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ENTRETIENS MAISON DE RETRAITE RESIDENTS

2. Vécu actuel de l’institution

5.2. Sens donné à la vie

5.2.1. Une position passive

Pour certains, le sens de l’existence est défini par la négative : ne pas souffrir, ne pas

déranger ou être dérangé. Mme I : « quand je souffre pas que je dis « Ca va bien. » « J’essaie de faire le plus possible pour pas les déranger, pas... alors j’esp... je pense que je... » Pour Mme E, le moment où elle se sent exister est celui où elle retrouve son lit le soir,

ce qui lui permet d’échapper à la vie institutionnelle, et notamment à une résidente par laquelle elle se sent persécutée : « Quand je m’en va le soir je dis « oh je vais retrouver mon

lit ». Parce qu’on est tranquille là, personne vous embête hein. » Plus tard, elle répète à deux

reprises : « qu’on me laisse vivre tranquillement. » La prière est également un refuge qui porte ses espoirs.

Mme M se sent heureuse quand elle a des nouvelles de ses proches : « mon courrier

de toute ma famille, mes cartes postales, mes dessins, mais faut voir la peinture qu’elle m’envoie. » Elle est très croyante « mon mari est au paradis et maman est au paradis aussi », et elle a déjà rédigé son testament. Et M. L déclare : « quand je regarde la télé ou

j’écoute la radio si je connais, si c’est mon opinion, si... je dis bon ben j’ai pas perdu mon temps à croire, à espérer... croire. »

5.2.2. Une position active

Mme K donne du sens à sa vie car « C’est une vie active, c’est une vie qui a toujours

été active et je vois pas pourquoi ça cess... ça cesserait. » Lorsque nous demandons à M. H

pas mort moi j’existe. » Le principal sens qu’il donne à sa vie est de participer à la vie institutionnelle : « Ah oui quand même parce que... parce que je connais les horaires je dis «

Tiens à cette heure là je dois mettre la table » bon cette heure faut que je sois là » L’aide peut aussi être celle apportée à l’autre. Lorsque je lui demande ce qui donne sens à sa vie,

M. J évoque un épisode où il a aidé une femme en fauteuil roulant à se déplacer car elle attendait le personnel depuis un long moment, ce que ce dernier lui a reproché dans un un premier temps. Mais désormais « Et tous les midis, tous les soirs, ben je l’emmène dans sa

chambre. »

5.2.3. La spiritualité

Concernant le sens de sa vie, Mme P dit « alors c’est une question... c’est une

question de religion, parce que c’est une question spirituelle voyez vous, c’est pas... c’est pas l’existence en elle-même c’est... ben c’est ce que j’en fais, ce que j’en ai fait et ce que je peux faire, ce que je peux plus faire et puis justement et ben comment je vivrais mes derniers... mes derniers mois ou mes dernières années j’en sais rien du tout hein. » Répétant à nouveau

que la mort ne lui fait pas peur. Puis elle précise : « nous chrétiens si vous voulez, on répète

toujours « Que votre volonté soit faite » en parlant, en parlant à Dieu hein « Que votre volonté soit faite » bon on répète ça bêtement comme ça mais quand ça arrive et ben actuellement moi j’en suis au point de dire et ben... « Que votre volonté soit faites mais je

voudrais bien qu’elle soit quand même un peu dans le sens de la mienne » (rires)

c'est-à-dire ne pas vivre trop vieille. Puis si je vis trop vieille ben on verra bien. Mais si vous voulez j’ai la chance, et c’est vraiment beaucoup de chance, ... d’avoir ce soutien spirituel. »

5.2.4. Pas de sens avec la mort qui approche

Mme O peine à donner un sens à sa vie : « Je sais pas. » « Je sais plus. » « Des fois je

me demande pourquoi j’existe encore. » « Parce que avec tout mon passé maintenant... »

retraite ? On attend la mort, on est là pour ça. » « Tant pis faut attendre son heure (rires) et je ris vous voyez. »

5.3. La mort

5.3.1. Un sujet qui reste tabou

En maison de retraite, la mort reste un sujet relativement tabou. Pourtant, les

résidents sont nombreux à y penser. Ainsi, Mme T explique « je me dis que, depuis que j’ai eu 90 ans, que je suis sur la dernière ligne droite hein », et le fait d’être croyante l’aide « un peu. » Mme P a pensé à la mort quand elle a intégré l’institution, au fait qu’elle pourrait être sa dernière demeure : « j’ai 95 ans je vais pas vivre encore... 10 ans hein je le souhaite pas surtout (rires). Mais... alors je suis là jusque... jusqu’à ma mort. C’était une des premières choses voyez vous quand je suis rentrée ici, ça aurait été n’importe où c’était pareil hein...» La mort des autres résidents les ramènent à cette réalité. Mme K : « dans une maison de retraite tous les jours ou toutes les semaines il y a des morts et ça ça... ça fait réfléchir de temps en temps sur le moment après ça passe mais sur le moment vous réfléchissez, vous dites mais moi ce sera la même chose, enfin... »

5.3.2. Ne pas avoir peur

Beaucoup de résidents disent penser à la mort mais ne pas la craindre. M. L : « quand

j’étais sorti de l’hôpital ils ont dit là-bas que j’étais en fin de vie alors pas foutu de moi le dab non plus donc je suis immortel. » « J’ai pas peur. Je prendrai comme ça... comme ça viendra. » Mme S a fait un rêve : « mon père, ma mère et ma marraine rodent autour de moi, ils me surveillent. Ils me surveillent et quand je pourrais aller avec eux, quand je pourrais ouvrir la porte alors là c’est que ce sera mon dernier jour, ils viendront me chercher. »

« J’appréhende pas parce que malgré tout en vieillissant, on a toujours mal quelque part

hein. » Certains espèrent ne pas souffrir, comme Mme I : « je prie le bon dieu pour que... pour pas souffrir, pour pas être trop malade quoi. Partir en dormant ça me va, je serais contente. » Plusieurs résidentes ont même évoqué des désirs de mort durant les entretiens :

qui ne l’est plus depuis que l’homme qui a provoqué la mort de son mari n’a pas pris sa part de responsabilité : « J’ai été croyante mais par tous mes malheurs je suis devenue athée.

Parce que je n’ai... j’ai mal accepté ou très mal accepté hum celui qui a renversé mon mari aller à la messe tous les matins avant d’aller à son bureau et... »