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ENTRETIENS MAISON DE RETRAITE RESIDENTS

2. Vécu actuel de l’institution

3.2. Les autres résidents

3.2.1. L’absence de relation

Parfois, elle s’impose au résident. La solitude est prégnante en maison de retraite

malgré la présence du groupe. M. L explique : « Maintenant les rapports entre personnes...

j’en ai pas pour le moment ça fait 3 mois que je suis à peu près ici alors... » Les différents handicaps ne facilitent pas la communication. Mme R : « j’ai pas pu parler avec une... une seule personne qui... qui a toute sa raison hein depuis que je suis là. »M. I : « je vois il y en a un qui habite enfin qui est en face de ma chambre, il est dans une chaise roulante, et ben il a une main qu’il doit plus pouvoir s’en servir alors quand des fois on se voit il me cause enfin il me cause, il essaie de me causer je comprends pas, puis alors il... » fait des signes. « Alors comme je comprends rien je... je me demande moi si enfin ce qu’il en pense quoi. C’est pour ça qu’il y a des fois je préfère pas tomber en face lui pour pas qu’il me fasse un tas de trucs comme ça que... parce que quand il me fait ça est-ce qu’il pense que je me fous de sa gueule ? Ou... »

Parfois, l’isolement est un choix. M. J : « j’ai toujours été à la maison chez moi tout seul. » M. B : « ça ne me tente pas du tout de leur ressembler » « je ne suis pas du tout de leur… de leur trempe. Eux on dirait des… des fils de… c’est qui ce paysan ? (…) J’ai le sentiment d’être tout à fait différent. (Pause). D’ailleurs… il y a les... les poèmes que je compose et qui n’ont pas l’air d’être compris par tout le monde. » Il tient à son statut de

poète et ne veut pas être réduit à celui de personne âgée. Pour autant, il ne se place pas en position d’aidant vis-à-vis d’eux. Mme G : « il y en a qui sont jamais contents, il y en a qui...

c’est la nourriture, c’est ceci, c’est cela ben moi je réponds pas je discute jamais et puis ça les regarde pas ce que je pense d’abord. C’est le meilleur moyen pour pas que ce soit répété. »

Certains, comme Mme G, ne cherchent pas à parler aux autres mais aiment sentir leur présence: « J’aime bien être... je préfère être avec tout le monde en bas que d’être toute seule ici. Il y en a qui restent dans leur chambre, qui viennent même faire la sieste moi jamais, du matin au soir moi je descends au matin et je reviens le soir. » Il en est de même

pour M. H : « Ah je préfère vivre dans une maison de retraite, ah oui. Parce que tout seul

3.2.2. Amitié et conflits

Lorsque la rencontre se crée, c’est pour le pire et le meilleur. Les autres résidents

peuvent être une source d’amitié. Ainsi, Mme K trouve ses rapports avec les autres

résidents : « Très bons. A notre table on... on discute, on blague et bon ben... on a formé un

groupe de beloteurs, on joue à la belote. Moi j’ai de d’excellents contacts avec les résidents. Oh c’est sûr. » Mme C : « j’étais toujours toute seule alors c’est pas marrant non plus tandis que là je me trouve avec l’un ou l’autre. Il y a des… je me trouve bien comme ça. » « il y en a qui sont bien, très bien même. Oui j’ai… là comme un sens là que je suis avec madame R ben je suis bien avec elle c’est comme si que j’étais dans la famille »

Il existe aussi des conflits. Mme M : « j’ai connu des gens qui étaient très gentils puis des gens qui étaient mal élevés, mal... Alors il y en avait une où j’étais assise moi, elle ne tolérait pas que mes... mes jambes étaient tendues, elle... » L’autre résident peut même

devenir persécutant. Mme E trouve une autre résidente « méchante », précisant « je peux

pas la sentir maintenant hein. » Elle l’évoque à plusieurs reprises durant l’entretien. Cette

dernière semblant gâcher son séjour dans l’établissement : « Ben dès le début c’était bien

puis après... j’ai trouvé qu’il y avait trop de méchancetés entre les gens. Moi j’aime pas ça. »

Il est possible que l’attitude de cette femme résonne avec celle de sa belle-mère toxique, qu’elle n’a pas osé affronter ni fuir dans le passé. Avec les autres résidents, elle explique en revanche être « toute bien avec tout le monde hein ».

3.2.3. Aider celui qui a un handicap

Alors que certains résidents rejettent celui qui a un handicap, d’autres prennent une position aidante qui est valorisante pour eux. Mme C : « quand je peux les aider je les aide. » Mme D : « ... je m’occupe de la personne qui peut pas couper son pain. » M. H aussi

évoque aussi ses relations avec les autres résidents sous l’angle des services et non dans un rapport affectif : « Il y a aucun problème », « ils me connaissent alors si ils ont besoin d’une

course ben ils me demandent. » Il en est de même pour Mme A qui aide « ces pauvres gens »

3.2.4. Le voisin de chambre

La plupart des résidents partagent leur chambre avec un autre, dans une proximité

plus ou moins bien tolérée. Mme D : « On est à trois dans la chambre. (…) on s’entend bien. Et ? moi je suis toute seule mais... j’aime pas beaucoup la conversation. J’aime bien la solitude. » Régulièrement, les résidents dont confrontés aux décès des autres, parfois à

celui du voisin de chambre qui est remplacé assez rapidement par un nouveau venu. Ainsi, Mme S évoque le décès de sa voisine de chambre : « Là vous voyez il y a... il y a 10 jours, une

dizaine jours, j’ai ma voisine elle est morte dans son lit là. Ah je l’ai vue, un matin elle revenait de faire sa toilette, elle était pas morte mais presque. Enfin... c’était mieux pour faire sa toilette elle a appelé tout de suite les secours, le docteur et tout ils s’en sont bien occupé mais... une heure après elle était morte. » « Elle était pas drôle mais je m’y suis habituée, je lui tenais la main des fois elle aimait bien, je mettais mon fauteuil et je roulais par là puis je lui tenais la main mais enfin je pensais pas qu’elle serait morte si vite quand même. Elle avait passé une quinzaine de jours à T. puis voilà 15 jours après elle est morte. »