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DE PENSEE ET DE COMMUNICATION

B. Construction du protocole d’enquête

2) Explication des thématiques présentes dans la grille d’entretien à destination des autres collectifs

En fonction de leur reconnaissance institutionnelle, de leur présence sur le terrain et de leur légitimité sur le sujet, les collectifs, au même titre que les SEF, impactent l’évolution de l’espace tout comme ils exercent une influence sur l’activité agricole existant sur le territoire. La différence principale avec les SEF est que, pour réussir à passer de la représentation à l’action concrète, ces collectifs doivent faire en sorte d’entraîner les SEF dans des projets communs. Si pour les SEF, les parcelles et l’activité agricole constituent le système d’opération, pour les collectifs, ce sont les SEF qui s’inscrivent dans ce système. Sans l’implication des acteurs agricoles et des propriétaires fonciers, il devient difficile, voire impossible, de mener à bien des projets agricoles et paysagers à l’échelle de la zone inscrite. L’organisation d’un collectif va dans ce sens, c’est pourquoi il est nécessaire d’établir un questionnaire spécifique mieux adapté au fonctionnement de ces types de structures, bien qu’il partage avec le questionnaire SEF le même objectif principal : l’identification du réseau collectif et des différentes représentations existantes au sujet de l’évolution des pratiques d’élevage et de l’utilisation de l’espace. La grille d’entretien se divise en trois parties principales visant, d’une part, à identifier la représentation de l’élevage et de l’espace agricole qui est établie dans le collectif, à extraire cette représentation collective de la représentation de l’individu appartenant au collectif, d’autre part, et, enfin, à construire avec l’informateur le réseau collectif dans lequel se positionne son groupe. Des exemples de questions qui découlent de cette approche théorique sont présentés en annexe (Annexe 3 : Grille d'entretien à destination des collectifs).

a) Représentation de l’élevage et utilisation de l’espace agricole associées aux collectifs

Afin d’identifier les deux types de représentations sur lesquelles les collectifs inscrivent leur champ d’action, il faut plonger dans leur boîte noire pour en retirer les éléments du noyau figuratif de chaque collectif à ces sujets. Nous procédons en trois phases.

Tout d’abord, nous cherchons à connaître, de manière brute, la représentation que se fait le collectif au sujet de l’élevage et du paysage agricole. L’informateur est invité à définir clairement le point de vue de son collectif d’appartenance, comme si il faisait face à un acteur agricole cible. Une fois ce discours établi, nous cherchons à savoir si le collectif est amené à discuter ce point de vue avec

d’autres acteurs, dans quel sens ces négociations se font et quels moyens sont mobilisés sur le terrain. Chaque type d’action est décortiqué et, une fois intégré dans le contexte de la zone d’étude, nous cherchons à savoir si certains points de la représentation collective font consensus dans le réseau et, si ce n’est pas le cas, de quelles manières les objections sont traitées. Enfin, nous cherchons également à connaître l’existence de collectifs qui partagent des missions similaires à celui interrogé, essentiellement dans le but de savoir si ces autres collectifs sont identifiés par le groupe en question, s’il existe des échanges entre eux et si ces collectifs arrivent à se distinguer les uns des autres lorsqu’ils agissent sur le réseau. Les questions concernent donc :

l’identification de la représentation agricole et paysagère du collectif ; l’identification du discours type du collectif ;

le consensus ou la négociation de la représentation collective sur le réseau au travers des actions réalisées sur le terrain ;

la redondance de missions sur le réseau et la distinction du collectif par rapport aux autres. La seconde phase de cette première approche revient à plonger plus profondément dans le noyau figuratif du collectif. C’est en ciblant nos questions sur l’évolution du point de vue agricole et paysager du collectif dans son histoire que nous tentons d’ouvrir la boîte noire et d’en comprendre les éléments qui en surgissent. Dans ce sens, nous cherchons, en premier lieu, à identifier les temps enregistrés comme des temps importants dans l’histoire du collectif en ce qui concerne nos deux sujets agricoles et paysagers. Une fois ce tableau dressé, nous cherchons à savoir s’il y a une association entre les temps « forts » et une hypothétique transformation, modification du noyau figuratif relatif aux sujets. Enfin, nous identifions l’existence ou, au contraire, l’absence de lien entre ces modifications du noyau et les échanges extérieurs d’informations que le collectif a été amené à réaliser sur le réseau. Ainsi, le contenu de la boîte noire n’est pas l’aboutissement d’une réflexion complètement fermée dans le collectif, mais il résulte bien d’un échange ouvert sur le réseau. Il s’agit donc de recueillir :

