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DE PENSEE ET DE COMMUNICATION

A. Terrains exploratoires et identification du réseau

Sur les deux terrains, la chaîne des Puys et la faille de Limagne, et les Causses et les Cévennes, une première liste d’informateurs est créée dans le cadre de la mise en place de la première phase d’identification du réseau. La sélection des acteurs répond aux critères suivants :

un acteur doit être associé à une institution concernée à la fois par une action relative au dossier Unesco et par une action liée à la gestion agricole du paysage ;

un acteur doit être capable de présenter le point de vue de son institution au sujet de l’évolution du système agricole local dans une fenêtre temporelle d’au moins une dizaine d’années.

Les acteurs ainsi sélectionnés sont interrogés pour répondre à trois sujets principaux : l’historique et l’évolution du contexte agricole sur les zones concernées ; la description des pratiques agricoles et

l’explication de la dynamique des exploitations agricoles actuelles ; et enfin l’identification des institutions et des groupes agricoles.

1) Historique et évolution du contexte agricole sur les zones concernées

Afin d’identifier les pratiques d’élevage existantes depuis les dix dernières années, chaque informateur est interrogé sur l’historique des pratiques agricoles du site concerné. L’histoire de l’évolution de l’agriculture sur les sites se compose de huit éléments. Il est d’abord demandé à chaque informateur :

De faire un point sur l'historique des activités agricoles du lieu. De détailler les différents types d’élevage existants.

D’identifier les périodes de crise et les périodes d’épanouissement de l’élevage sur le site. Chaque pratique est détaillée dans la mesure des connaissances de l’informateur. Pour chacune des pratiques d’élevage, nous avons tenté de déterminer l’existence ou non d’une implication des institutions ou des groupes d’acteurs dans la proposition et la mise en place ou la conservation de ces pratiques. Il est ainsi demandé à chaque informateur :

d’aborder l'évolution des pratiques d’élevage depuis les années 2000 ; de déterminer le degré d’impact des collectifs sur cette évolution.

Enfin, l’informateur a été interrogé sur son passé professionnel et associatif relatif aux sites étudiés et, ce, dans l’objectif de vérifier l’existence d’une représentation associée aux structures auxquelles l’informateur appartenait. Il est encouragé à se positionner, au nom de ses différentes structures d’appartenance, sur les pratiques d’élevage et leur évolution, ainsi que sur le processus de patrimonialisation. Cette donnée est comparée avec son point de vue personnel. L’enjeu de cette dernière partie consiste à différencier la représentation collective de la représentation individuelle des pratiques d’élevage. Chaque informateur va donc :

se positionner sur les avantages et les limites de la gestion agricole actuelle et de son évolution au cours du temps ;

expliciter sa profession et son statut passé ;

répondre à la question : « Lorsque vous parlez de [sujet de discussion], quelle casquette portez-vous ? ».

2) Description de la dynamique des exploitations agricoles actuelles

L’évolution des pratiques agricoles s’explique par le fait que l’activité agricole s’est maintenue tout en se transformant au cours du temps sur les sites inscrits. La phase d’entretien vise à recenser les différentes pratiques agricoles présentes ainsi que leur représentativité sur les sites. L’enjeu est de mettre en avant les connaissances précises des pratiques d’élevage connues et valorisées par les institutions et les groupes d’acteurs agricoles. Cette identification se compose de deux phases. Tout d’abord, une série de questions associées aux connaissances directes et précises des pratiques agricoles locales permet de :

faire un point sur les pratiques agricoles présentes ; faire un point sur les aides agricoles ;

faire un point sur les projets subventionnés.

En un second temps, l’activité agricole et l’aspect paysager, de manière plus générale, sont abordés. Les méthodes de gestion collective des parcelles agricoles constituent un bon lien entre l’activité agricole et l’évolution de la configuration du paysage. Au travers de ce thème, l’informateur est encouragé à exposer le point de vue de son institution au sujet de la répartition des parcelles via le remembrement et l’impact que ce dernier peut avoir sur les systèmes agricoles. L’entretien se dirige alors vers l’évolution de la population villageoise et citadine, tout en conservant une ouverture sur le type d’activité touristique existant sur le site. Cette phase se termine en faisant un point sur le contexte de patrimonialisation du site et son impact sur les volets précédents. Les questions posées à l’informateur permettent de :

traiter de l’évolution des parcelles ;

généraliser sur les systèmes de gestion collective des terres ;

extrapoler sur l’évolution de la population agricole, rurale et touristique du site ;

clore la seconde phase en contextualisant les points précédents avec l'inscription au patrimoine mondial, son influence sur la valeur de la terre et sur la gestion collective.

3) Identification des institutions et des groupes agricoles

Cette dernière phase vise à révéler les réseaux collectifs agricoles des sites. Les noms et les collectifs cités constituent la première clef d’indentification du réseau par l’enquêteur. Cette première base de données possède des attributs relativement généraux ; elle permet d’identifier le rôle de chaque informateur ainsi que les coordonnées d’autres personnes avec qui elle entretient des liens, rattachées à d’autres structures collectives. Les données suivantes sont collectées :

description de la profession et du statut actuel de l'informateur ;

questions relatives à l'identification des institutions et des groupes d'acteurs agricoles présents sur le site ;

contacts des éleveurs et autres institutions locales ;

implications des formes syndicales dans le système agricole local ; type de rapports avec les autres institutions.

