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ENTRETIENS MAISON DE RETRAITE RESIDENTS

2. Vécu actuel de l’institution

3.3. Les professionnels

3.3.1. L’aide apportée

Beaucoup de résidents soulignent l’aide qui leur est apportée par les professionnels : Mme G : « J’ai rien à modifier. On a... tout est fait, le ménage est fait, la popote est faite, on

s’occupe bien de nous, on nous donne nos comprimés, on nous soigne. » Mme C : « je ne pouvais plus rester à la maison j’étais contente de trouver ça. Heureusement qu’il y a ça même. » Mme S : « les infirmières qui viennent me faire la toilette, qui viennent voir si on a besoin de quelque chose puis même je vous ai dit on sonne vous voyez moi j’ai la sonnette là et vous savez dans les toilettes aussi, si j’ai un problème j’appelle. » Pour M. H, cette aide est

même une question de vie ou de mort. Il conclue spontanément l’entretien de la façon suivante : « Il y en a qui disent ? maison de retraite et ben si jamais vous êtes seul, j’avais un copain comme ça à T., il était à la retraite il était tout seul je fais « Ah ben viens dans une

maison de retraite » et cet homme on l’a retrouvé mort, faute de soins. » Mme T, dit d’ailleurs qu’elle se sent « en sécurité d’abord. »

3.3.2. La gentillesse

Plusieurs résidents soulignent la qualité relationnelle des rapports avec les soignants. Ainsi, Mme D les décrit comme étant « très gentils » et se sent reconnue : « il y en

a même qui m’ont remerciée parce que j’ai travaillé pour une dame », « j’ai fait un clafoutis (…) ils ont dit « c’est madame D qui l’a fait ». « Le personnel est très gen... est très gentil. »

M. J : « tout le personnel est sympa. Alors ça ça... .ça remonte... enfin moi ça me remonte le

moral, j’aime bien. » Mme P : « les aides-soignantes qui sont toutes... toutes celles que j’ai vu, étaient aimables, étaient compétentes plus ou moins selon le cas mais vraiment aimables, chaleureuses même vous voyez. »

3.3.3. Le manque de temps

Beaucoup de résidents se plaignent que les soignants les pressent ou ne leur accordent pas le temps qu’ils estiment nécessaires. Mme R est en colère : « les aides-soignants j’ai l’impression, je sais pas combien ils gagnent mais enfin ils n’en font pas lourd non plus. » Elle estime ne pas recevoir les soins nécessaires à sa santé. Mme E : « On a du mal à en avoir pour aller au cabinet « oui tout de suite j’arrive » bon ouais... une demi-heure de passé alors là vous avez envie puis après vous avez plus envie, bah c’est obligé. Et puis... ou alors on vous conduit dans les waters mais on vous met « bon ben on verra tout à l’heure » ben vous êtes une heure dans le... dans la toilette et puis personne vient vous chercher. »

« On m’a laissée tomber hein. » Mme C : « il y en a qui sont durs hein puisque comme ils

ont… comme ils sont toujours pressés alors faut se dépêcher je dis « mais attendez » même pour s’habiller je dis « mais attendez », « comme si t’étais un chien », « On fait ce qu’on peut

». Mme C peut accepter les contraintes de l’institution qu’elle voit comme inévitables pour obtenir les soins dont elle a besoin (par exemple le manque d’intimité), mais pas des attitudes qui ne respectent pas son statut de personne âgée dépendante, alors qu’il est la raison de son entrée dans la structure. Certains ont conscience de la charge de travail des

drôle quoi c’est... c’est... d’autant plus que c’est pas gratifiant parce qu’il y a pas de progrès. Vous voyez à l’hôpital il y a quelqu’un qui est malade en principe il va pas forcément guérir. »

Mme C : « je sais qu’ils font des fois un travail très dur hein, faut l’avouer hein mis enfin…

Comme je dis toujours si… si ça lui déplait elle a qu’à faire autre chose hein »

3.3.4. L’envie de proximité

Certains résidents, comme M. J, aimeraient avoir plus de proximité avec les

soignants : « des fois une chose qui me fâche bon là c’est pas le cas parce qu’ils sont sympas tous mais j’ai pas l’habitude de dire vous. Moi je tutoie facilement alors des fois en discutant ben je dis toi ah ben enfin comme ils prennent ça... ils prennent ça bien bon ben (rires). »

D’autres semblent leur reprocher d’avoir une vie à l’extérieur à laquelle ils n’ont plus accès. Ainsi, lorsque nous proposons à Mme R d’évoquer ses idées suicidaires avec

l’équipe de soins, elle dit qu’ils ne peuvent pas la comprendre et qu’ils s’en fichent : « Ils sont

tous... ils sont tous... ils ont... sont tous... ils sont tous en couple, ils ont tous des enfants, ils ont une vie en dehors. » Elle semble avoir du mal à repérer les soignants ou à en identifier un

qui puisse être ressource pour elle : « ils prennent tous ou deux jours ou trois jours par

semaine hein ils ont des... des quarts d’heure de relâche par ci par là, on voit jamais les mêmes. (Pause). »

3.3.5. L’infantilisation

Certains, comme Mme P, se sentent infantilisés : « le personnel, ils ont tellement

l’habitude d’avoir affaire justement à des gens diminués intellectuellement que quand vous arrivez et que vous êtes tout à fait normal de ce point de vue là (rires), ben ils vous traitent comme... moi j’avais l’impression bon maintenant ça c’est passé hein mais j’avais l’impression qu’on m’infantilisait voyez vous. Vous voyez tout est fait, c’est... c’est volontaire hein par exemple... il y a une coiffeuse ici hein et bien jamais elle ne vous donnera, maintenant l’autre jour elle me l’a donné directement parce qu’elle me connait maintenant, mais il faut passer par l’accueil pour avoir le rendez-vous. Tout... tout est comme ça. Donc vous voulez vous vous sentez traitée comme un enfant quoi c’est c’est... alors si vous voulez

les premiers temps quand vous êtes déjà un moral pas fameux ben c’est un peu dur ça. » Il

est assez intéressant de noter que le terme « infantiliser » est connoté très négativement. Cela questionne sur la place que nous donnons aux enfants pour ne pas avoir envie d’être traités de la même façon qu’eux. Pour d’autres, un cadre parental est rassurant. Ainsi, pour Mme A, qui a des troubles intellectuels ou psychiatriques, les soignants sont à la fois ceux qui prodiguent les soins : « ils sont gentils (…) ils me mettent de la pommade. », ceux qui fixent le cadre : « Quand je m’énerve, je suis punie » et ceux qui consolent face aux angoisses de mort et de séparation.