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PARTIE THEORIQUE

4. Relations aux autres

6.3. Lieux d’études

6.3.2. Modalités pratiques

Pour réaliser les entretiens, nous avons suivi la procédure suivante :

- Autorisation de la Direction de l’Administration Pénitentiaire pour le milieu carcéral - Autorisation du responsable d’établissement. Il convient de préciser que le directeur

de deux des EHPAD où la doctorante s’est rendue était le même que celui de l’EHPAD où elle travaillait en tant que psychologue à l’époque. Toutefois, les structures fonctionnaient de façon indépendante et la doctorante ne connaissait ni les professionnels interrogés, ni les personnes accueillies (et inversement). Elle a précisé qu’elle travaillait dans un EHPAD en le nommant. Aucun retour ne lui a été fait à ce sujet, et le directeur n’a jamais demandé le moindre renseignement sur le déroulement de l’étude.

- Contact d’un référent dans l’institution (nous les présenterons ultérieurement) - Fiches d’appels à témoignage diffusés par le référent environ 3 semaines avant notre

arrivée

- Présentation de la doctorante et de la recherche lors d’une réunion le 1er jour de l’arrivée (qui suscitait souvent plus d’inscriptions des professionnels que les affichages)

Les appels à témoignages affichés dans les établissements suivaient une trame type adaptée à chaque institution et à chaque public. Vous trouverez la trame générale en annexe. Nous allons la détailler ici.

Présentation de la recherche

Le sujet de la recherche était présenté avec le titre et quelques lignes dans lesquelles étaient notées succinctement que nous réalisions une recherche sur le thème des institutions, et notamment des établissements pour personnes âgées ou des centres pénitentiaires ou des monastères. Plus de détails étaient apportés sur demande des participants. Etait ensuite précisé que nous souhaitions recueillir les témoignages des personnes du groupe concerné (professionnels ou population accueillie) qui accepteraient de nous faire part de leur expérience de travail / vie dans l’établissement.

Durée et lieu de l’entretien

Au début, nous avions proposé des entretiens d’une heure, mais cette durée était trop longue en détention ainsi que pour les professionnels en EHPAD. Par la suite, nous avons donc proposés des entretiens d’environ 1/2 heure, en précisant que cette durée dépendait de la personne qui s’exprimait. Certains entretiens ont été très courts (1/4h) et d’autres très longs (1h30) en fonction des disponibilités des individus. J’étais présente 3 jours dans chaque institution et 1/2 journée à l’IFSI.

Tous les entretiens ont eu lieu au sein des institutions, avec des aménagements en fonction des espaces disponibles et des souhaits individuels. Je me suis assurée que les entretiens puissent se dérouler en tête-à-tête et dans des lieux calmes. Cependant, quelques rares interruptions ont eu lieu.

En EHPAD, les lieux de rencontre étaient soit la salle de repas lorsque personne n’y était installé, soit la chambre du résident, soit la salle de soin lorsqu’aucun autre professionnel n’y était, ou encore un bureau de libre s’il y en avait à disposition (celui de la

cadre de santé par exemple). A chaque entretien, je m’adaptais aux souhaits de la personne et aux possibilités de l’établissement. A l’IFSI et les entretiens ont eu lieux dans des salles de cours vides.

En centre de détention, les lieux de rencontre étaient les parloirs pour les personnes incarcérées, une salle de travail pour les professionnels pendant leur temps de travail ou bien la salle de télévision du MESS hors des horaires de travail. La majorité des surveillants ont préféré réaliser l’entretien pendant leur temps de travail. Quelques-uns ont préféré le faire en dehors pour s’exprimer plus librement et avoir plus de temps disponible.

Dans les monastères, les lieux de rencontre étaient des bureaux ou des salles de travail

Ethique

Nous avons précisé que nous travaillions selon les principes éthiques propres à la recherche, notamment le respect de l’anonymat et du volontariat, et que les entretiens étaient enregistrés avec un dictaphone. Lors de la présentation orale individuelle (dont vous pouvez trouver la trame en annexe), je précisais que le respect de l’anonymat était garanti par la modification des prénoms et noms du sujet, ainsi que de ceux utilisés dans son discours. J’expliquais également à la personne que si elle souhaitait arrêter l’entretien, elle pouvait le faire à tout moment, et qu’elle pouvait également refuser de répondre à certaines questions. Enfin, je précisais que pour des raisons de confidentialité, il n’y avait pas de communication des données nominatives, y compris aux collègues et à la direction. Toutefois, j’expliquais que ce travail s’inscrivait dans une recherche qui avait pour visée d’être publiée une fois les données anonymisées. Avant de commencer l’échange, les sujets pouvaient poser les questions de leur choix.

La prise de rendez-vous pouvait se faire en me contactant directement ou bien le référent dans l’institution.

