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DE PENSEE ET DE COMMUNICATION

B. Construction du protocole d’enquête

1) Explication des thématiques présentent dans la grille d’entretien à destination des SEF

En allant à la rencontre des éleveurs organisés en organisme de production ovine, nous avons cherché à savoir si ceux-ci s’intégraient dans les différents collectifs agricoles ou institutionnels repérés lors des précédents terrains. Cette phase d’entretien visait également à identifier l’impact que pouvait avoir une association en organisme de production dans l’évolution des pratiques d’élevage (i.e. le système de rotation, de mise-bas, de garde, de nourriture et de valorisation des ovins). Lors de cette étape, l’enquêteur devait être en mesure de découvrir des éleveurs ne faisant pas partie de structures collectives identifiées et qui seraient tout de même impliqués dans le réseau collectif. Cette étape devait valider ou invalider l’hypothèse suivante : chaque acteur agricole s’inscrit au moins dans un collectif agricole dans lequel il est capable d’échanger des pratiques d’élevage. Cette grille d’entretien s’apparente à un champ thématique répondant aux techniques d’entretien compréhensives (Kaufmann, 2008). Cette hypothèse se décline en trois priorités rattachées à la fois au lieu, aux collectifs agricoles auxquels l’éleveur appartient et à son système d’exploitation. À partir de ces trois approches théoriques, découle le questionnaire présenté en annexe (Annexe 2 : Grille d'entretien à destination des SEF).

a) Le lieu

Qui vient sur la ferme ? À quelle fréquence ?

Cette question tend à recenser la composition du corpus d’acteurs extérieurs à la ferme qui vont impacter son organisation interne. Ces acteurs peuvent être des agents techniques, des membres de syndicats, des collègues… Ils constituent des acteurs se rendant sur place pour échanger des informations au sujet de l’exploitation, de son fonctionnement et impacter directement ou indirectement les choix que l’exploitant agricole va être amené à faire au sujet des pratiques d’élevage. Cette question s’inscrit dans les critères d’analyse associés à l’impact des collectifs sur l’évolution des pratiques d’élevage. Au-delà du taux d’investissement de l’éleveur dans le collectif, les types de visites extérieures et leur fréquence permettent d’accumuler des données en ce qui concerne le niveau et les moyens de communication entre éleveurs et collectifs.

Où se situe le siège de l’exploitation ?

Cette question permet d’obtenir des informations au sujet de la représentation spatiale de l’éleveur par rapport au système. Cette information se construit notamment en fonction de la considération de la distance par les éleveurs. L’objectif d’une telle question est de déterminer si la distance entre le siège des collectifs et celui de l’exploitation impacte le taux d’implication de l’éleveur ou la fréquence de passage des représentants des collectifs. Cette information nous permet également de vérifier l’impact de la vision du système d’élevage des collectifs sur l’exploitation en fonction de sa distance géographique.

Pourquoi avoir choisi cette ferme ? Ce type d’élevage ?

L’exploitation agricole est le bâtiment qui rattache l’éleveur au lieu. Ce lieu stratégique est le centre névralgique à partir duquel sont attribués le rôle et la distance des différentes parcelles dont l’éleveur est propriétaire ou locataire. À partir de cette question, il est possible d’ouvrir rapidement la discussion sur le cadastre, le système de garde, la rotation des pâturages, l’envoi du troupeau en estive et, plus généralement, sur les pratiques d’élevage.

Est-ce que vous avez entendu parler du classement Unesco ? Dans quel contexte ? Est-ce que les décisions prises au nom du classement ont apporté des changements dans le fonctionnement de l'exploitation ? Au niveau de la gestion de votre élevage ?

