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CHAPITRE PRÉLIMINAIRE : UNE APPROCHE SPATIALE

B. Chaîne des Puys et Faille de la Limagne

La configuration du dossier du bien situé sur la chaîne des Puys est sensiblement identique à celle du bien précédent puisqu’elle vise la même reconnaissance institutionnelle. Cependant, elle diffère dans le type de bien proposé à l’inscription. Il ne s’agit plus d’un paysage culturel, mais d’un paysage naturel. Le bien candidat Chaîne des Puys et Faille de Limagne (CDPFL) s’intitule exactement « Ensemble tectono-volcanique de la chaîne des Puys et de la faille de Limagne ». La limite du bien est intégrée dans un seul département, le département du Puy-de-Dôme, appartenant à la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le dossier poursuit l’objectif d’une reconnaissance universelle des attributs géologiques présents sur le site qui « illustre de manière globale les processus tectoniques et magmatiques à l’œuvre à l’avant d’une zone de collision de plaques continentales » (Unesco, 2011b, p. 25). Il a une superficie de 24 251 ha auxquels s’ajoutent 16 346 ha de zone tampon. Dans ce cadre, le dossier souhaite répondre à deux critères naturels établis par la liste du patrimoine mondial Unesco. Pour cela, il fait valoir la constitution géologique et géomorphologique du site.

Figure 1 : Attributs identifiés dans le dossier Unesco du bien Causses et Cévennes

Figure 2 : Carte et légende des principaux attributs géologiques qui constituent le bien chaîne des Puys faille de Limagne

Il est possible de distinguer, d’une part, une suite de quatre-vingts volcans monogéniques alignés sur trente-deux kilomètres et une faille associée au fossé d’effondrement de la Limagne et, d’autre part, « un des segments majeurs du Rift Ouest-Européen » (Unesco, 2011b, p. 37). La limite du bien regroupe une unité géomorphologique du paysage, délimitée par l’alignement des volcans, une cohérence géologique et une cohérence relative à la perception du grand public, c’est-à-dire à l’intelligibilité du site par un public néophyte en géologie.

La première partie du dossier se décline en une succession de descriptions géologiques, paysagères, scientifiques et historiques des attributs du bien. Elle définit la faille de la Limagne, le relief de la montagne de la Serre et l’alignement des volcans de la chaîne des Puys. Elle décrit également l’espace physique au travers des aspects climatiques, naturels et hydrologiques de chacune de ces entités spatiales. La découverte de ces attributs biogéographiques révèle progressivement « une chose cachée et une création issue d’un nouveau regard » d’un paysage « ayant capacité à devenir un modèle, un référent esthétique » (Unesco, 2011b, p. 112). Le regard paysager est considéré comme la complémentarité entre les éléments physiques – immuables – et les regards sociaux ou « esthétiques » – dynamiques. Les trois grandes structures physiques se sous-divisent en cinq entités paysagères distinguant la chaîne des Puys, du plateau des Dômes, du plateau d’Aurières, de la montagne de la Serre et de la faille de la Limagne (Figure 2).

La seconde partie du dossier contextualise l’évolution du paysage par rapport à l’impact que l’homme a exercé sur ce dernier au cours des temps. Partant des vestiges mésolithiques, l’homme apprivoise l’espace pour, petit à petit, se l’approprier et le transformer en fonction de ses besoins. Des traces des périodes de présence et d’activités humaines forment, d’une part, des vestiges sur le paysage – c’est le cas des menhirs, de l’aménagement de la grotte de Cournols, des vestiges du temple romain dédié à Mercure, de la place fortifiée à Volvic et de la disparition progressive du volcan de Lemptégy au profit de l’exploitation de la pouzzolane… D’autre part, elles contribuent à la construction d’une représentation de la surface de la chaîne des Puys. Le paysage devient un livre d’histoire vivant dans lequel il est possible de constater les effets de la révolution sur la construction de parcelles agricoles indivisibles sur les puys, ainsi que ceux de l’impact social et environnemental de la déprise agricole des années 1970 sur le retour de la végétation spontanée. De ce fait, l’évolution de l’espace patrimonial est directement reliée à la présence de l’homme et de son activité à sa surface.

II. ENCASTREMENT DES OUTILS DE GESTION

La valorisation des outils de gestion constitue un point non négligeable dans les dossiers de candidature Unesco. La reconnaissance universelle du bien par l’institution internationale n’a aucune fin réglementaire directe. En tant que telle, l’inscription au patrimoine mondial Unesco n’est pas un classement dans le sens où cette dernière, lorsqu’elle est adoptée, n’ajoute aucune contrainte réglementaire à l’échelle locale. Cependant, l’Unesco demande aux États proposant des biens à l’inscription d’être capables de mobiliser des outils de gestion et de protection dans le but d’éviter leur dégradation. C’est dans ce sens que l’inscription Unesco peut être perçue comme un classement à proprement parler.

À défaut de la volonté de l’Unesco d’interférer dans les systèmes de législation des États, ces derniers sont encouragés à mettre en place des mesures d’accompagnement, de gestion et de contrôle en vue de s’assurer l’attribution de cette reconnaissance internationale. L’avantage d’une telle démarche est de mettre à jour les différentes couches de mesures de gestion auxquelles ces sites sont soumis. Pour chaque site, et quelle que soit l’étendue de leur superficie, l’espace ainsi révélé se trouve découpé en une succession de zones de gestion, différenciées en fonction des impacts anthropiques potentiels. Du document de gestion légale à la zone naturelle inventoriée, en passant par les mesures contractuelles, il est parfois bien difficile de trouver une unité dans les multiples couches des considérations paysagères lisibles au travers des documents institutionnels de toutes sortes. Cependant, sur les deux dossiers, les attributs paysagers entretenus par l’activité humaine, notamment l’activité agricole, constituent une grille de lecture assemblant tous les outils de gestion autour de l’unité paysagère agricole.

A. Zonage institutionnel

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