Me concernant, mon numéro de téléphone et mon adresse ont été affichés, en dehors des centres de détention où il m’a été demandé de noter une adresse mail neutre pour des raisons de sécurité. J’ai choisi celle-ci : recherche.institutions@gmail.com. Les personnes incarcérées n’ayant normalement pas accès à internet, elles devaient obligatoirement passer par le référent pour s’inscrire. Elles devaient également avoir l’autorisation de la pénitentiaire pour se rendre au parloir. Il n’y a donc pas eu d’accès direct possible pouvant garantir une protection totale de l’anonymat. Les personnes âgées sont également majoritairement passées par le référent. Quelques unes m’ont sollicitée directement lors de mon passage dans l’institution, en ayant souvent informé préalablement l’équipe de leur démarche. Les moines et les professionnels m’ont majoritairement contactée directement lors de mon passage. Au final, un seul rendez-vous a été pris par téléphone et aucun par mail.

Dans chaque établissement, nous avions un référent pour faire le lien avec la population d’étude. En EHPAD, les différents professionnels avaient distribué nos affiches aux résidents en capacité de communiquer (ne présentant pas de troubles cognitifs importants par exemple) ainsi qu’aux soignants. Il s’est agi à deux reprises de la cadre de santé pour les résidents comme pour les professionnels. Dans une structure, c’est la psychologue puis le médecin qui ont fait le relai. La première m’a dit que très peu de résidents acceptaient de témoigner, et tous leurs discours étaient globalement positifs, ce qui m’a interpelée. Le lendemain, en son absence, le médecin m’a orientée vers des résidents supplémentaires qui avaient demandé à témoigner, avec des discours plus nuancés. La psychologue souhaitait-elle consciemment ou inconsciemment donner une image positive de son établissement ? Nous n’avons pas pu échanger avec elle à ce sujet.

En centre de détention, les référents étaient des psychologues de la pénitentiaires : psychologue du parcours d’exécution de peine pour les personnes incarcérées et psychologue du personnel pour les surveillants. Dans les monastères, c’est l’abbé ou

l’abbesse qui était en lien avec nous. Dans les monastères chrétiens, il n’était pas possible d’avoir accès directement aux moines ou novices qui étaient proposés par ce référent. L’abbé ayant lui-même été élu par le groupe pour les diriger et les représenter.

Cette organisation témoigne du fonctionnement institutionnel de ces structures où la communication peut être facilement directe avec les professionnels et les abbés, mais où les échanges avec les personnes accueillies (personnes âgées, personnes incarcérés, moines et novices) sont en partie ou totalement contrôlés. Ce contrôle est justifié par la raison d’existence de l’institution : les centres de détention visent à exclure temporairement l’individu de la société pour la protéger, les établissements pénitentiaires visent à exclure les personnes âgées de la société pour les protéger, et les monastères accueillent des moines qui souhaitent s’exclurent de la société. Pour protéger le sujet et/ou le chercheur, la rencontre est donc contrôlée.

Accueil

Dans les prisons et les maisons de retraite, j’ai été accueillie en fonction de mon statut professionnel. Mon statut de psychologue et de chercheuse m’amenait plus naturellement à être assimilé à cette place qu’à celle de personne âgée ou incarcérée.

En revanche, dans les monastères, j’ai été encouragée à expérimenter la vie monacale. J’ai mangé et dormi dans les établissements. Dans les monastères chrétiens, je mangeais et dormais seule, à part de la communauté. J’étais invitée à découvrir ce mode de vie, mais pas à en faire partie. Les rencontres avec les moines hommes se faisaient en face à face, mais les rencontres avec les 2 femmes qui ont témoigné (l’abbesse et une moniale sélectionnée par ses soins) se faisaient derrière une grille et l’enregistrement n’était pas autorisé. De même, lors des offices, les hommes étaient accessibles alors que les femmes restaient derrière une grille. Dans le monastère bouddhiste, les échanges étaient plus libres. J’étais invitée à expérimenter la vie monacale de l’intérieur. Je mangeais avec la communauté et participais aux activités. J’ai toutefois été exemptée de certaines tâches pour pouvoir mener les entretiens. Je dormais seule, mais dans une chambre située au sein du monastère.

L’accueil m’a été réservé m’a permis d’expérimenter la vie institutionnelle et la place qu’elle donne à l’individu :

- J’avais une place assimilée à celle des professionnels en EHPAD et en prison, où je ne restais ni dormir ni manger le soir

- J’étais accueillie dans les lieux mais isolée de la communauté dans les monastères chrétiens où l’entrée nécessite un parcours spirituel et une réflexion préalables. Il faut au moins 7 ans de noviciat avec différentes étapes avant de devenir moine. L’abbé m’a d’ailleurs précisé que « plus une réalité est importante, plus il faut l’avoir désirée. »

- J’étais intégrée à la communauté dans le monastère bouddhiste, où cohabitaient des moines, des novices et d’autres personnes à différents stades de leurs cheminements spirituels et personnels. Il importait que chacun participe au fonctionnement du groupe quelque soit son statut et son passé. D’ailleurs, un moine m’a expliqué qu’au début de la vie monacale, le dortoir est favorisé pour être avec les autres et ne pas s’enfermer.