Les questions rattachées à l’Unesco visent, en priorité, à reconnaître la différence entre la représentation du paysage patrimonial et celle du paysage agricole aux yeux de l’éleveur. Dans le courant de la conversation, l’éleveur est encouragé à changer d’échelle pour transmettre le point de vue de son ou de ses collectifs d’appartenance. Cette gymnastique d’échelle offre la possibilité de compléter l’identification des collectifs d’appartenance et ainsi de combler les oublis de la première question.

b) Les pratiques d’élevages collectives

Discutez-vous de vos techniques d’élevage dans [le nom de ses collectifs] ? De quoi discutez-vous ? Avez-vous des points de vue différents dans ce collectif ? Pourquoi négociez-vous ces points-là plus particulièrement ?

Au travers de ce questionnement, l’éleveur tente d’exprimer les points de convergence et les points de divergence existant entre la représentation collective du groupe auquel il appartient et sa représentation personnelle en ce qui concerne les pratiques d’élevage. Nous sommes à la frontière entre l’individu et le collectif. Ce que négocie l’éleveur avec le collectif entraîne ce dernier soit à faire évoluer la représentation collective du collectif, soit à se conformer à la représentation collective déjà existante, soit à quitter ce dernier. Les pratiques d’élevage constituent une clef d’identification de la boîte noire du collectif, le noyau figuratif autour duquel les membres du groupe s’identifient et qui octroie au groupe son existence. Cette identification se voit approfondie avec les questions suivantes.

Quelle est la forme du système d’élevage (le type d’élevage, les pratiques, le paysage associé…) que communiquent [le nom de ses collectifs] ? Pourquoi celui-là et pas un autre ? Pourquoi ces arguments sont-ils important dans ce que vous dites ? Qui sont la ou les personnes qui les communiquent [A quel(s) collectif(s) appartiennent-ils] ? Avec quels collectifs en discutez-vous ?

C’est l’analyse du discours commun des éleveurs qui forme l’intérêt premier de ce questionnement. En fonction des réponses, il est possible d’identifier la représentation collective rattachée au système de valeurs de l’institution en question. Nous cherchons à savoir pourquoi ce discours est négocié et transmis avec et vers les autres institutions, sur quels indicatifs agricoles s’attache l’identité de cette organisation, qui est considéré comme porte-parole du groupe et vers quel porte-parole de quel autre collectif ce discours s’adresse.

Pouvez-vous me retracer l’histoire de l’évolution de la place agricole qu’a tenue et que tient [les noms de ses collectifs] ? Quelles ont été les méthodes d’élevage (faits marquants, grandes modifications, moments forts du collectif…) sur lesquelles il s’est positionné ? Cette question, assez spécifique, demande à l’informateur de retracer l’évolution de son collectif pour mettre en avant deux points essentiels : l’image agricole et le système d’élevage. En fonction de son degré de connaissance, nous observons l’intérêt que place l’éleveur dans le collectif, son degré d’implication ou son degré de connaissance du groupe, mais également l’évolution des porte-paroles et le positionnement de l’acteur au niveau du réseau et son influence sur le collectif. Les commentaires personnels et la connotation de son discours permettent de valider le point de vue qu’il partage avec le collectif et celui avec lequel il n’est pas en accord.

Dans ces étapes dont vous m’avez parlé, lesquelles ont été discutées avec d’autres collectifs ? Avec quel(s) autre(s) collectif(s) ?

Nous cherchons à savoir ce qui est négocié avec les collectifs extérieurs, quels sont les collectifs en contact et quels collectifs s’influencent les uns les autres. Durant la discussion, l’informateur est encouragé à relier ces informations à des situations actuelles, et notamment celle du classement Unesco.

L'inscription Unesco a-t-elle un lien avec les pratiques d’élevage sur le site ? Et avec les pratiques d’élevage promues par votre collectif ? Est-ce que votre collectif encourage les éleveurs membres à s’engager dans des contrats de protection naturelle du type Natura

2000 ou d’autres [auquel cas, à définir] ? Des organismes de gestion du paysage du type PNR sont-ils en contact avec le collectif, et pourquoi ?

