudiants Échelle de motivation Notes aux examens 2ème semestre Moyenne de l’année

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Le schéma rend compte à la fois de la dimension temporelle de l’évaluation et de la construction cumulative des acquisitions et de la probabilité de réussite. Il est visible que des caractéristiques exogènes pour notre étude, à savoir les caractéristiques socio-démographiques de l’étudiant et son passé scolaire seront reflétés dans le niveau initial appréhendé en début d’évaluation. Ces caractéristiques continuent par ailleurs à conditionner la réussite aux examens universitaires.

Le schéma permet de visualiser également le rôle des capacités cognitives, elles seraient à la fois construites en fonction des caractéristiques socio-démographiques du sujet et du passé scolaire. Elles sont liées de façon bidirectionnelle avec le passé scolaire, en ce sens qu’elles joueraient sur les acquisitions au cours de la scolarisation et que ces mêmes acquisitions feraient évoluer les capacités cognitives. Elles agissent aussi, on peut le supposer sur la réussite aux examens et sur les méthodes de travail des étudiants.

La motivation est reliée pour sa part au passé scolaire, le vécu de la réussite ou de l’échec en contexte scolaire pouvant impacter la motivation dans la poursuite d’étude et dans l’investissement scolaire. La mesure de la motivation intervenant sur la deuxième partie de l’évaluation, son impact est relié également à la réussite aux partiels du second semestre. Il sera aussi observé si la motivation est liée aux résultats du premier semestre, qu’il soit échoué ou validé.

La démarche générale ayant été présentée, nous allons à présent préciser quelle population est ciblée dans cette recherche et revenir plus précisément sur le choix et la validité des outils retenus.

II.2. Présentation de l’échantillon

L’échantillon a été constitué d’étudiants de première année inscrits à l’université de Bourgogne. La première population envisagée portait sur l’ensemble des filières universitaires. Pour des raisons de coûts, de temps et de logistique, un choix portant sur trois filières a dû être opéré. Les filières retenues sont celles de droit, d’AES et de psychologie. Ce choix résulte tout d’abord de la répartition des effectifs d’étudiants dans les diverses filières. En considérant les grands domaines d’études, le domaine des études en santé mis à part étant donné le fonctionnement particulier qui le caractérise, ce sont les domaines de droit et sciences politiques et de sciences humaines et sociales qui regroupent les effectifs les plus importants d’inscrits en premier année (respectivement au 31 décembre 2010, 1172 et 1040 étudiants). Dans ces deux grands domaines, les filières les plus chargées sont le droit avec 778 étudiants et l’AES avec 270 étudiants pour le domaine de droit et sciences politiques. La psychologie est elle la filière la plus dense en sciences humaines et sociales avec 437 inscrits en première année (cf. annexe 1: tableau des effectifs étudiants inscrits au 31 décembre 2010). L’échantillon théorique visé est donc de 1485 étudiants. Le choix de ces filières permet aussi de bénéficier d’une population

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diversifiée à la fois en termes d’origine sociale et de passé scolaire, notamment sur la série de baccalauréat. L’élaboration de cet échantillon permet en effet d’avoir deux filières homogènes socialement et scolairement, sur des compositions opposées : la filière droit est composée d’une population plutôt favorisée, alors que les étudiants de la filière AES sont d’origine plus modeste. La filière de psychologie pour sa part présente des étudiants dont le profil est plus hétérogène tant socialement que scolairement (cf. tableaux 5 et 6).

Tableau 5 : Origine sociale16 des étudiants entrants (1ère inscription en université) en 2010/2011 (en %)

Droit AES Psychologie

Indépendants 23,2 15,6 16,7

Cadres et prof. Sup. 20,8 15,0 15,1

Prof. Intermédiaires 16,8 10,2 18,9

Employés-Ouvriers 31,8 43,7 36,9

Inactifs et autres 7,4 15,6 12,5

Tableau 6 : Titre d’accès / baccalauréats des étudiants entrants en 2010/2011 (en %)

Droit AES Psychologie

S 17,5 5,4 19,2 L 18,1 1,2 18,9 ES 48,0 41,3 19,2 SMS/ST2S 0,6 1,2 16,7 Industrie 1,3 1,8 2,2 Tertiaire 10,1 30,5 13,5 Pro et agri 1,1 12,0 9,3 Equivalence 0,2 0,0 0,3 Etrangers 3,2 6,6 0,6

Les étudiants interrogés sont tous inscrits en première année en 2010/2011, l’objectif étant de cibler les facteurs d’échec qui interviennent en tout début de cursus, au cours de la première année de licence, année qui compte l’échec le plus massif. Ils ne sont pas tous néobacheliers, certains

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redoublants ont en effet participé à l’expérimentation. Leur statut de redoublant étant connu, les traitements en tiennent compte selon les hypothèses testées.

II.3. Les données collectées

II.3.1. Les capacités cognitives, leurs mesures

Les mécanismes fondamentaux de la cognition humaine sont soumis à deux types de contrainte. D’une part, les contraintes structurales, qui représentent les composants du système cognitif et leurs processus, la mémoire à court terme (MCT) et la mémoire à long terme (MLT) en font partie. D’autre part, les contraintes fonctionnelles, mettant en jeu les caractéristiques des processus cognitifs et des représentations, telles que la rapidité, la précision ou le contrôle (Lemaire, 1999). Ces deux types de contraintes sont investis à travers les tests de cette recherche. Trois dimensions ont en effet été sélectionnées pour évaluer les capacités cognitives au regard des travaux menés par Barrouillet, Camos, Morlaix, Suchaut (2008), celles-ci s’avérant être les meilleurs prédicteurs de la réussite scolaire en primaire. Il s’agit de la vitesse de traitement, de la mémoire de travail et du raisonnement. Chacune de ces dimensions a fait l’objet d’une ou plusieurs mesures. A l’exception de la tâche de raisonnement, les tests sont effectués sur des postes informatiques.