des temps considérés comme importants dans l’histoire du collectif en ce qui concerne l’activité agricole et l’évolution paysagère ;

les liens entre les temps forts et une modification possible de la représentation collective de l’élevage et de l’utilisation du paysage ;

l’évolution de la représentation : est-elle spontanée ou s’inscrit-elle dans un échange d’informations sur le réseau ?

La troisième phase de notre première approche consiste à se focaliser sur les limites du site Unesco. Nous cherchons, en premier lieu, à savoir si le collectif a connaissance du projet Unesco et des conséquences possibles sur l’évolution agricole et paysagère de l’espace. Cette connaissance relève de la conscience de l’existence du projet et de son intégration dans les différents zonages de protection existants sur le site. En second lieu, le discours de l’informateur explique l’appropriation du projet Unesco dans le collectif. Dans ce cas-là, le collectif montre qu’il intègre, dans son système périphérique, la représentation proposée par les porteurs du projet Unesco au sujet de l’espace et des pratiques agricoles associées à cet espace. Petit à petit, en orientant l’entretien vers le point de vue que se fait le collectif au sujet de sa propre représentation agricole et paysagère en fonction du projet Unesco, nous tentons de voir si les éléments du discours relèvent d’éléments relatifs au système périphérique du collectif, ou si ce dernier intègre des notions patrimoniales directement

dans sa boîte noire. Cette identification se fait au travers de la recherche de controverses existantes au sujet du projet patrimonial et du positionnement que prend le collectif dans les discussions qui en découlent. Il faut donc identifier :

la connaissance du projet Unesco, du plan de gestion et la contextualisation avec les systèmes de protection existants sur le site ;

l’appropriation des arguments associés à l’inscription Unesco dans le discours représentatif du collectif ;

la contextualisation agricole et paysagère des arguments patrimoniaux ;

l’identification de controverses constructives influençant la constitution du noyau figuratif du collectif.

Une fois ces trois phases effectuées, il est important d’établir un point de comparaison entre la représentation collective à laquelle l’informateur se conforme et la représentation individuelle de l’acteur, qui vient ponctuer la représentation collective de connotations positives ou négatives.

b) Représentation individuelle de l’acteur

Obtenir la représentation individuelle de l’informateur revient à lui demander son avis personnel et non plus celui du collectif qu’il représente. Cependant, si l’approche théorique semble logique, sa concrétisation est loin d’être la plus aisée, l’informateur revenant constamment sur le discours collectif pour lequel il a accepté de donner l’entretien. C’est pourquoi il est nécessaire de passer à nouveau par trois phases. La première consiste à récolter des attributs propres à l’individu. S’intéresser à son passé professionnel permet d’établir des ponts structuraux potentiels existants entre son ancien collectif d’appartenance et le nouveau et nous permet également de comprendre les points de vue collectifs auxquels l’acteur s’est conformé, au moins pour un temps. Ces différents points de vue influencent sa conformation relative à la représentation du collectif dans lequel il est actuellement associé. Si cet effet existe pour le passé de l’informateur, il est d’autant plus probable que son point de vue au sujet de la représentation collective de son groupe soit également influencé par les autres collectifs dont il peut être actuellement membre. C’est pourquoi nous cherchons également à connaître les autres groupes auxquels ce dernier fait partie ainsi que son taux d’engagement dans ces groupes. Nous demanderons :

son appartenance passée à d’autres collectifs ; son appartenance présente à d’autres collectifs ; son taux d’implication dans ces collectifs.

La deuxième phase vise à s’appuyer sur les faits marquants de l’évolution de l’élevage et du paysage identifiés précédemment ainsi que sur les informations relatives au projet Unesco du point de vue personnel de l’informateur. Nous essayons de savoir si des éléments ont été omis lors de l’entretien, si les éléments précédemment abordés sont véritablement importants ou plutôt exagérés, etc. Ils permettent de déceler les points de convergence et les points de divergence entre l’informateur et son collectif d’appartenance.

