• Aucun résultat trouvé

ENTRETIENS MAISON DE RETRAITE RESIDENTS

2. Vécu actuel de l’institution

4.1. Représentation de la société

4.1.1. Pas d’avis exprimé

Certains n’expriment pas d’avis ou se montrent très laconiques sur le sujet. Mme R : « Non... ma seule distraction c’est la télévision et je... j’évite enfin je m’intéresse pas, à quoi

bon ? A quoi bon ? Je devrais être déjà morte et puis je serai rien d’autre de toute façon. » Se sentant exclue d’une société dont elle aimerait encore faire partie, elle ne s’y intéresse plus. Et pour Mme A, l’intégration sociale a souvent été difficile. Ainsi, cette dernière n’a

travaillé que quelques années et ne vote pas. Elle n’a pas d’opinion personnelle sur le fonctionnement social ou la politique : « Il y en a qui disent que c’était mieux Sarkozy hein.

(…) Ben moi je dis que c’était mieux Sarkozy, je sais pas moi je dis comme eux (rires). » Et

bien qu’elle soit présidente de la vie sociale, c’est un rôle qu’elle ne semble pas comprendre.

Pour d’autres, qui se sentent privé de lien avec la société, une simple question sur ce sujet peut être vécue comme une violence. Ainsi, M. B se braque lorsque j’aborde ce

point : « Ecoutez j’ai l’impression de subir un un interrogatoire ». Pour Mme C également, la question est difficile. Lorsque j’aborde le sujet, elle interrompt l’entretien pour me demander un mouchoir : « Vous n’auriez pas un mouchoir ? » Elle ne donne pas son avis sur la politique et finit par résumer son avis au fait que « maintenant la vie devient dure. » Pour cette résidente, la rupture sociale avait déjà lieu avant l’entrée dans l’établissement, puisqu’elle ne pouvait plus rien faire seule.

4.1.2. Vieillesse et médecine

Concernant l’évolution de la société, certains résidents axent leur discours sur la

place des structures pour personnes âgées. Mme O : « dans le temps il y avait pas... tant que ça de... de maisons de repos et il y en avait une par ci par là mais ça pousse comme les champignons maintenant. » Mme I : « d’avoir une maison de retraite... de retraite comme ça c’est bien »

D’autres s’intéressent à la médecine. Mme F fait le lien entre les sujets de société et sa situation : « J’écoute que c’est... que les médecins... que le médecin il est généraliste et un

aimables avec leur clientèle. Ben moi je dis que non, je lui ai dit moi à mon médecin (rires) parce que lui il l’est pas toujours. Ah ben et puis alors l’autre jour ils disent comme ça qu’il

faut qu’on dise à notre docteur qu’il nous donne moins de médicaments ben ça je lui ai dit

aussi puis il m’a répondu « Il y a 30 ans... 30 ans j’entends ça » (rires). (…) Il y a bien une quinzaine d’années, il y a un monsieur qui prenaient des médicaments, des médicaments, puis quand il est mort, excusez moi, il l’ont ouvert là ben dites donc c’était pourri, pourri par les médicaments. »

Et certains se tracassent de leur retraite. Mme P : « A supposer qu’il taxent les retraites, j’espère qu’ils vont pas taxer les... les petites retraites comme les grosses quoi. » M.

H quant à lui déclare : « la politique j’en ai rien à foutre » Toutefois, son discours est par la suite assez politisé, montrant plutôt un rejet de la politique actuelle qu’un désintérêt pour elle : « Parce que la question des retraites tout ça ils en parlent pas beaucoup, ah de... de

mettre un impôt sur la retraite où qu’il y veulent. Parce qu’il se promet parce que tous les mois il pique je sais pas où, qui est-ce qui paie tout ça ? C’est vous, c’est moi. Alors... faut qu’ils changent, faut qu’ils changent de président. Ben le meilleur président qu’il y ait eu

c’est De Gaulle. Lui c’était mon... mon chef de l’armée lui. Quand j’ai été libéré il m’a serré la main vous voyez. »

4.1.3. C’était mieux avant

Certains regrettent le passé ou craignent le futur. M. L : « Il y a... il y a moins de rigueur, moins de... trop d’hystérie... ouais. » Mme K juge elle aussi durement l’évolution de

la société : « Très dur par rapport à ce que nous nous avons vécu, bon nous nous avons vécu

la guerre d’accord c’était pas... oui. Mais après guerre il y a eu un essor, il y a eu... un sentiment de joie, de libération, de... de liberté. On a vécu un période agréable et maintenant la société devient très très dure. » Mme D : « c’est pas beau à l’heure actuelle hein. Puis ça va pas devenir beau c’est ça qu’est le pire pour tous nos jeunes. Moi alors que j’ai 95ans tout à l’heure mais tous nos jeunes hein (…) au niveau quand ils ont la majorité tout ça vous savez que s’il y avait un coup dur ben tous tous nos jeunes s’en vont à la guerre hein. Parce que croyez pas ça mais il y aura un coup dur c’est moi qui vous le dit. Ca peut pas vivre lon... des années comme ça. C’est pas possible, c’est pas possible. » Marquée par la guerre, elle en

craint le retour. Enfermée dans une institution dont elle ne sort plus, l’extérieur semble porteur de craintes (concernant la politique) et de déceptions (concernant ses enfants qui ne viennent pas assez la voir à son goût).

4.1.4. Sujets politiques variés

Mme F s’intéresse aux sujets de société : « Ben faut payer là, faut payer là, faut payer

de partout, faut... Alors après tout à l’heure j’écoutais ils disaient qu’ils allaient rediminuer

les impôts alors tout à coup ça augmente on va les rediminuer, on va refaire... ils

reparlaient du... du divorce notamment aussi oh vous savez moi. Alors parlent beaucoup de choses puis après moi j’écoute, j’écoute, j’écoute. » Mme G a également une opinion : « pour

mon compte personnel ça m’apporte peut-être rien mais j’aime mieux la gauche (rires). Et

je suis de la gauche comme je dis tout le temps des fois il y en a qui me disent « Ah ben oui mais Sarko » bon je dis... je lui dis... il me dit « Ah ben nous on n’est pas Sarko » bon je lui dis « Vous faites ce que vous voulez puis moi je pense ce que je veux ». Voilà. »

Mme G apprécie que les droits des femmes aient évolué : « il y a du progrès quand même hein (…) pour les femmes, pas qu’une femme fait sa journée puis faut qu’elle s’occupe de ses enfants, puis... faut aller au lavoir. De mon temps on lavait au baquet, on n’avait pas de machine à laver, quand on était plus jeunes puis on aidait nos parents. » « Avant c’étaient

les hommes qui portaient la culotte maintenant les femmes la portent aussi. » Mme T n’en voit pas l’intérêt : « Je n’ai jamais fait de politique et... et quand il a été question de faire

voter les femmes déjà, c’était le point de départ, j’ai dit « Pourquoi les femmes ? Les

hommes oui mais les femmes qui restent chez elles... ». Et puis par la suite bon ben j’ai fait

comme tout le monde, j’ai voté. Mais... non la politique hein pff. »