En plus de ces informations, l’informateur est encouragé à parler des structures avec lesquelles lui-même et l’institution qu’il représente n’entretiennent pas de contact particulier. Identifier ces collectifs revient à s’assurer de la connaissance, par l’acteur, de l’intérêt que peuvent porter d’autres collectifs sur des problématiques agricoles et paysagères. Cette donnée permet de dresser un squelette plus étendu du réseau collectif avec des acteurs hétérogènes.

4) Chaîne des Puys et faille de Limagne

Les institutions dont les décisions ont un effet direct sur l’évolution agricole ou sur l’aménagement paysager du site sont sélectionnées en fonction du système agraire, à l’échelle locale et hors échelle locale. Sur le site CDPFL, nous nous sommes focalisés sur quatre types d’acteurs : une mairie en

conflit avec le projet, une association d’utilisateurs de l’espace dans un cadre récréatif, l’antenne départementale de l’Institut de l’élevage et le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne.

Un maire, agriculteur d’une commune située sur le site, a été sélectionné au vu de son statut particulier. Il s’agit de la seule mairie qui est entrée en conflit avec le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne en refusant l’adhésion de la commune, lors de la proposition de la nouvelle charte du PNR 2014-2025. Si le lien entre l’action conflictuelle de la mairie et le dossier Unesco n’est pas évident, il faut savoir que le PNR est un des acteurs engagés dans la promotion du projet Unesco depuis sa construction et que la charte du PNR fait référence au projet Unesco dans son rapport d’activité 2011-2013 (SMPNRVA, 2013).

Nous nous sommes ensuite dirigés vers un ancien président de l’association de randonnée Chamina dans la chaîne des Puys. Les informations relatives à la construction d’un paysage touristique faisant référence au contexte historique de la chaîne des Puys nous ont permis de développer une base d’informations socio-historiques solide, tout en repérant les zones agricoles utilisées par l’association comme espace naturel. Les différents guides de randonnée mis en place par cette association nous ont également informés sur la construction de la valeur paysagère de certains lieux aux dépens d’autres zones. Ces différences nous ont permis de comparer les représentations spatiales à visée touristique avec celles des institutions agricoles.

Dans une logique plus axée sur l’activité agricole à proprement parler, nous avons rencontré un agent conseiller ovin de l’institut de l’élevage et un ingénieur agronome spécialisé dans la production ovine. Ces acteurs nous ont éclairé au sujet de l’implication des structures de gouvernance agricole telles que la Chambre d’agriculture et l’institut de l’élevage dans l’accompagnement des groupes d’éleveurs locaux. Ces deux entretiens nous ont également permis de vérifier l’histoire de l’évolution de l’élevage et l’impact des différentes crises sanitaires sur la configuration des troupeaux sur la chaîne des Puys depuis les années 1970.

Enfin, nous avons souhaité connaître l’évolution du degré d’implication de la structure de gestion PNRVA sur la chaîne des Puys. Nous avons pour cela dirigé nos entretiens vers un ancien responsable politique ainsi qu’un ancien agent du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne.

À partir de ces six premiers entretiens, une liste « d’entrée » sur le territoire a été dressée, regroupant deux acteurs agricoles intégrés à la coopérative de commercialisation COPAGNO, un agent politique du PNRVA, un agent du Conseil général responsable de l’évolution du dossier Unesco, un maire d’une commune intégrée dans la zone Unesco et dans la limite du PNRVA et un couple de bergers chargé de l’estive d’Orcines sur le sommet du puy de Dôme.

5) Causses et Cévennes

Le pré-terrain du site CC (Causses et Cévennes) est effectué en deux phases. La première, essentiellement sur la zone des Causses, est une approche agricole. Elle se compose, en premier lieu, d’une série d’éleveurs producteurs d’ovins-viande dont les exploitations sont situées dans la limite du bien inscrit. En second lieu, ce sont deux représentantes du Parc Naturel Régional des Grands Causses, un coordinateur d’équipe ainsi qu’un chargé de mission de la structure, qui ont été interrogés. Ces entretiens ont été effectués, d’une part, dans l’optique de découvrir la cohérence de

l’unité paysagère du bien Unesco aux yeux des acteurs agricoles et, d’autre part, de vérifier l’existence des différentes institutions et groupes d’acteurs rattachés aux activités agricoles locales. La seconde phase est recentrée sur l’organisme de gestion Entente Interdépartementale des Causses et Cévennes, anciennement connue sous le vocable d’Association de Valorisation des Espaces Causses-Cévennes (AVECC). Deux informateurs, l’un coordinateur et l’autre membre du comité scientifique de l’Entente, ont été interrogés dans le but d’éclaircir le processus institutionnel de gestion du bien Unesco. Ces entretiens ont permis de recueillir des informations relatives au processus de patrimonialisation du territoire et à la construction de la représentation spatiale associée, aux justifications de la limite de l’espace, à l’historique du déroulement de la procédure d’inscription, à la multiplicité des acteurs institutionnels présents sur le site et au rapport avec les acteurs agricoles actifs sur le site.

À partir de ces entretiens, nous avons dressé une liste progressive de cent acteurs agricoles et institutionnels répartis sur les deux sites (Annexe 1 : Liste des acteurs interrogés sur les deux terrains d'étude). Chaque rencontre suit un protocole identique visant, à partir d’un entretien semi-directif, à identifier les acteurs collectifs du réseau et le type de liens qu’ils tissent entre eux.

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