Reprise des informations précédentes en appuyant sur le point de vue personnel

La troisième phase consiste à interpeller l’informateur en lui demandant directement s’il possède un point de vue divergent de celui véhiculé par le collectif. Cette démarche directe nous permet de

constater le niveau de conformation de l’informateur. Si ce dernier, après avoir discuté de sa représentation individuelle, retourne sur le discours collectif, c’est que l’on peut considérer qu’il se conforme aux représentations du groupe lorsqu’il s’adresse à un public extérieur. Dans le cas contraire, l’individu est invité à expliciter les points de divergence entre sa représentation et celle du collectif. La question est formulée ainsi :

Avez-vous des points de vue différents que ceux exprimés dans ce ou ces collectifs par rapport à [noyau figuratif du collectif]? Si oui, lesquels ?

c) Réseau et actions collectives

La dernière approche théorique abordée par la grille d’entretien est directement liée à la construction du réseau. Elle se divise en deux phases distinctes qui visent l’identification des autres collectifs existant sur le réseau vers qui le groupe se dirige et les collectifs qui sont amenés à prendre contact avec le groupe. Ainsi, nous récoltons les informations du réseau relatives au degré entrant et au degré sortant du collectif interrogé.

C’est au travers des actions collectives existantes ou en projet que nous construisons le réseau. Ainsi les questions abordées concernent la formation agricole, les actions de valorisation du système d’élevage, la rencontre avec des agriculteurs et le contexte de cette rencontre, des conseils techniques, etc. Elles permettent d’aborder :

l’identification des actions collectives sur le site dans lesquelles s’inscrit le collectif ;

l’identification des missions du collectif l’amenant à entrer en contact avec les autres acteurs du réseau ;

l’identification des collectifs entrant en contact avec l’acteur interrogé ;

la demande de précisions lorsque l’informateur parle à la troisième personne (« on », « nous») afin d’identifier les collectifs auxquels il fait référence ;

la spatialisation du collectif et de ses « voisins ».

Les grilles d’entretien constituent le moyen de communication entre l’informateur et l’enquêteur. C’est au travers de celles-ci que l’enquêteur obtient les discours du collectif et celui de l’individu. C’est également au travers d’elles que l’informateur identifie l’enquêteur et son objectif de recherche. Dans le corps de la récolte de données, les grilles d’entretien correspondent à la langue. Elles permettent de donner à la phase exploratoire de la recherche une certaine sonorité sans toutefois apporter la totalité des éléments nécessaires pour l’analyse. Ces éléments se récoltent durant la phase d’entretien à proprement parler, au travers d’un panel d’outils traduisant le discours de l’informateur et les questions de l’enquêteur autour d’une seule et même entité : l’entretien.

III. DURANT L’ENTRETIEN : TYPES DE DONNEES

Dans la totalité de la recherche, quatre terrains ont été réalisés : deux sur le site chaîne des Puys faille de Limagne et deux sur le site Causses et Cévennes. Sur chaque terrain, ce sont entre dix et vingt-cinq acteurs qui ont été interrogés selon le protocole d’entretien. Pour chaque entretien, nous avons récolté deux formes de données différentes : les données écrites et les données transmises. Tous ces types de résultats mis en commun nous ont permis de comprendre la forme, la

hiérarchisation et la spatialisation du réseau collectif, les connaissances techniques associées aux systèmes d'élevage et la représentation collective du paysage exprimé au sein des collectifs.

Les données transmises représentent toutes les données construites durant l'entretien par l'enquêteur et l’informateur. Il s’agit d’un processus de traduction directe entre l’informateur et l’enquêteur. En même temps que l’informateur construit son discours, l’enquêteur le traduit sur une base papier. Ces données nous permettent de rassembler des informations au sujet du réseau collectif tout en enrichissant nos connaissances au niveau des pratiques d'élevage locales et de leur évolution dans le temps.

Les données écrites correspondent aux données existantes avant l’entretien. Ce sont, par exemple, les documents promotionnels, les chartes d'utilisation ou les contrats d'engagement ainsi que tous les documents associés aux actions collectives qui nous permettent de prendre conscience de la représentation officielle du paysage agricole véhiculé par le collectif. Cette représentation constitue l'image du paysage à laquelle se conforme l’informateur.

A. Données transmises lors des entretiens

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