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+ Regard positif inconditionnel

II.2. La dynamique motivationnelle

Le modèle de Viau (1997) de la dynamique motivationnelle est basé sur l’approche socio-cognitive, et les conceptions développées par Bandura (1986), à savoir l’interaction réciproque postulée entre des facteurs comportementaux, environnementaux et personnels (perceptions de soi et de l’environnement). La définition de Viau (1997, p.7) reprend cette relation triadique : « la motivation est un concept dynamique qui a ses origines dans la perception qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but ».

Les facteurs comportementaux (choix de l’activité, engagement, persévérance), dans son modèle, représentent les indicateurs de la motivation ; et les facteurs internes et environnementaux (perception de soi et de l’environnement, le contexte) en sont l’origine.

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Les indicateurs et déterminants de la motivation sont en lien et le choix de l’élève de s’engager cognitivement dans une tâche et de persévérer jusqu’à son accomplissement est influencé par la manière dont il se perçoit face à une activité d’apprentissage. Zimmerman et Martinez-Pons (1992) ont d’ailleurs montré que plus un élève s’engage et persévère, meilleure est sa performance.

Revenons sur les trois types de perceptions sur le plan scolaire qui influenceraient la motivation de l’étudiant : la perception de la valeur de l’activité (ex : cours, lectures, exercices…), la perception de sa compétence à l’accomplir, et la perception du contrôle qu’il possède sur son déroulement et ses conséquences.

1) Le désir de s’adonner à une activité est régi directement par la valeur accordée à cette activité et la perception de cette valeur dépendra de deux éléments :

* D’une part, l’utilité de l’activité. En effet, un individu ne peut être motivé pour une activité qu’il jugera inutile et non pertinente. L’étudiant ne portera donc aucune motivation sur un cours dont il ne perçoit pas l’intérêt pour son projet professionnel et selon ses appétences pour le sujet traité.

* D’autre part, le type de but fixé influencera la valeur de l’activité. Une personne entreprenant des études supérieures tente d’atteindre des buts qui peuvent être clairs ou plus inconscients. Deux catégories de buts sont classiquement distinguées : les buts sociaux et les buts scolaires (Wentzel, 1992). Les buts sociaux recouvrent les aspirations d’un individu de s’identifier et d’adhérer à un groupe social, une classe sociale. Les buts scolaires, pour leur part, sont basés sur

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l’acquisition de connaissances, ils relèvent du plaisir d’apprendre et de la satisfaction d’une curiosité. Il s’agit ici de buts intrinsèques ou également dénommé buts d’apprentissage. Par opposition, les buts extrinsèques ou buts de performance, inclus également dans les buts scolaires, se définissent par rapport à la volonté de performance, à l’obtention de l’estime et à la reconnaissance des autres. Dweck (1986) a montré que la poursuite de buts d’apprentissage est liée à un profil motivationnel plus adapté aux apprentissages scolaires en primaire, c’est le cas également dans le secondaire (Anderman et Maehr, 1994 ; Ryan, Hicks et Midgley, 1997). Un des enseignements découlant de ce résultat sur la prise en charge des élèves en difficulté est qu’un élève qui poursuit des buts de performance est également souvent un élève qui souhaite éviter les jugements négatifs, de ce fait, ces élèves n’osent pas demander de l’aide en cas de difficulté, au risque de paraitre incompétent.

2) Une deuxième perception agissant sur la motivation est la perception de la compétence. Cette perception se mesure par une autoévaluation de l’individu de sa capacité à réussir sa formation universitaire et de sa perception en tant qu’apprenant. Plus la perception est positive, plus grande sera la motivation. Pintrich (1999) montre d’ailleurs qu’au début du secondaire comme à l’université, la perception de ses compétences dans un cours est positivement liée à l’engagement cognitif. Cette perception de la compétence est basée sur les expériences antérieures dans le domaine de l’éducation, mais elle peut être erronée, les souvenirs des échecs ayant tendance à dominer les souvenirs des réussites. A l’inverse, il est aussi observé que les personnes n’ayant connu que des succès s’écroulent souvent dès le premier échec.

3) La dernière perception relevée comme impactant la motivation est la perception de contrôle. Selon la perception du degré de maîtrise de l’étudiant sur le déroulement et les conséquences d’une activité, la motivation peut être accrue. Une connaissance des attentes en termes d’évaluation et des critères d’évaluation impliquerait une mise au travail plus rapide pour cette activité. Deux facteurs peuvent être dégagés dans le sentiment de contrôle :

* La perception de la compétence influe sur le contrôle dans le sens où plus l’individu juge ses compétences de façon positive, plus il se sent en confiance et en contrôle et moins il aura tendance à reporter l’étude à plus tard.

* Le sentiment de contrôle est également régi par les causes que l’étudiant associe à son échec ou sa réussite, c'est-à-dire les perceptions attributionnelles. S’il attribue sa réussite à ses efforts et ses aptitudes (attribution interne), il se sentira plus sûr de lui et sera plus motivé que l’étudiant qui attribue sa réussite à la chance ou à la générosité de l’évaluateur (attribution externe). La réussite est plutôt relevée chez des étudiants attribuant leur réussite à leurs efforts et leurs capacités intellectuelles et attribuant leurs échecs à des causes internes mais modifiables et contrôlables, telles que l’effort, la méthode, les stratégies (Weiner, 1985). Il existe un lien entre performance et sentiment de contrôle,

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l’étudiant qui considère contrôler son apprentissage et qui se sent responsable de ses résultats paraît être meilleur dans ses performances.

La théorie de l’autodétermination tout comme le modèle de la dynamique motivationnelle mettent en avant le rôle de la perception qu’a l’individu de ses propres compétences. Dans le cadre de la TAD, le besoin de compétence est un des trois besoins fondamentaux que l’individu doit satisfaire et ce besoin assouvi permet à l’individu de se construire un sentiment de compétence. Dans le cadre théorique de la dynamique motivationnelle, la perception de la compétence est un des trois éléments déterminants de la motivation. Ce concept de sentiment de compétence semble donc crucial dans la compréhension du rôle de la motivation sur les performances scolaires.