II.3.1.1. La vitesse de traitement

La vitesse de traitement est mesurée par le test du Serial Reaction Time (SRT) ainsi que par deux taches de Posner. Le SRT mesure la vitesse de traitement pure, il s’agit d’une tâche de détection simple où le sujet doit appuyer le plus rapidement possible sur la barre d’espace lors de l’apparition d’un carré à l’écran. Les carrés apparaissent soit 1000, 2000 ou 3000 ms après le signal. Les résultats sont en ms, c'est le temps de réaction des sujets pour appuyer.

Les tâches de Posner sont des tâches de détection complexe, le sujet doit prendre une décision quant à la similitude de lettres présentées à l’écran, toujours le plus rapidement possible. Pour la première tâche, le Posner 1, la similitude doit être physique, c'est-à-dire que A et A sont similaires alors que A et a ne le sont pas. Pour la 2ème tâche, (Posner 2) la similitude est vérifiée dès que le sujet est en présence de lettres identiques, indifféremment des majuscules et des minuscules, donc A et A sont similaires ainsi que A et a, mais pas a et b. Les indicateurs obtenus sont des temps de réponse en milliseconde, les meilleures performances sont donc les valeurs les plus faibles.

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Ces mesures de vitesse de traitement permettent de mesurer l’acquisition d’un des processus fondamentaux qui conditionne le développement de la mémoire, processus agissant sur la mise en œuvre d’opérations d’encodage, de stockage ou de rappel.

II.3.1.2. La mémoire de travail

L’organisation du fonctionnement de la mémoire peut être étudiée grâce à un ensemble de méthodes, le choix de la méthode est dépendant de la mémoire à laquelle on s’intéresse. Certaines sont par exemple exclusivement destinées à la mémoire sémantique, d’autres sont des méthodes communes aux différentes mémoires. C’est sur ces dernières méthodes que les tâches sélectionnées s’appuient. Parmi les méthodes communes, on compte les méthodes de rappel et de reconnaissance ; les analyses des interférences et des transferts et enfin l’exploration oculaire. La méthode de rappel est privilégiée ici, méthode habituellement utilisée pour l’étude de la mémoire verbale. Dans les tâches de rappel, le sujet dit ou écrit ce dont il se souvient (Rossi, 2005). Plusieurs indicateurs sont susceptibles d’être recueillis avec ces tâches : le calcul du nombre d’essais qui sont nécessaires pour obtenir un niveau de rappel donné ; le calcul du nombre et du pourcentage de réponses correctes ; le calcul du nombre de présentations ou le temps pour réapprendre un matériel en cas de rappels différés ; un temps de réponse dans le cas d’un apprentissage indicé, c'est-à-dire le cas où le sujet a appris à associer un stimulus à un autre, etc. Les résultats des trois tâches retenues dans notre recherche sont basés sur le calcul du nombre et du pourcentage de réponses correctes, permettant d’obtenir un score de rappel. La mémoire de travail dont on mesure l’empan est ici appréhendée par des tâches de reading span, d’operation span et une tâche issu du modèle TBRS (Time-Based Resource Sharing model). Leur principe général consiste à restituer une liste de chiffres ou de mots, la plus longue possible, sachant que ces chiffres/mots ont été présentés à l’individu en intermittence avec des tâches de discrimination visuelle et d’opération basique que le sujet doit réaliser.

Pour la tâche de reading span, on présente un chiffre au sujet qu’il doit mémoriser, ensuite apparaît une phrase dont il doit juger si elle a un sens ou non, puis de nouveau un chiffre, etc. jusqu’à ce qu’on lui demande de rappeler les chiffres visualisés (voir l’encadré IV pour les conditions de passation). La tâche d’operation span est construite sur la même logique. Le sujet doit mémoriser des lettres. Entre chaque lettre on lui présente une équation dont il doit dire si elle est juste ou fausse (ex : 6/2 + 3 = 7). Quand le mot « Rappel » apparait à l’écran, le sujet doit restituer à l’écrit un maximum de lettres mémorisées, le score de rappel étant le nombre de lettres correctement rappelées dans l’ordre d’apparition durant l’essai. Un dernier test de mémoire de travail est soumis, celui du Time Based Resources Sharing model (TBRS). Les sujets doivent ici mémoriser des lettres et juger de la parité de chiffres. Les sujets voient à l’écran alternativement une lettre qu’ils doivent mémoriser puis deux

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chiffres ; s’ils sont pairs, le sujet appuie sur la touche « m » et s’ils sont impairs, il appuie sur la touche « q ». Les chiffres apparaissent à trois vitesses d'apparition différentes : rapide, moyenne, lente. Les résultats présentent le pourcentage de bonnes réponses sur les chiffres rappelés et le pourcentage de rappel correct en fonction des différentes vitesses.

Le taux de bonne réponse à ces tâches est contrôlé afin de vérifier l’attention de l’individu et s’assurer de sa pleine participation et mobilisation dans la tâche. Le nombre de chiffres ou lettres que l’individu est capable de rappeler à l’issue de la tâche permet de quantifier la mémoire de travail et fournit un empan en mémoire de travail. L’ensemble de ces tests est passé individuellement par les sujets sur une durée totale de deux heures.