Cette série de questions vise à définir le type d’enjeux agricoles et paysagers que peut transporter la patrimonialisation du site au niveau du réseau collectif. Si la patrimonialisation du lieu induit des changements supplémentaires au niveau de l’utilisation de l’espace, de sa représentation agricole ou de la gestion agricole, environnementale et touristique du paysage, il est intéressant de savoir lesquels sont véhiculés dans le réseau collectif et lesquels restent méconnus. Enfin, identifier les modifications de la représentation collective de l’espace agricole patrimonial revient à identifier l’évolution des actions relatives à l’élevage et à sa promotion sur le site. En identifiant ces actions, il est possible d’établir un comparatif avec une période temporelle précédant l’inscription, ou encore de comparer ces données sur les deux terrains d’étude.

c) Les pratiques d’élevages individuelles

Quel est votre parcours de formation ?

Le parcours de formation permet d’établir un lien avec l’évolution des techniques d’élevage de l’exploitation et la préférence d’un type de collectif plutôt qu’un autre.

Dans quel collectif êtes-vous investi ? Quel est votre rôle ? Pourquoi investir du temps dans ce collectif ?

Plus un éleveur est investi dans un ou plusieurs collectifs, plus ses capacités de transmission au sein du réseau collectif seront implicitement élevées. Par investissement, il s’agit d’un engagement en tant que membre actif, stade supérieur à celui du simple utilisateur des services proposés par le collectif. Cela peut se déterminer en demandant le rôle de l’éleveur dans le collectif. Pourquoi s’investir dans un collectif ? Quel but ou objectif personnel ou commun l’éleveur tente-t’il d’atteindre via son engagement ? C’est une question profonde permettant de mettre en avant la raison même de l’existence du collectif et les différents intérêts que peuvent posséder les membres à le faire vivre.

Pouvez-vous me raconter les faits qui ont marqué l’évolution de votre exploitation ? Au niveau de son fonctionnement ? Au niveau de l’évolution du système d’élevage ?

Les faits marquants de l’exploitation agricole sont ceux importants aux yeux de l’éleveur. C’est l’évolution de son exploitation et donc des pratiques d’élevage associées à cette dernière qui est recherché dans ces questions. Les faits marquants d’une exploitation sont associés à un contexte positif, comme l’acquisition d’une nouvelle machine ou l’agrandissement d’un bâtiment, tout en répondant à une crise, comme l’augmentation du rendement ou la diminution des effectifs nécessitant l’agrandissement du bâtiment et l’acquisition de la nouvelle machine. Ces informations permettent de savoir ce que l’éleveur considère comme des faits marquants à propos de l’évolution de son exploitation. En comparant ces faits avec les différentes actions collectives locales proposées sur le site, nous voyons si ces faits imprègnent la représentation collective du groupe ou non.

Dans votre exploitation, avez-vous déjà pris une décision après avoir demandé conseil à votre collectif ? De quel type ? Pourquoi ? Quand [dans quel contexte] ? À l’inverse, avez-vous déjà fait des choix dans votre exploitation qui allaient à l’encontre de ce que proposait votre collectif ?

Ici, c’est l’impact du collectif sur les décisions des éleveurs quant à l’évolution de leur exploitation et de leurs pratiques d’élevage qui est mis en avant.

Avez-vous déjà proposé des techniques d’élevage personnelles à un collectif ? De quel type ? Pourquoi ? Quand [dans quel contexte] ?

Inversement, nous cherchons à savoir quel acteur agricole impacte l’évolution de la représentation collective en ce qui concerne les pratiques d’élevages.

Savez-vous si l'inscription Unesco et/ou de la protection des sites ont influencé certaines décisions que vous avez prises dans votre exploitation ?

À l’échelle de l’exploitation, l’inscription Unesco pourrait réveiller des enjeux transposables au niveau du collectif. Cette question vise à découvrir quels types d’enjeux, révélés par le classement, l’éleveur est amené à extérioriser à l’aide du collectif.

2) Explication des thématiques présentes dans la grille d’entretien

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